Français

28 JUIN 2020:  dimanche, 13ème Semaine du Temps Ordinaire — Année A
LA RECOMPENSE.

LECTUREs: 2 R 4, 8-11.14-16a; Ps 88 (89), 2-3, 16-17, 18-19; Rm 6, 3-4.8-11; Mt 10, 37-42.

Un proverbe Coréen dit : « Le bien sera récompensé par le bien et le mal par le mal ; Ce n'est qu'une question de temps. » Et un autre proverbe Congolais ajoute : « Celui qui donne une goutte d'eau à un assoiffé est récompensé par une source intarissable".

Chaque nouveauté demande un sacrifice et chaque sacrifice ouvre sur une récompense, une gratification. Aucun sacrifice n'est jamais impayé. Tout ce que l'on fait dans la vie a une contrepartie. Cela pourrait être appelé compensation. Même l'amour et la bonté ont leur contrepartie, tout comme le sacrifice a une plus grande compensation. Il y a d'ailleurs cet aphorisme naturel et physique (scientifique) attribué au chimiste Français Antoine Laurent de Lavoisier qui dit : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. »

Si tel est que tout se transforme, et que, la méchanceté d'une personne peut se transformer en malédiction pour elle. Combien plus votre bonté peut également être transformée en bénédictions. Tout porte sur à quoi donnez-vous la primauté et consacrez-vous plus d'amour et d'attention.

Les lectures d'aujourd'hui, la première, la seconde et l'évangile, de première approche, pourraient sembler déconnectées les unes des autres. Plus encore, l'Évangile semble être une collection d'instructions diverses de Jésus. Mais, quand nous les regardons sous un autre angle, vient le beau thème de comment être un meilleur disciple du Seigneur et la récompense qui en découle.

Dimanche dernier, il nous a été donné de méditer sur la réalité des persécutions et des souffrances comme le sort de celui qui choisit de suivre le Seigneur. Le Seigneur, tout en exhortant ses disciples à ne pas avoir peur, leur a enseigné que l’autoroute de la perfection passe par le chemin de la croix. En d'autres termes, personne ne peut atteindre la sainteté sans une bataille spirituelle et quelques renoncements. Dans la première partie de l'Évangile d'aujourd'hui, le Seigneur Jésus insiste sur cette question. Il parle de la nécessité de donner la priorité à l'amour pour Lui plutôt qu'à l'amour même de nos proches (membres de la famille). Cela peut sembler un peu étrange si nous essayons de le lire à la lumière du quatrième commandement qui dit : « Honore ton père et ta mère » avec ses conséquences, « afin que tes jours soient longs… » Ce commandement parle d'obéissance. Or qui dit obéissance dit amour. Mais alors, que veut signifier le Seigneur dans cette phrase : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi… » ?

L'accent est mis ici sur le sacrifice et le plus grand sacrifice, l’amour. Assurément, nous devons aimer nos parents et plus encore, aimer nos enfants et pouvoir faire tout ce que nous pouvons par amour pour eux. Le Seigneur ne nous appelle pas à les haïr ou à les rejeter. Néanmoins, il exhorte à ce que la primauté et la prééminence soient accordées à l'amour de Dieu. « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi… » L'expression « PLUS QUE » est claire. L'interprétation erronée de ce verset peut conduire de nombreuses personnes à fuir leurs obligations et responsabilités envers leurs parents et en tant que pères, mères, maris, épouses et enfants. Ce qui est en jeu ici, c'est comment être un meilleur disciple du Seigneur et non pas comment abandonner nos obligations.

Pour atteindre la perfection et l'excellence, il faut des sacrifices. Ce point sur le sacrifice fait le lien avec la deuxième lecture. Dans nos renoncements, nous sommes tous ensevelis avec Christ. Et parce qu'ensevelis avec Lui, nous pouvons aussi nous relever avec Lui dans la nouveauté de vie, la vie dans la gloire. Tous les sacrifices que nous entreprenons en suivant Jésus ou en obéissant à la volonté de Dieu ne resteront jamais impayés. Ainsi, l'élément de récompense qui peut être vu dans la deuxième partie de l'Évangile et plus clairement exprimé dans la première lecture.

Il y a un grand avantage dans le fait d’être un vrai disciple. Le Seigneur dit que tous nos actes de bonté résulteront à gagner la vie en plénitude et aussi à des récompenses supérieures. La preuve de ces promesses est ce que l'on nous donne à voir dans l'épisode d'Elisée à Sunam. La bonté de cette femme Sunamite et de son mari envers l'Homme de Dieu est récompensée par la promesse d'un enfant, tout comme Jésus le dit : « Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète... »

Bien-aimés, toutes nos actions sont prises en compte par Dieu et Il nous récompensera en conséquence. Dès lors, conscients de cela, nous ferions mieux de nous efforcer à « faire du bien à tous, faire du bien toujours, du mal jamais à personne ! » Car le mal que vous faites à votre frère ou à votre sœur sera récompensé, de même que le bien que vous leur faites. Dieu n'est pas malveillant. Mais il n'est pas non plus injuste. Si vous semez l'amour, vous récolterez plus d'amour. Si vous semez la haine et des graines de division, préparez-vous à votre récolte. Ne cessez jamais de faire le bien, car Dieu récompense toutes nos œuvres dans leurs moindres détails. Et de surcroit, la récompense de Dieu nous conduit à grandir dans notre foi en Lui. En termes de bonté, c'est ‘faire ou ne pas faire’. Il n'y a pas d'essai ni de demi-mesure. L’on ne doit pas essayer d'être bon. On doit l'être ou plutôt ne pas l'être. De toute façon, notre choix entraînera une récompense ou une punition. Par conséquent, peu importe le mal que les autres pourraient vous faire, faites le bien. Car, vous savez que c'est Dieu qui vous remboursera.


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21 JUIN 2020: dimanche, 12ème Semaine du Temps Ordinaire — Année A
DANS LA TRAVERSEE AVEC JESUS : LES PERSECUTIONS.

LECTURES: Jr 20, 10-13; Ps 68 (69), 8-10, 14.17, 33-35; Rm 5, 12-15; Mt 10, 26-33.

Un proverbe Albanais dit : « Nos croix sont taillées à partir de différents arbres. » Et un proverbe Zoulou ajoute : « Vous ne pouvez pas traverser une rivière sans vous mouiller. » 
On ne peut rêver d'une vie sans épreuves, ni de bonheur sans souffrance. La lumière a toujours été opposée à l'obscurité et il en est de leur sa nature. Car, lorsque la lumière apparaît dans l'obscurité, elle révèle tout ce qui est caché. Par conséquent, l'obscurité rejettera toujours la lumière ou s'en cachera. La persécution est une réalité que nous ne pouvons pas nier. Elle existe et les justes en sont victimes. Tout comme personne ne peut atteindre le ciel sans la croix, nous ne pouvons pas non plus vivre une vie de juste sans persécution. Dans une certaine mesure, il semble que la persécution soit l'arôme de la sainteté. Adhérer à la cause de Jésus-Christ et suivre ses traces signifie principalement porter sa propre croix après lui. En tant que chrétiens, notre vocation est de traverser les mers tumultueuses de cette vie avec le Christ. 
La liturgie d'aujourd'hui s'ouvre en mettant à nu devant nous des situations angoissantes, des souffrances et des persécutions. Dans la première lecture, nous entendons le prophète Jérémie exposer ses angoisses, pleurant le triste sort qu'il est amené à vivre. Bien qu'en tant que prophète et homme juste, il souhaite le bien du peuple, gardant fidèlement ce que le Seigneur lui a ordonné et les exhortant à revenir vers le Seigneur, il a été amené à subir la haine, le rejet et les mauvais complots. Nous l'avons lu se plaignant : « j’entends les calomnies de la foule : « Dénoncez-le ! Allons le dénoncer, celui-là, l’épouvante-de-tous-côtés. » » Ceux qui étaient à ses côtés guettent sa chute. Néanmoins, un message de grande espérance et de réconfort vient de ces larmes du prophète : « Mais le Seigneur est avec moi, tel un guerrier redoutable : mes persécuteurs trébucheront, ils ne réussiront pas. Leur défaite les couvrira de honte, d’une confusion éternelle, inoubliable. » Le juste peut bien être persécuté, mais il ne sera jamais abandonné ni oublié par Dieu. 
Ce qui a été le sort du prophète Jérémie est le sort qui attend tous ceux qui choisissent la voie de la justice, vivre attachés et fidèles aux commandements du Seigneur. Vous et moi n’en ferons pas exception si nous voulons être justes et honnêtes dans un monde où sévissent la perversion et toute sorte de corruption, tant moral que matérielle. Vous souffrirez terriblement et serez même mis à mort. Le Seigneur Jésus a néanmoins une autre parole de réconfort dans l'Évangile : « Ne craignez ! » Il s'agit d'une courte phrase mais remplie d'assurance. Ne craignez personne, car le Seigneur est avec vous. 
Bien sûr, les persécutions viendront à vous. Mais Jésus dit : « Ne craignez pas les hommes ; rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu. » L'obscurité existe, mais ce ne sera que pour un temps. Tout ce qui est caché ou fait en secret pour opprimer les justes finira par remonter à la lumière. Tous les méchants complotent contre les justes seront un jour révélés. Cependant, la seule chose que le Seigneur demande aux justes est de ne pas être tourmentés au point de perdre espoir. L'espoir est la plus grande arme contre la persécution. Quand, en souffrant, vous perdez espoir, vous avez tout perdu. Par conséquent, au milieu de la haine et de l'oppression, nous devrions, comme le psalmiste, chanter : « Et moi, je te prie, Seigneur : c’est l’heure de ta grâce ; dans ton grand amour, Dieu, réponds-moi, par ta vérité sauve-moi. » Car, Dieu, dans sa grande miséricorde, répondra toujours à la prière des opprimés. Les gens peuvent vous faire souffrir mais soyez assurés que Dieu ne vous abandonnera jamais. Vous pouvez même être mis à mort entre leurs mains, et ce injustement. Dieu cependant vous justifiera. 
En fait, en tant que chrétiens, nous vivons comme des pèlerins voyageant d'un rivage (terre) vers un autre rivage (ciel). N'ayant pas de bateau pour notre voyage, le seul pont à travers lequel nous pouvons traverser l’océan de ce monde et ses tumultes n'est autre que la Croix du Christ et nos propres croix, à savoir nos épreuves. 
Saint Paul dans la deuxième lecture montre clairement cette assurance. En Christ, nous triompherons tous et vivrons. Si la mort est venue à cause du péché d'Adam, la vie nous est rendue par Jésus-Christ qui est mort pour nous tous. Le mal affrontera toujours le bien et s'y opposera. Mais au final, le bien prévaudra. Comme nous le lisons avec insistance, la souffrance sera toujours à nos portes, les épreuves et les persécutions seront là. Mais si l'on maintient fermement sa confiance en Jésus, il est assuré d'avoir la vie sauve. Car, dans nos épreuves, comme l'a dit Jérémie, « le Seigneur est avec moi (nous), tel un guerrier redoutable » qui nous dit à chacun de nous, « Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux… » Nous avons un prix précieux aux yeux du Seigneur. Ainsi, dans chaque situation, dans tout ce à quoi nous sommes confrontés, nous devons tenir fermement au Christ, courir avec persévérance la course à la vie et ne jamais le renier. Comme le dit ce proverbe espagnol, « Seul celui qui la porte sait combien pèse la croix. » Néanmoins, ne fuyez jamais votre croix. Faites-en un pont pour la traversée.


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20 JUIN 2020: Le Cœur immaculé de Marie
Mémoire

UN CŒUR QUI COMMUNIQUE AVEC AMOUR.

LECTURES: 2 Ch 24, 17-25; Ps 88 (89), 4-5, 29-30, 31-32, 33-34; Lc 2, 41-51.

Un proverbe Juif dit : « Si votre cœur est amer, le sucre dans la bouche n’aidera pas à changer les choses. » Un autre proverbe Japonais ajoute : « Le cœur est la qualité humaine la plus essentielle. »

Le cœur de Marie est un cœur de communication. Le cœur de Marie est toujours en corrélation et en communication intime avec le cœur de son Fils. L'expression Latine « Ad Jesum per Mariam » (à Jésus par Marie) prend tout son sens lorsque nous nous fixons cette image de Marie qui nous conduit non pas à elle, mais à Jésus. En ce sens, le Cœur Immaculé de Marie peut être présenté comme un canal ou un pont vers le Sacré-Cœur de Jésus.

Hier, nous avons célébré avec une grande solennité le Très Sacré-Cœur de Jésus. À travers cette solennité, il nous a été donné de voir la plus grande expression de l'amour, la plus profonde identité de Dieu : « Dieu est amour » (1 Jn 4,8). Au lendemain de cette solennité, nous sommes appelés aujourd'hui, avec un degré moindre de festivité, à contempler le Cœur Immaculé de Marie. Le cœur de la mère est la route vers le cœur du fils. Une bonne mère communique toujours avec son fils de cœur à cœur. Car, où est le cœur du fils, là aussi sera le cœur de la mère. Nous pouvons citer ici le proverbe qui dit : « Qui prend le fils par la main, prend la mère par le cœur ». A propos de Jésus et de Marie, l'amour que nous avons pour Jésus nous ouvre par conséquent à aimer sa Mère. Et le cœur de Marie est le livre secret où est écrit tout sur son Fils. Dans son cœur, l'Évangile de Luc le mentionnera toujours, elle a gardé tout ce qui concernait son Fils.

Le passage évangélique d’aujourd’hui nous amène à voir le cœur de la Bienheureuse Vierge Marie comme un cœur souffrant, un cœur qui cherche anxieusement et sans relâche le Fils qu’elle a perdu. L'épisode de Jésus dans le Temple, en plus de décrire la belle image de Joseph et de Marie à la recherche de l'enfant Jésus qu’ils ont oublié à Jérusalem, constitue un défi pour les parents sur la relation qu'ils doivent entretenir avec leurs enfants.

Parents, vous n'êtes pas seulement les géniteurs de vos enfants, mais vous êtes aussi leurs tuteurs et gardiens. Par conséquent, vous devez les surveiller, prendre soin de ce qu'ils font, savoir où ils se trouvent et comment ils se trouvent. Cela peut sembler étrange, mais les parents doivent veiller sur les étapes et la vie de leurs enfants. Nous vivons dans un monde et dans des sociétés où l'éducation des enfants et des jeunes est laissée à plus de 75% au compte des réseaux sociaux, des jeux vidéo, des chaînes de télévision et de la société en général. De nombreux parents ont renoncé à leur première obligation. Certaines personnes pensent que tout consiste à subvenir aux besoins physiques et matériels (nourriture, vêtements, argent…) de leurs enfants. Mis à part ces besoins, rien d'autre, pas même le souci moral, spirituel et psychique.

Pour le dire en toute honnêteté, combien sont les parents qui connaissent les amis avec lesquels leurs enfants se promènent ? Combien vérifient le téléphone portable ou l'historique de navigations et les ordinateurs portables de leurs enfants ? Nous parlons de liberté. Mais combien d'enfants, sous le couvert de cette liberté, se perdent dans la pornographie, les jeux vidéo, les rencontres sociales… Nombreux sont les enfants, les adolescents et les jeunes qui passent toute leur nuit sur les réseaux sociaux sans que leurs parents le remarquent. Et malheureusement, de nombreux enfants se corrompent ou se forgent une fausse identité, de fausses personnalités, certains jouant les pirates, les accros aux jeux, ou même les toxicomanes et cédant à de nombreux autres vices. Tout cela, simplement parce que les parents ont démissionné de leurs responsabilités.

La fête du Cœur Immaculé de Marie vient comme un appel à nos responsabilités, parents, éducateurs, formateurs. Nous devons, comme Marie et Joseph, comme nous l'avons entendu dans l'Évangile, nous inquiéter de la perte de nos enfants et les rechercher.

Comme Marie, les parents et plus particulièrement les mères devraient apprendre à garder tout ce qui est dit de leurs enfants dans leur cœur et à les méditer. Car ce ne sont pas toutes les paroles que nous prononçons sur nos enfants qui valent la peine d'être dites. Les mères, ainsi que les pères, devraient essayer de contrôler ce qu'ils disent devant leurs enfants. Les maisons où les enfants n'entendent que de mauvaises paroles, des grossièretés, il n'est pas surprenant que ces enfants utilisent ces mots à l'extérieur avec leurs camarades. Nous lisons qu'après avoir trouvé l'enfant Jésus dans le Temple, Marie « sa mère gardait dans son cœur tous ces événements. » Le Cœur de Marie pouvait être considéré comme la bibliothèque ou le coffre-fort où tout ce qui concernait son Fils était conservé. C'est pourquoi son cœur était Immaculé, source de toute sainteté, source d'amour, un cœur sans péché. Comme Marie, ne nourrissons pas non plus d'amertume ou de mauvaises pensées dans nos cœurs, ni contre nos enfants lorsqu'ils se conduisent mal, ni contre quiconque nous fait du tort. Au lieu de cela, de nos cœurs devrait jaillir ce qui sortira de nos bouches, paroles d'amour et de bénédictions. Car, comme le dit le proverbe Irlandais, « Ce qui est le plus proche du cœur est le plus proche de la bouche. »


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19 JUIN 2020: Sacré-Cœur de Jésus — Année A
Solennité
DON DU CŒUR, DON DE L’AMOUR.

LECTURES: Dt 7, 6-11; Ps 102 (103), 1-2, 3-4, 6-7, 8.10; 1 Jn 4, 7-16; Mt 11, 25-30.

Un proverbe Allemand dit : « Ce qui vient du cœur va au cœur. » Et un proverbe Nilotique ajoute : « Si vous en avez beaucoup, donnez un peu de vos biens ; si vous en avez peu ; donnez un peu de votre cœur. »
Nous sommes dans un siècle où les gens utilisent le langage des signes plus qu'on ne pourrait l'imaginer. On penserait être aux âges avant la découverte des écrits, la période du hiéroglyphe. Outre le langage officiel des personnes souffrant d'handicaps physiques, les muets et les sourds, les médias sociaux sont aujourd'hui le plus grand univers du langage des signes. Sur les réseaux sociaux, tout est dit en pictogramme, symbole et idéogramme. En ce sens, quand l’un veut dire qu'il est heureux, il y a les emoji d'un visage souriant. Celui qui est en deuil ou triste montre un visage plein de larmes. Quand on aime quelque chose, on donne un cœur. Le cœur est le symbole et la source de l'amour. Là où est l’amour, là aussi est le cœur, comme Jésus pourrait le dire dans Mt 6, 21 : « Car où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. »
Le Catéchisme de l'Église Catholique affirme : « Jésus nous a tous et chacun connus et aimés durant sa vie, son agonie et sa passion et il s’est livré pour chacun de nous : "Le Fils de Dieu m’a aimé et s’est livré pour moi" (Ga 2, 20). Il nous a tous aimés d’un cœur humain. Pour cette raison, le Cœur sacré de Jésus, transpercé par nos péchés et pour notre salut (cf. Jn 19, 34), "est considéré comme le signe et le symbole éminents... de cet amour que le divin Rédempteur porte sans cesse au Père Eternel et à tous les hommes sans exception" » (CEC.478).
Il y a un dicton selon lequel « l'homme devrait penser avec son cerveau et aimer avec son cœur. » Nous célébrons aujourd'hui la solennité du Très Sacré-Cœur de Jésus. Nous sommes appelés à voir comment Jésus nous a donné son cœur, comment il nous a tout donné par amour jusqu'à ce que la dernière goutte de liquide coule de son cœur, du sang et de l’eau. Célébrant cette solennité, nous nous glorifions dans le Cœur de Jésus, l'amour immaculé et merveilleux qui débordait comme une source de miséricorde et un trésor sans limites de l'amour de Dieu.
Dans la première lecture, Moïse rappelle au peuple d’Israël que Dieu les a choisis pour être son peuple saint. Il leur dit que le Seigneur leur Dieu a mis son amour sur eux et les a choisis. L'amour de Dieu pour son peuple a joué à leur libération. Parce qu'il les aimait, le Seigneur les a libérés de la maison de servitude, de l'esclavage d'Égypte. Ici, l'image présentée à Israël est celle d'un Dieu miséricordieux. L'implication de cette action de Dieu est un appel au peuple à l'aimer en retour. Car l'amour engendre l'amour et la fidélité.
La deuxième lecture se présente comme un beau cantique d'amour. Saint Jean chante l'amour de Dieu et invite la communauté chrétienne à s'aimer les uns les autres. Jean dit : « Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. »
Quelle belle définition de Dieu. Dieu est amour. C'est sa nature, c'est son identité, c'est son expression de soi. Et saint Jean peut aller plus loin en ajoutant que c'est à cause de cet amour que Dieu a envoyé son Fils unique être engendré dans le monde. Par conséquent, dans nos relations les uns avec les autres, nous sommes invités à bâtir sur l'amour. Car, là où il y a de l'amour, il y a Dieu. Les gens qui s'aiment, ceux qui donnent de l'amour, incarnent Dieu. Parce que donner de l'amour, c'est donner Dieu à ceux que vous aimez. Et Jean peut dire : « Dieu est amour : qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. »
Dans l'Évangile, le Seigneur Jésus exhorte ses disciples à prendre sur eux son joug, c'est-à-dire à prendre sur nous son amour. Personne ne peut être un disciple du Seigneur s'il ne prend pas sur lui le même amour de Jésus et n’essaie d'aimer comme il l'a fait. L'image du joug est très évocatrice. En agriculture, pour conduire un bœuf et le faire travailler docilement, il est chargé d'un joug. Ce sont des charges lourdes et contraignantes. Le Seigneur apporte plutôt une libération. Primo, ces mots renvoient à la relation des disciples du Christ face à la Loi Mosaïque. Ici, Jésus exprime son invitation à un nouveau type de disciple. Utilisant l'image traditionnelle de la Loi comme un « joug » qui accable ceux qui y sont soumis, Jésus invite à la liberté. C'est-à-dire passer de l'amour de la Loi à la loi de l'Amour. Le Seigneur se révèle être le plus grand et autoritaire interprète de la Loi. Par conséquent, il promet rafraîchissement et abri dans son école de sagesse, l'école de l'amour. Tous ceux qui ont soif de sagesse, tous les véritables chercheurs de Dieu sont invités à trouver du repos en Jésus, l'expression de l'amour de Dieu. Car ce n'est qu'en lui qu'un homme peut apprendre la sagesse de Dieu, la sagesse de l'amour. Quand on trouve sa demeure en Christ, l'amour de Dieu, tout devient léger.
Le Seigneur utilise également l'image des enfants à qui son mystère est révélé, tandis qu'il est caché aux savants et à ceux qui prétendent avoir toute la sagesse et la science. Les enfants sont l'expression la plus simple de l'amour. Ce n'est pas seulement à cause de leur façon d'aimer enfantine et innocente, mais aussi et surtout parce qu'en eux, l'amour s'exprime dans l'humilité et l'authenticité sans fantaisie ni hypocrisie. Les enfants savent mieux donner du cœur.
Le Sacré-Cœur de Jésus nous parle de l’amour du Seigneur pour nous. C'est un amour qui s'est donné sans réserve et sans compter ce que cela pourrait lui coûter. En retour, nous aussi, nous devrions pouvoir nous donner l’amour les uns aux autres et donner véritablement notre cœur en servant et en aimant les autres sans hypocrisie. Dans cette situation actuelle de pandémie, nous devrions vraiment apprendre à donner notre cœur aux nécessiteux en leur montrant notre amour et notre proximité. Ce faisant, Dieu habitera vraiment en nous et en nous en lui.


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14 JUIN 2020: Le Saint Sacrement — Année A
Solennité
DEVENEZ CE QUE VOUS MANGEZ : CORPS ET SANG DU CHRIST.

Un proverbe Indien dit : « L'eau de la rivière devient salée lorsqu'elle atteint l'océan. » Et un proverbe Espagnol ajoute : « Ce que l'on fait, on le devient. »

Comment définissez-vous un sacrement ? Par définition, un sacrement est un signe visible porteur de réalités invisibles. La Sainte Eucharistie, en ce sens, est le plus beau sacrement. Car c'est le signe visible des réalités invisibles du Corps et du Sang de notre Seigneur Jésus-Christ.

Il y a une belle et étroite connexion que nous pouvons percevoir entre la Croix et le sacrement de l'Eucharistie. Ils parlent tous deux du Corps du Christ. Ils parlent tous deux de sacrifice. Ils parlent tous deux d'amour. La Croix et la Sainte Eucharistie sont une histoire d'amour écrite de sang. C'est l'histoire du Corps du Christ.

Nous célébrons aujourd'hui la solennité du Très Saint Corps et Sang du Christ, le Corpus Christi. Cette solennité, bien qu'en dehors de Pâques, nous ramène dans le Temps Pascal, et principalement dans le Triduum Pascal, pour réfléchir sur le sacrifice pascal du Christ. C'est un sacrifice qu'il a commencé la veille de sa Passion, après le lavement des pieds de ses Apôtres, à travers l'institution de la Sainte Eucharistie (Cena Domini) et qui a été mené à son terme lorsque son Corps Divin a été élevé sur l'Autel Sacrificiel de la Croix le Vendredi Saint. Le sacrifice de la Croix dans ce sens est une continuité du sacrifice Eucharistique et vice-versa.

La Parole de Dieu oriente aujourd'hui notre méditation sur cette réalité de l'Eucharistie. Dans la première lecture, nous avons sa préfiguration à travers la Manne, la nourriture que Dieu, par l'intercession de Moïse, a donnée à son peuple affamé pendant leur marche dans le désert. La Manne était, pour les fils d'Israël, un cadeau inattendu du Ciel. Et Moïse pourra dire que le Seigneur avait donné faim à son peuple, puis il les a nourris avec une nourriture qu'ils ne connaissaient pas. La leçon de ce don de la Manne était que le peuple sache « que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur. »

Ce qui était préfiguré pour le peuple du désert est rendu factuel en Jésus, Parole de Dieu, dans l'Évangile. Il est le vrai pain de vie. A la foule affamée rassemblée pour l'écouter dans le lieu désert, Jésus a fait le miracle de la multiplication du pain. Puis, ce miracle a cédé la place à une grande catéchèse sur le « pain de vie ». Si pour les Israélites lors de leur voyage dans le désert, la Manne était le pain qui a soutenu leur vie tout au long de la marche vers Canaan, Jésus, parle aujourd'hui d'un pain immensément supérieur. Il ne s'agit pas d'un pain qui donnera la vie pour un instant, le temps d'un voyage, mais du pain qui soutient et mène à la vie éternelle. Et ce pain, dit le Seigneur, est sa propre chair. Nous lisons dans l’Évangile d’aujourd’hui : « ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. »

Nous parlons ici de la Sainte Eucharistie, le vrai Corps et le Sang du Christ. En tant que chrétiens, c'est ce qui fait notre identité. Nous sommes un peuple nourri du Corps et du Sang de leur Seigneur et Dieu. Cela semblerait un peu maladroit et même du cannibalisme, ou en quelque sorte une théophagie (manger sacramentellement son dieu). Cela peut expliquer le choc et la réaction de ceux qui ont entendu Jésus : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Mais le Seigneur rendra plus clair et insistera sur le fait que manger son corps et boire son sang sont le seul moyen pour nous de nous identifier à lui. Car, en Christ, nous devenons ce que nous mangeons. Le Seigneur nous donne son corps et son sang pour nourrir nos besoins afin que nous puissions nous aussi ressentir et nourrir les besoins des autres.

L'Eucharistie est un sacrement de communion. Saint Paul, en deuxième lecture, insistera sur cette dimension. Il dit à la communauté chrétienne de Corinthe : « Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain. » Nous apprenons de ces paroles pauliniennes que la Sainte Eucharistie à laquelle nous participons à la messe n'est pas un simple pain à manger seul, ni un vin à boire seul et à s’enivrer. C'est une communion, comme nous l'appelons, c'est-à-dire un Corps brisé et un Sang versé à partager "pour beaucoup et pour tous", comme moyen et signe d'unité.

Dans la Sainte Eucharistie, nous célébrons l’amour du Christ, c’est-à-dire l’amour de Dieu pour l’humanité. L'amour dans sa parfaite expression n'est pas égoïste. C'est avant tout une communion, une communication de soi qui mène à l'unité. Le sacrifice sanglant de Christ sur la croix n'était pas seulement pour quelques personnes sélectionnées mais vraiment, "pour beaucoup et pour tous". L'Eucharistie est le signe de cet amour spécial et de prédilection de Dieu pour nous tous. Dieu lui-même vient nous nourrir, nourrir nos besoins afin que, en retour, nous puissions nourrir les autres dans leurs besoins. A l'issue de cette célébration Eucharistique, une mission nous sera confiée, celle de devenir pour les autres ce que nous avons reçu à la table sacrificielle de l'Autel. Chaque fois que l'on participe à l'Eucharistie, il est mis au défi de devenir Eucharistie. Ce qui lui est donc demandé, c'est d'être vraiment porteur du Christ, Corps et Sang du Christ.

En tant que communauté chrétienne, en tant qu'Église, nous sommes le Corps du Christ, communion et unité. Il serait triste que les chrétiens, après avoir pris part à la Sainte Eucharistie, sacrement de l'unité et de communion, ne deviennent pas un signe extérieur et visible de cette unité dans la communauté où ils vivent. Lorsque les chrétiens vivent dans la division, ils trahissent et renient le Christ qui est censé vivre en eux. Par conséquent, saint Paul peut dire : « Nous mangeons notre propre condamnation » si la communion à laquelle nous participons ne peut pas nous unir (1 Co 11, 27-29). Si nous acceptons et croyons fermement que dans la Sainte Eucharistie, nous avons le Corps et le Sang du Christ, nous devrions toujours nous efforcer de le recevoir dignement et de lui donner d’être à l’œuvre en nous.


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7 JUIN 2020: Sainte Trinité — Année A
Solennité

LA SAINTE TRINITE, UNE HISTOIRE D'AMOUR.

LECTURES: Ex 34, 4b-6.8-9; Dn 3, 52, 53, 54, 55, 56; 2 Co 13, 11-13; Jn 3, 16-18.

Un proverbe Roumain dit : « L’oie, le jars et l’oisillon sont trois sons, mais une seule chose. » Et un proverbe Russe ajoute : « Le tsar a trois mains mais une seule oreille. »
Le Père aime le Fils. Le Fils aime le Père. Cette communion d'amour qui unit le Père au Fils s'exprime en une personne, le Saint-Esprit. La Sainte Trinité est une communauté et une communion d'amour entre trois : le Père, et le Fils, et le Saint-Esprit. Nous sommes tous nés de cet amour, plongés en lui et créés par lui. De ce fait, notre relation avec la Sainte Trinité est une histoire d'amour.
Etudiant en première année de théologie, l'une des questions les plus difficiles auxquelles j'ai eu à répondre lors de notre examen en dogmatique était : comment expliquer la Sainte Trinité dans votre langue maternelle ? En fait, la Sainte Trinité est l'un des dogmes les plus compliqués à expliquer. Et cela devient plus difficile lorsque nous l'abordons avec notre mentalité cartésienne, algébrique et mathématique faite d'addition et de soustraction. Dans notre logique humaine, un plus un plus un donne nécessairement trois. Mais la Trinité dont nous parlons remet en question notre logique. Car ce n'est pas un axiome logique, ni un fait Pythagoricien ou Thalésien. Ce n'est pas une question d'addition ou de soustraction, mais un être. La Sainte Trinité est la nature de Dieu, non pas "3 en 1", mais un "1 en 3". Une Divinité en trois personnes. Une substance unique, Dieu, en trois entités différentes, Père, Fils et Esprit. Et cette union indivisible est rendue possible et scellée par l'amour.
C'est l'amour, le module qui met le Père dans un mouvement vers le Fils et le Saint-Esprit et vice-versa. Et qui parle de cet amour, parle de relation. Par conséquent, la Sainte Trinité est la relation entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Nous tenons notre être de la nature même de Dieu. Nous sommes, comme nous l'avons dit plus haut, créés à partir de la relation entre les trois. De même, nous vivons, soutenus par cette relation et sauvés par leur unité d’amour. Par conséquent, toute notre existence devrait viser à répondre à cet amour. Nous sommes des êtres trinitaires.
Le Mystère de la Très Sainte Trinité est le pilier de notre foi. C'est en fait ce qu'affirme le Catéchisme lorsqu'il dit : « Le mystère de la Très Sainte Trinité est le mystère central de la foi et de la vie chrétienne. Il est le mystère de Dieu en Lui-même. Il est donc la source de tous les autres mystères de la foi ; il est la lumière qui les illumine. Il est l’enseignement le plus fondamental et essentiel dans la "hiérarchie des vérités de foi". "Toute l’histoire du salut n’est autre que l’histoire de la voie et des moyens par lesquels le Dieu vrai et unique, Père, Fils et Saint-Esprit, se révèle, se réconcilie et s’unit les hommes qui se détournent du péché" » CEC. 234. Donc, tout ce que nous disons, lorsque nous professons notre Credo, est ce que nous célébrons dans cette solennité : Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant ; Nous croyons en un Fils notre Seigneur Jésus-Christ ; et nous croyons en un seul Saint-Esprit, qui procède du Père et du Fils…
Tandis que nous sommes profondément immergés dans cette célébration, les lectures nous conduisent, étape par étape, à voir comment ces trois personnes de l’unique Divinité interagissent dans notre vie humaine. Dans la première lecture, Moïse, dans le Livre de l'Exode, montre l'image de Dieu comme Père, source de miséricorde. En donnant la Loi à son peuple élu, le Seigneur Dieu révèle son nom : « LE SEIGNEUR, LE SEIGNEUR, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité. » De là, la belle affirmation du Pape François, « le nom de Dieu est miséricorde ». Car, bien que son peuple se soit rebelle et à la nuque raide, Dieu ne se lasse jamais de lui montrer son amour et de lui pardonner ses péchés.
L'Évangile pourrait être une autre théophanie de l'identité de Dieu. Nous sommes face à une autre grande vérité : Dieu est amour. En raison de ce grand amour, il a envoyé son Fils unique être engendré dans le monde pour le salut de l'humanité. Ici, Incarnation et Sotériologie sont interconnectés et sont toutes deux des mystères d'amour. Elles sont l'expression de l'amour débordant de Dieu. Car « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. » Dieu ne désire pas notre mort. Il n'a pas créé l'être humain pour la damnation, mais pour la vie.
Ces propos sur Dieu comme source de miséricorde et d'amour ont des implications nécessaires sur chacun de nous, bénéficiaires de sa miséricorde et de son amour. Nous sommes invités à devenir des instruments de vie et d'amour pour nos semblables. C'est ce à quoi St. Paul nous exhorte en deuxième lecture. Paul dit à la communauté chrétienne de Corinthe, ainsi qu'à vous et à moi, que nous devons, en toutes choses, rechercher la perfection. En tant que chrétiens, disciples du Fils de Dieu le Père et animés par le Saint-Esprit, il est de notre devoir de nous encourager mutuellement, d’être d’accord entre nous, de vivre en paix, et ainsi, le Dieu d’amour et de paix sera avec nous.
De ces paroles de saint Paul, nous apprenons qu'il ne coûte rien de si spécial pour être en paix avec les autres. Mais en retour, cela procure de grandes bénédictions. Cela ne coûte qu'une disposition intérieure de se saluer, d'avoir des mots d'encouragement mutuel et de rechercher la concorde dans notre relation avec les autres, d'être de vrais enfants de la Trinité. Paul dit, nous devons nous rechercher la perfection, c'est-à-dire toujours être prudents et avisés dans ce que nous faisons et disons aux autres. Un véritable chrétien doit d'abord être celui qui se soucie de ses affaires et qui pense aux impacts de ce qu'il vit, de ce qu’il fait et de ce qu’il dit sur les autres. Nous sommes une communauté, c'est-à-dire en relation les uns avec les autres. Par conséquent, ce que nous vivons a un impact sur les autres, tout comme ce que le Père vit et dit ou fait a un impact sur le Fils et l'Esprit. Communion, unité et relation d'amour devraient être nos valeurs en tant que peuple trinitaire.
Dans la relation Trinitaire, le Père ne parle jamais mal du Fils, ni de l’Esprit. Ils ne se jalousent pas. Il n’y a pas entre eux de commérages ni de ragots. Tout se vit et s’écrit pour eux en lettres d’amour. Nous aussi devrions imiter cette relation entre nous et écrire notre vie chrétienne comme une histoire d’amour pour Dieu et amour pour le prochain.

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31 MAI 2020: Pentecôte — Année A
Solennité

LA PENTECOTE AUJOURD’HUI, L’UNITE DANS LA DIVERSITE.

LECTURES: Ac 2, 1-11; Ps 103 (104), 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34; 1 Co 12, 3b-7.12-13; Jn 20, 19-23.


Un proverbe Klingon dit : « Pour une mission, il y a un leader. » Et un autre proverbe Latin ajoute : « Les raisins divers, à travers le temps, poussent ensemble. »
Le Saint-Esprit est le grand commissaire et commissionnaire. Il est celui qui envoie en mission et donne le sceau d'authenticité à toute mission. Jésus, notre Seigneur a reçu sa mission du Saint-Esprit le jour de son Baptême et cela a marqué le début de sa vie publique et de son ministère comme nous le lisons en Mt 3, 16-17 et Lc 3, 21-22. Il y est dit que : « Dès que Jésus fut baptisé, il remonta de l’eau, et voici que les cieux s’ouvrirent : il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. » Dès ce moment, Jésus a été envoyé dans sa mission qui l'a conduit jusqu'à la croix où il est mort et ressuscité des morts.
Le jour de l'Ascension a officiellement marqué la fin de cette mission du Seigneur. Mais avant de quitter ses disciples, le Seigneur Jésus leur a promis un Paraclet. La venue du Saint-Esprit marque le point de départ de la mission des Apôtres, la mission de l'Église. À juste titre, l’on dit que l'Église est née à la Pentecôte. Et le Saint-Esprit est celui qui fait la connexion et la médiation entre la mission de Jésus et la mission de ses disciples.
Aujourd'hui, cinquante jours après Pâques, dix jours après l'Ascension du Seigneur, le Paraclet promis, le Grand Avocat, l'Esprit de Vérité est donné aux Apôtres et aux Disciples réunis au Cénacle. Le Catéchisme de l'Église Catholique, parlant de la Mission du Christ et du Saint-Esprit, déclare : « La mission du Christ et de l’Esprit Saint s’accomplit dans l’Église, Corps du Christ et Temple de l’Esprit Saint. Cette mission conjointe associe désormais les fidèles du Christ à sa communion avec le Père dans l’Esprit Saint : L’Esprit prépare les hommes, les prévient par sa grâce, pour les attirer vers le Christ. Il leur manifeste le Seigneur ressuscité. Il leur rappelle sa parole et leur ouvre l’esprit à l’intelligence de sa Mort et de sa Résurrection. Il leur rend présent le mystère du Christ, éminemment dans l’Eucharistie, afin de les réconcilier, de les mettre en communion avec Dieu, afin de leur faire porter "beaucoup de fruit" » (CEC. 737).
Ainsi, aujourd'hui, sous la motion du Saint-Esprit, les disciples du Christ, c'est-à-dire vous et moi, sont envoyés en mission dans le monde entier.
La première lecture raconte l'événement qui a eu lieu le jour de la première Pentecôte, comment l'Esprit est venu sur le groupe des disciples et ce qui s'est passé lors de sa réception. Une belle leçon de cet événement est que l'Esprit qui est descendu des Cieux est source d'unité. À sa venue, toutes les barrières et toutes les causes de divisions ont été éradiquées. Il a donné force et courage aux disciples, leur a enlevé toutes craintes et les a fait parler de manière à ce que chacun puisse entendre leur voix au point que les gens qui les entendaient étaient dans la stupéfaction : « Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue maternelle ? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la province du Pont et de celle d’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Égypte et des contrées de Libye proches de Cyrène, Romains de passage, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. » Car le Saint-Esprit de Dieu est un sceau de communion et d'unité. Il élargit nos horizons et détruit nos prétextes de division, faisant de nous, un seul peuple, le peuple de Dieu, le Corps de Christ.
L'Evangile présente d'une autre manière la venue de l'Esprit sur les disciples. Ici, il leur est donné par le Seigneur Ressuscité lui-même en soufflant sur eux. Et un autre bel élément qui suit la réception du Saint-Esprit est que les disciples sont envoyés dans une mission de réconciliation et de pardon. Le Seigneur leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » Le Saint-Esprit ici est celui qui donne aux disciples l'autorité de pardonner les péchés des autres. À juste titre, dans la formule d'absolution que les prêtres prononcent sur les pénitents, ils disent : « Par la puissance du Saint-Esprit, que Dieu vous accorde pardon et paix… »
Ainsi, la communauté chrétienne est née du Saint-Esprit et renforcée par Lui. Dans la deuxième lecture, saint Paul, s'adressant aux Corinthiens, décrit à la communauté les effets et les conséquences du Saint-Esprit sur eux. Chacun de nous, de par notre Baptême, a reçu l'Esprit du Christ. Par conséquent, nous sommes tous devenus un seul corps en Christ. Être un en Christ, dit Paul, implique qu’il ne devrait pas y avoir de division ou de compétition entre nous. La manifestation de l'Esprit diffère d'une personne à l'autre. Cette diversité, cependant, est censée nous conduire à l'unité, c'est-à-dire l'unité dans la diversité, tout comme les parties du corps, bien que nombreuses et différentes sont unies.
Ces paroles de Paul prendront tout leur sens comme un avertissement si nous regardons la réalité des communautés chrétiennes et de nos Églises d'aujourd'hui. Nous sommes une communauté, une communion d’unité de croyants où chacun a ses talents et ses dons de l'Esprit. Nous ne pouvons pas tous être des prédicateurs. Nous ne pouvons pas non plus prétendre tous être des prophètes, des voyants, des guérisseurs, des exorcistes, des psalmistes ou des chantres, des évangélistes, etc. Nous sommes différents, et gloire soit à Dieu, car cela rend le besoin de la complémentarité. N'essayons pas d'être tous les mêmes, ou de faire tous les mêmes choses. Car si tous étaient prêtres ou religieux, qui seraient alors les pères et les mères de famille ? Si tous étaient des exorcistes ou des guérisseurs, qui seront alors les paroissiens pour bénéficier de notre service ? Si tous veulent être prophètes, à qui prophétiserons-nous ? Ou si tous sont de grands chantres et psalmistes dans notre assemblée du dimanche, qui écoutera alors les autres ?
De nombreuses communautés sombrent dans la cacophonie, la grande Babel quand les gens refusent ce besoin d'unité dans la diversité. La venue du Saint-Esprit à la Pentecôte est une correction que le Seigneur apporte à ce qui s'est passé à Babel (Gn 11,1–9). Ne réitérons donc pas la Babel dans nos Églises, mais recherchons plutôt une parfaite unité dans nos diversités. Car c'est la diversité qui fait la beauté de nos communautés chrétiennes et de l'Église. L'Esprit que nous recevons à la Pentecôte nous envoie en mission, chacun selon ses dons et ses talents pour briser les murs des divisions et construire des ponts de communion.


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24 MAI 2020: 7ème Dimanche de Pâques — Année A
JESUS ‘PANTOCRATOR’, MAITRE DE PRIERE.

LECTURES: Ac 1, 12-14; Ps 26 (27), 1, 4, 7-8; 1 P 4, 13-16; Jn 17, 1b-11a.

Un proverbe Albanais dit : « La prière est une nourriture pour l'âme. » Et un proverbe Béninois ajoute : « Un bon guide spirituel est capable de percevoir le passé, le présent et l’avenir. »
L’une des belles images que les Saintes Ecritures (les Evangiles) présentent de notre Seigneur Jésus est celle de l’orant. Jésus se présente à ses disciples et à chacun de nous comme quelqu’un qui vit de sa relation au Père ; un qui vit de la prière et qui trouve dans cette prière sa raison d’être et sa force. Toute sa vie a été prière et même les derniers instants de cette vie, avant qu’il ne soit retiré de la présence physique de ses Apôtres et de ce monde, étaient des moments d’intense prière et d’intimité parfaite avec le Père.
La liturgie de ce Dimanche, trois jours après l’Ascension, nous plonge dans cet univers de la prière avec Jésus au centre comme ‘Pantocrator’ et Maître Spirituel.
La première lecture parle des Apôtres et du groupe des disciples réunis au Cénacle, dévoués à la prière. C’est le temps de la grande attente de la venue du Paraclet ; mais aussi, le temps de la grande peur. Ils avaient peur des Juifs. Alors tous, les Onze tel que nommés dans cet extrait des Actes, avec Marie la Mère du Seigneur et les autres n’auront d’autre recours et refuge que la prière. Nous avons ici une belle image de la Communauté orante avec Marie se tenant au cœur de cette communauté en prière.
Les Apôtres ont su que leur seul appui et force ne viendrait que de leur intimité avec Dieu, la prière. La Page de l’Evangile de ce jour nous présente le Seigneur Jésus lui-même en prière. Nous sommes dans sa grande prière sacerdotale, quelques heures avant sa Passion. Ce chapitre 17 de St. Jean est beau dans son résumé d’ensemble. On y voit un Jésus priant pour lui-même, pour ses disciples et pour ceux qui viendront à croire en lui par l’enseignement des disciples. Jésus ici prie pour vous et moi. Le Seigneur reçoit sa gloire de cette prière, de cette relation d’intimité avec Son Père.
L’extrait d’aujourd’hui dévoile clairement deux dimensions de cette prière de Jésus. D’abord un Jésus priant pour lui-même. Il a besoin de la grâce et de la force de son Père afin d’affronter sa Passion prochaine. En même temps, il sait que sa gloire ne viendra que de cette Passion. Alors, il glorifie le Père qui à cette heure précise se glorifiera dans le Fils. Ensuite la seconde dimension de sa prière, il élève la voix vers le Père pour ses disciples. Le seigneur sait d’office qu’après son départ, s’ouvriront pour ses disciples des heures tristes, des heures de grandes tribulations qui éprouveront durement leur foi. Aussi, demande-t-il au Père, dans la prière, cette grâce, afin qu’ils tiennent fermes dans leur foi. Le cœur de cette prière de Jésus pour ses disciples, et par ricochet pour chacun de nous, se retrouvera dans les versets suivants : unité, joie parfaite, protection, sanctification…
Comme nous le soulignions plus en avant, Jésus prie pour ses disciples parce que viendront pour eux des heures tristes, des temps de grandes épreuves. St. Pierre, dans la deuxième lecture, nous donne des astuces pour faire face aux épreuves en tant que disciples du Christ. Il nous dit que le véritable chrétien se doit de trouver dans les tribulations une cause de joie. Car, nos épreuves, nos souffrances et nos luttes nous font participer aux épreuves du Christ et à sa Croix. Pierre le dit en ces termes : « Bien-aimés, dans la mesure où vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin d’être dans la joie et l’allégresse quand sa gloire se révélera. »
Chacun de nous devra d’une façon particulière, s’approprier ces exhortations de Pierre et en faire une règle d’or de vie quotidienne. Nous vivons dans un monde et dans des sociétés où l’on ne peut éviter les épreuves, et mieux, nous serons toujours exposés à de nombreuses tribulations et persécutions qui, à la fin se présenteront comme de véritables défis à notre foi. Par exemple, nombreux sommes-nous à avoir lu dans cette crise sanitaire due au Virus Chinois une véritable épreuve à la foi : Eglises et lieux de cultes fermés, célébrations publiques suspendues, et tout ce qui s’en suit… Notre façon de réagir aux attaques et insultes donnera aux autres de voir quel genre de chrétiens nous sommes. Aussi, les propos de St. Pierre devraient nous interpeller au plus profond : « Si l’on vous insulte pour le nom du Christ, heureux êtes-vous, parce que l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur vous. Que personne d’entre vous, en effet, n’ait à souffrir comme meurtrier, voleur, malfaiteur, ou comme agitateur. Mais si c’est comme chrétien, qu’il n’ait pas de honte, et qu’il rende gloire à Dieu pour ce nom-là. »
A quoi cela servirait-il de se faire appeler chrétien, si notre vie n’est nullement différente de celle des autres, et si face aux tribulations nous réagissons comme des païens ou pire que ceux qui n’ont jamais entendu parler de Jésus ? Bien-aimés, la vie chrétienne ne consiste pas en un vêtement que l’on met quand bon nous sied. Au milieu des épreuves, c’est de la prière que nous viendra la force et l’endurance courageuse de ce que la vie nous servira comme menu. Le menu de la vie peut être par moment amer ou trop salé. Mais qui s’accroche à Christ, y trouvera un arrière-goût mielleux. La prière est notre force, et Jésus le ‘Pantocrator’, notre Maître Spirituel. Et terminons en disant que la prière au nom du Seigneur Jésus est la seule clé qui déverrouille toutes les situations de la vie. 

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21 MAI 2020:  Ascension Du Seigneur — Solennité.

LE CIEL : D’OÙ NOUS VENONS ET OÙ NOUS ALLONS.

LECTURES: Ac 1, 1-11; Ps 46 (47), 2-3, 6-7, 8-9; Ep 1, 17-23; Mt 28, 16-20.

Un proverbe Sicilien dit : « Tout le monde veut aller au paradis ; le désir est là mais pas la force. » Et un proverbe Afghan ajoute : « Vos aspirations sont au Ciel, mais votre cerveau est dans vos pieds. »

Il y a quelques années, j'ai vu un beau film dramatique basé sur le livre d'un pasteur Américain, Todd Burpo, "Le Ciel est réel : l'histoire étonnante d'un petit garçon de son voyage au paradis et retour." Le film parlait de l'expérience de mort imminente d'un garçon de trois ans. Le garçon, d'après l'histoire, est supposé avoir visité le Ciel. Son expérience, non seulement offre de nombreuses opportunités et idées pour discuter de notre croyance dans le Ciel, mais elle a également montré la certitude de cette réalité. C'est comme répondant au doute sur le paradis en affirmant que le Ciel n'est pas une utopie. C'est une vérité ; c'est possible et c'est là que nous allons. D'après l'expérience de ce petit garçon, le Ciel est un lieu de jeunesse éternelle, de joie, d'amour et de bonheur.

Célébrant la solennité de l'Ascension du Seigneur, tout ce que cette fête inspire, c'est notre aspiration du Ciel. Lorsque nous méditons le Saint Rosaire, comme fruit spirituel du deuxième mystère glorieux, nous parlons de « l'espérance chrétienne », notre soif du Ciel. Car, tandis que nous vivons sur terre, nous espérons le Ciel.

Aujourd'hui, Jésus monte au Ciel. Il attire notre attention sur les réalités célestes, et en même temps, il nous ouvre une route ou un pont de liaison entre notre terre et le Ciel de notre Père. Il nous est donné, à travers cette solennité, de voir que nous sommes des personnes à double nationalité. Nous sommes des citoyens de la terre, comme notre lieu de travail, l'endroit où nous passons notre vie comme dans un commerce ; et puis nous sommes aussi citoyens du Ciel, notre patrie, où un jour, nous retournerons. Mais en attendant, tandis que nous vivons ici sur terre, nous devons y garder les pieds bien enracinés et travailler à la transformation de cette terre comme début du Royaume de Dieu. Car celui qui hait la terre ne pourra pas savourer le Ciel. Et chacun de nous prépare son Ciel d'ici-bas. La vie au paradis n'est pas déconnectée de la vie sur terre. Ce que nous vivons, faisons et traversons ici sur terre est ce qui nous ouvrira, ou nous fermera la porte du Ciel. Comme le dit le proverbe Latin : « A chacun est donné la clé des portes du Ciel. La même clé ouvre les portes de l’Enfer. »

La présence de Dieu, sa demeure ne nous est pas cachée. Le Ciel est en nous. Au plus profond de nos cœurs habite le Père. Par conséquent, Jésus montant aujourd'hui au Ciel disparaît des vues physiques de ses disciples pour être maintenant plus présent et actif à leurs vues spirituelles et en eux. Saint Augustin, peut dire à juste titre, en parlant de l'événement de l'Ascension, que le Christ « s'est éloigné de notre vue pour que nous puissions retourner dans nos cœurs et le trouver là. Car il nous a quittés, et voici, il est ici. Il ne pouvait pas rester longtemps avec nous, mais il ne nous a pas quittés. Il est retourné à l'endroit qu'il n'avait jamais quitté ... » (Confessions, 4.12.19).

Le paradis est pour de vrai ! Le paradis est possible ! Et le Ciel est dans nos cœurs. Le Seigneur monte au Ciel pour rester dans le cœur de chacun de ses disciples. C’est la belle leçon que les lectures d’aujourd’hui enseignent.

Le jour de l'Ascension, aux Apôtres qui regardaient avec une joie mêlée de tristesse vers le Ciel où Jésus montait, les Anges ont dit : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. » Ils doivent cesser de chercher le Seigneur dans le ciel. Il est maintenant entré dans leur cœur.

Dans la deuxième lecture, saint Paul, s'adressant aux chrétiens d'Éphèse, nous dit que Dieu a assis Jésus à sa droite dans le ciel. Le Seigneur est donc entré dans la gloire de Dieu. Mais un autre grand Père de l'Église, saint Irénée ne manquera pas de nous dire que nous sommes cette gloire de Dieu. Il dit : « la gloire de Dieu c’est l’homme vivant ; et la vie de l'homme consiste à contempler Dieu » (Contre les Hérésies, IV.20.7). Par conséquent, Jésus, aujourd'hui, est assis là où nous trouvons la plénitude de notre vie, c'est-à-dire dans nos cœurs. L'Ascension du Seigneur est un appel à l'homme d'entrer au plus profond de son cœur et d'y trouver la présence continue de Dieu. Car, à l'Ascension, le Seigneur Ressuscité ne nous fuit pas. Il devient plus présent en nous. Il a seulement changé sa façon d'être avec ses disciples.

Quand quelqu’un peut trouver Dieu présent et demeurant dans son cœur, il peut facilement donner Dieu aux autres. Il devient missionnaire de Dieu, missionnaire d'amour. Jésus, dans l'Évangile, souligne ce besoin de devenir missionnaires. Avant de s'éloigner de ses disciples, le Seigneur leur a donné ce mandat : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

Jésus n'a pas retiré ses disciples de ce monde, ni de leurs obligations terrestres. Il ne leur a pas dit, "Okay, maintenant que je ne serai plus avec vous, fermer boutique et cachez-vous." Au lieu de cela, il les a envoyés partout dans le monde, dans l'univers entier, pour lui faire des disciples. La solennité de l'Ascension est un rappel pour vous et moi, de notre mission de faire de cette terre le lieu où Dieu habite. Car, en faisant de tous les hommes des disciples du Christ, nous transformerons le monde et rendrons actuel le Royaume de Dieu. Le ciel ne doit pas être recherché d'en haut. Cela commence ici-bas, et nous, chrétiens, sommes ses instruments. C'est à chacun de nous de faire de nos familles, de nos communautés et de nos sociétés le lieu où se trouve Jésus : un lieu de paix, d'amour, de joie et d'harmonie. Terminons avec ce beau proverbe Tchèque qui dit : « Celui qui ne regarde que le ciel peut facilement se casser le nez sur la terre. »


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17 MAI 2020: 6ÈME DIMANCHE DE PÂQUES — ANNÉE A.
L'AVOCAT EST EN ROUTE.

LECTURES: Ac 8, 5-8.14-17; Ps 65 (66), 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20; 1 P 3, 15-18; Jn 14, 15-21.


Un proverbe Namibien dit : « Un guerrier n'abandonne pas un ami seul face au danger. » Et un autre proverbe Zimbabwéen ajoute : « Ceux qui mangent seuls meurent seuls. »
Le temps de Pâques, en plus de diriger nos esprits et nos cœurs vers la joie de la Résurrection du Christ, est aussi un temps de séparation et d'attente. C'est un temps de séparation parce que le Seigneur ressuscité ne sera plus jamais avec ses disciples comme il était avec eux avant sa Passion, sa Mort et sa Résurrection. Le Seigneur devra retourner d'où il vient, auprès de son Père et de notre Père. C'est ce que nous célébrerons dans la prochaine solennité de l'Ascension. En même temps, Pâques devient un temps de préparation pour une venue. Nous devons nous préparer à accueillir le Paraclet promis, l'Avocat, le Saint-Esprit. Pendant deux semaines, à compter de ce jour, toutes les lectures de la liturgie pointeront sur le Saint-Esprit, et la célébration d'aujourd'hui nous ouvre à cette attente.
La mélodie principale de la liturgie d'aujourd'hui est chantée par le Saint-Esprit, le promis. Le Seigneur Jésus dans l'Évangile l'exprime ouvertement tout en préparant spirituellement et psychologiquement ses disciples à la séparation. Il dit : « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous… » Après que Jésus se sera éloigné de ses disciples, ils ne seront pas laissés seuls, sans soutien ni avocat. La mission de l'Esprit est bien indiquée dans les paroles du Seigneur, et ces paroles sont très réconfortantes. Jésus dit à ses disciples : « Je ne vous laisserai pas orphelins… » Puis, pour que les disciples préservent cette relation continue avec le Seigneur, il les exhorte à garder ses commandements, principalement le commandement de l'amour.
Le Paraclet promis est celui qui donne force et motion aux Apôtres en première lecture. L'effort apostolique de Philippe et des autres est rempli de la présence de l'Esprit, et Pierre peut en témoigner.
Agissant sous la direction de l'Esprit, Saint Pierre, dans sa lettre pastorale, nous exhorte à révérer le Christ dans tout ce que nous faisons. En tant que chrétiens, dit-il : « soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous ; mais faites-le avec douceur et respect. Ayez une conscience droite, afin que vos adversaires soient pris de honte sur le point même où ils disent du mal de vous pour la bonne conduite que vous avez dans le Christ. »
La vie chrétienne n'est pas sans épreuves, ni croix ou tribulations. Nos oppresseurs pourraient sûrement nous abuser. Nous ferons face à des procès, des malentendus, des mauvais traitements, des rejets et de nombreux types d'adversités. Mais nous sommes garantis d'une chose, nous ne serons pas laissés seuls. Le Saint-Esprit, le Paraclet sera toujours avec nous. Et plus encore, nos oppresseurs seront confondus.
En tant que disciples du Christ, nous devons être heureux si, tout en faisant le bien, les gens nous oppriment et nous opposent, dit Pierre. « Car mieux vaudrait souffrir en faisant le bien, si c’était la volonté de Dieu, plutôt qu’en faisant le mal. »
Nous sommes encore dans la période pascale. Souvenons-nous de la raison pour laquelle Jésus notre Seigneur est mort. C’est simplement parce qu’il faisait le bien, partageait l’amour de Dieu, prêchait la vérité et luttait pour le droit des exclus et des marginalisés, les pauvres. Les méchants, ceux qui abusent des pauvres et violent les droits des moins fortunés, s'opposeront toujours à celui qui veut instaurer la justice. Le juste sera toujours perçu comme un ennemi par les injustes. Néanmoins, cela ne doit pas constituer une raison pour que le juste commence à opposer le mal au mal ou arrête de faire ce qui est bien et juste. « Faites du bien à tous, faites du bien toujours, du mal à personne ! » pourrait dire le grand St. Luigi Orione. Peu importe ce que vous pourriez obtenir en retour, vous faites du bien. L'Esprit, l'Avocat vous défendra devant le tribunal de Dieu pour votre bonté et confondra les méchants qui s'opposent à vous.
Cette situation actuelle du virus de Wuhan dans laquelle le monde est plongé est le bon moment pour nous, chrétiens, non seulement de savoir que nous ne sommes pas seuls, mais aussi de montrer des signes de bonté et d'amour, exprimés par le souci des nécessiteux, et les actes de charité. L’Esprit d’Amour de Dieu est en route.
Une autre chose très intéressante au sujet de l’Esprit Saint, est l’attribut que Jésus utilise pour parler de Lui : « l’Esprit de vérité. » Et Jésus ajoute, « lui que le monde ne peut recevoir ». Nous vivons dans un monde bâti sur tant de mensonges et de fausses nouvelles, que nous pouvons à peine accepter la vérité. La venue de l’Esprit de Dieu apportera une grande confusion. Les gens dont la vie est faite de mensonge, nos valeurs sociales qui, en réalité, sont des contres valeurs, et tout ce que nous entretenons ou nourrissons comme faux viendra à la lumière. Il y a une grande révolution qui se prépare. Et nous, chrétiens, devons être des instruments de cette révolution. La révolution de la vérité. Car notre monde a besoin de vérité. Et ce n’est qu’en connaissant la vérité que nous serons tous libérés des chaînes du mensonge où nous sommes retenus esclaves (Jn 8,32).

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10 MAI 2020: 5ème Dimanche de Pâques — Année A
TOUS SOMMES CHOISIS : LE SACERDOCE BAPTISMAL.

LECTURES: Ac 6, 1-7; Ps 32 (33), 1-2, 4-5, 18-19; 1 P 2, 4-9; Jn 14, 1-12.

Un proverbe Nigérian dit : « Un seul homme ne peut pas construire une maison. » Et un proverbe Bambara ajoute : « Une poutre, quelle que soit sa taille, ne peut pas supporter toute une maison toute seule. »
De par notre Baptême, nous sommes tous choisis, appelés et envoyés à une mission, celle de concrétiser le royaume de Dieu ici sur terre. Tous les chrétiens partagent un sacerdoce commun, notre sacerdoce baptismal qui fait notre identité intérieure. Le jour de notre Baptême, le prêtre ou le diacre qui nous a baptisés, tout en marquant notre front avec le Saint Chrême, a dit : « Toi qui fais maintenant partie de son peuple, il te marque de l'huile sainte pour que tu demeures éternellement membre de Jésus Christ, prêtre, prophète et roi … » Ces propos, plus que de simples mots, portent en eux une mission et une obligation de vivre notre Baptême en tant que peuple choisi. Car nous sommes nés de nouveau pour devenir prêtres, prophètes et rois, instruments de l'amour de Dieu et ses représentants au milieu de nos frères et sœurs. Le temps de Pâques nous rappelle à juste titre cette identité commune que nous partageons avec le Christ.
La liturgie d'aujourd'hui, cinquième dimanche de Pâques, met l'accent sur notre sacerdoce baptismal. L’on nous dit qu’il existe de nombreuses façons de servir, de nombreuses façons de se dessaisir de sa vie, tout comme il y a de nombreuses demeures dans la maison de notre Père céleste.
En première lecture, nous méditons sur l'élection des sept diacres et leur mission dans la première communauté chrétienne. Avec le nombre croissant de fidèles, se sont posés de nombreux problèmes, parmi lesquels le service aux nécessiteux, « le service quotidien. » Le groupe des Apôtres était surchargé par la prédication et l'enseignement qu'ils ont commencé à perdre le contrôle de certains détails dans la vie quotidienne de la communauté. Par conséquent, il s’est fait senti la nécessité de leur associer d'autres personnes qui aideraient dans les distributions quotidiennes et le service aux pauvres.
La nomination des sept diacres est une grande leçon, même pour nos communautés chrétiennes d'aujourd'hui et surtout pour nous, les guides investis du sacerdoce ministériel. L’on nous apprend que nous ne pouvons pas tout faire par nous-mêmes. Ce n'est pas parce que nous sommes prêtres, que nous pourrions être des experts en tout. La sagesse serait de nous associer des personnes ressources qui pourraient aider dans certains aspects de la gestion de la communauté et de la pastorale.
Je rigole très souvent de certaines réalités dans certaines communautés et paroisses où les chefs, les pasteurs ou les curés semblent être ‘des hommes à tout faire’, des ‘monsieur touche-tout’, superman. Le même gars est administrateur financier, en charge de constructions, chargé des ressources humaines, commissaire aux comptes, etc. Au finish, même le plus important, sa première tâche, à savoir la ‘Cura anima’, passe pour secondaire. Pauvre homme, il est tellement occupé par des choses matérielles qu'il n'a plus de temps pour les besoins spirituels de son troupeau. La réaction des Douze dans notre extrait des Actes doit nous aider dans notre discernement : « Il n’est pas bon que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables…» En tant que prêtres, notre priorité est le service de l'enseignement. Par conséquent, il semble sage de confier la mission à d'autres personnes pour les choses matérielles, toujours, sous notre direction et notre supervision. Bien heureusement, de nombreux diocèses parlent aujourd'hui de commissions où des laïcs qualifiés et dotés de ressources se voient confier des responsabilités dans différents aspects de la vie de la communauté. Il sera bon de mettre en œuvre cette politique.
En seconde lecture, saint Pierre nous rappelle qu'en tant que chrétiens, nous sommes « une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut, » choisi par Dieu comme sien. Il nous a appelés des ténèbres à la lumière. Par conséquent, nos vies devraient manifester cette lumière. Nous devons suivre la voie tracée pour nous par le Christ Jésus.
L'Évangile se présente comme un bel ensemble d'exhortations. Nous ressentons dans les lignes les dernières adresses de Jésus à ses disciples avant sa passion, avant de s'éloigner de ceux qu'il a choisi pour être avec lui. C'est un message rempli d'espoir et de réconfort. Le Seigneur commence à dire à ses disciples, et cela s'applique aussi à nous : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures… »
Outre les éléments de réconfort, l'expression « de nombreuses demeures » est très évocatrice. Le royaume de Dieu est fait de diversités et de multiplicités. C'est un royaume où chacun de nous a sa place, une mission, un rôle à jouer. Néanmoins, pour atteindre ce royaume où un lieu sera préparé par le Seigneur pour nous, nous avons besoin d'une direction. Ainsi, Jésus ajoute, répondant à Thomas, « Je suis le chemin et la vérité et la vie. » Dans le Seigneur, il nous est donné de trouver comment nous pourrions atteindre le royaume de Dieu. En nous disant qu'il est le chemin, il nous montre en quelque sorte que pour atteindre la demeure du Père, nous devrons imiter son chemin, son exemple, c'est-à-dire nous mettre au service de nos frères et sœurs dans le besoin. Il a même montré l'exemple en servant ses disciples et en s'humiliant à leur laver les pieds. La vie chrétienne atteint sa vérité et sa perfection lorsque les dirigeants deviennent des serviteurs. Nous sommes des leaders-serviteurs et non des guides à servir. Telle est la voie de Jésus.

En tant que guides religieux, mais aussi en tant que chrétiens que vous êtes, nous devons nous approprier les exhortations d'aujourd'hui, savoir que nous sommes tous choisis, chacun avec une mission spécifique, un rôle à jouer dans l'édification de la communauté, comme un avant-goût du royaume de Dieu. L'Église et nos communautés chrétiennes sont comme des maisons en construction. C'est en assemblant les différentes pierres qu'elle devient une maison. Une seule pierre ne fait pas un édifice. Le prêtre à lui seul ne fait pas l'Église ni la paroisse. Jouez-y votre part. Ce triste événement du COVID-19 nous a appris que nous avons besoin les uns des autres pour être une communauté. Soyons donc cette communauté, l’unité dans la diversité, un lieu où chacun est nécessaire et important.



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3 MAI 2020: dimanche, 4ème Semaine du Temps Pascal — Année A
L'HUMBLE TROUPEAU DU BRAVE BERGER. 

LECTUREs: Ac 2, 14a.36-41; Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6; 1 P 2, 20b-25; Jn 10, 1-10.

Un proverbe Russe dit : « Le loup peut toujours être embauché très bon marché en tant que berger. » Un autre proverbe Latin ajoute : « Il est du devoir du bon berger de tondre son troupeau et non de l'écorcher. »
« Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer. » Voici le beau refrain du Psaume qui donne sens et couleur à notre célébration eucharistique d'aujourd'hui. Celui qui a le Seigneur à ses côtés ne manque de rien ; car il a déjà tout. « Le Christ seul suffit », pourrait-on dire, paraphrasant sainte Thérèse d'Avila.
Le temps de Pâques est le meilleur moment pour nous, chrétiens, non seulement de renforcer notre appartenance au Seigneur Ressuscité, mais aussi de reconnaître et affirmer qu'il est notre tout, et qu'en lui et à travers lui, nous avons toutes choses. Car, « il nous a faits, et nous sommes à lui, nous, son peuple, son troupeau » (Ps 99, 3). Bien que nous soyons humbles, faibles et brisés par le péché, lui, le fort est notre berger.
Nous sommes aujourd'hui le quatrième dimanche de Pâques, bien connu comme « le dimanche du Bon Pasteur », un jour de prière pour les vocations. Toutes les lectures, ou pour être honnête, presque toutes, exception faite de la première lecture, parlent de berger et de brebis.
Dans l'Évangile, Jésus ne se définit pas comme un berger, mais comme la porte qui mène à la bergerie. C'est une affirmation solennelle de qui il est. En le disant, le Seigneur insiste sur la nécessité de passer par lui, de lui appartenir. Il dit : « celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit. » En tant que chrétiens, cela doit sonner comme un avertissement sévère pour nous. Appartenons-nous au Christ ou sommes-nous comme des voleurs, une race spéciale de brigands portant faussement le nom de chrétien ?
Le Seigneur va plus loin pour s'étendre sur la relation entre brebis et berger. Cela pourrait être une adresse spéciale pour nous, guides du troupeau du Christ, nous, pasteurs et hommes et femmes d'Eglise. Le Seigneur dit que les brebis entendent la voix du berger, c'est-à-dire qu'elles connaissent sa voix et le suivent. Elles ne suivent ni un étranger ni un brigand. Au contraire, « elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. » Nous, leaders, nos brebis nous connaissent-elles ? Reconnaissent-elles notre voix ? Nous suivent-elles volontiers et joyeusement ?
Le Pape François, à ce sujet, a une belle expression, parlant de la relation qui doit exister entre les pasteurs et les brebis. Il dit que nous, les dirigeants d'Eglise, devons être « des pasteurs vivant avec l'odeur des brebis ». Un guide, un berger qui refuse de sentir comme ses brebis est un voleur, un brigand, un usurpateur de titre.
Malheureusement, pour le dire avec honnêteté, nombreux d'entre nous, chefs d'Eglise et pasteurs ne sommes pas là où nous sommes censés être. Beaucoup se sont trompés de vocation ou ont choisi la vocation d’une autre personne. De nombreux prêtres, évangélistes, pasteurs et prophètes sont plus des hommes d'affaires que des bergers. Ils ne connaissent leurs brebis que pour leurs intérêts personnels et égoïstes. Certains pasteurs s'engraissent de la graisse de leurs brebis. Et parce que les brebis les connaissent, elles ont peur de les écouter et par conséquent ne les suivent pas. Certaines brebis préfèrent se perdre que de suivre un mercenaire.
En tant que pasteurs, nous devons prêter une grande attention à ce que les gens disent de nous, comment nous jugent-ils. Ce que nos paroissiens et nos fidèles disent de nous ne sont pas toujours uniquement des paroles de potins, des ragots, mais ce qu'ils perçoivent de nous. Par conséquent, nous saurons quel type de bergers nous sommes si nous les écoutons attentivement. Sommes-nous de bons bergers ou des brigands ?
Dans la deuxième lecture, prenant la même image de berger et de brebis, Pierre, dans sa lettre pastorale, nous exhorte à être des imitateurs du Christ. C'est-à-dire, pouvoir supporter patiemment la souffrance lorsque nous traversons des épreuves. De plus, nous avons besoin d'une relation ferme avec le Christ à travers qui nous sommes sauvés. Car si, avant nous étions égarés, éloigner de Dieu à cause de nos péchés, maintenant dans le Christ, nous avons été ramenés à la justice. C'est en fait ce que fait le « Bon Pasteur ». Il recherche celui qui s'est égaré et le ramène dans le troupeau.
La première lecture peut nous apprendre comment revenir au Seigneur notre berger et dans la bergerie. Cela se trouve dans la réponse que Pierre donne aux gens qui demandaient : « Frères, que devons-nous faire ? » Que devons-nous faire pour retourner au Christ ? Pierre répond : « Convertissez-vous… pour le pardon de vos péchés ; vous recevrez alors le don du Saint-Esprit. »
Pâques est le moment pour vous et moi de revenir au Seigneur notre berger. Il est temps de nous repentir, de changer nos mauvaises voies et d'embrasser la droiture. Ces paroles, cet appel au repentir s'appliquent aussi bien aux brebis qu’au berger, et plus encore aux bergers que nous sommes. L'appel de Dieu pour vous et moi est un appel à la sainteté. Répondons donc avec courage à cette vocation commune.
En ces temps de pandémie due au Virus Chinois, le peuple de Dieu a besoin de pasteurs, et pas de moindres, mais de bons pasteurs. Soyons tous, chacun selon ses possibilités, des bergers pour nos frères et sœurs, à commencer par nos familles, en tant que pères et mères, parents et enfants. Cultivons le souci les uns pour autres comme Christ se soucie de nous et s’est livré pour nous. Il est notre archétype, sachons l’imiter. 

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26 AVRIL 2020: 3ème Dimanche de Pâques — Année A
LA MESSE D'EMMAÜS, LE LIEU POUR RECONNAITRE LE SEIGNEUR RESSUSCITE.

LECTURES: Ac 2, 14.22b-33; Ps 15 (16), 1-2a.5, 7-8, 9-10, 11; 1 P 1, 17-21; Lc 24, 13-35.

Un proverbe Cubain dit : « De brèves rencontres peuvent avoir comme conséquence de longues relations. » Et un proverbe Ghanéen d’ajouter : « Les chiens, en réalité, ne préfèrent pas les os à la viande, c’est juste que personne ne leur donne jamais de viande. »
Le temps de Pâques est le moment où chaque chrétien est appelé à redécouvrir et à réévaluer sa vie sacramentelle. Cela va du Baptême, du sacrement de la Réconciliation, de l'Eucharistie et de la Confirmation, et même cela peut s’étendre aux sacrements du service, le Mariage et le Saint Ordre. Car, Pâques est une saison sacramentelle, le Christ étant le Sacrement de tous les sacrements, le Mystère de tous les mystères, le centre et le signe visible de toutes choses. À juste titre, de nombreuses paroisses et communautés choisissent la période de Pâques pour célébrer la plupart des sacrements de l'initiation chrétienne. Je me souviens d’avoir reçu ces sacrements dans le temps de Pâques.
Dans cette sacramentalité de Pâques, l'Eucharistie occupe une position très singulière et significative. Car, elle est « la source et le sommet de toute la vie chrétienne » (Lumen Gentium 11). En ce sens, sans exagérer, on pourrait parvenir à affirmer que Pâques est une saison eucharistique ; non seulement parce que ce sacrement a été institué pendant le Triduum Pascal, mais surtout parce qu'il représente le plus grand moment de rencontre et de reconnaissance du Seigneur Ressuscité. L'Eucharistie est aussi le sacrement de la présence continue de Jésus au milieu de ses disciples. À travers elle, nous ressentons un contact direct et le touché de notre Seigneur.
Nous sommes aujourd'hui le troisième dimanche de Pâques. La parole de Dieu a une coloration très sacramentelle, avec l'Eucharistie en son centre. Il nous est donné de voir où nous pouvons vraiment rencontrer et reconnaître le Christ Ressuscité : "dans la fraction du pain" et dans l’écoutant sa parole.
Pierre, en première lecture, pose la première condition, le premier lieu où rencontrer le Seigneur. S'adressant au peuple, il leur dit que les Écritures et toutes les prophéties, de Moïse à David, parlent de Jésus, et plus encore, que David a ouvertement prophétisé au sujet de la Résurrection du Seigneur. Ainsi, pour que le peuple de Dieu comprenne tous les mystères sur Jésus, il devrait avoir recours aux Écritures.
Le même Pierre, dans sa lettre pastorale, révèle à la communauté chrétienne que le sang de Jésus versé sur la croix était la rançon de leurs péchés. Ici, Pierre s'expose une vérité très pertinente. Notre salut n'est pas acquis par l'argent et l'or. Aucun bien matériel et aucune richesse terrestre ne peuvent sauver l'homme. Seul le sang de Jésus sauve. Car, il est « un agneau sans défaut et sans tache ».
Cet agneau dont parle Pierre est le même qui est offert sur le Saint Autel lors de la célébration eucharistique. Par conséquent, l'Eucharistie devient le moment par excellence de rencontre et de reconnaissance du Seigneur Ressuscité.
L'Evangile parle de cette reconnaissance à travers l'expérience de deux disciples en voyage vers Emmaüs. L’épisode d’Emmaüs pourrait être bien intitulé "la Messe d’Emmaüs" ou la deuxième célébration eucharistique de Jésus. On y retrouve toutes les parties de nos Messes. Cela commence par ce qui pourrait être égal à la liturgie de la Parole. Le Seigneur Ressuscité vient rencontrer les deux hommes et discute avec eux. Cette discussion est basée sur la Parole de Dieu. Luc nous dit : « partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait. » C'est en fait ce qui se passe avec nous, chaque fois que nous venons à la Messe. Nous y venons avec nos questions, notre incompréhension des événements de notre vie, nos doutes et nos désespoirs. Ensuite, le Seigneur nous rencontre avec sa parole et nous explique toutes choses. Mais parce que nous sommes lents à comprendre et à croire, nous pouvons à peine reconnaître sa présence. Nous avons donc besoin d'une autre instance, la deuxième partie. Ici, cela est mentionné comme « la fraction du pain », connue sous le nom de Liturgie de l'Eucharistie. Nous lisons avec saint Luc que les disciples invitent leur mystérieux compagnon à rester avec eux. Une fois dans la maison, ils ne l'ont reconnu que dans la fraction du pain.
Nous parlons ici de la ‘messe d'Emmaüs’ car, les paroles et cette scène sont parfaitement similaires à ce que le Seigneur fit la veille de sa passion : « Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. » Ce n'est qu'à ce moment-là que les yeux des deux disciples ouvrirent à sa reconnaissance. L'Eucharistie en ce sens passe pour être le plus grand moment où nous pouvons reconnaître le Seigneur qui vient à notre rencontre et voyage avec nous.
Ensuite, la dernière partie porte sur ce que les disciples ont fait une fois que leurs yeux étaient ouverts pour reconnaître le Seigneur. Cela correspond à la dernière partie de nos célébrations eucharistiques, le renvoie. Ils sont retournés à Jérusalem pour partager la bonne nouvelle de la Résurrection aux autres disciples. La Sainte Messe ne finit jamais sans renvoie. Mais alors, ce renvoie devient un envoi en mission. Notre messe, la messe de notre vie commence une fois que le prêtre nous dit, "Ite Missa est", "Allez dans la Paix du Christ". Nous sommes à ce moment envoyés pour apporter le Christ, celui que nous avons reçu aux gens que nous rencontrerons.
Emmaüs est un voyage sacramentel. Les deux disciples, comme vous et moi, voyagent dans le désespoir avec nos questions et notre manque de foi. Puis, une fois que le Seigneur nous rencontre et se fait connaître de nous, nous devenons messagers afin de le porter aux autres. Ne manquons donc pas à notre mission de donner le Christ, le Seigneur Ressuscité à tous ceux qui ont besoin de réponse et d’espérance.


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19 AVRIL 2020: 2ème Dimanche de Pâques — Année A
Dimanche de la Miséricorde Divine.

DU SCEPTICISME A LA FOI : L'ŒUVRE DE LA DIVINE MISERICORDE.

LECTURES: Ac 2, 42-47; Ps 117 (118), 2-4, 13-15b, 22-24; 1 P 1, 3-9; Jn 20, 19-31.

Un proverbe Sicilien dit : « Qui ne s’y approche pas avec incrédulité, ne verra pas le visage du paradis. » Et un proverbe Philippin ajoute : « La miséricorde réside en Dieu ; aux hommes sont les œuvres. »
La vie de l'homme est un voyage continu de l'incrédulité à la croyance, du scepticisme à la foi. Dans ce voyage, nous réalisons que la conversion n'est jamais le résultat d'une action personnelle, mais l'œuvre de la miséricorde de Dieu. Nous sommes pèlerins dans l'amour miséricordieux du Seigneur Ressuscité. Chacun de nous a traversé ou se devra de faire ce voyage. Personne n'a jamais eu une foi indiscutable. Notre foi dans le Seigneur mûrit à travers des heures de doutes. En ce sens, nous sommes tous Thomas, et St. Thomas sera toujours notre ‘Saint Patron’.
En parlant de la foi des disciples du Seigneur, le Catéchisme affirme : « Le disciple du Christ ne doit pas seulement garder la foi et en vivre, mais encore la professer, en témoigner avec assurance et la répandre ... » CEC. 1816.
Nous sommes aujourd'hui, huit jours après la Résurrection. Les lectures nous amènent à voir l'essor de la première communauté chrétienne, une communauté rassemblée par une seule foi au Seigneur Ressuscité. C’est une communauté de gens pardonnés et donc élus, affermis et envoyés en mission, pour propager la Bonne Nouvelle de la Résurrection du Seigneur à travers leur style de vie et leurs témoignages.
Huit jours se sont écoulés et nous nous réjouissons toujours de la Résurrection du Seigneur. De plus, nous sommes aujourd'hui pleinement plongés dans les plaies bénies du Christ, les plaies de notre salut. Aujourd'hui est le Dimanche de la Miséricorde Divine. Le Seigneur Ressuscité est au milieu de nous, nous montrant les blessures qu’il a volontiers accepté comme le salaire de notre salut. La célébration de ce dimanche prend une coloration très spéciale lorsque nous réfléchissons à cette réalité de la miséricorde de Dieu. La miséricorde de Dieu découle du cœur transpercé de Jésus et de ses blessures, celles causées par les clous et la couronne d'épines. Ses blessures sont une fontaine de guérison. Grâce à elles, nous sommes donnés d'expérimenter l'amour de Dieu qui pardonne nos péchés, principalement le péché d'incrédulité. Jésus a été cloué sur la croix par nos péchés et pour nos péchés. Par conséquent, ses blessures sont les cicatrices laissées par les impacts de nos péchés sur lui. Ce sont les blessures de nos luttes, nos douleurs, nos imperfections, nos soifs, notre manque d'amour et de pardon.
Une belle chose à méditer est que, bien que le Seigneur ait porté toutes ces vilaines blessures à cause de vous et de moi et en notre nom, il ne nous accuse pas, il ne nous juge pas et ne nous condamne pas. Le Seigneur Ressuscité n'est pas un revanchard. Au lieu de cela, ses premiers mots en apparaissant à ses disciples sont des mots de paix, de réconfort et d'élévation : « La paix soit avec vous ». C’est une grande expression de la miséricorde de Dieu. Réfléchissons simplement aux événements de la passion du Seigneur. Il a été laissé seul, trahi par Judas, renié par Pierre et tous les autres ont fui, craignant pour leur propre vie, sauf Jean qui a eu le courage de se tenir au pied de la croix. Néanmoins, le Christ leur souhaite la paix. Il leur donne son amour, et il va plus loin en faisant d'eux des instruments de paix, d'amour et de miséricorde : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie… Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
Une autre grande expression de la miséricorde de Dieu est ce qui est présenté à travers l'expérience personnelle de Thomas, sa rencontre avec le Ressuscité. C'est une rencontre que nous parcourons tous, chacun à sa manière. Nous voulons tous des signes avant de croire. Remplis de tant d'empirisme, nous voulons une expérience tangible de toutes choses avant d’y mettre foi : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Dieu, cependant, ne nous accuse pas de notre manque de foi. Il vient toujours à notre rencontre et nous conduit du doute à la croyance. Nous ne pouvons atteindre cette foi authentique, celle de confesser le Seigneur comme notre Dieu, que si nous restons dans la communauté des croyants, présents dans les rassemblements communautaires. Loin de la communauté, nous allons toujours à notre perte et nous manquons les occasions de rencontrer le Seigneur. Le Seigneur n’est pas apparu à Thomas quand il était seul, mais il a attendu qu’il soit avec la communauté. En tant que chrétiens, nous devons toujours trouver notre place dans la communauté et y être présents, unis aux autres dans la prière et le partage des biens matériels.
Une communauté rassemblée par le Seigneur Ressuscité vit d'un seul cœur. Dans cette communauté, personne ne vit pour lui-même, mais ‘un pour tous et tous pour un’. Nous parlons ici d’une solidarité parfaite et du souci pour les besoins des autres. En cette période de pandémie du COVID-19, la solidarité et l’unité devraient être notre objectif ; faire nôtres les besoins de nos semblables. Nos communautés chrétiennes d'aujourd'hui devraient refléter cette image de la première communauté. Puissions-nous, cependant, être honnêtes en admettant que nos Églises, nos communautés sont loin de cette image. L'unité, dans de nombreuses Églises, est un rêve platonique, une utopie. Bien que nous professions une foi et participions à la même table Eucharistique, réunis par un seul Baptême et prétendant être les enfants du même Dieu Père, nous ne nous aimons pas vraiment.
Nombreuses sont les divisions ou les causes de division dans nos Églises. Nombreuses sont les inégalités, et malheureusement, nous les pasteurs, nourrissons souvent ces divisions parce qu'elles nous profitent à certains égards. La première lecture se présente comme un véritable défi pour nous, incarner dans nos paroisses, chapelles, groupes et associations cette première communauté chrétienne. Nous avons reçu une nouvelle naissance à une vivante espérance. Rendons-la vraiment visible. Afin qu’en nous regardant vivre notre foi, les gens voient le Seigneur Ressuscité vivant au milieu de nous : unité, amour mutuel, pardon, paix… La miséricorde de Dieu doit être efficace dans nos Églises et aussi dans nos maisons en tant que communautés chrétiennes de base et Églises domestiques.

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12 AVRIL 2020:
MESSE DU JOUR DE PÂQUES - A

LA RESURRECTION, UN MYSTERE A CROIRE.

LECTURES: Ac 10, 34a.37-43; Ps 117 (118), 1.2, 16-17, 22-23; Col 3, 1-4; Jn 20, 1-9.


Un proverbe Sénégalais dit : « Celui qui attend la lune attend les ténèbres. » Un autre proverbe Latin ajoute : « Après l'obscurité vient à la lumière. »
Avant tout et par-dessus tout, la Résurrection du Christ est un mystère, non pas à mettre en question, mais simplement à croire comme l'a fait Saint Jean, le disciple bien-aimé : « Il vit, et il crut. »
La vie de certaines personnes est faite de tant d’obscurités, d’occurrences sombres et tristes. Tout ce qu'ils semblent entendre et voir autour est mauvaise nouvelle, donc ils finissent par ne plus croire à la lumière et à un avenir meilleur. Beaucoup ont perdu espoir dans la vie et dans l'avenir. Au milieu de cette frénésie des ténèbres, résonne un beau conseil : « N'oublie pas dans les ténèbres ce que tu as appris dans la lumière. » Quant à dire, il y a toujours un grand espoir. Il y aura toujours un avenir meilleur. La lumière jaillira toujours des ténèbres et la vie de la tombe.
Nous pouvons apposer ces mots optimistes à la situation actuelle dans laquelle le monde est plongé et dire que notre monde ressuscitera. Corona ne le gardera pas éternellement dans la tombe des douleurs et de la mort. Le Christ est ressuscité, le monde se lèvera avec lui ! Alléluia !
Nous célébrons aujourd'hui le mystère de tous les mystères, le centre de notre foi ; la Résurrection du Christ. Le Catéchisme de l'Église Catholique résume magnifiquement ce que nous vivons aujourd'hui en ces termes : « Il y a un double aspect dans le mystère Pascal : par sa mort il nous libère du péché, par sa Résurrection il nous ouvre l’accès à une nouvelle vie. Celle-ci est d’abord la justification qui nous remet dans la grâce de Dieu (cf. Rm 4, 25) "afin que, comme le Christ est ressuscité des morts, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle" (Rm 6, 4). Elle consiste en la victoire sur la mort du péché et dans la nouvelle participation à la grâce (cf. Ep 2, 4-5 ; 1 P 1, 3). Elle accomplit l’adoption filiale car les hommes deviennent frères du Christ, comme Jésus lui-même appelle ses disciples après sa Résurrection : "Allez annoncer à mes frères" (Mt 28, 10 ; Jn 20, 17). Frères non par nature, mais par don de la grâce, parce que cette filiation adoptive procure une participation réelle à la vie du Fils unique, qui s’est pleinement révélée dans sa Résurrection » (CEC.654). Voici dit notre foi. C'est ce que nous croyons et c'est ce qui donne raison et sens à notre être. Nous vivons parce que le Christ pour nous est mort et est ressuscité.
Le mystère de la Résurrection, pour certaines personnes, pourrait ressembler à un rêve ou à une simple histoire. De ce fait, les lectures, aujourd'hui, viennent prouver que nous ne sommes pas dans une utopie. En première lecture, nous avons un compte rendu de l'événement par les apôtres. Pierre, le chef du groupe des Douze, raconte ce qui s'est passé et comment celui qui a été crucifié s'est révélé à eux, trois jours après sa mort. Pierre utilise une belle expression pour prouver que le Seigneur ressuscité n'était pas un fantôme : « Celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice, Dieu l’a ressuscité le troisième jour. Il lui a donné de se manifester, non pas à tout le peuple, mais à des témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts. »
Les gens qui ont la mentalité de fantôme et ceux qui sont accros aux films d'horreur et de fiction savent que les fantômes sont éthérés, incorporels. Par conséquent, ils n'ont besoin ni de nourriture ni de boisson. Cependant, le Seigneur ressuscité a mangé et bu avec ses disciples après être ressuscité des morts. Et il les a chargés de témoigner de ce mystère.
L'Evangile partage une autre rencontre ou preuve de la Résurrection, celle de Marie-Madeleine et du tombeau vide. Ici, le vide est l'une des plus grandes preuves que la mort et le tombeau n'ont pas pu retenir le Seigneur en captivité. Il n'est pas dans le tombeau, non pas parce que son corps a été enlevé, mais simplement parce qu'il a vaincu le prince de la mort. Grande joie donc pour nous, chante le psalmiste. « Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! »
Alors, quelles pourraient être les implications de la Résurrection du Seigneur dans nos vies aujourd'hui ? Ici viennent les exhortations de saint Paul en deuxième lecture. Avec Christ, nous sommes ressuscités de la mort. Notre attention, de ce fait, ne devrait pas être sur cette terre et ses réalités, mais sur le ciel : « recherchez les réalités d’en haut. » Car, avec Jésus, nous sommes morts au péché. Avec lui, maintenant, nous sommes vivants, restaurés dans la pureté. Nous devons donc rompre tous les liens avec le péché, nous déconnecter de toutes sortes de perversités. La Lumière de la Résurrection du Seigneur a répandu ses rayons sur toutes les ténèbres de notre vie pour expulser de nous tous ces côtés sombres. C'est maintenant à chacun de nous d'évaluer sa propre vie et de voir où il voudrait que la lumière du Christ ait le plus d'impact. Cette Pâques est le moment pour vous et moi de nous « purifier des vieux ferments » de notre cœur et d'embrasser la nouveauté que Jésus apporte par sa résurrection. Nous sommes tous invités à vivre dans la sincérité et la vérité.
Une chose est sûre, le Christ, aujourd'hui, nous a ôté nos châtiments. La vie est une offre de Dieu pour nous. Joyeuse Pâques ! Heureuse nouvelle vie ! Ne retournons plus dans nos obscurités. « N'allons plus nous dérobant à l'Esprit qui régénère : Seigneur est ressuscité ! Un sang neuf coule aux artères du Corps entier. La nuit du temps se change en lumière : L'homme était mort, il est vivant. »

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11 AVRIL 2020: Résurrection du Seigneur — Année A
VEILLEE PASCALE

LA NUIT DE LA GLORIEUSE VICTOIRE.

LECTURES: 

Gn 1, 1 – 2, 2; Ps 103 (104), 1-2a, 5-6, 10.12, 13-14ab, 24.35c; Gn 22, 1-18; Ps 15 (16), 5.8, 9-10, 11; Ex 14, 15 – 15, 1a; Cantique: Ex 15, 1b, 2, 3-4, 5-6, 17-18; Is 54, 5-14; Ps 29 (30), 3-4, 5-6ab, 6cd.12, 13; Is 55, 1-11; Cantique: Is 12, 2, 4bcd, 5-6; Ba 3, 9-15.32 – 4, 4; Ps 18 (19), 8, 9, 10, 11; Ez 36, 16-17a.18-28; Ps 41 (42), 3, 5efgh ; 42 (43), 3, 4; Rm 6, 3b-11; Ps 117 (118), 1.2, 16-17, 22-23; Mt 28, 1-10. 
Un proverbe Camerounais dit : « L'obscurité de la nuit ne peut pas arrêter la lumière du matin. » Et un proverbe Kenyan ajoute : « La vie sans bataille est une vie sans victoire. »
Dans le calendrier lunaire Islamique, il y a une nuit d'une importance particulière. Il s'agit de la « Laylat al-Qadr », que beaucoup traduise comme la nuit du décret, la nuit du pouvoir, la nuit de la valeur, la nuit du destin ou la nuit des mesures. Les musulmans croient que c'est la nuit où le Coran fut envoyé pour la première fois du ciel dans ce monde et aussi la nuit où les premiers versets du Coran ont été révélés au prophète Mahomet. Pour de nombreux musulmans, cette nuit équivaut à mille nuits.
L'analogie n'est pas toujours logique, mais l’on pourrait passer de cette image de la « Laylat al-Qadr » ou Nuit du Destin, pour parler de la Veillée Pascale. Pour nous chrétiens, la Veillée Pascale est la nuit qui donne sens à tous les jours de la vie humaine et à toute notre existence. Car de cette nuit jaillit un jour nouveau, un nouveau départ, une nouvelle vie. La Veillée Pascale est la nuit de la victoire de la vie sur la mort.
Vendredi dernier, nous avons tous assisté à une grande bataille. Ce fut la bataille opposant la vie à la mort. Et avec la complicité humaine, à travers un procès biaisé, la mort semblait avoir vaincu la vie. Mais ce n'était qu'un semblant de victoire qui n’a duré qu’un court instant, le temps pour l’auteur de la vie de visiter le royaume des Morts et de là, de libérer tous ceux que la mort retenait captifs. Alléluia ! Le Christ est ressuscité, Alléluia ! La vie jaillit de l'obscurité humaine. C'est ce que représente notre Cierge Pascal.
Le monde, aujourd'hui, est plongé dans une nuit caverneuse et triste, à cause d’un virus, obligeant au confinement et à la fermeture, même des lieux de cultes. La lumière de Pâques, cependant, nous apporte un nouvel espoir. La vie l'emportera dans la bataille qui l'oppose à la mort. Cette nuit où notre monde est plongé prendra également fin. Le Christ est ressuscité ! Il y a de l'espoir en raison de notre foi en la résurrection. Ici, l’annonce pascale, l’Exsultet pourrait renforcer notre espérance dans ce futur glorieux. Ne chantons-nous pas, « O heureuse faute qui nous a valu un rédempteur » ? Aussi pourrions-nous dire de cette pandémie, "O heureux virus qui nous vaut une grande prise de conscience de notre néant et de notre besoin de vie en Dieu."
Toute bataille bien négociée mène à la victoire et aucune guerre ne se termine sans un vainqueur. Les amateurs de football conviendront que lors d'un match de finale, il y a toujours besoin d'un champion. Nous célébrons ce soir, la nuit du champion, la nuit de la victoire de la vie sur la mort.
D'une tradition très ancienne que l'Église a perpétuée, c'est la nuit de veille pour le Seigneur. C'est, comme nous l'avons dit précédemment, la nuit qui donne naissance à un jour nouveau et glorieux. Ce soir est la nuit où chacun de nous, portant à la main des cierges allumés, chantons notre salut.
La liturgie de cette soirée est composée de deux beaux pans. La première partie porte sur la célébration de la lumière par la bénédiction du Cierge Pascal. Et de l'autre côté, la deuxième partie, la célébration eucharistique animée par la plus longue liturgie de la parole. Cela prend une signification particulière quand on se fait à l’esprit le prologue de Saint Jean. Car, « Au commencement était la Parole… » (Jn 1, 1). Et cette Parole est ce qui donne un sens à tout.
La lumière de Pâques nous rappelle notre voyage de l'obscurité du péché à la lumière vive de la justice, la restauration obtenue pour nous par Jésus. C'est le moment pour chacun de nous de renouveler nos engagements baptismaux de renoncer à Satan, à toutes ses séductions et au péché et de nous engager dans une nouvelle relation avec le Seigneur dans la sincérité de foi.
En plus, la célébration eucharistique est un autre beau moment. Car avec les sept lectures de l'Ancien Testament, l'Épître de Paul et l'Évangile, nous sommes amenés à méditer sur tout le mystère du salut, de la Genèse avec Adam comme cause de la damnation humaine à Jésus comme source de notre rachat.
La veillée pascale est le centre de notre foi. Nous devons donc toujours la célébrer en rappelant le salaire élevé que Jésus a dû payer pour que nous vivions. Aujourd'hui, de la tombe, la vie germe comme une nouvelle plante. Nous sommes régénérés, recréés, renouvelés en Jésus. Par conséquent, puissions-nous tous chanter avec exaltation le grand Alléluia et exulter, car la vie l'emporte sur la mort. Ce soir, nous sommes tous ramenés de l'obscurité à la lumière. Alléluia!

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10 AVRIL 2020: Vendredi Saint — A
LE PLUS GRAND PROCES.

LECTURES: Is 52, 13 – 53, 12; Ps 30 (31), 2ab.6, 12, 13-14ad, 15-16, 17.25; He 4, 14-16 ; 5, 7-9; Jn 18, 1 – 19, 42.


Un proverbe Britannique dit : « La vérité ne craint aucun procès. » Et un proverbe Ghanéen ajoute : « Le cafard ne peut pas être innocent dans un tribunal où la poule est juge. »
Le monde, depuis toujours, n'a connu qu'un seul procès que tous pourraient s’accorder à appeler le plus grand de tous les procès. Premièrement, ce procès a été unique car il s'est déroulé dans trois tribunaux différents : il a commencé au Sanhédrin, s’est poursuivi au palais d'Hérode et il s’est terminé au palais de Pilate. Deuxièmement, ce procès était génial parce que c'était un procès opposant la vérité au mensonge. Et enfin, c'était un procès incroyable parce que, bien que n'ayant aucune preuve, le verdict était unique et sans appel, la vérité devait mourir pour que le mensonge prévale. Le juste a été condamné à mort afin que les pécheurs vivent.
Ce qui s'est passé ce jour-là, est le triste sort dans lequel l'humanité s'est toujours enfermée. Nous attentons toujours des procès entre le bien et le mal, la vérité et le mensonge, et accusons et condamnons le bien et la vérité à périr.
En ce jour, il est en train de s’écrire le sort de notre humanité : « il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple… » (Jn 11, 50). Et ainsi, cela arrivera, Jésus mourra pour nous tous. Quel était donc son crime ? Simplement pour avoir eu le courage de dire la vérité : « Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. » Mais alors, quelle est cette vérité ? La vérité n'est pas quelque chose à rechercher, mais plutôt quelqu'un à connaître, à aimer et à croire. La vérité c’est Jésus lui-même : « Je suis la vérité » (Jn 14, 6).
La première lecture d’aujourd’hui nous dit que, dans un monde érigé sur tant de mensonges et de fausses nouvelles (Fake News), la vérité se doit de souffrir si elle veut être entendue. Isaïe chante le chant du Serviteur souffrant du Seigneur. Il est abandonné comme sacrifice expiatoire pour les péchés de tous. Il en est ainsi de la vérité dans notre vie de tous les jours. La vérité est sacrifiée, « si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme… » Dans le monde d'aujourd'hui, la vérité n'a pas de visage à contempler. Elle est défigurée, pas crue, détestée, rejetée. Beaucoup de gens choisissent volontiers de vivre à leur manière aujourd'hui, loin de ce qui est juste et vrai. Le péché est devenu la chose la plus courante et la plus normale. La corruption, la prostitution, le trafic des êtres humains, les meurtres et les exécutions extrajudiciaires, l'avortement, la pornographie, la pédophilie, l'homosexualité, la fornication, l'égoïsme, et la liste pourrait être sans fin des procès que nous ouvrons contre la vérité et dans lesquels nous donnons raison au mensonge. Malheureusement, la vérité porte tous les fardeaux de notre faible humanité et meurt pour nos péchés, dit l'auteur de la lettre aux Hébreux. Jésus est cette vérité qui meurt pour les pécheurs.
Aujourd'hui, le Seigneur Jésus meurt pour vous et moi, le juste pour les injustes, le sans péché pour les pécheurs dans un procès qu'il ne méritait pas. Néanmoins, il l'accepte humblement. Car c'est le prix qu'il doit payer s'il veut que nous vivions.
Frères et sœurs, aujourd'hui encore, le procès qui a vu la mort de Jésus est toujours en cours. Nous perpétuons encore l’accusation dans laquelle le Christ, bien qu’innocent, comme dit Pilate : « Moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation », est condamné à souffrir et à mourir, une peine de mort pour épargner la vie des pécheurs. Jusqu'à nos jours, le Christ Jésus est toujours en train de mourir sous de nombreux innocents que nos sociétés envoient à la mort physique, psychologique et spirituelle. Jésus meurt lorsque des politiciens et des législateurs adoptent des projets de loi qui privent les droits des personnes sans défense et pauvres. Jésus meurt lorsque les riches exproprient les moins fortunés du peu qu'ils ont. Jésus meurt dans nos hôpitaux où les patients sont abandonnés faute d'argent pour les factures. Jésus meurt dans nos rues avec les sans-abris et les marginalisés. Jésus meurt dans nos églises lorsque nous, prédicateurs, troquons l'évangile contre de l'argent et des biens matériels. Jésus meurt quand les gens ne vivent plus pour les autres, mais emprisonnés dans l'égoïsme et le narcissisme. Jésus meurt, il meurt et il meurt lorsque nous faisons ce que nous ne sommes pas censés faire et ne nous soucions guère des conséquences. Le plus grand procès est un procès encore en cours, l'agonie continue. Et malheureusement, jour après jour, le chemin de croix devient un chemin continu vers la croix pour beaucoup de gens. Espérons un avenir meilleur, une résurrection de notre mort au péché.


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9 AVRIL 2020: Jeudi Saint — Cena Domini
EUCHARISTIE, ECHANGE D'AMOUR.

LECTURES: Ex 12, 1-8.11-14; Ps 115 (116b), 12-13, 15-16ac, 17-18; 1 Co 11, 23-26; Jn 13, 1-15.


Un proverbe Danois dit : « Qui achèterait la saucisse d'un chien doit lui donner du lard fumé en échange. » Et un proverbe Hawaïen ajoute : « Quand l'amour est donné, l'amour doit être rendu. »
Il y a un cantique eucharistique Ivoirien qui pourrait bien nous ouvrir à la célébration d’aujourd’hui, la fête de l’institution de la Sainte Eucharistie. Le chant va dans ce sens : « O, quel admirable échange, Dieu se donne à nous. Dieu pour nous s'est fait pain et vin, pour habiter en nous ! O, quel beau mystère, amour merveilleux. C'est le Créateur, qui s'unit à sa créature. »
Voici le cœur de la célébration de ce soir. Dieu devient pain et vin et trouve sa demeure dans le cœur de l'homme, dans nos âmes. Dans la Sainte Eucharistie, Dieu, non seulement devient notre nourriture mais en plus, il devient notre ami et compagnon de vie. Dieu dans la Sainte Eucharistie nous appelle à participer au banquet le plus sacré de Son Fils unique afin que nous soyons assez forts pour participer à sa passion. Ce que nous célébrons ce soir avec une grande joie sur ce Saint Autel, est une anticipation de ce qui se passera demain sur l'autre Autel de la Croix.
Le sacrement de l'Eucharistie est par excellence, un sacrement d'amour. Dans ce sacrement, nous réalisons vraiment ce qu'affirmait saint Jean : « Quant à nous, nous aimons parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier » (1 Jn 4, 19). L’Eucharistie, de ce fait, devient un appel à un échange d'amour.
Pour nous aider à célébrer cet amour qui nous sauve de la domination du péché, la première lecture nous plonge dans une page de l'histoire, la célébration de la Pâque du Seigneur par les enfants d'Israël. Il apparaît clairement aux Israélites que la Pâque est un festival pour toutes les générations et pour toujours. L'Eucharistie est ici préfigurée comme la nourriture du voyage, le pain de la route. Les enfants d'Israël, en captivité en Égypte, ont été appelés à manger la chair de viande rôtie et à appliquer le sang « sur les deux montants et sur le linteau des maisons où on le mangera. » Le Seigneur Dieu, par ce sang, les sauvera du châtiment qu'il devait infliger au pays d'Égypte.
Le Psalmiste nous amène à élever la voix en action de grâce au Seigneur pour toute sa bonté envers nous. L'Eucharistie devient ici une offrande d'action de grâce, une louange à Dieu. Et nous sentons à travers cela que, la seule chose que nous pouvons faire pour louer le Seigneur, c'est d’élever la coupe de salut et d'invoquer son nom. C'est à juste titre ce que nous faisons à chaque célébration eucharistique.
En parlant de coupe et de sang versé pour notre salut, saint Paul, dans la deuxième lecture, raconte le mémorial de l'institution de la Sainte Eucharistie, la Cène du Seigneur. Paul met un accent tout particulier sur l'ordre divin : « faites cela en mémoire de moi. » De ce fait, il affirme : « ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. » Ce sont des mots que nous prononçons à chaque célébration de la messe lorsque nous disons la prière de consécration et chantons l'anamnèse.
L'Évangile de Jean nous ramène au soir même où le Seigneur Jésus a institué la Sainte Eucharistie. Il nous présente une autre belle dimension de l'Eucharistie comme ‘sacrement du service’. Le Seigneur, avant de se donner à ses disciples comme pain et vin, s'est fait leur serviteur. Il leur a lavé les pieds. L'Eucharistie est ici vue comme sacrement d'humilité et d'amour. Jésus, lavant les pieds de ses disciples, nous enseigne la perfection de l'amour. L'amour s'exprime mieux lorsqu'il peut s'abaisser pour servir.
Dans la célébration de ce soir, l’on nous enseigne l’amour, l’humilité et le service. L'amour de Jésus pour ses disciples l'a amené à s'humilier et à les servir. Après quoi, il leur a donné ce mandat : « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. » En tant que Disciples du Christ, nous devons copier-coller (c’est-à-dire toujours actualiser) ce geste assez simple, pourtant profond de Jésus ; nous abaisser par amour et nous mettre au service les uns des autres. L'Eucharistie est un échange d'amour à poursuivre, partant de Jésus à nous et de nous aux autres, « jusqu’à ce qu’il vienne ».
Que notre célébration eucharistique ne soit pas seulement un simple rituel auquel nous participons sans aucun impact sur notre être quotidien. À la messe, vous recevez l'amour de Jésus afin de donner de l'amour à vos frères et sœurs. Jésus se donne à toi sous le pain et le vin pour que tu te donnes aussi à ton prochain. L'échange devient efficace lorsque vous êtes prêt à redonner aux autres. Ne gardez jamais pour vous l'amour que vous recevez. L'amour doit être donné et non gardé. Et ce proverbe Ivoirien pour finir, « L'amour est comme la toux, vous ne pouvez pas le retenir. »

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5 AVRIL 2020: Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur — Année A
PASSION DE DIEU POUR L'HOMME OU QUAND DIEU SOUFFRE AVEC NOUS.

LECTURES: Mt 21, 1-11; Is 50, 4-7; Ps 21 (22), 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a; Ph 2, 6-11; Mt 26, 14 – 27, 66.

Un proverbe Arabe dit : « Il est bon de connaître la vérité, mais il vaut mieux parler de palmiers. » Un autre proverbe Japonais ajoute : « La forme extrême de l'amour passionné est l'amour secret. »
La souffrance est une réalité qui a toujours été et sera toujours difficile à comprendre et à accepter. Quand nous traversons des épreuves, la première tentation est de demander où est Dieu. Nombreux sont ceux qui pensent, lorsqu'ils sont exposés aux épreuves et aux périples de la vie, que Dieu les a abandonnés. Combien de fois, en cette période de la pandémie du COVID-19, n'avons-nous pas entendu ou même ressenti la tentation de demander : "Où donc est Dieu ?" La liturgie d'aujourd'hui vient nous apprendre que nous avons un Dieu qui souffre avec nous, mieux, nous avons un Dieu qui souffre pour nous.
La gloire et la souffrance, le chagrin et l'amour sont intrinsèquement liés. Personne ne peut rêver de gloire sans éprouver de souffrance, et l’amour ne peut pas non plus être authentique sans la passion. En ce jour, nous rappelons l'entrée glorieuse de Jésus dans la ville sainte, Jérusalem. C'est, cependant, pour lui d'accomplir les Écritures, d'accomplir le Mystère Pascal. Le Seigneur entre solennellement dans la ville sous l’acclamation du peuple, des palmes et des jeunes branches en mains. Puis, de façon surprenante, de la même ville, quelques jours après, le même Seigneur Jésus qui a été accueilli par acclamations sera porté hors, sous les injures, les moqueries et les coups de fouet. Ces deux événements de la vie de Jésus dépeignent très bien le lien intime entre l'amour et la passion. L'amour, dans sa perfection, conduit à la souffrance. Personne ne peut vraiment aimer sans souffrir. Personne ne peut atteindre la gloire sans la douleur.
Nous célébrons aujourd’hui la ‘palme de la passion’, le sommet de l’amour. Les lectures sont bien en phase avec le fait que l'amour mène à la souffrance.
Dans la première partie de notre liturgie, l'Évangile de la bénédiction des palmes se termine par des cris de « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! » Ce sont là l’expression de joie du peuple. Puis, lorsque nous entrons dans la célébration eucharistique, le prophète Isaïe dans la première lecture décrit les souffrances du « serviteur de Dieu ». Le Psaume est un cri, un chant rempli de larmes, « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Ce sont les larmes de chacun de nous lorsque nous vivons les revers de l'amour. Nous nous demandons toujours, pourquoi faut-il souffrir quand on aime ? Ainsi, les Français dans une chanson populaire peuvent s’exclamer : « l’amour est ingrat. Il fait souffrir qui aime et rire qui n'aime pas. » Mais en réalité, l'amour n'a rien d'ingrat. Il n'atteint sa perfection que dans la souffrance.
Saint Paul, en deuxième lecture, serait d'accord avec cela quand il affirme l'abaissement du Fils de Dieu. Jésus-Christ s'est humilié à cause de son amour pour l'humanité. Dieu l'a donc élevé pour une plus grande gloire. Car, Dieu n'abandonne jamais ceux qui souffrent par amour.
L'Évangile de Matthieu est la plus belle page de l'histoire d'amour. C'est la chronique de la Passion du Christ. L’on nous dit à travers cette narration que celui qui aime doit toujours être prêt à payer le plus haut prix pour son amour. Le Christ Jésus a aimé jusqu'à abandonner sa propre vie, son corps suspendu à la croix et la dernière goutte de sang de son cœur, pour le salut de l'humanité. Grâce à cela, il a obtenu la ‘palme d'or’ de la passion.
À l'exemple du Seigneur, nous sommes également mis au défi de ne pas avoir peur de souffrir pour ceux que nous aimons. Car, Jésus lui-même a dit : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 13). Ne dissocions donc pas la passion de notre Amour. Plutôt, puissions-nous toujours aimer passionnément sans compter le coût. Car, l'amour qui ne vous coûte rien ne vaut pas la peine d'être exprimé. Et l'amour sans passion n'est que de l'égoïsme et du narcissisme. Dieu, aujourd'hui, souffre pour nous, afin que nous aussi puissions souffrir par amour les uns pour les autres. Il souffre de la plénitude de la générosité avec nous, pour que nous soyons généreux en amour et en souffrance pour les autres et avec les autres. Dieu est toujours avec nous, dans la joie comme dans l’affliction. Cette pandémie du COVID-19 n'est pas l'expression de l'absence de Dieu. Cela devrait plutôt sonner le moment pour nous de découvrir son plus grand amour. Car, Dieu, en ces jours, pleure avec tout l'univers.


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29 MARS 2020: 5ème Dimanche de Carême — Année A
“EGO SUM RESURRECTIO ET VITA” OU L'AVANT-GOUT DE LA REDEMPTION.

LECTURES: Ez 37, 12-14; Ps 129 (130), 1-2, 3-4, 5-6ab, 7bc-8; Rm 8, 8-11; Jn 11, 1-45.

Un proverbe Amérindien dit : « La vie n'est pas séparée de la mort. C’est juste l’impression que l’on en a. » Et un proverbe Ashanti ajoute : « La vie est le début de la mort. »
« Moi, je suis la résurrection et la vie, dit le Seigneur. Celui qui croit en moi ne mourra jamais. » En entrant dans la liturgie d'aujourd'hui, l’on pourrait penser que c'est déjà le dimanche de Pâques. Car, toutes les lectures portent sur la vie après la mort. Elles parlent toutes de résurrection, ce qui élève notre espérance et notre foi en ce mystère. Le Catéchisme, parlant de notre foi en la résurrection, déclare : « S’il est vrai que le Christ nous ressuscitera "au dernier jour", il est vrai aussi que, d’une certaine façon, nous sommes déjà ressuscités avec le Christ. En effet, grâce à l’Esprit Saint, la vie chrétienne est, dès maintenant sur terre, une participation à la mort et à la Résurrection du Christ » (CEC. 1002).
La résurrection n'est donc pas une utopie, ni une simple histoire pour enfants. C'est la réalité centrale de notre foi. Jésus s'est ressuscité pour que nous qui croyons en lui puissions-nous relever de notre mort. Saint Paul, répondant à ceux qui ne croient pas en la résurrection, exprime avec énergie : « Et si le Christ n’est pas ressuscité, notre proclamation est sans contenu, votre foi aussi est sans contenu » (1Co 15,14). Nous savons clairement que le déni de la résurrection implique des incohérences logiques, et donc il devient un déni de foi, car la foi trouve ses fondements dans la résurrection du Seigneur.
Le prophète Ézékiel, dans la première lecture d’aujourd’hui, annonce que Dieu ouvrira nos tombeaux, nous sortira de la mort et nous ramènera vivre au pays des vivants. Dans le Seigneur, nous le savons, il y a plénitude de vie.
Paul, en deuxième lecture, parle de notre résurrection personnelle et individuelle après celle de Jésus. L'apôtre dit : « si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. » Par le baptême, nous appartenons au Christ et son Esprit habite en nous. Par conséquent, « le corps, il est vrai, reste marqué par la mort à cause du péché, mais l’Esprit vous fait vivre, puisque vous êtes devenus des justes. » Ainsi dit, la résurrection est également possible pour nous, même si nous sommes pécheurs. Le Christ est mort et a été ressuscité pour que, en lui et à travers lui, nous vivions. Car il est notre résurrection.
L'Évangile vient apporter une preuve à toutes ces paroles et raffermir notre foi en la résurrection. La résurrection de Lazare de Béthanie est l'avant-goût et le modèle de nos futures résurrections.
Nous sommes aujourd'hui, une semaine avant la Passion du Seigneur. Jésus ressuscitant Lazare d'entre les morts manifeste le pouvoir de la vie sur la mort. Saint Jean mentionne que « En apprenant cela, Jésus dit : "Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié". » Il y a une belle concordance dans ce passage et dans l'Évangile de dimanche dernier. Dimanche dernier, lorsque les disciples ont demandé à Jésus qui avait péché, que l'homme soit né aveugle, le Seigneur a répondu : « c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. ». Aujourd'hui encore, il dit de la mort ou de la maladie de Lazare, qu’« elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. »
La vie de l'homme est pour la gloire de Dieu. Par conséquent, notre mort devient aussi un moyen pour que cette gloire se manifeste dans sa plénitude. Parce que nous ne pouvons pas rêver de résurrection sans la mort. Avant d’être ressuscité, l’on doit d'abord passer par la mort. La gloire de la résurrection surpasse la tristesse et les peines de la mort et du tombeau. C'est en passant par la mort que nous pouvons être ressuscités. Nous rêvons tous de la plénitude de la vie. Nous ne pouvons cependant atteindre cette perfection de la vie que si nous acceptons de traverser le pont, c'est-à-dire de passer par l'imperfection de la mort.
Saint Irénée disait : « la gloire de Dieu est l'homme pleinement vivant. » Comment cependant atteindre cette gloire sans tourner la page de la mort ? Car ce n'est que par la mort que nous pourrons entrer dans la vie, dirait sainte Thérèse de l'Enfant Jésus - « Je ne meurs pas ; J'entre dans la vie ». C'est de la tombe que Jésus a appelé Lazare à la vie. Tout ce qui nous est demandé, c'est la foi. La résurrection est avant et au-delà de tout, un acte de foi. Ainsi, la réaction de Jésus envers Marthe qui pleurait la perte de son frère : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »
Comme Marthe, tous les chrétiens devraient pouvoir élever haut la voix et professer : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. » Ce dimanche est à coup sûr l'avant-goût de la Pâques. On pourrait l'appeler la « petite Pâques » ou le dimanche de la vie. Nous voyons comment, par la puissance du Christ, la vie jaillit de la mort. "Ego sum resurrectio et vita." Un grand message pour nous aujourd’hui, souffrant de la pandémie COVID-19. La vie l’emportera toujours sur la mort. Un nouveau jour viendra. Croyons-en fermement.


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25 MARS 2020: Annonciation du Seigneur — Solennité du Seigneur

ANNONCIATION DU SEIGNEUR : A LA GENESE DE LA VIE.

LECTURES: Is 7, 10-14 ; 8, 10; Ps 39 (40), 7-8a, 8b-9, 10,11; He 10, 4-10; Lc 1, 26-38.

Un proverbe Congolais dit : « Les enfants sont la récompense de la vie. » Un autre proverbe Tibétain ajoute : « Qui sauve une vie, sauve le monde entier. »
La solennité d'aujourd'hui marque le point de départ d'un mystère qui se manifestera pleinement dans neuf mois, le Mystère de l'Incarnation. Dieu, aujourd'hui, devient homme dans le ventre d'une humble Vierge. À l’Annonciation, l’Archange Gabriel révèle à Marie le plan de Dieu sur sa vie. À ce projet, Marie donne son « Fiat voluntas tua ! » (Que ta volonté soit faite), et dans son humilité, elle conçoit le Fils de Dieu, le Sauveur de l'humanité, par la puissance du Saint Esprit. A l’instant même où Marie a consenti à la volonté de Dieu, le Fils de l'Homme a commencé à être un homme.
L'une des plus belles leçons que nous pouvons tirer du mystère de l'Annonciation porte sur "où et quand commence la vie ?" C’est aussi l’une des plus grandes questions de bioéthique. Quand est le vrai début de la vie ? À quel moment un fœtus peut-il être appelé un être humain ? À travers ces interrogations, nous soulevons une préoccupation sur de nombreuses véritables questions sociales, politiques et médicales, parmi lesquelles celles de l'avortement et de la manipulation génétique des cellules souches embryonnaires humaines.
Le Catéchisme, à propos de l'Annonciation, dit : « L’Annonciation à Marie inaugure la "plénitude des temps" (Ga 4, 4), c’est-à-dire l’accomplissement des promesses et des préparations. Marie est invitée à concevoir Celui en qui habitera "corporellement la plénitude de la divinité" ». Cette plénitude des temps ici mentionnée n'est rien d'autre que le début de la vie de Dieu en tant qu'être humain. Ainsi, la vie commence à cette première minute de la conception et c'est la vie dans sa plénitude. Le fœtus ou les embryons ne sont pas des êtres à moitié humains. Ils sont pleinement humains, avec tout ce que cela signifie d'être un homme, méritant les mêmes droits et respect dont nous jouissons.
Les lectures proposées à notre médiation nous amènent à réfléchir sur le mystère de l'incarnation, son annonce prophétique à travers Isaïe au roi Acaz et son achèvement en Marie. Par l'intermédiaire d'Isaïe, le Seigneur Dieu annonce à Acaz le signe de la conception virginale : « Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel, car Dieu est avec nous. »
Le Seigneur Dieu a choisi d'être avec son peuple, et il l'a fait sous les traits d'un petit enfant. Cela a commencé à la conception. Depuis cet instant de gestation de la vierge, Dieu était avec son peuple. Sous les marques de l'enfant à naître, c'est Dieu qui est avec l'humanité, en sa pleine image et ressemblance.
L’accomplissement de cette prophétie faite à Acaz a besoin de l’assentiment de l’homme, c’est-à-dire notre disposition et notre ouverture à faire la volonté de Dieu. Nous sommes tous appelés à pouvoir dire comme le psalmiste : « Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté. » L'auteur de la Lettre aux Hébreux le souligne d'autant plus. Dieu a besoin de l'approbation humaine, de notre ‘Fiat voluntas tua’ afin qu'il devienne l'un des nôtres.
L'Évangile nous enseigne que nous avons une représentante. Marie, au nom de l'humanité entière, a prononcé ce ‘Fiat’ : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » Après quoi, Dieu est devenu l'un de nous.
Le Fils de Dieu, incarné dans le ventre de la Vierge de Nazareth, est l'un de nous et un avec nous (Emmanuel) à partir de ce moment même de l'Annonciation. Les enfants aussi sont "l’un de nous" dès la première heure de leur conception. L'avortement de ce pas devient un déni de leurs droits. C'est un refus à Dieu de son droit de naître à notre ressemblance. Dieu a besoin de notre oui. Lorsque nous donnons notre consentement à l'avortement ou à toute loi autorisant la manipulation génétique des cellules souches embryonnaires, nous sommes comme en train de dire ‘non’ à la demande de Dieu d'être avec nous. A travers la pratique de l'Avortement, combien d'« Emmanuel » nous exterminons sous le couvert de la loi, alors que leur venue devait apporter la même joie qu'Elisabeth et Jean ont ressenti à la visitation de Marie et Jésus.
Le mystère de l'incarnation est un mystère de joie, comme toute nouvelle conception est cause de joie. Dieu venant être avec nous nous appelle à l'aimer à travers son Fils incarné. Ce mystère nous appelle également à montrer plus d'amour pour les enfants et surtout pour les enfants à naître.
Dans un monde soumis à tant de lois négativistes sur la vie, un monde où la vie humaine est en perte de valeur, la réflexion sur l’incarnation de Dieu sonne comme un avertissement fort. Nous sommes appelés à être pro-vie et à faire nôtres les principes de base de la bioéthique : le respect de l'autonomie, la non-malfaisance, la bienfaisance et la justice. Il s'agit de respecter le principe de l'autonomie de chaque vie, à commencer par le fœtus, du premier moment de la conception jusqu'à la mort naturelle. Le principe de la non-malfaisance consiste à se prévenir d'infliger des peines à la vie, et surtout à la vie de personnes sans défense et vulnérables. Le principe de bienfaisance revient à faire preuve de gentillesse et d'amour envers tous les êtres humains. Don Orione dirait : « faire du bien à tous. » Et enfin, le principe de justice, traiter tous les êtres comme si nous agissions avec nous-mêmes.
Que Dieu, venant être avec nous (Emmanuel), élève notre conscience de ces principes de base pour le bien-être et l'humanisation de notre monde.

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22 MARS 2020: 4ème Dimanche de Carême, de Lætare — Année A

SUR LA NECESSITE DE GUERIR DE LA CECITE SPIRITUELLE.

LECTURES: 1 S 16, 1b.6-7.10-13a; Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6; Ep 5, 8-14; Jn 9, 1-41.

Un proverbe Tunisien dit : « Il n'y a pas de cécité pire la cécité du cœur. » Et un autre proverbe Américain ajoute : « Il n'y a plus aveugle que celui qui refuse de voir. »
Même au milieu de la plus grande douleur, il y a toujours un motif de joie. De la nuit la plus sombre scintille un rayon de lumière. Aucune obscurité ne dure éternellement. C’est vrai que COVID-19 nous confine hors des églises et nous plonge dans la peur et l’incertitude. Mais la lumière du Christ jaillira. La vie surgit toujours de la mort. Par conséquent, l'appel à la joie, et l'invitation de l'antienne d'ouverture d'aujourd'hui, « Réjouissez-vous avec Jérusalem, exultez à cause d’elle, vous tous qui l’aimez ! Avec elle, soyez pleins d’allégresse, vous tous qui portiez son deuil ! Ainsi vous serez nourris et rassasiés de l’abondance de sa joie. »
Nous sommes le 4ème dimanche de Carême. Bien que nous soyons en cette période spéciale de grands chagrins pour nos péchés et d'appel à la conversion, la liturgie est remplie de joie, ‘Laetare Sunday’, l’appellation Latine de ce dimanche. Cette joie se justifie du fait que nous voyons déjà, quoique d'une fenêtre étroite, l'imminence de notre salut. Nous avons un avant-goût du mystère auquel nous nous préparons, c'est-à-dire la passion, la mort et la glorieuse résurrection du Christ. C'est par la foi que nous parvenons à affirmer cette vérité. De ce fait, celui qui ne la perçoit pas, n'est autre qu'un aveugle dans le besoin imminent d'une guérison.
La première lecture de la célébration eucharistique d’aujourd’hui nous offre une première raison pour laquelle nous devons nous réjouir. L'onction d'un nouveau roi pour le peuple de Dieu. Cette onction révèle néanmoins une certaine cécité intrinsèque de l’être humaine. L’homme regarde l'extérieur, l'apparence, tandis que Dieu voit l'intérieur. L’aveugle ici était Samuel lui-même. Rempli de catégories humaines, le prophète s'est trompé sur qui pourrait être l'élu. Mais le Seigneur le reprend en ces termes : « Ne considère pas son apparence ni sa haute taille, car je l’ai écarté. Dieu ne regarde pas comme les hommes : les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. »
L'être humain, apprend-on de cet épisode, est aveuglé par les normes terrestres. Il regarde, voit et juge uniquement en fonction de la physionomie tandis que les catégories de Dieu sont complètement fondées sur des perspectives différentes. Le Seigneur ne choisira pas un berger qui dominera son peuple, mais un qui le servira et le conduira prêt des eaux tranquilles et sur le juste chemin. Ainsi, le chant du psalmiste : « Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer. » Car, le Seigneur est ce berger qui nous conduira de l’obscure vallée remplie de la crainte du mal, vers la lumière vive de sa présence et de son amour.
Saint Paul, en deuxième lecture, parle de cette lumière. Nous sommes tous invités en ces termes : « Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera. » Car, dit l'apôtre, « autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes lumière ; conduisez-vous comme des enfants de lumière. » Comme pour dire, nous étions tous jadis aveugles, vivant loin du Christ. Mais maintenant que nous sommes faits nouvelles créatures en lui, nous avons l'obligation de vivre comme des enfants de la lumière. Car « la lumière a pour fruit tout ce qui est bonté, justice et vérité. »
La vie chrétienne est un voyage de l’obscurité vers la lumière. C’est un voyage de la cécité à la claire vision. L’Évangile sera un grand catéchisme sur ce voyage. Nous entendons parler de Jésus guérissant un aveugle. Cet extrait de saint Jean est un bel enseignement sur le Christ Jésus lumière du monde, lumière qui peut donner la vue à tous ceux qui étaient auparavant aveugles et une pauvre acuité à ceux qui pensaient être bien-voyants, et qui de ce fait se détournaient volontairement de la lumière.
En y regardant de plus près, ce passage est rempli d’ironie. Nous apprenons que la réalité des choses est parfois complètement différente ou opposée à ce qu’elles semblent être. Les disciples pensaient qu’ils voyaient, mais le Seigneur leur fera comprendre qu’ils ne sont en fait pas bien-voyants. Pire encore, les dirigeants du peuple, les scribes, les pharisiens et les grands prêtres ; ceux-là mêmes qui se vantent de leur vue parfaite alors qu’ils sont plongés dans une profonde cécité intérieure. Jésus, de l’épisode d’aujourd’hui, quelques semaines avant sa passion et sa mort, nous guérit de toute nos cécités. Il nous sort de l’obscurité du péché pour nous amener dans la glorieuse lumière de la vie.
La consigne du Seigneur à l’aveugle nous ramène au thème du dimanche dernier : Jésus source d’eau vive et de purification. Le Seigneur ordonna à l’homme : « Va te laver à la piscine de Siloé. » L’eau ici est signe de restauration à la vue parfaite et à la vie. Cela présage également du Baptême qui nous purifiera de toute souillures du péché.
Le péché est une réalité qui nous aveugle. Lorsque quelqu’un vit dans le péché, il se prive de voir au-delà de son cordon ombilical. Le péché le courbe sur lui-même, lui faisant voir seulement son ego. Jésus, au contraire, est venu afin de rompre ce lien que nous entretenons avec le mal et nous ouvrir à Dieu. Sa passion prochaine que nous flairons dans cette liturgie, tirera ceux qui croient au Seigneur des ténèbres et les amènera dans la lumière brillante, tandis que ceux qui se refusent de croire, seront à jamais emprisonnés dans leurs situations de pécheurs.
Le pire de toute cécité aujourd’hui, c’est quand l’on perd le sens ou la notion de péché. Malheureusement, nos sociétés sont tombées dans ce relativisme vis-à-vis du mal. Beaucoup de gens ne saisissent plus la gravité de leurs péchés. Certaines personnes vivent dans une situation d’adultère sévère, mais pensent que c’est la chose la plus normale. D’autres sont en couple sans mariage et s’approchent de la Sainte Eucharistie. Les cas de trafiques des êtres humains, d'abus sur les enfants, de harcèlement, de fornication, de pédophilie et d'homosexualité, de corruption et de nombreux autres crimes se multiplient. Cela ne demande que la cécité de notre part pour ne pas être en mesure de le voir. Nous avons de ce fait tous besoin de lumière.
La question des disciples au début de l’évangile est d’autant plus pertinente pour nous afin de comprendre la relation entre le péché et la cécité spirituelle : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » Nos péchés, d'après la réponse du Seigneur, sont une occasion pour que l'amour miséricordieux et la puissance de Dieu se manifestent. Car, parce que nous vivons dans l'obscurité du péché, nous ressentons le besoin de lumière. Ne soyons donc pas comme ces pharisiens qui refusent leur réalité intérieure de pécheurs. Car quiconque pense qu'il n'a pas besoin de Jésus ou qu'il n'est pas aveugle (pécheur), s'emprisonne dans son péché et se condamne à vivre ‘ad aeternam’ dans les ravins de la mort. Nous, cependant, devrons nous réjouir. Car, pécheurs que nous sommes, le Seigneur vient nous guérir et nous pardonner.

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19 MARS 2020: Saint Joseph, époux de la Vierge Marie —Solennité

SAINT JOSEPH OU LA FOI MISE A L’EPREUVE.

LECTURES: 2 S 7, 4-5a.12-14a.16; Ps 88, 2-3, 4-5, 27.29; Rm 4, 13.16-18.22; Mt 1, 16.18-21.24a ou Lc 2, 41-51a


Un proverbe Américain dit : « Les bons pères font de bons fils. » Et un autre proverbe Italien ajoute : « Tout homme peut être père, mais il faut une personne spéciale pour être un bon papa. »
La foi sans épreuves n'est absolument rien. Car, la foi inébranlable et profondément enracinée vient de la foi éprouvée et pour nous de déterminer à quel point notre foi est authentique, nous devons la mettre à l'épreuve. Les événements qui surviennent dans la vie de quelqu’un peuvent constituer les plus grands défis à sa croyance. L’un ne grandit dans sa confiance en Dieu que lorsqu'il accepte de renoncer à ses rêves et à ses projets et de suivre le plan que Dieu a sur lui. Tant que nous ne soyons pas en mesure de nous soumettre à la volonté de Dieu, nous sommes toujours des néophytes dans la foi, ou même des non-croyants.
La Sainte Bible présente de nombreux exemples de personnes ayant une grande foi, de nombreuses écoles ou leçons sur la foi. Parmi ces académies de la foi, nous pouvons citer "L’Université St. Joseph pour une authentique croyance en Dieu." Car, Joseph est l'un des grands pédagogues de ce que peut être la foi. À travers les choix et les événements de sa vie, il nous enseigne ce que signifie se soumettre à Dieu. Il est celui qui a accepté de disparaître complètement pour ne laisser que Dieu vivre en lui et à travers lui.
Nous célébrons aujourd'hui la solennité de saint Joseph, époux de la Bienheureuse Vierge Marie. Cette fête nous présente les valeurs évangéliques que cet homme incarne à travers sa vie et sa personnalité. Outre la valeur de la paternité, c'est-à-dire être un père comme Dieu le souhaite, saint Joseph est décrit comme un homme de grande foi, un homme chaste et un homme humble et simple. Saint Joseph est un homme d'une sollicitude désintéressée. Celui qui sait donner la prééminence à Dieu et placer Dieu avant tout, même avant sa propre volonté. Avec lui, nous sommes invités à nous rapprocher de Dieu notre Père comme ses enfants, membres de sa famille.
En première lecture, le prophète Nathan est envoyé annoncer au roi David que Dieu rendra éternelle son royaume. Cette prophétie trouvera son accomplissement dans la maternité de la Vierge, fiancée à Joseph, de la maison de David. En Jésus, fils adoptif de Joseph, la lignée de David n'aura pas de fin, car son royaume durera au-delà des âges et des générations. C'est la royauté messianique.
Néanmoins, c'est seulement par la foi que l'on peut arriver à accepter cette vérité. Ainsi, saint Paul, en deuxième lecture, nous donne un beau traité et un enseignement magistral sur la foi. Paul parle de la foi d'Abraham ; comment cela a grandi pour faire de lui, de l'homme sans enfant, au « père d’un grand nombre de nations. » À travers cette narration sur Abraham, nous apprenons que l'accomplissement des promesses de Dieu n'est pas rendu possible par l'obéissance à la Loi, mais plutôt par la foi. Ainsi, Paul affirme : « Ce n’est pas en vertu de la Loi que la promesse de recevoir le monde en héritage a été faite à Abraham et à sa descendance, mais en vertu de la justice obtenue par la foi. » La foi est ce que cela demande à l'homme pour voir Dieu à l'œuvre dans sa vie. Sans la foi, on ne se dispose guère à rechercher la volonté de Dieu et à lui donner la primauté.
Les Évangiles, soit l'extrait de saint Matthieu, soit celui de saint Luc, nous plongent à réfléchir sur la personnalité de saint Joseph et certaines de ses vertus spécifiques. Alors que saint Matthieu le décrit comme l'homme obéissant à la volonté de Dieu qui lui est exprimée par l'ange, l'homme humble et fidèle, saint Luc nous amène à voir en lui le bon père qui se soucie bien de sa famille et qui est inquiet pour son fils disparu. À saint Joseph correspond parfaitement l'antienne d’ouverture de cette liturgie : « le serviteur fidèle et avisé que le Seigneur a établi sur sa famille. » Il est l'intendant de Dieu ; celui qui sait que sa vie ne prend tout son sens que par l'obéissance à la volonté de Dieu. Et ainsi, il a placé toute sa confiance en Dieu et s'est soumis à lui.
En acceptant d'accueillir la nouvelle du Fils de Dieu à naître de sa future femme, Joseph a accepté que Dieu s'introduisant dans sa vie devienne le maître de cette vie et la dirige selon son bon plaisir.
La vie de saint Joseph est un défi pour nous tous chrétiens, et surtout pour les pères. Vous êtes appelés à être les intendants de Dieu. Il vous a confié cette cellule qui deviendrait votre famille. Comment dirigez-vous ces familles ? Êtes-vous fidèle à vos responsabilités ?
Ce serait triste à dire, mais de nombreuses familles sont confrontées à des épreuves et à des difficultés aujourd'hui, tout simplement parce que les pères ne sont pas tellement fidèles à leur tâche. Beaucoup de pères sont irresponsables ou déserteurs, pour ne pas dire fugitifs. D'innombrables ménages sont laissés aux soins des seules mères qui jouent aussi bien la corvée des pères que des mères. L'éducation des enfants semble, dans certains endroits, relever de la seule responsabilité des mères. Les hommes, sous certains cieux, sont occupés à ne rien faire, tandis que les femmes meurent à tout faire. Saint Joseph devient une interpellation pour tous.
J'ai dit une fois, en regardant la configuration de nos églises et la fréquentation aux messes, qu'il semble que les femmes sont plus fidèles ou religieuses que les hommes et que l'Église et les dévotions semblent réservées aux femmes et aux enfants. Où êtes-vous, chers Joseph de notre temps ? Où en êtes-vous chers pères, dans votre vie de foi ?

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15 MARS 2020: 3ème Dimanche de Carême — Année A
"SITIO !", J'AI SOIF ! 

LECTURES: Ex 17, 3-7; Ps 94 (95), 1-2, 6-7ab, 7d-8a.9; Rm 5, 1-2.5-8; Jn 4, 5-42

Un proverbe Néerlandais dit : « Qui n'a pas soif n'a rien à faire à la fontaine. » Un autre proverbe ajoute : « L'eau qui a été mendiée ne désaltère pas. »
De quoi avez-vous soif ?
Lorsque Jésus était sur la croix, l'un de ses derniers mots, avant sa mort, était « Sitio » en Latin, traduit : « J'ai soif !» (Jn 19, 28). C'est l’expression que chacun de nous a soif de quelque chose. Nous avons tous des attentes dans la vie. Qui alors, ou qu'est-ce qui peut satisfaire notre soif ?
Nous vivons dans un monde rempli de tant d'attentes, de faim et de soif. Le plus triste, cependant, est que beaucoup ne savent pas comment nommer leur soif, ou en se voyant si assoiffés, beaucoup se désaltèrent à n'importe quelle source, même dans les eaux sales. Pour eux, le plus important semble d’avoir quelque chose pour étancher leur soif, quoi qu'il en soit.
Le Carême est un temps pour regarder au fond du puits de la vie. C’est le moment de regarder au fond de nous-mêmes avec vérité et sous la direction de l’Esprit. Car, l’eau vive ne peut être puisée que dans le puits de la vérité. Et Jésus, pour nous est ce puits. Ainsi, il peut dire : « Je suis le chemin et la vérité et la vie » (Jn 14,6).
En ce troisième Dimanche de Carême, nous sommes appelés à nommer notre soif et à venir nous désaltérer à la fontaine d'eau vive. C'est un appel à la foi et à la prière. À travers la ligne interne des trois lectures, non seulement l’accent est mis sur l'eau vive, mais aussi sur l'un des exercices spirituels de la triade de Carême qui est la prière. Parce que nous avons soif d'eau vive, nous devons élever la voix vers Dieu dans la prière, sachant que lui seul peut à juste titre satisfaire toutes nos attentes.
Dans cette optique, la première lecture est la narration de l'expérience des fils d'Israël dans le désert. À un certain moment de leur exode hors d'Égypte, quand ils ont eu soif, le peuple « récrimina contre Moïse et dit : « Pourquoi nous as-tu fait monter d’Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir de soif avec nos fils et nos troupeaux ? » »
Cette page de l'histoire du peuple de Dieu nous enseigne que, quand on a soif de quelque chose, on perd toute patience et on peut même perdre la gratitude pour ce qui est déjà fait pour nous. Le peuple venait de quitter l'Égypte, et était libéré de l'esclavage et mis en liberté. Mais pour une simple soif d'eau, ils marmonnent et accusent d'avoir été amenés dans le désert pour mourir. Dieu, cependant, a entendu les cris du peuple et a donc ordonné à Moïse de frapper le rocher et d'en faire couler de l'eau pour étancher leur soif. Cette scène de l’Horeb qui a donné les noms emblématiques « Massa et Mériba » à cet endroit exprime nos cris quotidiens à Dieu, nos grognements, nos soifs et nos attentes.
Ces attentes, lorsqu'elles sont correctement dirigées vers Dieu dans la prière, nous sommes assurées qu'elles obtiendront une réponse positive de sa part. Ainsi, saint Paul, dans la deuxième lecture peut affirmer : « l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. » Animés par notre foi, nous savons que seul Dieu peut étancher notre désir le plus profond d'eau vive, notre soif de vivre.
L'Évangile lui-même porte sur cette eau vive. L'épisode de Jésus et de la Samaritaine est un grand catéchisme dans la découverte de la foi, de la vérité et de la vie par la prière. Au point de départ de l'histoire, Jésus semble être celui qui a soif. Il a demandé de l'eau à la femme. C'est l'expression de Dieu qui a soif de nous. Le Catéchisme déclare à juste titre dans son article 2560, que Dieu a un désir pour nous. Il a soif de se faire connaître par nous et de nous sauver.
Ensuite, le besoin est transféré. Ce n'est plus Jésus, mais la Samaritaine qui exprime une soif plus profonde : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. » Comme cette femme, nous avons tous besoin de Dieu. Nous avons tous ce désir intérieur d'être satisfaits. Ce n'est que par la prière que nous pouvons atteindre cette satisfaction. Par conséquent, le même article du catéchisme peut déclarer : « La prière, que nous le sachions ou non, est la rencontre de la soif de Dieu et de la nôtre. Dieu a soif que nous ayons soif de Lui. » C'est notre soif qui a amené Jésus sur la croix. Par conséquent, quand du haut du bois de la croix il crie « Sitio !», le Seigneur exprime par des mots les raisons pour lesquelles il meurt. Il a soif de notre vie.
En Jésus, c’est l'eau vive qui a soif d'étancher l'aridité du sol austère qu’est notre cœur. En cette période de Carême, ne manquons pas de faire notre unique prière, la soif d'être satisfaite par Dieu. Peu importe ce dont vous avez soif, exprimez-le à Dieu dans la prière : "Sitio !"

Bien-aimés, en ces jours-ci où beaucoup d’églises n’ont pas de messes publiques à cause du COVID-19, vient à l’esprit ce dicton populaire que : « nous réalisons la valeur de quelque chose que lorsque nous sommes privés de celle-ci. » Que cette suspension des messes publiques nous amène à reconnaître que la Sainte Eucharistie est le sacrement qui étanche notre soif de Dieu. Dans l’Eucharistie, nous atteignons vraiment la vie en abondance, Jésus, la fontaine d’eau vive. Crions vers lui, "Sitio !" pour la guérison et la protection. Ne paniquez pas, n’ayez pas peur. Christ est notre vie (Romains 8,31). Christ a soif de nos âmes. Que nos âmes également aient soif du Christ, et maintenant plus que jamais.

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8 MARS 2020: Dimanche, 2ème Semaine de Carême — Année A
LE TEMPS D'UNE TRANSFORMATION SPIRITUELLE.

LECTURES: Gn 12, 1-4a; Ps 32 (33), 4-5, 18-19, 20.22; 2 Tm 1, 8b-10; Mt 17, 1-9

Un proverbe Iranien dit : « La nécessité peut changer un lion en un renard. » Un autre proverbe ajoute : « Si vous dansez avec le diable, vous ne pouvez pas le transformer mais il se transformera. »
Beaucoup de gens souffrent aujourd'hui, non pas tant du culte de la personnalité, mais surtout du culte du corps. Nous vivons dans un monde où tous aimeront avoir un corps mince avec des muscles développés. Les publicités et les médias portent aujourd'hui sur la forme dite du ‘corps de star’. Nous voulons donc tous une transformation physique. Dans cette frénésie de transformation physique, personne ne pense à la transformation de l'esprit. Notre corps nous préoccupe plus que notre esprit. Le voyage du Carême résonne aujourd'hui sur ce besoin de changement spirituel ou sur le métabolisme de notre esprit. Nous sommes tous invités à subir un processus de transfiguration, c'est-à-dire à avoir non pas un changement quantitatif, mais plutôt qualitatif dans notre être. La transfiguration est en fait notre vocation, ce à quoi Dieu nous appelle en tant que chrétiens.
La première lecture d’aujourd’hui est la narration de la vocation d’Abraham, un voyage de transformation qui fera de lui, de l’homme sans fils au père d’un nombre de peuple. Avec l’appel d’Abram, nous apprenons que toute transformation est un appel à passer d’une réalité antérieure à une nouvelle ; d'un lieu de stérilité précédent à un autre de fertilité. Ainsi, le Seigneur a appelé Abram, disant : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation. »
De notre côté, comme Abram, nous n'avons pas à avoir peur d'aller vers l'inconnu. La peur paralyse et entrave tout chemin vers la transformation. En tant que chrétiens, il est indispensable pour nous d'entreprendre ce chemin de transformation avec Dieu. Nous devons, d’une manière ou d’une autre, quitter nos ‘pays’, c’est-à-dire nos zones de confort et nous ouvrir à de nouvelles réalités, avec tout ce que ce voyage pourrait avoir comme surprises et difficultés. Puissions-nous ne pas manquer de dire que tout voyage à ses côtés difficiles ; la plupart du temps, le voyage vers l'inconnu est fait de croix. Ainsi, saint Paul, dans la deuxième lecture, peut en faire une exhortation pour tous : « Fils bien-aimé, avec la force de Dieu, prends ta part des souffrances liées à l’annonce de l’Évangile. » N'ayez pas peur de souffrir. Peur plutôt, craignez de manquer l'occasion de se transformer de votre ancien être en un nouveau.
L'Évangile a un message plus grand sur la transformation. Il s'agit de la Transfiguration du Christ sur le Thabor. Nous apprenons ici que ce qui importe le plus n'est pas la transformation corporelle, mais le spirituel. Matthieu raconte l'histoire de la transfiguration du Seigneur devant trois de ses disciples. L’on semble nous dit que nous aussi pouvons vivre un si grand événement de transformation ou de transfiguration si nous prenons le temps d’écouter la voix du Père.
Au centre de la scène de la transfiguration se trouvent deux éléments, la voix qui se fait entendre et la révélation sur la Passion du Seigneur. La voix présente Jésus. Une autre épiphanie avec une recommandation : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! » Et puis le deuxième élément, ce dont Moïse et Élie discutent avec le Seigneur, ses souffrances et sa mort.
À propos de la transfiguration du Christ et de notre propre transfiguration personnelle, le Catéchisme a un bel article. Il affirme : « Au seuil de la vie publique : le Baptême ; au seuil de la Pâque : la Transfiguration. Par le Baptême de Jésus "fut manifesté le mystère de notre première régénération" : notre Baptême ; la Transfiguration "est le sacrement de la seconde régénération" : notre propre résurrection. Dès maintenant nous participons à la Résurrection du Seigneur par l’Esprit Saint qui agit dans les sacrements du Corps du Christ. La Transfiguration nous donne un avant-goût de la glorieuse venue du Christ "qui transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire" (Ph 3, 21). Mais elle nous rappelle aussi qu’"il nous faut passer par bien des tribulations pour entrer dans le Royaume de Dieu" » CEC. 556.
De la liturgie d'aujourd'hui, nous avons une invitation spéciale à ne pas avoir peur d'écouter le Seigneur qui nous appelle à un voyage de transformation. En fait, ce temps de Carême est la grande opportunité pour nous de rayonner, de nous transformer. Cependant, tout comme l'œuf ne peut pas devenir un poussin sans souffrance, nous ne serons pas non plus nous transformer en véritables disciples sans l'expérience de la Croix. La transfiguration du Christ annonce sa passion, sa mort et sa résurrection. Notre propre transfiguration suivra également le même schéma. La croix se dresse comme l'autoroute ou le pont vers la glorification.

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1 MARS 2020: 1er Dimanche de Carême — Année A
LE CAREME, UN TEMPS POUR COMBATTRE L'IDOLATRIE.

LECTURES: Gn 2, 7-9 ; 3, 1-7a; Ps 50 (51), 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17; Rm 5, 12-19; Mt 4, 1-11


Un proverbe Espagnol dit : « Celui qui évite la tentation évite le péché. » Un autre proverbe ajoute : « Un homme de caractère résiste à la tentation. »
L’interdit est délicieux ! C’est ce que les gens disent. Et parfois, les choses interdites peuvent sembler assez bonnes, voire même plus belles. De ce fait, nous avons tendance à faire les choses qui ne devraient pas être, à désobéir ou à violer les tabous. Les tentations de l’homme sont en général, afin de le rendre égoïste, de perdre sa relation avec Dieu. Parce que la vraie tentation est de briser la dépendance de l’homme vis-à-vis de son Dieu. Il s’agit de l’idolâtrie du soi. Les gens d’aujourd’hui, aimeraient tout faire sans Dieu, tout pour soi et par soi-même, se souciant moins de l’autre et même de Dieu.
Nous sommes nombreux à penser que l'idolâtrie consiste à adorer le soleil, la lune, les rivières ou toute autre chose créée autour de nous. En ce sens, nous classifions certaines personnes comme des idolâtres. Beaucoup ont regardé et considèrent encore certaines cultures africaines et asiatiques comme idolâtres. Les indigènes sont taxés d'idolâtres, et de nombreuses autres tribus non encore christianisées sont considérées comme des adorateurs d'idoles. Ce que nous oublions, c'est que même dans nos soi-disant sociétés modernes, plus nombreux sont les adorateurs d'idoles à plein temps. Les idoles n'ont plus le visage du soleil ou de la lune ou de la forêt ou des rivières, mais de l'argent, du pouvoir, du plaisir, de la possession matérielle, du sexe, des gadgets électroniques…
La liturgie d’aujourd’hui, alors que nous entrons dans le pèlerinage du Carême, est un appel à la guerre contre l’idolâtrie. L’on nous dit que Dieu abhorre toute sorte d'"idolisation". Il veut que nous soyons sa possession exclusive et non partagée, ses enfants bien-aimés.
Avant d'entrer dans le fond de notre méditation, un mot sur le Carême. Nous avons inauguré, avec la célébration de mercredi dernier, le mercredi des Cendres, une saison annuelle de montée vers la Sainte Montagne de Pâques. À travers les observances de ce temps, nous sommes invités à mettre un accent particulier sur notre relation individuelle avec Dieu. L'inflexion du Carême est qu'il s'agit d'un moment favorable de repentance, de renouvellement de soi à travers le renouvellement de notre engagement baptismal, de redécouverte d'une vie sacramentelle à travers le sacrement de réconciliation, et l'engagement à être bon et à faire le bien. Le Carême est, par excellence, un moment pour expérimenter la miséricorde de Dieu et en retour, pour être miséricordieux envers les autres.
Alors que nous entrons dans cette période, aujourd'hui en étant le premier dimanche, la première lecture nous transporte au premier plus grand péché d'idolâtrie, le péché de nos ancêtres, Adam et Eve. Il s'agit de l'idolâtrie de sa volonté personnelle contre la volonté de Dieu. Nous lisons dans cet extrait de la Genèse que le péché vient du fait de laisser libre cours à la tentation, et la tentation mène à la désobéissance. En fait, après avoir créé l'homme, Dieu a planté un jardin et en a donné les soins à Adam, avec un ordre. Dieu a donné à l'homme la possibilité d'utiliser ou de manger de tout ce qu'il veut du jardin, sauf un, « l'arbre de la connaissance du bien et du mal ». Mais vint alors le temps de la tentation ; le serpent corrompant les paroles de Dieu et conduisant l'homme et la femme à la désobéissance.
À travers cet épisode d'Adam et Eve, nous sommes amenés à apprendre que lorsque nous nous laissons séduire par le diable et allons à l'encontre de la volonté de Dieu, nous nous détruisons et nous condamnons au malheur et à toutes sortes de perversités. Voici la véritable conséquence de l'idolâtrie. Celui qui y vit devient une créature malheureuse soumise au diktat de ce qu'il croit être bon pour lui, bien que loin de son Créateur.
Jésus, au contraire, dans l'Évangile nous enseigne comment résister à l'idolâtrie et comment surmonter toutes sortes de tentations. Nous lisons que tout commence par la prière. Conduit au désert par l'Esprit, le Seigneur, nous lisons, est exposé aux tentations : faire sa propre volonté ou la volonté de Dieu son Père ? A travers l'expérience du Seigneur, nous apprenons que la meilleure façon de résister au diable et à toute tentation est de fixer la primauté sur la volonté de Dieu et sur Dieu seul. Celui qui met Dieu à la première place de sa vie n'a pas faim de possession matérielle ni de plaisir, même pas des besoins de base, c'est-à-dire de la nourriture. Il n'a soif de rien.
Les trois tentations du Seigneur dans le désert sont le modèle de nos tentations ordinaires : idolâtrie du plaisir à tout prix, idolâtrie de la possession à tout prix et idolâtrie du pouvoir à tout prix. Nous ne pouvons résister à ces tentations que si nous plaçons l'amour de Dieu et l'intimité avec lui avant notre amour de la nourriture, de l'argent, du plaisir (le plaisir sexe inclus), du pouvoir et de toute autre chose matérielle. Que ces observances de Carême nous aident à combattre les trois ‘P’, qui sont la convoitise de la chair (le plaisir), la convoitise des yeux (la possession) et l’orgueil de la vie (le pouvoir) nos véritables idoles.
Comme Jésus, puissions-nous, dans ce Carême, faire de l’obéissance à la volonté de Dieu notre armure. Ce faisant, peu importe les agressions ou les séductions du monde et de son prince, nous resterons fermes et inébranlables. Car, si le péché est un mystère, l'amour et la compassion de Dieu sont un plus grand mystère, et seule l'obéissance nous aide à découvrir ce mystère d'amour.


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26 FÉVRIER 2020: Mercredi des Cendres - A
"VOICI MAINTENANT LE MOMENT FAVORABLE."

LECTURES: Jl 2, 12-18; Ps 50, 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17; 2 Co 5, 20 – 6, 2; Mt 6,1-6.16-18


Un proverbe Britannique dit : « Un bon fermier n'est ni plus ni moins qu'un homme de main avec un sens de l'humus. » Un autre proverbe ajoute : « Cendres à la cendre, poussière à la poussière, si le Seigneur ne vous comprend pas, le diable se doit de. »
Aujourd'hui, la pénitence du Carême a commencé. Nous nous sommes embarqués dans un voyage de quarante jours de spéciale méditation sur le néant humain et l'amour providentiel de Dieu ; un amour qui ne regarde pas à nos péchés, mais qui est plutôt désireux de pardonner jusqu'à se donner pour nous. Le mercredi des cendres marque le début de l'amour immense de Dieu qui le conduira à se sacrifier pour le salut des pécheurs.
En nous ouvrant à ce voyage, le signe des cendres bénies est une invitation à répondre à l'appel du Seigneur à la conversion. Nous sommes tous exhortés à revenir vers lui de tout notre cœur et à lui exprimer notre désir intérieur de renouveau.
Avant d’entrer dans la profondeur de la liturgie d’aujourd’hui, réfléchissons au symbolisme des Cendres. Les cendres sont, on peut le dire, un simple signe mais avec un message profond. Ce n'est pas un sacrement, ni un sacramentel. Par nature, les cendres sont les choses les plus inutiles. Personne ne valorise réellement les cendres, si ce n’est pour être versées sous les arbres comme engrais ou jetées comme ordures. Il n'y a pas de maisonnée où l'on puisse voir des cendres jalousement et précieusement gardées. C'est au contraire assez encombrant. Néanmoins, au niveau spirituel, cela symbolise une grande valeur : l'humilité. La cendre ramène l'homme à son origine, ‘Humus’, et cela lui rappelle son néant.
L'imposition des Cendres, alors que nous entrons dans notre pèlerinage de Carême est alors, un grand rappel pour nous, que nous sommes faits de rien, de l'humus, et en rien nous ne retournerons. Ainsi, ces paroles du prêtre et des ministres, tout en marquant notre front, « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière. » Plus qu'un simple avertissement pour nous faire peur, c'est en fait une invitation ferme à nous convertir et à croire en la Bonne Nouvelle.
Le Temps de Carême est donc le moment par excellence du repentir. Et les lectures d'aujourd'hui sont toutes synchronisées sur ce besoin. Paul, en deuxième lecture, le lance comme une invitation, nous implorant, « laissez-vous réconcilier avec Dieu. » Et il termine son discours en disant : « Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut. » Bien que courts, ces mots sont un appel fort et donnent tout le sens du Carême. Un moment très favorable pour se rapprocher de Dieu. Un temps pour se dépouiller du péché et embrasser la justice. Le Carême en ce sens n'est pas un temps d'auto-punition. Mais un temps pour embrasser la bonté, un temps de victoire sur le mal.
Nos privations ou abstinences de Carême, au-delà du sens de la mortification, doivent être considérées et entreprises non pas comme une punition, mais comme une aide pour nous rapprocher de Dieu.
Dans ce sens, la première lecture peut être bien comprise lorsque le prophète Joël nous appelle à retourner au Seigneur de tout notre cœur. Nous sommes exhortés à déchirer nos cœurs, non pas nos vêtements. Nous lisons clairement que les vraies mortifications ne sont pas tant ces pratiques externes que les pratiques intérieures et les exercices corporelles. Il ne suffit pas d'avoir le visage sombre de Vendredi Saint, des vêtements sales et les lèvres sèches pour dire que nous obéissons aux observances du Carême. Nous avons besoin d'une conversion intérieure et d'un renouvellement sincère.
Sur la façon de vivre cette conversion intérieure, les exercices corporels et spirituels, dans l'Évangile, le Seigneur Jésus donne des moyens détaillés : l'aumône, la prière et le jeûne. Ces pratiques spirituelles et corporelles ne sont cependant pas une parade ou exhibition. Le Carême n'est pas le moment de montrer sa religiosité. Ce n'est pas un temps pour nous impressionner, impressionner les autres ni impressionner Dieu.
Nous jeûnons, nous donnons l'aumône, et nous prions, non pas en vue de surprendre ou faire une démonstration aux autres de notre super-chrétienté. Tout ce que nous faisons en ce temps, c'est pour que nous revenions à Dieu. N'oublions donc pas le vrai sens des cendres qui nous ont été imposées : l'humilité. Que notre prière, notre aumône et notre jeûne soient revêtus de cette humilité. Car tout ce qui se fait sans humilité et en vue d’impressionner mène à la vaine gloire, et donc au péché. En cette période de grâce, n'ajoutons donc pas de péché à nos péchés.

De manière pratique, nous pourrions décider, en ce temps de transformation intérieure et extérieure, de ne prendre aucune photo de nos bonnes actions et de nos œuvres caritatives envers les nécessiteux. Dieu les voit déjà. Pas donc besoin de montrer ce que vous faites au monde entier sur Facebook ou tout autre réseau social. Deuxièmement, ne siffler aucune trompette sur notre jeûne ; prier sans publicité. Le Carême est un temps d'humilité. Devenons véritablement ce que nous sommes, ‘humus’, et nous seront plus proche de Dieu.

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23 FÉVRIER 2020: dimanche, 7ème Semaine du Temps Ordinaire — Année A
ÊTRE DES IMITATEURS DE DIEU.

LECTUREs: Lv 19, 1-2.17-18; Ps 102 (103), 1-2, 3-4, 8.10, 12-13; 1 Co 3, 16-23; Mt 5, 38-48


Un proverbe Kikuyu dit : « Un fils aussi rusé que son père connaît les flèches comme son père. » Et un autre proverbe traditionnel bien connu ajoute : « Comme le raisin, comme le bourgeon. Tel père tel fils. »
Un fils a l'obligation morale, ainsi que biologique, d'incarner certaines, sinon toutes les provenances de son père. Quand un fils se comporte trop différemment de son père, cela soulève des questions sur l'authenticité de sa filiation et leur relation. Ce qui est dit sur les aspects moraux et biologiques pourrait également s'appliquer aux accomplissements et aux attitudes spirituelles.
La liturgie d'aujourd'hui est un appel à chacun de nous d’incarner Dieu, car nous sommes tous ses enfants. Tout pourrait se résumer en deux extraits. Le premier, de la première lecture où nous lisons : « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint. » Et le second, de l'Évangile, avec Jésus exhortant : « Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux… »
Dieu, nous le savons, est source de toute bonté, sainteté et amour. Être semblable à Dieu, signifie imiter et incarner ses vertus de bonté et d'amour, jusqu'à l'amour de ceux qui vous haïssent. Puissions-nous le dire sans détour, nous sommes face à l'une des exigences bibliques les plus difficiles. C'est l'une des choses les plus pénibles que le Seigneur puisse demander, celle d'aimer au-delà des capacités humaines et de la nature. Aimer ses ennemis.
Humainement, il est déjà difficile d'aimer vraiment ceux qui sont gentils avec nous. Combien plus quand il s'agit de ceux qui nous détestent ! Ce sera en fait une grande hypocrisie pour quelqu'un de prétendre aimer tout le monde de la même manière. Conscient de cette hypocrisie, le Seigneur nous met au défi d'aimer nos ennemis. Quant à dire, faites d'abord ce qui est difficile à faire, et ensuite vous apprendrez à faire ce qui est plus facile. S'il était plus facile d'aimer, cela ne serait pas donné comme un commandement. De plus, Jésus ne nous appelle pas à une vie de médiocrité. Par conséquent, il demande toujours à ses disciples ce qui semble difficile, mais pas impossible.
Est-il facile de pardonner à quelqu'un qui vous offense ? Est-il facile d'aimer quand vous savez que le sujet de cet amour ne rendra pas ce que vous lui donnez et pas seulement, il vous blessera plutôt en réponse ? Évidemment, nous connaissons tous la réponse : non, ce n'est pas facile ! Cela ne l'a jamais été et il ne sera jamais facile d'aimer ou de pardonner à ceux qui ne vous aiment pas ou qui vous nuisent consciemment. Le beau ici, c'est que, le Seigneur nous demandant d'aimer et de pardonner, ne nous demandera jamais l'impossible. Il demande seulement ce que nous pensons être au-delà de nos capacités jusqu'à ce que nous ayons essayé.
L’appel d’aujourd’hui est que nous soyons comme Dieu : la bonté, le pardon, l’amour, le sacrifice de soi, etc. L'humanité est faite de haine, tandis que Dieu est fait d'amour. L'être humain est incité à la vengeance et aux représailles. Au lieu de cela, Dieu est rempli de pardon et de compassion. L'homme déborde de péché. Dieu d'autre part est la source de toute sainteté. De ce fait, étant ses enfants, nous sommes appelés à nous dévêtir de toutes les méchancetés et limitations humaines et à revêtir les habitudes de Dieu ; être investi de traits divins.
Paul, en deuxième lecture, avec insistance, nous rappellera que nous appartenons au Christ. Par conséquent, nous devons incarner le Christ dans notre être. Nous devons donc aller au-delà de notre ressemblance humaine faite de haine, d'égoïsme, d'inimitié, de jalousie… et être revêtus de l'amour des ennemis, du pardon à ceux qui nous offensent, de la prière pour ceux qui nous persécutent. C'est ce qu'il en coûte d’être vraiment chrétiens. Tant que nous ne serons pas en mesure d’accomplir ces choses, ou de les montrer dans notre vie quotidienne, nous ne sommes que des adeptes de l'église et de bons mangeurs de communion, mais pas encore de vrais disciples du Christ.

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16 FÉVRIER 2020: 6ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A
L'AMOUR, UNE NOUVELLE LOI OU LA NOUVEAUTE DE LA LOI.

LECTURES: Si 15, 15-20; Ps 118 (119), 1-2, 4-5, 17-18, 33-34; 1 Co 2, 6-10; Mt 5, 17-37.

Un proverbe Bulgare dit : « Puisez de l'eau du nouveau puits, mais ne crachez pas dans l'ancien. » Un autre proverbe ajoute : « Jusqu'à ce que la vieille lune disparaisse complètement, la nouvelle lune ne peut pas apparaître. »
L'amour est-il une nouvelle loi ou l'expression toujours renouvelée de la loi ? L'amour n'est rien de nouveau. C'est plutôt une chose qui doit être toujours renouvelé et traduite en actions concrètes. Dans le royaume de l'amour, ce qui était avant est ce qui sera toujours, mais seulement exprimé dans de différents langages. « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens… Eh bien ! moi, je vous dis… »
Le philosophe Français Antoine Lavoisier disait : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » La liturgie d'aujourd'hui est une invitation à la transformation. Il s'agit de la nouveauté de la loi ou de la nouvelle façon de vivre ce que Dieu a prescrit.
Déjà, en première lecture, Sira nous dit que pour être sauvé, il faut choisir de garder les commandements de Dieu. La vie humaine, dit-il, doit être immergée dans ce que Dieu prescrit ; et ce qu'il prescrit est pour notre bien et pour le bien de tous. Sira peut donc insister en disant : « Il n’a commandé à personne d’être impie, il n’a donné à personne la permission de pécher. » Tout ce que le Seigneur veut de nous, c'est de toujours avoir soif de justice et de bonté.
Malheureusement, l'interprétation humaine de la loi, souvent, corrompt le sens profond de la loi elle-même. Jésus, dans l'Évangile, recentrera notre attention sur le vrai sens de la loi. Il ne dicte pas réellement une nouvelle loi. Au contraire, le Seigneur redirige notre cœur non pas vers la simple lettre, mais vers le contenu des commandements de Dieu. Il commence par rassurer : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » Cela montre clairement que la loi de Jésus n'est pas une nouvelle loi, mais le renouvellement de la loi et son accomplissement. Ensuite, pour que la loi et les prophètes soient accomplis, le Seigneur Jésus nous enseigne l'élément central de tout : l'amour.
Aimer est, évidemment, le seul moyen concret de se conformer à tous les commandements du Seigneur. Parce que, là où il y a de l'amour, il n'y a aucun problème de meurtre, de colère, de bagarre, d'insultes, d'adultère, de convoitise, de divorce, de faux serments et de toute autre perversité. L'absence d'amour est ce qui provoque toutes ces choses. Les gens se battent, les couples divorcent, nous jugeons les actions et la vie des autres, nous critiquons, insultons, abusons des droits des autres, maudissons et même tuons, simplement parce que l'amour s'est évanoui de nos cœurs, ou que nous n'avons jamais vraiment aimé ou n’avons jamais été aimés.
Le Seigneur Jésus, apportant la nouveauté, nous avertit de ce que l'absence d'amour pourrait conduire l'homme à faire. En tant que ses disciples, ces paroles sonnent comme des avertissements fermes qu'il nous adresse aujourd'hui. Nous sommes invités à être des gens de la nouveauté, c'est-à-dire à rompre avec toutes les vieilles habitudes et les mauvais comportements et à embrasser l’innovation. « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens… Eh bien ! moi, je vous dis… » C'est un appel à faire de l'amour l'unique instrument et le baromètre de notre vie. Nous sommes appelés à vivre dans la sagesse de Dieu qui surpasse la sagesse de ce monde. En tant que troupeau de baptisés du Seigneur, nous n'avons pas à aligner notre conduite sur celle de l'âge présent ; mais plutôt, sur l'amour de Dieu incarné en Jésus-Christ.
D'un point de vue pratique, ce à quoi le Seigneur nous appelle, c'est que si notre monde parle aujourd'hui de divorce, nous devrions plutôt lui opposer la sagesse de Dieu, en aidant les couples à bâtir sur une base d'amour plus solide. Si le monde, aujourd'hui, prêche l'insensibilité et l'égoïsme, la mentalité du selfie, nous devons valoriser l'alter-ego, c'est-à-dire l'autre que nous-mêmes.
Au risque de répéter les conseils du Seigneur du dimanche dernier, nous sommes appelés à être sel et lumière de ce monde, c'est-à-dire des gens dont la vie influence positivement les autres et les guide vers la nouveauté. Nous avons le défi de ne pas définir le monde ou la vision commune du monde comme modèle. Au lieu de cela, être les modèles. Cette nouveauté que le Seigneur prêche appelle à une rupture avec l'ancienneté. L'accomplissement de la loi signifie aller au-delà de la loi. Il est impératif de ne pas fixer nos normes sur un style de vie médiocre, mais sur des valeurs divines. Et la plus splendide de toutes les valeurs providentielles est l'amour. Parce que l'amour est la voie de Dieu et la voie vers Dieu. Puissions-nous, toujours, cultiver entre nous de belles attitudes et rompre d’avec tout ce qui nous conduit au péché.


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9 FÉVRIER 2020: 5ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A
SEL ET LUMIERE : UNE VIE QUI A UN IMPACT SUR LES AUTRES.

LECTURES: Is 58, 7-10; Ps 111 (112),.4-5, 6-7, 8a.9; 1 Co 2, 1-5; Mt 5, 13-16

Un proverbe Japonais dit : « La preuve plutôt que l'argument. » Un autre proverbe ajoute : « les œuvres, et non les mots, sont les preuves de l'amour. »
Il y a un écrivain rhétoriste Africain, Wole Soyinka, qui a dit : « Le tigre ne crie pas sa tigritude : il bondit sur sa proie et la dévore ! » Ce dicton nous sera d'une grande aide pour nous ouvrir à la liturgie d'aujourd'hui et comprendre d'une certaine manière la vie chrétienne. Être chrétien n'est pas le fait une proclamation ou d’une annonce publique de qui on est. Il s’agit de vivre d’un style de vie qui témoigne de l’amour de Dieu incarné en Jésus. Nous pourrions dans ce sens paraphraser Soyinka, en disant : le sel ne dit pas je suis salé, ni la lumière ne dit je suis scintillante. C’est évident. Lorsqu'un sel commence à perdre son goût ou qu'une lumière s'assombrit, ils ne sont plus utiles. La vie chrétienne est une vie de témoignage. Le jour où nous cesserons de témoigner de notre appartenance au Christ, nous perdrons par conséquent notre identité de chrétiens.
Les lectures d'aujourd'hui sont un pressant appel, une urgente exhortation à vivre d'une manière qui puisse avoir un impact sur les autres. Le Seigneur Jésus, dans l'Évangile, ne passe pas par cent façons pour le dire. Il affirme sans détour : « Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde ». D'après ces paroles, il ressort clairement que la vie chrétienne est une mission. Et le catéchisme mettra l'accent sur ce fait en parlant de l'origine et du but de notre mission. Il affirme : « Le mandat missionnaire du Seigneur a sa source ultime dans l’amour éternel de la Très Sainte Trinité : "De par sa nature, l’Église, durant son pèlerinage sur terre, est missionnaire, puisqu’elle-même tire son origine de la mission du Fils et de la mission du Saint-Esprit, selon le dessein de Dieu le Père". Le but dernier de la mission n’est autre que de faire participer les hommes à la communion qui existe entre le Père et le Fils dans leur Esprit d’amour » (CEC. 850).
Si l'Église est par nature missionnaire, bien plus, les chrétiens, les enfants de l'Église ont cette obligation d'être missionnaires. La mission de l'Église est de révéler l'amour de Dieu dans le monde. Cette mission incombe à tous les baptisés. Nous sommes intrinsèquement associés à la mission du Christ, pour apporter son amour aux nécessiteux.
La première lecture nous dira que l'amour n'est pas un simple mot, mais une action tangible. Le prophète Isaïe déclare qu'aimer consiste à partager notre pain avec les affamés, à abriter les sans-abris et les opprimés, habiller les nus lorsque nous les voyons et ne pas leur tourner le dos ... Ce faisant, nous ne partagerons pas seulement un bien matériel, mais nous donnerons à la lumière en nous un éclat plus vif. En pratiquant ces œuvres de miséricorde corporelle, nous mettons du sel dans la sauce de ce monde. Cela semble donc être un appel pressant à ne jamais cesser de faire du bien à ceux que nous voyons dans le besoin.
Notre monde souffre aujourd'hui, non pas à cause du mal que font les gens, mais davantage à cause du bien que nous nous empêchons de faire. Nous prétendons être chrétiens, nous le portons écrit sur nos tee-shirts et le chantons n'importe où, mais nous ne témoignons pas quelquefois de l'amour de Dieu qui fait notre identité intérieure dans notre vie quotidienne.
Être disciples du Christ, c'est se lancer dans une aventure avec le Seigneur Jésus. Cette aventure exige que nous nous efforcions d'éliminer de notre sein et de nos sociétés toute forme d'oppression, de fausses accusations, de discours malveillants et travaillons au bien de tous. Ce faisant, nous serons toujours une lumière dans l'obscurité de ce monde.
Bien sûr, l'obscurité ne cessera pas d'exister. Tant que l'humanité sera humanité et la terre un lieu de vie, il y aura toujours cette opposition entre la lumière et les ténèbres. Mais si chacun de nous s'efforce d'allumer, ne serait-ce une seule petite lanterne sur son chemin, le monde ne remarquera plus toutes ces obscurités qui l'entourent.
Paul, en deuxième lecture, peut se rapporter à tous ces éléments, en nous disant que toute bonne action que nous posons est un signe de la présence de l'Esprit de Dieu dans notre monde. Car, elles sont des preuves concrètes et parfaites de notre foi. Par conséquent, frères et sœurs, n'affirmez pas seulement votre foi par des paroles, vivez-la en actions, partagez-la, témoignez-y dans tout ce que vous faites ou dites. Vous êtes le témoignage du Christ. Ayez un impact positif sur les autres. Comme une lumière, laissez-les sentir qui vous êtes.
En pratique, chacun pourrait s'engager à montrer sa foi par un simple acte. Après cette Sainte Eucharistie, une fois chez vous, ouvrez votre armoire ou votre sac, sortez trois vêtements, allez dans la rue et donnez-les aux personnes que vous trouverez en besoin de vêtement. Pendant que vous serez encore dehors, achetez de la nourriture, du pain ou tout autre aliment, arrêtez-vous près d'un mendiant et donnez-le-lui. Vous verrez une lumière briller de ses yeux avec un sourire spécial en échange de votre acte.
La pauvreté ne disparaîtra pas simplement parce que nous en parlons et l'accusons. La faim ne prendra pas fin parce que vous la dénoncez. Tout ceci ne s'arrêtera que si vous œuvrez à y mettre un terme. Partagez ce que vous avez avec ceux qui n'en ont pas. Car, la foi authentique, quand elle est partagée et vue, il n'y a pas besoin d'une preuve supplémentaire.

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2 FÉVRIER 2020: Présentation du Seigneur au Temple — Fête du Seigneur

LUMIERE, PURIFICATION ET RENCONTRE : LA LIE DE LA NOËL.

LECTURES: Ml 3, 1-4; Ps 23 (24), 7, 8, 9, 10; He 2, 14-18; Lc 2, 22-40.

Un proverbe Allemand dit : « Si l'œil ne veut pas voir, ni la lumière ni les lunettes ne sont d’une aide. »
Nous sommes quarante jours après Noël, et nous sommes invités à marquer d’une manière festive la Présentation de Jésus au Temple. Dieu s’est fait homme afin que les hommes en quête de Dieu puisse le rencontrer. Le lieu par excellence de cette rencontre est le Temple, la demeure sainte de Dieu parmi les hommes. La fête de la présentation de Jésus au Temple est le véritable point culminant du mystère de la Noël. L’on pourrait, sans craindre de se tromper, dire c’est aujourd’hui la Noël bue à la lie. Car en Siméon et Anne rencontrant le nouveau-né que Joseph et Marie, par obéissance à la Loi présente au Temple, c’est toute la soif de Dieu l’être humain qui est assouvie. Voir Dieu est l’aspiration profonde de tout un chacun. Toute la vie de l’homme est orientée à cette fin. L’humanité, aujourd’hui, rencontre son Messie et en est purifiée. La lumière du Christ éclaire nos pas vers le Dieu de toutes les promesses.
Mieux qu’une autre épiphanie, nous célébrons en ce jour une rencontre de purification et d’accomplissement. En soi, cette célébration comporte ces trois éléments : la Purification, de la Rencontre et de la Lumière.
Avant toute chose, nous sommes des êtres culturels. Nous naissons dans une culture, vivons dans une culture et mourons dans une culture. Nous ne pouvons, de ce fait, pas dissocier notre vie des us et coutumes de nos sociétés ni de l’insertion culturelle. Le Verbe de Dieu fait chair est né dans une société, la culture juive. Aussi, par obéissance à la loi Mosaïque, il est soumis aux pratiques juives de son temps. Cette fête de ce jour, au-delà de la connotation théologique et pastorale, est intrinsèquement culturelle. En effet, la Loi Mosaïque prescrit que, quarante jours après la naissance d’un premier fils, les parents se rendent au Temple pour un rite de purification de la nourrice. Le livre du Lévitique décrit en détail cette cérémonie de purification de la mère, qui en fait correspondra aussi à la première exhibition de l’enfant (Lev 12, 1-8).
La purification est en fait le premier élément de cette fête. La première lecture et l’évangile en font mention. Dans la première lecture, le prophète Malachie nous annonce que la venue du messager de Dieu ouvrira à une ère de purification. Il vient, « pareil au feu du fondeur, pareil à la lessive des blanchisseurs. Il s’installera pour fondre et purifier : il purifiera les fils de Lévi, il les affinera comme l’or et l’argent ; ainsi pourront-ils, aux yeux du Seigneur, présenter l’offrande en toute justice. » Cette purification annoncée, est celle à laquelle Joseph et Marie se soumettent lorsqu’ils conduisent l’enfant nouveau-né au Temple de Jérusalem ; celui-là même qui aura pour mission de nous purifier du péché de par sa mort.
Ce premier enseignement sur la purification nous ouvre immédiatement au second, la présentation et la rencontre. Le point fort de la présentation de l’enfant Jésus au Temple, est celui de la rencontre avec le vieillard Siméon et le prêtresse Anne. Cela porte le sens plus profond de la rencontre de Dieu avec une humanité en quête de Dieu. Il est dit que le vieil homme Siméon se tenait dans le Temple, espérant contre toute espérance la venue du Messie. Son attente était si profonde et si fervente que Dieu lui donna satisfaction. Aussi peut-il s’écrier, « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »
Comme nous le soulignions, dans le vieillard Siméon, c’est toute l’humanité qui attend la manifestation de Dieu, et Anne, la prophétesse participe à cette attente. Le plus beau est que leur attente les porte au Temple. Ils vivaient dans le Temple, recherchant la manifestation de Dieu. Aussi survient cette question à nous aujourd’hui, où espérons-nous trouver la véritable manifestation de Dieu ? Dieu, l’on le trouve avant tout dans sa demeure, dans le Temple Saint, dans nos églises. C’est une fois trouvé dans le Temple, que l’on est porté à l’incarner dans notre quotidien et dans nos demeures. Comme Siméon et Anne, n’ayons pas peur de faire de la demeure de Dieu, notre première véritable demeure. Car le Temple est le lieu par excellence de la rencontre avec lui.
Pris dans une certaine philosophie de relativisme religieux, certains ne fréquentent plus les églises prétextant que Dieu l’on peut valablement le retrouver partout. Quelqu’un une fois m’a dit qu’il ne venait plus trop souvent à l’église, mais que toutefois, il suivait la messe à la télé. Ma réponse fut sans grande humour : "C’est de la paresse spirituelle." La Messe n’est pas un spectacle à suivre à la télévision, mais plutôt une rencontre, une célébration à vivre en y participant. Les messes radiotélévisées sont pour les malades et les invalides, et non pour les paresseux. Anne et Siméon n’auraient pas rencontrer le Messie s’ils étaient restés assis dans leurs maisons…
Et enfin le dernier élément découlant de cette liturgie, la lumière. Cette fête est connue sous certains cieux comme "Candelaria" ou "Candlemas". L’accent ici porte sur le Christ Jésus, lumière qui vient de Dieu pour éclairer nos pas. Il est la véritable lumière qui se révèle aux païens et les conduit à la rencontre de Dieu. A travers les cierges que nous allumons à l’entame de cette célébration, nous sommes nous aussi appelés à devenir expression de cette lumière dans nos familles, dans nos sociétés et dans le monde. L’épître aux Hébreux peut à juste titre dire de Jésus, qu’il s’est rendu semblable à nous en tout, jusqu’à la mort, afin que nous aussi soyons rendu semblables à lui dans la gloire. Par conséquent, si Christ est la lumière de nos vies, nous aussi devrions devenir la lumière de ce monde, lumière auprès de nos frères et sœurs.

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26 JANVIER 2020: Dimanche, 3ème Semaine du Temps Ordinaire — Année A
NOTRE MISSION PROPHETIQUE : FAIRE BRILLER LA LUMIERE DU CHRIST. 

LECTURES: Is 8, 23b – 9, 3; Ps 26 (27), 1, 4abcd, 13-14; 1 Co 1, 10-13.17; Mt 4, 12-23

Un proverbe Ecossais dit : « Le bon discours d'un âne vaut mieux que la mauvaise parole d'un prophète. »
Nous sommes tous des prophètes au milieu d'un monde en quête de sens et de direction. Le jour de notre Baptême, le prêtre ou le diacre qui nous a baptisés a dit : « Vous êtes prêtre, prophète et roi ». Cette phrase apparemment simple à laquelle nous prêtons moins d'attention est en réalité une mission. Loin d'être une option, c’est une obligation pour tous, disciples du Christ, d'être des prophètes. La question est alors de savoir comment comprendre et exercer cette mission prophétique ?
Le Catéchisme offre une belle réponse à cette question. Il dit : « Leur mission prophétique, les laïcs l’accomplissent aussi par l’évangélisation, "c’est-à-dire l’annonce du Christ faite par le témoignage de la vie et par la parole". Chez les laïcs, "cette action évangélisatrice (...) prend un caractère spécifique et une particulière efficacité du fait qu’elle s’accomplit dans les conditions communes du siècle" : Cet apostolat ne consiste pas dans le seul témoignage de la vie : le véritable apôtre cherche les occasions d’annoncer le Christ par la parole, soit aux incroyants (...), soit aux fidèles » (CEC. 905). Nous réalisons notre mission en devenant lumière dans les lieux où nous vivons. Car, de par notre baptême, nous avons tous la mission d'annoncer le Christ, d'une manière ou d'une autre.
Il semble clair que le thème de la liturgie d’aujourd’hui porte sur notre mission prophétique. Nous sommes baptisés pour briller en prêchant et en témoignant de Jésus.
Dans la première lecture, le prophète Isaïe parle d'une grande lumière, une lumière qui dissipe toute obscurité, enlève toute angoisse, fait disparaître toute tristesse et détresse. C'est un grand signe de restauration et de joie pour les gens accoutumés aux ténèbres.
Pour nous, chrétiens, cette lumière est apportée par Jésus. Mieux, cette lumière c’est Jésus lui-même. Il est la lumière du monde, la lumière de nos vies, la lumière qui nous enlève toutes les marques d'obscurité, de tristesse et d’angoisse. En tant que ses disciples, nous sommes appelés à refléter cette lumière. Telle est notre mission prophétique. Nous sommes invités à nous tenir dans ce monde comme des miroirs reflétant les rayons de la lumière qu'est Jésus.
Paul, en deuxième lecture, en fera une ferme exhortation. Il nous dit que nous ne pouvons refléter la lumière du Christ dans le monde que si nous sommes unis. C'est uniquement dans l'unité que nous témoignons vraiment de Jésus. Paul incite : « je vous exhorte au nom de notre Seigneur Jésus Christ : ayez tous un même langage ; qu’il n’y ait pas de division entre vous, soyez en parfaite harmonie de pensées et d’opinions. » Nous ne pouvons pas témoigner de Jésus-Christ, ni prétendre être prophète dans le monde sans unité. Tout ce qui est division et cause de division est un contre-témoignage du nom de Jésus et de son Évangile. Nous passerons pour de faux prophètes si nous sommes divisés ou si nous prêchons la division.
Le Christ est unique, dit Paul, et nous lui appartenons tous. Lui seul est mort pour nous et non pas nos dirigeants, nos prêtres ou nos pasteurs. Par conséquent, peu importe la puissance de votre pasteur, il n'est pas Christ. Paul insistera sur le fait que nous n'avons pas été baptisés au nom de nos prêtres ou prophètes ou pasteurs, mais uniquement au nom de Jésus. Alors, prenez garde de l'appartenance aux si puissants hommes et femmes de Dieu. Nous appartenons à Dieu en Jésus-Christ et non à nos hommes de Dieu.
Dans l'Évangile, Jésus s'approprie la prophétie que nous avons entendue en première lecture et la porte à son achèvement. En fait, comme nous le lisons, Jésus est venu pour que toutes les prophéties soient accomplies. Dans l'accomplissement de ces prophéties, le Seigneur s’associe des personnes, les disciples, et donc vos hommes et femmes de Dieu et chacun de nous... À l'instar de Pierre et de ses compagnons, c'est chacun de nous qui est appelé à s'associer à la mission du Christ. Nous sommes tous appelés à collaborer afin d’apporter la lumière du Christ dans le monde et la faire briller. Mais cette lumière ne brillera vraiment que si nous en témoignons à travers notre vie.
Il est triste que de nombreux chrétiens aujourd'hui ne reflètent pas le Christ de par leur manière de vivre. Ce n'est pas seulement à cause de nos péchés, mais surtout, parce qu'au lieu d'être des instruments d'unité, nous semons des graines de division, prêchons la division et vivons dans la désunion. Dans de nombreuses sociétés, communautés et pays, ceux qui refusent le plus les propos de réconciliation, d'unité et de paix sont des chrétiens. Nous prêchons la paix du Christ à la messe, mais travaillons pour la guerre, la haine et la division une fois hors de la messe. Nombreux sont ceux dont la vie ne reflète pas la lumière et la joie de Jésus. A voir certains chrétiens vivre, on peut perdre tout espoir dans un bel et brillant avenir. Car leur vie est si triste et désolante, remplie de larmes et de pessimisme. L'Evangile de Jésus est espérance et joie. À moins que vous distilliez cette joie et cette lumière à travers votre vie, vous n'êtes pas un prophète du Christ, mais un messager de malheur. Que cela soit clair pour tous, chers frères et sœurs, nous sommes ambassadeurs du Christ, lumière du monde. Comme André, Pierre, Jacques et Jean, puissions-nous généreusement tout abandonner et nous mettre à la suite du Christ. Le futur de ce monde dépend aussi de nous…

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19 JANVIER 2020: 2ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A.
VOICI NOTRE TEMPS.

LECTURES: Is 49, 3.5-6; Ps 39 (40), 2abc.4ab, 7-8a, 8b-9, 10cd.11cd; 1 Co 1, 1-3; Jn 1, 29-34

Un proverbe Espagnol dit : « Ne vous inquiétez pas si les gens vous appellent ordinaire – inquiétez-vous seulement si vous êtes trop ordinaire. » Un autre proverbe ajoute : « L'art suprême est l'art de vivre une vie ordinaire d'une manière extraordinaire. »
« Voici l’Agneau de Dieu… » Pour un chrétien, tout commence au baptême. C'est du baptême que nous acquérons notre identité et aussi la mission attachée à cette identité. Nous avons célébré dimanche dernier le Baptême du Seigneur marquant la fin du temps de Noël. D’un autre côté, la fête du Baptême du Seigneur marque également le début du Temps Ordinaire. A travers elle, nous sommes plongés dans ce qui sera la vie ordinaire de Jésus, son ministère public. Cela marque aussi pour nous, ses disciples, l'ordinaire de notre vie, les moments où nous sommes appelés à témoigner de notre foi et de notre appartenance au Christ. A juste titre, dans la liturgie, la fête du Baptême du Seigneur symbolise également le premier dimanche du Temps Ordinaire. Elle donne tout le sens de cet ordinaire que nous sommes appelés à vivre de façon extraordinaire, jour après jour.
Avant d'aller plus loin, voyons ce que représente le Temps Ordinaire ? Le temps Ordinaire n'est ordinaire que par son vocable. En fait, c'est le moment où nous sommes invités, en tant que disciples du Christ, à approfondir notre relation avec le Seigneur à travers une vie basée sur la foi, l'espérance et la charité. Au cours de ce temps, par notre foi, nous sommes invités à nous abandonner et à confier tout ce que nous avons ou faisons, au plan de Dieu et à sa volonté, tout comme le fit notre Seigneur Jésus. C’est le moment de donner la primauté à la volonté de Dieu, en mettant notre vie entre ses mains. Un temps d'abandon complet de soi à Dieu. Ce n'est en fait pas une tâche ordinaire, mais extraordinaire, sachant que l'ordinaire de l'être humain est d'avoir la main sur ou de tout contrôler. Puis, par l'espérance, de toujours regarder vers l'avenir avec positivité. L'espérance est la vertu du pèlerin. Avec espérance, la vie devient une aventure avec une destination unique, Dieu. Nous sommes assurés que Dieu sera toujours là pour nous embrasser à la fin de notre parcours, tout comme les coureurs qui regardent vers la ligne d'arrivée. L'espérance et la foi seront incomplets s'ils ne se nourrissent pas d'amour, aussi appelé charité. Pendant ce temps, nous réalisons que la seule façon de répondre positivement à l'amour de Dieu est d'aimer les autres et de pouvoir faire avec eux ce que Dieu le fait avec nous. Voici l'ordinaire de la vie chrétienne, notre mission quotidienne, notre vraie vocation. Dans le développement de ce temps, nous avons l'assurance d'un compagnon, Jésus lui-même, comme notre pédagogue ordinaire.
La Parole de Dieu, en ce Deuxième Dimanche du Temps Ordinaire, nous amène au message central de ce temps : Témoigner de notre foi.
Isaïe, en première lecture, parlant du serviteur de Dieu, le montre comme choisi pour être une lumière dans le monde. Ces paroles à Israël sont, comme adressées à vous et à moi. Le Seigneur dit à Israël : « C’est trop peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob, ramener les rescapés d’Israël : je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. » Il est comme en train de nous dire, à vous et à moi, qu'il est trop peu de nous faire appeler chrétiens et de porter son nom. Il veut que nous partagions ce nom dans notre vie quotidienne, que nous témoignions de lui à travers notre vie à tous ceux que nous rencontrons. Ce n'est que dans notre quotidien que nous pouvons témoigner du nom du Seigneur, être une lumière qui amène les gens à lui.
Nous sommes tous appelés, de par notre baptême, à être le sel et la lumière du monde (Matthieu 5,14). Paul, dans ses salutations, ses remarques d'ouverture aux Corinthiens mettent l'accent sur cet aspect de l'appel. Il dit : « Paul, appelé par la volonté de Dieu pour être apôtre du Christ Jésus. » Comme l'apôtre Paul, nous sommes chacun de nous, appelés par Dieu à témoigner de lui et à être des instruments de sa paix et de son amour dans le monde.
Dans l'Évangile de Jean, nous sommes comme ramenés en arrière, avec Jean-Baptiste témoignant de ce qu'il a vu au Baptême du Seigneur, et comment, par la puissance du Saint-Esprit, tout a commencé là pour Jésus. Jésus a été révélé publiquement à Jean et à tous lors de son Baptême. Cela l'a ouvert à sa mission quotidienne et ordinaire en tant que Messie. Si pour notre Seigneur Jésus Christ, ce bain baptismal a marqué le début, pour nous d'autant plus, nous sommes mis au défi de voir dans notre Baptême l'obligation de prendre notre part dans la vie quotidienne de nos sociétés et de nos pays.
L'ordinaire de notre vie est notre lieu de travail, le lieu pour témoigner de Jésus comme l'a fait Jean-Baptiste. La différence entre nous et Jean est qu'il a témoigné de quelqu'un qu'il ne connaissait pas auparavant. Nous sommes plutôt appelés à témoigner de quelqu'un que nous connaissons et qui est censé faire partie intégrante de notre vie. Notre foi chrétienne est appelée à être vécue dans notre quotidien, notre ordinaire. Ne rendons pas vain ce en quoi nous croyons, ni inactif ce que nous avons reçu, c'est-à-dire notre Baptême. Il est temps pour nous d’être des prophètes du Seigneur. Alors, comme Jean-Baptiste, pointons le doigt du côté du Seigneur et orientons les gens vers lui et non vers nous-mêmes. Car, sans lui, nous ne sommes rien.

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12 JANVIER 2020: Le Baptême du Seigneur — Année A 

Fête

JESUS DEVIENT PUBLIC : LE BAPTEME, RITE D'INSERTION ET D'ASCENSION SOCIALE ET COMMUNAUTAIRE.

LECTURES: Is 42, 1-4.6-7; Ps 28 (29), 1-2, 3ac-4, 3b.9c-10; Ac 10, 34-38; Mt 3, 13-17


Un proverbe arabe dit : « Tout est petit au début, puis grandit. »
Dans de nombreuses sociétés traditionnelles Africaines et dans le contexte religieux, il existe des rites d'initiation qui sont fondamentaux pour la croissance humaine. Ces rites sont naturels et nécessaires pour l'insertion d'un individu dans la communauté. Parmi eux, ces cinq majors : Rite de naissance et d'enfance, rite de passage à l’âge adulte, rite du mariage, rite de l'ancienneté et le rite d’accession à l'ancestralité. Par analogie, le baptême, pour nous chrétiens, serait une initiation nécessaire à la croissance dans la foi et dans l’appartenance à Dieu. Parce que, à travers cela, nous obtenons notre véritable identité en tant qu'enfants de Dieu. Le baptême du Seigneur pourrait donc être considéré comme l'un de ces rites d'insertion et d'ascension sociales et communautaires.
En fait, le Baptême du Seigneur marque la fin de la période de Noël et le début du ministère public du Seigneur. Avec Jésus, nous quittons officiellement aujourd'hui la crèche de Bethléem pour nous rendre publics dans les rues, les marchés, les collines et les synagogues de Jérusalem et des environs pour annoncer la bonne nouvelle de l'amour de Dieu.
Le Baptême du Seigneur, ensemble avec ce que nous avons célébré dimanche dernier, l'Épiphanie, les Noces de Cana et la Transfiguration sont les plus grands moments où la gloire de Dieu apparaît et atteste publiquement de l'identité de Jésus. Dans cette quadruple révélation, nous avons une graduation de la révélation de Dieu et le noyau de la mission de Jésus.
L’antienne d'ouverture de la célébration Eucharistique d'aujourd'hui nous plonge dans le message intérieur du baptême du Seigneur. Il dit : « Au baptême de Jésus, les cieux s’ouvrirent : l’Esprit, comme une colombe, reposa sur lui, la voix du Père se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui, j’ai mis tout mon amour. » »
Le baptême du Seigneur, nous l'avons dit, marque le début de son ministère public. Cela est bien dit par le Catéchisme : « Le Baptême de Jésus, c’est, de sa part, l’acceptation et l’inauguration de sa mission de Serviteur souffrant. Il se laisse compter parmi les pécheurs (cf. Is 53, 12) ; il est déjà "l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde" (Jn 1, 29) ; déjà, il anticipe le "baptême" de sa mort sanglante (cf. Mc 10, 38 ; Lc 12, 50). Il vient déjà "accomplir toute justice" (Mt 3, 15), c’est-à-dire qu’il se soumet tout entier à la volonté de son Père : il accepte par amour le baptême de mort pour la rémission de nos péchés (cf. Mt 26, 39) » (CEC 536). Nous sommes mis au défi, en tant que disciples du Christ, de voir dans notre propre baptême un mandat pour une mission, pour un ministère public.
Le prophète Isaïe, en première lecture, donne le signe de ce que sera la vie publique de Jésus. Il pressent le serviteur souffrant, celui qui est venu prendre sur lui les douleurs d'une humanité souffrante et libérer l'être humain des chaînes. Sa mission consistera à rendre justice aux nations, « Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, il ne fera pas entendre sa voix au-dehors. » A son sujet le Seigneur dit : « je fais de toi l’alliance du peuple, la lumière des nations : tu ouvriras les yeux des aveugles, tu feras sortir les captifs de leur prison, et, de leur cachot, ceux qui habitent les ténèbres. »
Jésus, est ce serviteur de Dieu annoncé par Isaïe, qui ne condamne pas les pécheurs, mais plutôt, prend sur lui le salaire de leurs péchés. Dans la deuxième lecture, Pierre nous dit que « Dieu lui a donné l’onction d’Esprit Saint et de puissance. » En tant que tel, il a été investi d'autorité pour mener à bien sa mission. Aussi il allait partout, « faisait le bien et guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui. »
L'Évangile raconte ce qui s'est passé au Baptême du Seigneur, comment le Père l'a révélé publiquement comme son Fils unique. Deux grandes leçons que nous pouvons tirer de ce Baptême du Seigneur. Premièrement, cela marque la fin de la vie d’enfance de Jésus. Deuxièmement, c'est l'inauguration de son ministère, sa vie publique. Par le Baptême, le Seigneur passe de l'Enfant Jésus à l'adulte investi de mission et d'autorité. Tous ces éléments ont également une telle implication sur nous aujourd'hui.
Nous sommes tous baptisés. Nous sommes donc devenus des enfants adoptifs de Dieu, partageant la mission de Jésus. Cette mission, nous sommes exhortés à la réaliser dans l'ordinaire de notre vie comme Jésus l'a fait à son époque. Nous sommes appelés à vivre en tant que personnes appartenant à Dieu. Parce que, grâce au bain baptismal, nous avons reçu un nouvel espoir de vivre en tant qu'enfants de Dieu. Mais alors, que faisons-nous ou qu'avons-nous fait de notre baptême ?
Cela semblera triste à dire, mais pour de nombreux chrétiens, le baptême ne se limite qu'à l'appartenance à l'Église. Leur baptême semble n'avoir aucun effet et aucun impact sur leur vie publique, sociale et ordinaire. Leur foi ou leur appartenance à Dieu n'est qu'une question de dimanche. Les autres jours, ils sont comme tout autre gens qui ne connaît pas le Seigneur. Impliqués dans la corruption comme n'importe quel autre individu, indifférents aux besoins des pauvres, abusant du droit des malheureux, ne se souciant pas de la justice et de la droiture. Jésus a été baptisé pour être rendu public et prendre part aux souffrances de ses concitoyens. Il ne s’est pas caché ni joué l'insensible aux souffrances des pauvres. Au contraire, il a fait siennes les croix et les douleurs du peuple. Cela aura pour conséquence sa propre mort sur la croix. Il est temps, frères et sœurs, que vous et moi réévaluions notre propre baptême et notre vie dans le monde d’aujourd’hui. Sommes-nous rendus publics comme Jésus l'a fait, ou sommes-nous simplement des chrétiens nominaux qui portent le christianisme uniquement sur un certificat ? N'oublions jamais que notre baptême nous investit de responsabilités dans l'Église et dans la société.

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5 JANVIER 2020: L'Épiphanie du Seigneur — Année A - Solennité

EPIPHANIE DU SEIGNEUR : LIRE DIEU A TRAVERS UNE ETOILE MONTANTE.

LECTURES: Is 60, 1-6; Ps 71 (72), 1-2, 7-8, 10-11, 12-13; Ep 3, 2-3a.5-6; Mt 2, 1-12

Un proverbe Italien dit : « A celui qui regarde, tout est révélé. »
En ce jour, Dieu révèle son Fils unique aux Nations sous la direction d'une étoile. Nous sommes tous amenés à contempler la gloire et la splendide miséricorde de Dieu et, par conséquent, mettre notre foi en lui.
L'Epiphanie du Seigneur, pour utiliser un langage de marketing, est la propagande du mystère de Noël. Ce qui s'était passé dans la nuit secrète et tranquille de Bethléem est rapporté, sous une lumière astrale, à l'universel. Jésus est révélé à tous comme l'étoile montante qui guide tout le monde vers Dieu. Il est la lumière qui brille dans les ténèbres de ce monde et y révèle la présence de Dieu.
Le Catéchisme, dans une introduction belle et claire, dit : « L’Épiphanie est la manifestation de Jésus comme Messie d’Israël, Fils de Dieu et Sauveur du monde. Avec le Baptême de Jésus au Jourdain et les noces de Cana (cf. LH, antienne du Magnificat des secondes vêpres de l’Épiphanie), elle célèbre l’adoration de Jésus par des "mages" venus d’Orient (Mt 2, 1). Dans ces "mages", représentants des religions païennes environnantes, l’Évangile voit les prémices des nations qui accueillent la Bonne Nouvelle du salut par l’Incarnation. La venue des mages à Jérusalem pour "rendre hommage au roi des Juifs" (Mt 2, 2) montre qu’ils cherchent en Israël, à la lumière messianique de l’étoile de David (cf. Nb 24, 17 ; Ap 22, 16), celui qui sera le roi des nations (cf. Nb 24, 17-19). Leur venue signifie que les païens ne peuvent découvrir Jésus et l’adorer comme Fils de Dieu et Sauveur du monde qu’en se tournant vers les juifs (cf. Jn 4, 22) et en recevant d’eux leur promesse messianique telle qu’elle est contenue dans l’Ancien Testament (cf. Mt 2, 4-6). L’Épiphanie manifeste que "la plénitude des païens entre dans la famille des patriarches" (S. Léon le Grand, serm. 33, 3 : PL 54, 242) et acquiert la Israelitica dignitas (MR, Vigile Pascale 26 : prière après la troisième lecture) » (CEC 528). De cette longue introduction, peu de mots à garder : En Jésus, Fils de Marie, Dieu nous est aujourd'hui révélé et les rois viennent de loin pour adorer sa gloire.
La solennité d'aujourd'hui est en réalité remplie de gloire et de chants d’allégresse. Aussi, Isaïe, en première lecture, peut nous dire que la gloire du Seigneur brille sur la Ville Sainte. Dieu a fait sortir Jérusalem des ténèbres vers une nouvelle lumière et l'a revêtue d'une rayonnante splendeur. Ainsi, sa beauté est vue par tous, son éclat de partout. Jérusalem est redevenue la demeure de la gloire de Dieu. Les gens viendront vers elle pour louer et adorer le Seigneur. Le psalmiste répond à cette vision d'Isaïe par un chant : « Toutes les nations, Seigneur, se prosterneront devant toi. » Parce que, sous l'éclat ou la révélation du Seigneur, tous sont réunis en un seul.
La révélation du Seigneur est vraiment un pôle d'attraction. En elle, toutes les barrières sont brisées et nous sommes tous réunis en un. Paul parle de cette communion et de cette unité dans la deuxième lecture. En Jésus, dit-il, « par révélation… toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse. »
La scène de la Nativité, principalement, la visite des mages au nouveau-né est le signe de cette universalité du salut. Dieu se révèle à tous et attire des voyants depuis l'autre bout du monde pour venir l'adorer dans ce petit enfant.
Au-delà des nombreuses significations et enseignements de l'Épiphanie, du symbolisme des dons des Mages, du refus d'Hérode d'accueillir cette révélation et de bien d'autres choses, l'Épiphanie a un autre message plus profond et plus personnalisé pour chacun de nous. C'est un appel à voir l'étoile et à la suivre. Nous sommes invités à nous ouvrir à la révélation de soi de Dieu et, comme les Mages, à suivre l'étoile.
Bien aimés, peu importe ce que vous traversez comme situation, peu importe d'où vous venez, qui êtes-vous et quelle distance vous sépare de Dieu… cette Épiphanie est votre temps. Dieu vous invite à suivre l'étoile et à venir à sa rencontre. En fait, tout dans la vie d'un être humain prend son sens plus profond quand on se fixe un objectif. Le but des Mages était d'aller à la rencontre de celui dont la naissance leur avait été révélée. Et donc, quels qu’ont été les obstacles, les incertitudes du voyage, la distance… ils n’ont pas compté tout cela. Ils ont juste suivi l'étoile. Même Hérode n'a pu les empêcher de poursuivre leur quête. À la fin, grande était leur joie de rencontrer l'enfant. Remplis de cette joie, ils lui ont fait offrandes de leurs présents : or, encens et myrrhe, et l'ont adoré. Dieu se révèle encore aujourd'hui. Suivez simplement l'étoile.
Une autre leçon de l'Épiphanie vient des paroles des mages à Hérode : « Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » Nous vivons dans un monde où l'étoile de chacun se lève à son heure. Mais malheureusement, lorsque les gens voient l'étoile des autres à sa levée, au lieu de lire à travers elle une manifestation de la gloire de Dieu dans la vie du prochain, nous essayons de l'éteindre, ou de l'empêcher de briller, comme Hérode a essayé de le faire avec Jésus. Nous détestons que l’étoile des autres brille plus que la nôtre. Rempli du monstre aux yeux verts (la jalousie), nous complotons contre les autres. L'épisode des Mages nous enseigne que nous devons pouvoir louer Dieu et chanter sa gloire dans les petits biens qui se produisent dans la vie des autres. Dieu manifeste toujours sa gloire dans notre monde, saisissons ses signes et adorons-le à travers nos vies.

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1 JANVIER 2020: Sainte Marie, Mère de Dieu —Solennité

LA "THEOTOKOS", NOTRE MERE.

Un proverbe Ivoirien dit : « Un mauvais fils donne à sa mère une mauvaise réputation. » Un autre proverbe ajoute : « On ne peut jamais rembourser sa dette à sa mère. »
À la naissance d'un enfant, la première personne qui lui sourit, le réconforte et l'assure d'un amour et d'une protection ineffables est sa mère. Les mères sont un joli cadeau du ciel. Nous ne pouvions pas espérer un meilleur cadeau à l'ouverture de cette année que l'étreinte maternelle de Marie.
Nous célébrons aujourd'hui, 1er janvier, Marie comme Mère de Dieu. À propos de ce titre Marial, St. Luigi Orione s'exclame : « Mater Dei ! Mère de Dieu ! Nous avons choisi le plus complet, l’origine de tous les titres de Marie. » Le « Theotokos » est le prélude à tout ce qui concerne Marie. Elle est tout ce que nous disons et chantons d'elle, simplement parce qu'elle est « Mère de Dieu ». Marie était immaculée, préservée de toutes taches de péché avant sa naissance afin d'être l’irréprochable Mère du Fils de Dieu. Nous croyons qu’après sa vie terrestre, Marie a été assumée au ciel à cause de ce qu’elle avait été pour le Fils de Dieu, sa mère. Marie est devenue notre Médiatrice de toute grâce, Co-rédemptrice, Consolatrice des affligés, Porte du ciel, Miroir de justice, Mère des pauvres, et tous les autres beaux titres que nous lui donnons, tout simplement parce qu'elle était la Mère de Jésus-Christ, le Fils incarné de Dieu.
Le Catéchisme affirme : « Appelée dans les Évangiles "la mère de Jésus" (Jn 2, 1 ; 19, 25 ; cf. Mt 13, 55), Marie est acclamée, sous l’impulsion de l’Esprit, dès avant la naissance de son fils, comme "la mère de mon Seigneur" (Lc 1, 43). En effet, Celui qu’elle a conçu comme homme du Saint-Esprit et qui est devenu vraiment son Fils selon la chair, n’est autre que le Fils éternel du Père, la deuxième Personne de la Sainte Trinité. L’Église confesse que Marie est vraiment Mère de Dieu (Theotokos) » (CEC 495).
Le Theotokos est la clé à partir de laquelle nous pouvons lire et comprendre tous les Dogmes Mariaux, les dévotions et ses titres. Parce que pour Marie, tout a commencé par l'appel de Dieu : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut » (Lc 1, 30-32). Comme pour dire, la maternité divine de Marie est le point de départ du mystère du salut. En tant que telle, Marie nous ouvre toujours à un nouveau départ et à une intimité plus profonde avec son divin Fils. En entrant dans cette nouvelle année, comme des enfants, nous sommes placés sous la protection bienheureuse de la Mère de Dieu. Cela n'est pas seulement une bénédiction pour nous, mais aussi un grand défi de faire de Marie notre compagne et notre propre Mère tout au long de cette année.
Comme tradition, cela va au-delà des cultures, des langues et des lieux, le nouvel an est l'occasion de se formuler mutuellement de beaux vœux. Personne ne manque cette opportunité de souhaiter « bonne et heureuse année ». Même les plus féroces ennemis en ce premier jour de l'année enterrent la hache de guerre pour se souhaiter les meilleurs vœux. La première lecture d'aujourd'hui honore à cette tradition. Le Seigneur enseigne à Moïse comment les enfants d'Israël devraient se bénir mutuellement. Ce sont des vœux que je fais miens à l’endroit de chacun de vous : « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! »
Paul, en deuxième lecture, avec une simple phrase, nous ramène à la solennité d’aujourd’hui. Il dit : « lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme et soumis à la loi de Moïse, afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi et pour que nous soyons adoptés comme fils. » Ici, il nous est rappelé que Christ, le Fils de Dieu est né d'une Vierge qui n'est autre que Marie, bien que Paul ne la nomme pas. Il est venu pour nous racheter afin que nous devenions enfants de Dieu. Tout cela était conforme au calendrier de Dieu. Paul ajoute également : « Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils, et puisque tu es fils, tu es aussi héritier : c’est l’œuvre de Dieu. » Ce sont de belles paroles réconfortantes qu'en Jésus, Fils de Marie, nous sommes tous devenus enfants de Dieu par adoption, héritiers des promesses divines ; par conséquent, frères et sœurs de Jésus. Nous sommes donc les enfants de sa mère. Dans ce sens, Marie devient aussi notre propre Mère.
L’extrait de saint Luc nous rappelle que nous sommes encore dans la période de Noël et que l’unique endroit où nous pouvons vraiment et à juste titre rencontrer Jésus comme le fit les bergers est dans l’étreinte de Marie, entre les mains de Marie sa mère. C'est une vérité fondamentale encore aujourd'hui, que nous ne pouvons pas prétendre chercher Jésus, l'aimer ou même le connaître et renier sa mère. La simple jeune fille de Judée, par choix de Dieu, a eu un rôle spécial dans notre salut, et Elisabeth le dit bien : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » Marie nous est toujours présentée comme Mère de notre Seigneur et Sauveur, Jésus-Christ. Comme le dit le proverbe du Myanmar, « Un enfant sans mère est comme un poisson dans des eaux peu profondes. » On ne peut donc pas imaginer Jésus sans Marie. Alors, en entrant dans cette nouvelle année, allons tous à Jésus en passant par Marie. Ave Maria et en avant !


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29 DÉCEMBRE 2019: La Sainte Famille — Année AFêteLA SAINTE FAMILLE, UNE FAMILLE D’IMMIGRES.

LECTURES: Si 3, 2-6.12-14; Ps 127 (128), 1-2, 3, 4-5; Col 3, 12-21; Mt 2, 13-15.19-23

Un proverbe Ghanéen dit : « La famille est comme la forêt : si vous êtes dehors, elle est dense ; si vous êtes à l'intérieur, vous voyez que chaque arbre a sa propre position. »
Le Catéchisme, citant Paul VI dans son discours à Nazareth le 5 janvier 1964, déclare : « Nazareth est l’école où l’on commence à comprendre la vie de Jésus : l’école de l’Évangile (...). Une leçon de silence d’abord. Que naisse en nous l’estime du silence, cette admirable et indispensable condition de l’esprit (...). Une leçon de vie familiale. Que Nazareth nous enseigne ce qu’est la famille, sa communion d’amour, son austère et simple beauté, son caractère sacré et inviolable (...). Une leçon de travail. Nazareth, ô maison du "Fils du Charpentier", c’est ici que nous voudrions comprendre et célébrer la loi sévère et rédemptrice du labeur humain (...) » (CEC 533).
Cette longue introduction nous plonge au cœur de la fête d’aujourd’hui, la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph. La famille est sainte ! La famille c'est la vie ! La famille c'est l'amour ! Surtout, la famille est un lieu de confort, de protection et de sécurité. La famille humaine est le lieu où mari, femme et enfants trouvent leur havre de paix dans l'environnement le plus commun. Nous ne manquerons pas d'attributs pour décrire la famille. Simplement, parce que la famille c'est tout et sans famille il n'y aura rien. La société, l'église et tout existent pour les familles et à cause de la famille.
En parlant de famille humaine, l’Église a des milliers de mots pour la décrire. Parmi tous ses enseignements, « Familiaris Consortio » de Jean-Paul II est le Vademecum du magistère de l'Église. De ses lignes, nous pouvons compléter la liste des attributs et des réflexions remarquables sur la famille. Par exemple, Familiaris Consortio affirme avec force que la famille humaine est basée sur le mariage entre un homme et une femme. C'est le fondement, la pierre angulaire de la vie familiale (Cf. FC 11). Ensuite, le document présentera la famille comme une communauté de vie et d'amour ; la famille comme première cellule vivante de la société (FC 42) ; La famille comme Eglise domestique (FC 59) ; La famille comme sanctuaire de vie (FC 55) ; La famille en tant que structure avec ses propres droits et devoirs (FC 44-46) ; et enfin, mais non des moindres, un appel à la famille pour qu'elle devienne ce qu'elle est : Sainte (FC 17).
La fête de la Sainte Famille est un appel à réfléchir sur nos différentes familles dans toutes leurs composantes : Père, Mère et Enfants. Pouvons-nous modeler nos familles humaines sur le modèle de la famille de Joseph, Marie et Jésus ? Joseph, d'après les paroles bibliques, est un homme saint et juste. De Marie, plus est dit de sa fidélité et obéissance à la volonté de Dieu. Et Jésus, le Fils, étant Dieu lui-même, est irréprochable en vertu. Qu'en est-il alors de nos familles ? Sommes-nous des écoles de vertus et des exemples de sainteté ?
La famille humaine est une cellule composite où chaque membre a un rôle spécifique à jouer et une mission à remplir pour le bien-être de tous. En ce sens, les 1ère et 2ème lectures de notre célébration d'aujourd'hui sont des exhortations à chaque composante de la cellule familiale. Sira dans son sage discours invite les enfants à rechercher comment accomplir le quatrième commandement pour leur propre bien. Il dit : « Celui qui honore son père obtient le pardon de ses péchés, celui qui glorifie sa mère est comme celui qui amasse un trésor. Celui qui honore son père aura de la joie dans ses enfants, au jour de sa prière il sera exaucé. Celui qui glorifie son père verra de longs jours, celui qui obéit au Seigneur donne du réconfort à sa mère. » Il est évident que, les premiers bénéficiaires de l'obéissance et de la bonté envers les parents sont les enfants eux-mêmes.
La deuxième lecture est un ajout de conseils. Ceux-ci sont ouverts à toute la famille. Paul aborde distinctement les pères, les mères et les enfants sur ce qu'ils doivent faire pour le bien de la famille. Ces exhortations obligent les parents et les enfants à accorder la priorité à leur famille, à leur vie ensemble. Parce que la famille est une question d'amour, et parce que c'est l'amour qui crée et maintient le lien familial, Paul peut encourager : « puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes sanctifiés, aimés par lui, revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous les uns les autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. Le Seigneur vous a pardonné : faites de même. Par-dessus tout cela, ayez l’amour, qui est le lien le plus parfait. » Ces paroles pauliniennes ne sont que les principes d'une vie sainte. Dans ceux-ci, il invite les femmes à se soumettre à leurs maris ; les maris à aimer leurs femmes et à ne jamais les traiter rudement ; les enfants à obéir à leurs parents ; les parents, et surtout les pères, à ne pas exacerber leurs enfants. Tout cela est, comme nous l'avons dit précédemment, pour le bien de la cellule familiale.
La famille humaine, cependant, étant une cellule est insérée dans une cellule plus large qui est la société. Par conséquent, il arrive qu’elle fasse face à certaines situations et difficultés sociales. L'Évangile nous met face à l'une de ces difficultés : le problème de l'immigration. La Sainte Famille de Joseph, Jésus et Marie est une famille de migrants, encore pire une famille de réfugiés.
La scène de la fuite en Egypte décrit la triste situation de nombreuses familles dans notre monde d'aujourd'hui, où, maris, épouses et enfants sont obligés de fuir la maison soit pour avoir la vie sauve des guerres, des persécutions, de la famine, ou pour une vie meilleure. L'immigration est l'un des véritables fléaux qui menacent de nombreuses familles aujourd'hui.
La famille elle-même n'est pas un problème. Mais malheureusement, les familles sont exposées à tant de problèmes. Nous souhaiterons en ce jour, où nous célébrons la Sainte Famille de Nazareth, inviter à une prière spéciale pour les familles de migrants. L'immigration est l'une des nombreuses causes de familles divisées, outre les autres que nous provoquons souvent par nos choix. Que saint Joseph, Marie et Jésus veillent sur nos familles humaines et intercèdent pour nous. Que la joie de l'amour vécue par les familles soit toujours notre joie, la joie de l'Église et la joie de la société (Amoris Laetitia 1). Parce que quand la famille va bien, tout va bien, la société et l'Eglise également.


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25 DÉCEMBRE 2019: Nativité du Seigneur — Année A
Solennité du Seigneur - 
MESSE DE LA NUIT

LA CRECHE VIVANTE OU L'EVANGILE AU VIVANT.

LECTUREs: Is 9, 1-6; Ps 95 (96), 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13a, 13bc; Tt 2, 11-14; Lc 2, 1-14

Un proverbe Lituanien dit : « S’il n’y avait pas le chagrin et les mauvais temps, chaque jour serait Noël. »
Des années en arrière, quand nous étions au Noviciat, sous l’inspiration d’un de nos pères, nous avons réalisé une crèche vivante prenant en compte les réalités ordinaires de la vie du peuple Abouré de Bonoua et de leurs voisins. Chaque fois que nous arrivons à Noël, cette expérience me revient à l’esprit et je m’interpelle. Nous sommes aujourd’hui à Noël. Le crèche de Bethlehem distille un message de révolution. Elle est le lieu par excellence de la révolution de l’amour. Car, dans cette mangeoire, l’amour de Dieu s’est fait homme et fut appelé Jésus.
Dans sa récente lettre Apostolique intitulée, « ADMIRABILE SIGNUM », « Le merveilleux signe de la crèche », le St. Père, le Pape Francis dit une grande vérité qui nous s’ouvre à la solennité de ce jour. Il affirme : « La crèche, en effet, est comme un Évangile vivant, qui découle des pages de la Sainte Écriture. En contemplant la scène de Noël, nous sommes invités à nous mettre spirituellement en chemin, attirés par l'humilité de Celui qui s'est fait homme pour rencontrer chaque homme. Et, nous découvrons qu'Il nous aime jusqu’au point de s’unir à nous, pour que nous aussi nous puissions nous unir à Lui. » Ceci pourrait simplement constituer le résumé du mystère de la Noël. Dieu vient s’unir à l’humanité pour qu’en retour l’humanité et chaque être humain en particulier puisse s’unir à lui.
Noël, c’est avant tout l’incarnation, ou du moins la révolution de l’amour de Dieu. St. Jean, de façon très poétique et en même temps philosophique l’affirme dans son prologue. Le verbe de Dieu qui de toute origine était avec Dieu et par qui tout a été fait, choisit aujourd’hui de se révéler à l’être humain sa créature et mieux, de devenir l’un de nous afin de nous manifester son amour et sa proximité. Dieu en Jésus, prend sur lui notre humanité afin de nous donner d’avoir part à sa Divinité. Cet admirable échange se déroule dans un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une mangeoire. Cette scène non seulement nous enseigne sur le degré d’humour et d’humilité de Dieu, mais aussi et surtout sur la valeur même de l’amour.
Dans la crèche de Bethlehem, c’est tout le mystère du salut qui s’écrit, mystère de la tendresse d’un Dieu qui prend sur lui notre humanité ; mystère de l’indicible humilité et de la grande simplicité de Dieu. En fait, à Noël, nous parlons de mystère. Mais à la réalité, la Noël ou la scène du petit enfant couché dans une mangeoire n’a de mystérieux que ce que la raison humaine se refuse de comprendre, c’est-à-dire, l’humilité de Dieu. Car la crèche traduit la plus parfaite humilité. Quelle femme, aujourd’hui, dans des conditions normales, et ce, malgré la grande pauvreté, accepterait de coucher son enfant sur une paille à manger de bœufs et d’ânes ?
Le mystère que nous vivons en ce jour s’est écrit en parole d’humilité et dans une mangeoire. Dieu vint à la rencontre de l’humanité et ne trouva de place nulle part dans nos hôpitaux, encore moins dans nos hôtels et auberges, mais dans une bergerie, et sur la paille.
Isaïe, dans la première lecture nous annonçait la venue d’un enfant ; qu’un fils, un enfant roi nous sera né. Cet enfant vient vers nous, chargé d’une mission. Dieu naît dans ce monde avec une feuille de route : nous relever de nos souffrances ; prendre sur lui nous peines. Le paradoxe, c’est que sa naissance elle-même le plonge au cœur même de la misère humaine, la pauvreté, la précarité. Il naît, mais comme un roi rejeté.
Paul, dans son adresse à son fidèle disciple Tite, annonce que la grâce de Dieu est apparue pour tous. Le sauveur vient à nous pour nous détourner de la vie sans but et sans Dieu que nous menions, et nous conduire à la parfaite finalité de notre existence, la vie avec Dieu et en Dieu. Il vient nous délivrer de la vie sans foi ni loi, afin de nous présenter à son Père comme un peuple désireux de faire ce qui est juste et bon.
Aujourd’hui est un jour nouveau pour tous. Un nouvel évangile s’écrit pour nous. L’annonce faite par l’ange aux bergers, « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. » Un sauveur nous est né ! Un fils nous est donné, et ce, de la façon la plus mystérieuse : dans un vêtement d’humilité.
La crèche du Seigneur Jésus sera toujours un livre ouvert pour nous. Un évangile que nous n’épuiserons jamais. Elle est un cantique d’humilité et elle nous parle de la souffrance de nombreux de nos frères et sœurs en humanité. Le Catéchisme de l’Eglise Catholique ne manquera pas de le souligner : « Jésus est né dans l’humilité d’une étable, dans une famille pauvre (cf. Lc 2, 6-7) ; de simples bergers sont les premiers témoins de l’événement. C’est dans cette pauvreté que se manifeste la gloire du ciel (cf. Lc 2, 8-20). L’Église ne se lasse pas de chanter la gloire de cette nuit : La Vierge aujourd’hui met au monde l’Éternel et la terre offre une grotte à l’Inaccessible. Les anges et les pasteurs le louent et les mages avec l’étoile s’avancent, car Tu es né pour nous, Petit Enfant, Dieu éternel ! » (CEC. 525).
Qu’en cette fête de Noël, ce message nous encourage et nous accompagne à rechercher l’humilité. Car, c’est là que, comme les bergers, nous trouverons le Seigneur nouveau-né, et l’adorerons. Il est dans nos frères et sœurs dans le besoin. Noël, aujourd’hui semble devenir la fête de l’extravagance et une fête commerciale. Retournons à l’origine et redécouvrons le mystère qu’il véhicule, la simplicité, l’humilité et l’amour de Dieu. En cette Noël, donnons de l’amour à ce qui en ont le plus besoin. C’est également pour eux que le Christ naît.


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25 DÉCEMBRE 2019: Nativité du Seigneur — Année A
Solennité du Seigneur - MESSE DE LA VEILLE AU SOIR

LA NUIT OU LE CIEL ET LA TERRE SE REJOUISSENT.

LECTUREs: Is 62, 1-5; Ps 88 (89), 4-5, 16-17, 27.29; Ac 13, 16-17.22-25; Mt 1, 1-25


Un proverbe Hindou dit : « Le vrai bonheur consiste à rendre les autres heureux. » Un autre proverbe ajoute : « Il y a deux sortes d'hommes : ceux qui pourraient être heureux et ne le sont pas, et ceux qui recherchent le bonheur et ne le trouvent pas. »
Le vrai bonheur est contagieux. Ainsi, personne ne peut être heureux seul ou contenir son bonheur sans le partager avec les autres. Le Ciel et la Terre se réjouissent aujourd'hui d'un événement unique et singulier : Dieu nous est né.
Aujourd'hui c'est Noël. Le jour où Dieu est devenu homme et a habité avec les hommes. C'est le jour où l'amour de Dieu remplit tout l'univers et la création entière se réjouit et en exulte. Le Gloria est à nouveau chanté, non seulement par des voix humaines, mais aussi et d'abord par un chœur angélique.
Ce qui rend cette nuit si spéciale, c'est le grand mystère qu'elle révèle. Ceci, le Catéchisme l’affirme en ces termes : « L’événement unique et tout à fait singulier de l’Incarnation du Fils de Dieu ne signifie pas que Jésus-Christ soit en partie Dieu et en partie homme, ni qu’il soit le résultat du mélange confus entre le divin et l’humain. Il s’est fait vraiment homme en restant vraiment Dieu. Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme. Cette vérité de foi, l’Église a dû la défendre et la clarifier au cours des premiers siècles face à des hérésies qui la falsifiaient » (CEC. 464).
En Jésus-Christ, aujourd'hui, Dieu devient homme sans perdre ni détériorer sa divinité. La Nativité du Christ ne sonne pas comme si, en prenant notre humanité, le Fils de Dieu se serait dévêtu de sa nature divine. La divinité de Jésus n'est pas comme un habit qu'il pourrait retirer et remettre quand il le veut. Celui qui nous est né aujourd'hui est Dieu ; pleinement homme, pleinement Dieu, sans aucune confusion.
Noël, en fait, nous montre l'amour implacable et sans limites de Dieu qui choisit de prendre la nature humaine afin de sauver l'humanité. C'est un échange admirable qui a un but unique, ramener l'humanité à Dieu ; afin de restaurer la communion et la communication entre le Ciel et la Terre. Par conséquent, nous pourrions dire sans nous tromper que, dans cette nuit, le Ciel s'abaisse sur la Terre. Dieu devient l'un de nous, « Emmanuel » ; et cela est chanté avec joie par les anges.
La parole de Dieu pour la célébration de ce soir est tout au sujet de cette mystérieuse incarnation et de la nativité. En première lecture, le prophète Isaïe a assuré à Jérusalem que Dieu ne l'avait pas abandonnée. « On ne te dira plus : « Délaissée ! » À ton pays, nul ne dira : « Désolation ! » Toi, tu seras appelée « Ma Préférence », cette terre se nommera « L’Épousée ». » Ce qui est dit de la Cité de Dieu nous est également adressé. Le Seigneur vient restaurer notre humanité dans sa dignité. Par la naissance de Jésus, notre nature humaine est restaurée dans sa beauté et sa dignité originelle. Ce que nous avons perdu par le péché est restauré par l'amour de Dieu. Par conséquent, Isaïe peut ajouter que Dieu se réjouira de nous ; c'est-à-dire que le Ciel se réjouira du salut de la Terre.
Dans la deuxième lecture, l'apôtre Paul témoigne du Christ. Il le confesse comme Fils de David, instrument de notre salut. L'évangéliste Matthieu, dans l'Évangile, donne un compte rendu historique de la nativité, en commençant par la preuve que Jésus est d'ascendance davidique ; la généalogie. Matthieu termine avec le récit de l'annonciation faite à Joseph.
Tous ces récits de la nativité visent une fin unique : le bonheur. Nous sommes appelés à nous unir au ciel et à nous réjouir parce que notre sauveur est né. Que la Terre joigne sa voix au Ciel et fasse écho au grand Gloria angélique. Avec le psalmiste, puissions-nous chanter à jamais la miséricorde de Dieu. Car c'est par amour miséricordieux que le Seigneur choisit d'être notre « Emmanuel », Dieu avec nous.
Dieu est né pour être avec nous, afin que nous aussi nous soyons avec Dieu. Que cette Noël soit pour nous un tremplin pour aimer pleinement Dieu. Puisse-t-elle être une nouvelle occasion de nous aimer vraiment, non seulement en paroles, mais par des actions. Dès-lors, résolvons-nous à partager le bonheur de Noël autour de nous.
C'est Noël ! Faites-la ressentir par tous en rendant heureux ceux qui pleurent ; les solitaires, les abandonnés, les marginalisés, les orphelins, les veuves, les personnes âgées oubliées dans les maisons de retraite, ceux dans les prisons, les enfants de la rue, les sans-abris ... Partagez votre bonheur avec eux, car ce bonheur leur est aussi destinés. Donnez-les de se réjouir avec vous ! Et n'oubliez jamais ce proverbe Ivoirien : « Le bonheur n'est pas parfait tant qu'il n'est pas partagé. » Joyeux Noël à tous !


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22 DÉCEMBRE 2019: 4ème Dimanche de l'Avent — Année A
JOSEPH DE NAZARETH, PERE DE JESUS.

LECTURES: IS 7, 10-16; PS 23 (24), 1-2, 3-4AB, 5-6; RM 1, 1-7; MT 1, 18-24


Un proverbe Italien dit : « Tout homme peut être père, mais il faut une personne spéciale pour être un papa. » Un autre proverbe ajoute : « Un garçon sans père n'est pas mieux qu’une graine non enterrée. »
L'incarnation du Christ a été révélée par le message d'un Ange, et Joseph est choisi pour être l'instrument de ce mystère.
Nous sommes le dernier dimanche de l'Avent. L'amour de Dieu remplit notre cœur. Le mystère auquel nous nous sommes préparés est sur le point de se réaliser. Dieu vient pour être l'un de nous. La liturgie distille déjà ce message de joie et d'amour. Isaïe, dans la première lecture donne la vision prophétique de l’« Emmanuel, Dieu avec nous. » Paul, dans la seconde lecture, parle de Jésus-Christ, le Messie, comme descendant de David. L'Evangile raconte l'annonce de la bonne nouvelle faite à Joseph.
Joseph est quelqu'un qui, apparemment, n'a pas de voix dans les Évangiles, et dont nous entendons beaucoup trop peu. Néanmoins, sa mission n'était pas si insignifiante dans le mystère que nous célébrons à Noël, mystère de l'incarnation et du salut.
En ce quatrième dimanche de l'Avent, nous aimerons centrer notre méditation sur la personne de Joseph de Nazareth, l'homme juste. Il y a une belle comédie musicale de Noël mettant en scène Joseph et Marie, où l'on entend Joseph interroger Marie. La chanson, intitulée « Song of Joseph », va dans ce sens : « Une fois, une fois dans chaque vie, quelqu'un de spécial vient le long du chemin. Maintenant, maintenant je sais que j'avais raison, un ange est venu vers moi et m'a fait voir que Dieu te m’a donné pour épouse.
MARIE, JE NE COMPRENDS PAS TOUT : POURQUOI DIEU CHOISIRAIT-IL D’APPELER MON NOM ?
JE SUIS JUSTE UN HOMME, UN SIMPLE HOMME, UN CHARPENTIER MAIS UNE PARTIE DU PLAN DE DIEU.
Le doute, le doute a une fois rempli mon esprit : est-ce que quelque chose d'aussi juste serait brisé ? Maintenant, depuis que l'ange est venu, mes yeux peuvent clairement voir que tu es toujours faite pour moi, et Dieu a planifié notre place dans l'histoire. »
En fait, tel est ce que Joseph est, juste un homme, un simple homme, un charpentier appelé à faire partie du plan de Dieu. Alors que la liturgie trouve son leitmotiv dans la prophétie de l'Emmanuel, Joseph se révèle être un acteur imminent et important de cette prophétie. Il est celui qui donnera à Jésus l'ascendance Davidique par le don du nom.
De Joseph simple et endormi, nous apprenons beaucoup. Tout d'abord, de sa droiture. Matthieu dit qu’il : « était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret. » Combien de maris ou d'hommes seraient, comme Joseph, si justes et se battraient pour la dignité de leurs femmes ou conjointes ?
Nous vivons dans un monde où l'adultère et l'infidélité dans les couples sont devenus plus que choses courantes. Les maris et les femmes entretiennent une vie secrète et des histoires d'amour en dehors de leur famille. Tant que le partenaire n'en sait rien ou n'en ressent rien, les choses se passent comme elles le sont. Dans ce contexte et cette chaîne d'adultère et d'infidélité, les femmes reçoivent la peine la plus lourde lorsqu'elles sont prises. La société et les lois civiles punissent sévèrement les infidélités des femmes ; et plus sévèrement, lorsque cela est couronné d'une grossesse, tandis que les hommes courent des milliers de femmes et fondent des familles parallèles. Nous lisons que Joseph était un homme juste, un défi pour tous les hommes.
Le plus important que nous apprenons sur Joseph dans ce mystère de l '« Emmanuel », c'est comment Dieu vient changer le projet de l'homme. Nous lisons dans le récit de Matthieu que Joseph et Marie avaient un projet de vie. Ils devaient se marier et vivre ensemble, fonder leur famille. Mais « avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. » Dieu est venu faire intrusion dans leur rêve et l’a transformé selon son propre plan. Cela change complètement l'orientation de leur vie. Joseph est amené à jouer le rôle de père adoptif du Fils de Dieu.
À cet égard, Joseph se présente de nouveau comme l'incarnation de l'homme bon, le juste. Il incarnera le bon époux pour Marie, en prenant soin d'elle : "ne voulant pas l'exposer à la honte", et un bon père pour Jésus, le fils à naître. Il lui a non seulement donné le nom dicté par l'Ange, mais il l'a aussi surveillé et protégé, pas à pas dans sa croissance, loin de tout danger (Mt 2, 13-23). Il n'y a en fait rien à remettre en question sur l'amour de Joseph pour Marie, et rien de plus sur son amour pour l'enfant Jésus. C'est à cause de cet amour qu'il fuira en Égypte avec lui et sa mère. C'est aussi à cause de ce même amour qu'il le rechercha avec anxiété lorsqu'il était perdu à Jérusalem (Luc 2, 41-52). Par le même amour, il lui apprendra son métier, faisant de lui un charpentier (Marc 6, 3).
Toutes ces paroles au sujet de Joseph, l'homme silencieux mais fort, sont un défi pour les hommes, les pères et les maris d'aujourd'hui. Ces propos nous questionnent sur la justice. Êtes-vous fidèle à vos engagements et promesses ? Combien d'amour montrez-vous à votre femme et à vos enfants et que serez-vous en mesure de faire pour eux ? Serez-vous, comme Joseph, capable d'abandonner vos rêves personnels et d'embrasser le rêve ou le projet de Dieu pour votre famille ?
Les pères irresponsables, ne manquons pas de le dire, notre monde compte aujourd'hui en abondance. C'est même à cause de cette irresponsabilité des parents, surtout des pères, que de nombreux phénomènes minent nos sociétés. Il est temps, en cette Noël à venir, de demander l'intercession de saint Joseph pour la conversion des hommes et des maris à la droiture. Dieu vient pour être avec nous. Comme saint Joseph, accueillons ce mystère de l'Emmanuel. En toute humilité, ouvrons une fenêtre au plan de Dieu dans nos projets de vie.


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15 DÉCEMBRE 2019: 3ème Dimanche de l'Avent, de Gaudete — Année A
LA REVOLUTION DE LA JOIE.

LECTURES: Is 35, 1-6a.10; Ps 145 (146), 7, 8, 9ab.10a; Jc 5, 7-10; Mt 11, 2-11


Un proverbe Néerlandais dit : « Est pauvre, un cœur qui ne se réjouit jamais. »
 « Soyez dans la joie du Seigneur, soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche. » De cette belle antienne dite en mots Latins, ce troisième Dimanche de l'Avent a son appellation, ‘Gaudete’ ou dimanche de la joie. À travers la liturgie d'aujourd'hui, nous apprenons que la vie chrétienne est une vie de joie, une révolution de la joie. En fait, la venue du Seigneur provoquera une grande révolution. Toute la création ressentira et exultera en sa présence. Ceux qui se lamentaient ou vivaient dans les vallées des larmes et des ténèbres verront une nouvelle lumière. Tout ce qui retenait l'humanité dans la douleur et l'esclavage sera détruit, même la plus grande infertilité humaine, le péché, sera anéantit. La joie du peuple racheté sera aussi grande et éclatante. Ce jour attendu depuis si longtemps est à portée. Nous en avons déjà des signes. Extérieurement, il suffit de regarder autour de nous, tout parle de Noël. On sent la magie de ce temps partout : les décorations sont déjà posées, les crèches se construisent, et même la nature communique de l'imminence de la saison, un temps frais ou froid. Noël est vraiment à portée de main. Alors réjouissez-vous !
La parole de Dieu de notre célébration d'aujourd'hui ne sera pas une cacophonie ou une fausse note dans cette mélodie de joie. En première lecture, le prophète Isaïe annonce au peuple d'Israël la vision et les signes de cette joie à venir. « Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rose, qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie ! »
En effet, nombreux sont les signes qui suivront et témoigneront de la venue et de la présence du Seigneur et donneront plus de raisons de se réjouir. Parmi eux, Isaïe dit : « … se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. »
Il s'agit en fait d'une véritable révolution qui se produira. Car même la création entière chantera de joie. Imaginons un désert couvert de fleurs en abondance. La terre sans eau qui devient productive, cela n'est rien de moins qu'une révolution. C'est en fait ce qui va arriver, dit Isaïe, avec la venue du Seigneur. Et cela ne tardera pas avant de se produire.
Voyant la proximité de cet événement, Jacque en deuxième lecture nous exhorte à être patients. Souvent, lorsque vous vous préparez à quelque chose et que cela semble tarder ou prendre un peu plus de temps que prévu, la tentation est de sombrer dans le découragement et de perdre patience. L'apôtre Jacques exhorte les disciples du Seigneur qui, devant les difficultés et les épreuves perdaient tout espoir en sa venue : « prenez patience… et tenez ferme car la venue du Seigneur est proche. » Cette exhortation s'adresse également à vous et moi. Et non seulement, nous avons besoin de patience et de courage, en attendant la venue du Seigneur, mais Jacque ajoute : « ne gémissez pas les uns contre les autres, ainsi vous ne serez pas jugés. » Nous n'avons pas à nous plaindre ou à murmurer, mais mieux, à vivre en bonne harmonie et être rempli de joie. La patience paie. Les agriculteurs ont de grandes leçons à donner sur la patience. En attendant patiemment et en travaillant toujours, un agriculteur récolte les fruits de son travail. Le fermier qui n'a pas de patience abandonne son champ dans la brousse et perd tout, tous ses efforts se transforment en vain. Les signes de la venue du Seigneur sont nombreux aujourd'hui. Nous avons juste besoin d'ouvrir nos yeux et de les voir et donc de nous réjouir.
Dans l'Évangile, nous entendons parler de Jean-Baptiste. Il est le « le précurseur (cf. Ac 13, 24) immédiat du Seigneur, envoyé pour Lui préparer le chemin » CEC. 523. Il y a cependant une certaine ironie dans l'évangile. Jean, nous le savons, est venu préparer le chemin du Seigneur. Il a prêché dans le désert comme nous l'avons entendu dimanche dernier, invitant les gens à se repentir et à se détourner du péché parce que le jour du Seigneur était proche. L'ironie ici, c'est qu'en prison, Jean semble s'interroger sur le Messie qu'il a prêché et le temps messianique. Ainsi, sa question par l’entremise de messagers à Jésus, « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
Cette question, en fait, traduit non uniquement le sentiment de Jean, mais l'attente de tout le peuple d'Israël. Le peuple, et Jean inclus, attend un Messie politique et puissant qui viendra renverser l'Empire Romain et restaurer la royauté Davidique. Avec Jésus, cependant, ils sont confrontés à une sorte de mystification. Au lieu d’un combattant politique, ils ont un serviteur et un chef compatissant, un qui marche dans les rues prêchant la bonne nouvelle, guérissant les aveugles, les sourds, les boiteux, les lépreux, ressuscitant les morts et réconfortant les affligés et les pauvres ; un enseignant trop compatissant. Cela semble déconcertant et déroutant. D’où la question de Jean, « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
Jésus, toutefois, les ramène au message prophétique d'Isaïe. Dieu ne vient pas pour combattre l'homme et le détruire. Mais pour lui apporter la joie et le libérer face à la puissance réelle qui l'asservit. Il vient pour se rapprocher de l'humanité afin que l'humanité se rapproche de Dieu. Cela donne une belle leçon à tous ceux qui occupent un poste d’autorité et à nos dirigeants d’aujourd’hui. C'est un appel à servir et surtout à se faire serviteur des pauvres. Noël ou la venue du Seigneur est une exhortation à réorienter nos perspectives et à accepter comme Jésus de faire la différence, apportant de la joie à ceux qui en ont le plus besoin. La vraie joie n'est pas ce que l'on obtient pour soi, mais plutôt ce que l'on donne aux autres.


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9 DÉCEMBRE 2019: Immaculée Conception de la Vierge Marie —Solennité


DE MARIE À NOUS, UN DÉFI D'ÊTRE SANS PÉCHÉ.

LECTURES: Gn 3, 9-15.20; Ps 97 (98), 1, 2-3ab, 3cd-4; Ep 1, 3-6.11-12; Lc 1, 26-38


Un proverbe Japonais dit : « Une personne irréprochable a sept fautes, une personne fautive en a quarante-huit. »
Partant de cette affirmation Paulinienne, « tous les hommes ont péché, ils sont privés de la gloire de Dieu » (Romains 3,23) prise hors contexte, le dogme Catholique de l’Immaculée Conception souffrirait de toutes les accusations et critiques. Mais, heureusement, plus loin, Paul ajoute, « et lui, gratuitement, les fait devenir justes par sa grâce, en vertu de la rédemption accomplie dans le Christ Jésus. » 
Que professons-nous en fait, au travers de cette célébration ? Une simple réalité, que Dieu, voulant sauver les êtres humains du péché qui les retient en esclavage et loin de lui, a choisi de s’incarner à travers une femme et devenir un de nous. Mais pour que ce mystère de salut se réalise, il a d’avance préservé celle qui deviendrait sa mère de la souillure du péché.
Mais, venant pour libérer l’homme du péché, il ne pouvait pas naître lui-même dans le péché. Par conséquent, il s’est préparé une demeure sans tache, le sein de Marie. Ce que nous proclamons ici, c'est que Marie a été libérée de la corruption du péché dès le premier instant de son existence pour servir au dessein de Dieu. Elle était dans un état de sanctification par la grâce de Dieu dès sa conception.
Voilà donc le dogme que le Pape Bienheureux Pie IX, déclarait dans sa Constitution Apostolique, “Ineffabilis Deus” - Dieu ineffable : « Nous déclarons, nous prononçons et définissons que la doctrine qui enseigne que la Bienheureuse Vierge Marie, dans le premier instant de sa Conception, a été, par une grâce et un privilège spécial du Dieu Tout-Puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, préservée et exempte de toute tache du péché originel, est révélée de Dieu, et par conséquent qu'elle doit être crue fermement et constamment par tous les fidèles. » Et ce Dogme se verra attestée d’un sceau spécial avec l’apparition de la Sainte Vierge à la jeune bergère de Lourde, Bernadette, lui disant, « Je suis l’Immaculée Conception. »   
De Marie à nous, le message de la solennité de l’Immaculée Conception est tout simple : le dévoilement du mystère du salut et l'appel universel à la sainteté. Marie est immaculée de par sa conception. Nous sommes appelés à être immaculés par adoption et par renonciation au péché. L'Immaculée Conception est avant tout un dogme christocentrique et partie intégrante de la sotériologie.
En effet, Marie est déclarée, par l'œuvre de Dieu et du Saint-Esprit, sans péché de par conception. Elle est le symbole, le signe de la victoire de l’humanité sur le péché et sur le serpent ancien. Marie, nous ne le dirons jamais assez, est l'une de nous, une simple créature comme vous et moi. Elle n'est pas divine, ni angélique. Tout ce qu'elle est et tout ce que nous chantons à son sujet sont les fruits de ce que Dieu a fait avec elle et par elle. Dans l’extrait d’aujourd’hui de saint Luc, il est clairement dit qu’elle était privilégiée par Dieu, une favorisée, choisie parmi toutes les femmes pour devenir la Mère de Dieu (Luc 1,30). Marie aurait pu dire non à ce projet divin. Mais parce qu'elle était prédestinée, préparée d'avance par Dieu lui-même, sa réponse à sa volonté fut la plus instantanée : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. »
Imaginons un scénario où Dieu n'aurait pas prédestiné Marie à cela. Comme l’a mentionné saint Luc, Marie était fiancée à un homme nommé Joseph. Elle connaissait aussi très bien la loi judaïque sur le mariage ; et non seulement cela, elle avait aussi son projet personnel de vie. Faisant usage de sa liberté et de la raison ou philosophie humaine, elle aurait pu dire : "Non, je ne peux pas car je suis déjà promise à un homme et la loi ne me permet pas de faire autre chose que d'être sa femme, au prix de ma vie et de l'honneur de ma famille.” Mais rien de tout cela ; sa réponse fut : “Fiat voluntas tua” (Que ta volonté soit faite).
Par le "OUI" de Marie à la volonté de Dieu, ce qui était la désobéissance humaine originelle qui a conduit à la malédiction et ses conséquences (Genèse 3, 16-17) est réparé et payé. L'implication de ce ‘Fiat’ est ce que Paul exprime en deuxième lecture. En Christ, Fils de Marie, Dieu « nous a choisis, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. » Par adoption, nous sommes rendus immaculés, purifiés de tous péchés.
Notre immaculation par adoption se manifeste dans l'obligation de nous efforcer d'éviter le péché. Dieu nous veut saint. C'est pourquoi il a envoyé son Fils naître de Marie. De notre côté, nous devons contribuer à cette sainteté en coupant tout lien avec le mal. Il est évident que nous sommes tous nés pécheurs. Mais nous ne sommes pas condamnés à mourir pécheurs, à moins que nous ne le décidions. L'humanité n'est pas vouée à une triste fin. Dans de nombreux cas, les expériences de la vie le montrent, nous péchons par décision. Le péché est quelque chose qui implique une responsabilité personnelle. Par conséquent, la sainteté devient également un choix de rechercher la volonté de Dieu. Devenir immaculé par adoption est un ‘Fiat’ de l’être humain à la volonté de Dieu et un refus de tomber dans les séductions du monde.
En prenant des cas concrets, personne ne pèche sans consentement. Tous les péchés sont un fait de nos choix. Librement ou sous contrainte, ils impliquent notre responsabilité. Par exemple, quelqu'un qui choisit volontairement de boire et de devenir un ivrogne ; ou le choix de se livrer à la pornographie ou à la prostitution ; on choisit de vivre dans la fornication ou l'adultère ; on choisit de ne pas obéir à ses parents ou de violer les règles, les ordonnances et les normes sociales fondamentales… Tout dépend de ce que je veux faire ou de la tentation dans laquelle je choisis de tomber.
Ayant Christ en nous, nous sommes instamment priés de prendre la bonne décision, de vivre en tant que nouvelles créatures, libérées du péché et irréprochables devant Dieu par adoption. Comme Marie, nous sommes appelés à vivre dans l’inimitié avec le péché et à dire oui à la volonté de Dieu.



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8 DÉCEMBRE 2019: 2ème Dimanche de l'Avent — Année A
L'AVENT, UN TEMPS POUR REVER DE PAIX ET D'HARMONIE.

LECTURES: Is 11, 1-10; Ps 71 (72), 1-2, 7-8, 12-13, 17; Rm 15, 4-9; Mt 3, 1-12


Un proverbe Américain dit : « Les rêves sont des vœux que votre cœur formule. » Un autre proverbe ajoute : « Il ne suffit plus de pleurer la paix. Nous devons agir pour la paix, vivre la paix et vivre en paix. »
La vie chrétienne n'est pas une vie de stérilité. Le but du christianisme est la fécondité. La venue du Seigneur nous rappellera qu'il nous faut être fructueux. Cette fécondité, cependant, ne sera pas possible sans d'abord, la paix, d’où la bougie de la paix que nous allumons aujourd’hui ; et ensuite, et surtout, un exercice sur soi-même, LA REPENTANCE. Il s'agit de se changer soi-même et de laisser la place à la grâce de Dieu d’être à l’œuvre en nous et à travers nous.
En tant qu'êtres humains, nous ressemblons parfois à des arbres plantés dans un sol. Lorsque le sol devient pauvre ou surexploité, la plante ne peut plus être productive à pleine capacité. Pour lui redonner sa productivité, il faut des engrais et du fumier. La repentance est l’engrais spirituel des âmes. Elle nous débarrasse de la stérilité provoquée par le péché, nettoie notre âme et nous ouvre à de nouvelles possibilités.
Nous sommes aujourd'hui, le deuxième Dimanche de l'Avent. La parole de Dieu centre notre méditation sur la deuxième attitude du pèlerinage de l'Avent, la repentance. Le premier Dimanche, nous avons été appelés à rester vigilants et en alerte. Aujourd'hui, nous sommes exhortés à nous repentir, à être en paix avec Dieu, avec nous-mêmes et avec les autres afin de rencontrer celui pour qui nous nous préparons. Nous sommes en fait appelés à changer notre vie, changer notre cœur, changer notre direction. C'est le message que le Baptiste fait retentir dans le désert, en criant : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »
De ce message, nous lisons que la préparation à la venue du Seigneur n'est pas un fait statique et occasionnel fait une fois pour toute. En fait, cela semble clair pour nous aujourd'hui. Bien que le Seigneur soit venu il y a deux mille ans, il vient encore et il vient chaque jour. Par conséquent, il est inlassablement réel et imminent l'appel à la conversion. Parce que l'Avent est un temps d'attente et un temps d'actualisation.
Celui dont nous préparons la venue, dit le prophète Isaïe, en première lecture, viendra pour juger. Mais il jugera différemment de nos normes humaines. « Il ne jugera pas sur l’apparence ; il ne se prononcera pas sur des rumeurs. Il jugera les petits avec justice ; avec droiture, il se prononcera en faveur des humbles du pays. » Le Seigneur vient pour apporter la justice dans un monde où ce mot sonne utopique ou comme un simple rêve. Sa venue apportera aussi l'unité, la paix et l'harmonie parfaite. Il sera investi d'un pouvoir particulier. Car « Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur – qui lui inspirera la crainte du Seigneur. »
Nous vivons dans un monde où règne l'injustice et toute sorte d'inégalités et de discriminations. Les puissants font sentir leur force sur les faibles. Nombreuses sont les barrières qui séparent les gens les uns des autres. Malheureusement, très souvent, nous, disciples du Christ, sommes des sources et des instruments de certaines de ces spirales de divisions. La venue du Seigneur est en vue de restaurer toutes choses et apporter la paix et l'unité. Pour que cette paix et cette harmonie prennent racine et portent des fruits, nous avons tous un rôle à jouer. Notre contribution est dans la nécessité de changer nos habitudes, nos vies et nos cœurs. Tout ce que nous avons posé comme actions qui n'ont pas apporté l'unité, tous ce que nous avons tenu comme propos qui ont abouti à la confusion et à la guerre doivent être abandonnés, oubliés et rangés dans le passé. Nous avons besoin d'un renouveau sincère de vie et de donner la chance à la nouveauté.
En tant que chrétiens, nous sommes mis au défi de favoriser cette nouveauté, en passant du vieil homme à un être nouveau. Le Christ est venu nous sauver tous. Pour que nous puissions entrer dans ce salut, nous avons besoin d'une conversion de nos visions et de nos manières. Nous accueillir les uns les autres, comme le Christ nous a accueillis pour la gloire de Dieu. Nous sommes exhortés, et Paul insistera, à « être d’accord les uns avec les autres selon le Christ Jésus... »
Notre voyage de l'Avent ne pourra nous conduire à la fécondité, que si nous prenons au sérieux le défi du changement et devenons des instruments d'harmonie et de justice. À la fin, de ce temps, le rêve d'Isaïe devrait devenir une réalité dans nos familles, nos communautés, nos sociétés et nos pays ; que « le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays… »
Bien que jusqu'à présent cela semble un rêve platonique, c'est à nous de le rêver ensemble. Parce qu'un rêve ne peut se réaliser que si beaucoup de gens le rêvent ensemble et œuvrent à son accomplissement. Il n'y aura pas de paix dans nos pays et dans le monde si nous ne rêvons pas de paix, si nous ne parlons pas de paix, si nous ne respirons pas la paix et si nous ne travaillons pas pour la paix avec sincérité de cœur.


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1 DÉCEMBRE 2019: 1er Dimanche de l'Avent — Année A
L'Avent, un nouveau départ. 

LECTURES: Is 2, 1-5; Ps 121 (122), 1-2, 3-4ab, 4cd-5, 6-7, 8-9; Rm 13, 11-14a; Mt 24, 37-44

Un proverbe Arabe dit : « L'aube ne vient pas deux fois pour réveiller un homme. » Un autre proverbe ajoute : « Qui reste vigilant, y gagnera. »
Chaque fois que nous entrons dans le Temps de l'Avent, notre méditation se tourne vers l’idée d’un nouveau départ. L'Avent, en fait, est toujours une nouvelle occasion que l'Église nous offre de nous rapprocher davantage de Dieu, de revenir à lui. Avec la célébration de ce dimanche, nous commençons une nouvelle année liturgique, l'Année A. Chaque nouveauté est un défi et aussi une chance. Qui dit nouveauté dit évaluation du passé et engagement vis-à-vis du futur. Nous sommes comme appelés à recommencer notre être avec le Seigneur.
A propos du Temps de l'Avent, les documents de l'Église s'accordent à dire que, c'est avant tout, un temps d'attente. Ainsi, le Catéchisme de l'Église Catholique peut affirmer : « En célébrant chaque année la liturgie de l’Avent, l’Église actualise cette attente du Messie : en communiant à la longue préparation de la première venue du Sauveur, les fidèles renouvellent l’ardent désir de son second Avènement (cf. Ap 22, 17) » CEC. 524. Nous sommes donc en train de revivre la première venue du Seigneur en attendant sa seconde venue dans la gloire. L'Avent en ce sens est une actualisation continue de l'attente de la Parousie.
Entrant dans cette période de grâce qui nous prépare à la Nativité du Seigneur, la liturgie focalise aujourd'hui notre attention sur l'une des principales attitudes de toute attente : la vigilance. Nous sommes invités à faire preuve de vigilance en tant qu'expression de notre conscience de la venue du Seigneur.
En première lecture, le prophète Isaïe parle de l’avènement d'un monde nouveau. La venue du Seigneur sera le signe de ce nouveau monde. Nous sommes plongés ici, au cœur de l'espérance d'Israel. Le peuple de Dieu attendait le Temps Messianique, un temps de restauration, de liberté et de paix. Étant sous l'oppression des rois étrangers, le peuple aspirait à la paix et à la liberté. Isaïe leur en donne une assurance. Le Seigneur rassemblera toutes les nations dans la paix éternelle du royaume de Dieu. Nous avons ici une vision de la nouveauté. Isaïe a rassuré le peuple que l'avenir serait prometteur. Car, « Il arrivera dans les derniers jours que la montagne de la maison du Seigneur se tiendra plus haut que les monts, s’élèvera au-dessus des collines. » Jérusalem retrouvera son ancienne gloire. Elle redeviendra la Cité de la Paix (Uru Shalem). 
La deuxième lecture, cependant, est une exhortation pour nous qui attendons également cette restauration et cette paix. C'est un appel à lire les signes du temps et à sentir la proximité de la restauration. Paul s'adressant aux Romains, le dit clairement : « le salut est plus près de nous maintenant qu’à l’époque où nous sommes devenus croyants. La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. » Sentant la proximité de la venue du Seigneur, nous devrions prendre l'attitude de personnes dans l'attente : Être éveillés. Ainsi, Paul insiste : « vous le savez : c’est le moment, l’heure est déjà venue de sortir de votre sommeil. »
En regardant de près les événements du monde d'aujourd'hui, en observant les événements dans nos sociétés et nos pays, nous devons sentir l’imminence de la venue du Seigneur. Il se passe beaucoup de choses qui ne devraient pas nous laisser endormir. Des catastrophes naturelles aux crises sociales, politiques, religieuses et économiques, tout nous mène à nous ouvrir au discernement, à lire les signes du temps et à être vigilants. Cette vigilance que Paul appelle de toutes ses forces consiste à ce que chacun évalue sa vie, rejette les œuvres des ténèbres, et se revête des armes de la lumière. La vigilance est avant tout un appel à la conversion. Qui dit conversion ou changement, dit défi. Chacun de nous est exhorté à remettre en question sa propre vie et ainsi rendre possible le changement. Par la suite, Paul incite : « Conduisons-nous honnêtement, comme on le fait en plein jour, sans orgies ni beuveries, sans luxure ni débauches, sans rivalité ni jalousie, mais revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ, » et ne faites aucune provision pour les désirs de la chair.
Le Seigneur Jésus, dans l'Évangile, appelle à la même vigilance. Le jour du Fils de l’homme viendra ; mais à l'improviste, quand l’on s'y attend le moins. Par conséquent, notre attitude devrait être celle des personnes de garde, toujours parés à l’inattendu.
J'aime réfléchir sur cette image du gardien. Il est payé pour rester éveiller pendant que les autres dorment. Quand il manque de vigilance, ou n’est pas alerte, nous savons tous les conséquences, la visite des visiteurs indésirables, les voleurs. Il y a des années, lorsque j'étais en mission au Kenya, nous avions des gardiens dans nos communautés. Ainsi, au séminaire où j'étais, nous avions un gardien. Cet homme, cependant, était un bon dormeur. Plus d'une fois, je l'ai surpris endormir. Alors, un jour, j'ai décidé de lui faire sentir à quel point il était risqué pour lui de dormir en ce moment précis de son travail. Je suis sorti une nuit, vers une heure du matin, et comme d'habitude, l'homme était profondément immergé entre les bras de Morphée. Sans mots ni signes, j'ai pris sa lampe de poche et son bâton de veilleur puis je me suis éclipsé. Au petit matin, c'était la grande confusion. Le moment était venu pour lui de rentrer chez lui, mais l'homme ne pouvait pas. Il cherchait voies et moyens pour s’enquérir de ce qui s'était passé la nuit, et où étaient ses outils. Voilà ce que cela coûte de ne pas être vigilant.
En entrant dans cette période de l'Avent, nous sommes exhortés à être comme des sentinelles, attendant la venue du Seigneur. Il est temps de prendre de grandes résolutions pour aller de l'avant afin de rencontrer celui qui doit venir. Prenons conscience de tous les signes dans le monde d'aujourd'hui qui parlent de la venue du Seigneur, et voyons-y une occasion de changer.

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24 NOVEMBRE 2019: Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l'Univers — Année C
Solennité


La Révolution de la Royauté, ou quand le roi meurt par amour pour sauver ses sujets

LECTURES: 2 S 5, 1-3; Ps 121 (122), 1-2, 3-4, 5-6; Col 1, 12-20; Lc 23, 35-43

Un proverbe Wolof dit : « Aimer le roi n'est pas mauvais, mais un roi qui vous aime est meilleur. »
Cela semblera surprenant, mais les premiers chapitres du Nouveau Testament (les Evangiles) faisant référence à la naissance de Jésus le présentaient comme roi (Luc 1,32-33). Les derniers chapitres qui relatent de sa mort parlent également de sa royauté (Jean 19,19). Il est né roi, il est mort roi. C'est ce que nous célébrons aujourd'hui.
Un film de fiction Américain, "The King’s Man" (L’homme du Roi), qui paraîtra bientôt, donne une belle définition du pouvoir et de la noblesse. Il dit : « Le véritable pouvoir ne se trouve pas à courir après la guerre. Mais le vrai pouvoir réside dans la compréhension de qui vous combattez vraiment et de la manière dont ils peuvent être vaincus. »
Nous rêvons tous de royauté, de vie noble, de pouvoir et de position d'autorité ; et pour atteindre ce rêve, nous ferons facilement n'importe quoi, même à tuer d'autres. Le monde a sa propre définition et sa propre compréhension de l'autorité et de la royauté. Le pouvoir ou l’autorité est perçu comme la capacité d’exercer sa volonté sur les autres. En ce sens, l'autorité est considérée comme le droit de commander et de contrôler les autres.
La solennité d’aujourd’hui vient nous enseigner une autre manière d’être roi, la voie de Jésus. En Jésus, nous avons une révolution de la royauté. Le Seigneur nous est présenté comme un roi qui ne condamne et ne tue personne. Mais au lieu de cela, il se donne pour tout le monde.
Nous sommes le dernier Dimanche du Temps Ordinaire de l'Année C. L'Église achève aujourd'hui son Année Liturgique. Et pendant que nous clôturons l’année, il nous est donné de méditer sur un grand mystère ; le mystère de l’amour de Dieu. Cet amour a pris tout son sens et sa plus grande expression sur la croix.
La première lecture du deuxième livre du Prophète Samuel parle de la royauté de David. Elle nous dit comment David a été oint pour diriger le peuple de Dieu. La belle leçon du règne de David concerne l’unité de toutes les tribus d’Israël. À cause de cette unité, la Monarchie Davidique est devenue le symbole de la paix et de la justice. Jusqu'à aujourd'hui, les Juifs se réfèrent à David comme étant le plus grand de tous les rois, ce qui les ouvre à un rêve messianique, un roi qui viendra de la lignée de David et qui apportera une paix réelle et éternelle.
Pour nous chrétiens, ce messianisme, le royaume promis à la descendance de David, trouve son achèvement en Jésus-Christ. Néanmoins, d'une manière différente. Jésus n'a pas été proclamé roi, couronné d'or et assis sur un trône en or. Il n’a pas siégé dans un palais comme nous l’imaginons et voyons avec nos rois d’aujourd’hui. La royauté de Jésus a été révélée sur la croix, couronnée d’épines. C'était une monarchie d'amour, de paix et d'humilité, au-delà des attentes humaines. Le Seigneur est venu libérer l'humanité du péché et la réconcilier avec Dieu. Il n'est pas allé en guerre contre d'autres rois comme le font les rois. En revanche, il a offert la plus belliqueuse et excitante de toutes les guerres. Il s'est battu contre le roi de ce monde, le diable et l'a vaincu.
Comme nous pouvons le lire dans l’Évangile d’aujourd’hui, la victoire du Seigneur est la victoire de l’amour et non de l’arrogance ou de la violence. Parce que, en lui, nous lisons que « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16). Par la mort de Jésus sur la croix, Paul affirme aux Colossiens, que Dieu nous a délivrés du « pouvoir des ténèbres, il nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé : en lui nous avons la rédemption, le pardon des péchés. »
Dans l'évangile de Luc, nous lisons de ce même amour à travers Jésus promettant le paradis au bon larron. En Jésus, nous avons une nouvelle définition de la royauté et de l'autorité. Il s’agit de s’abandonner par amour pour les autres. Parce que, dit-il : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15, 13).
Par le sacrifice du Christ sur la croix, il devint le roi de tous les rois, le roi de l'univers. C'est le roi qui aime et sert, plutôt que d'être aimé et servi.
De par notre baptême, nous partageons tous de la royauté du Christ. Le prêtre ou le diacre nous a marqués avec de l'huile comme signe que nous sommes consacrés à Dieu et oints du Saint Esprit. Cette onction était aussi un signe que vous êtes unis à Christ et participez à sa triple mission de prêtre, prophète et roi. À l'instar de Jésus, nous avons donc une mission : rendre présent le règne de Dieu dans le cœur de tous afin qu’advienne la paix et la justice dans ce monde.
Tout comme Jésus a exercé ses fonctions royales en servant et en aimant, ses disciples que nous sommes, devraient faire de l’amour et du service leur priorité. Cela passe par accepter de souffrir par amour pour les autres. Jésus nous enseigne que la royauté ne concerne pas seulement la noblesse et l'autorité. Il s'agit avant tout d'accepter d'aimer et de mourir par amour.
Cette façon d’être roi, il est certain, s’oppose à celle de notre monde. Les rois d’aujourd’hui vivent en prenant la vie des autres. Nos politiciens et dirigeants, pour assurer la pérennité de leur autorité, sont prêts à tuer tous ceux qui sont contre eux. Voir couler le sang des autres est denrée courante. Mais jamais on n’accepte de faire couler le nôtre pour les autres. Le sang étant le véritable symbole de l’amour, car venant du cœur, cela traduit à quel point nos leaders aujourd’hui manquent d’amour véritable pour leur peuple. Car, qui ne peut accepter de saigner pour toi ne t’aime vraiment pas.
Cette solennité nous enseigne que nous n’aurons véritablement la paix dans le monde et dans nos pays, que lorsque nos dirigeants comprendront que l’autorité signifie l’amour, le service et la volonté de mourir pour le peuple, au lieu de s’entre-tuer, ou de tuer les autres en vue de sauvegarder notre pouvoir et notre position. Jésus est mort de la manière la plus humiliante à cause de son amour. Mais ensuite sa mort est devenue l'accomplissement de toutes les prophéties, « Jésus de Nazareth, Roi des Juifs. »



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17 NOVEMBRE 2019: dimanche, 33ème semaine du Temps Ordinaire — Année C
L'avenir est dans le présent : le « déjà-là et pas encore » du Royaume. 

LECTURES: Ml 3, 19-20a; Ps 97 (98), 5-6, 7-8, 9; 2 Th 3, 7-12; Lc 21, 5-19

Un proverbe Chinois dit : « Tout le passé est mort hier ; l'avenir est né aujourd'hui. »
Le Royaume de Dieu est une réalité à venir. Toutefois, elle se manifeste dans le présent. Les théologiens parlent du « déjà-là et pas encore » du royaume de Dieu. Ce concept de « déjà-là et pas encore » suppose que les croyants participent activement au royaume de Dieu, bien que celle-ci n’atteindra sa pleine expression que dans un temps futur. Nous sommes ‘déjà’ dans le royaume, mais nous ne le voyons pas encore dans sa gloire.
Les chrétiens sont des personnes à double nationalité. Tout en vivant pleinement sur terre, nous avons l'obligation de contribuer à l'édification du Royaume de Dieu. Nous le disons clairement dans la prière du Seigneur : « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » (Mt 6, 10). Notre aspiration au paradis ne nous déconnecte pas pour autant de cette terre, de notre époque.
Il existe un beau manuscrit apologétique, la Lettre à Diognète, qui parle de la relation des chrétiens avec le monde : « Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les coutumes. Car ils n’habitent pas de villes qui leur soient propres, ils n’emploient pas quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n’a rien de singulier… Ils habitent les cités grecques et les cités barbares suivant le destin de chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et le reste de l’existence, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur manière de vivre. Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens, et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie, et toute patrie leur est une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés. Ils prennent place à une table commune, mais qui n’est pas une table ordinaire. Ils sont dans la chair, mais ils ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies, et leur manière de vivre est plus parfaite que les lois… »
La liturgie d’aujourd’hui est une grande exhortation pour nous, chrétiens, à vivre ce temps présent. Nous sommes invités à aspirer à l'avenir, au Royaume de Dieu, tout en étant bien enracinés et pleinement actifs dans l’instant présent.
La première lecture nous conduit à une attente. L’on nous dit que l'avenir est proche, « Voici que vient le jour du Seigneur » où « le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement. » Cette assurance de la venue d'un jour nouveau ne signifie pour autant pas que nous devrions abandonner ce présent. Nous ne pouvons pas construire l'avenir sans le présent.
Saint Paul nous expliquera clairement la nécessité d'être absolument actif dans le présent. Il dit : « si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. Or, nous apprenons que certains d’entre vous mènent une vie déréglée, affairés sans rien faire. À ceux-là, nous adressons dans le Seigneur Jésus Christ cet ordre et cet appel : qu’ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné. » Ce n'est pas parce que nous aspirons au royaume de Dieu que nous allons abandonner par conséquent la terre. La paresse, selon les mots de Paul, est un péché grave. Le royaume de Dieu n'est pas un couronnement de notre oisiveté ici sur terre.
Ces paroles prennent en compte toutes les dimensions de notre vie. Le chrétien ne peut pas se dissocier du destin du pays où il vit. Il est dit que le monde nous est tous confié par Dieu. Par conséquent, en raison de notre foi en Dieu, nous avons un mot à dire lorsqu'il s'agit d'affaires sociales, de politique, d'économie ou de toute autre question concernant la cité. Avant d'être citoyen du ciel, nous sommes également citoyen de la terre. Cette terre est notre atelier ou lieu de travail. Nous devons donc en faire un avant-goût du royaume de Dieu. Le royaume de Dieu devrait d'abord advenir sur terre afin que nous le vivions pleinement au ciel.
Jésus dans l'évangile parle aussi de l'avenir, des jours qui viendront. Néanmoins, le Seigneur avertit ses disciples qui voulaient savoir quand exactement cela arrivera. Il dit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : ‘C’est moi’, ou encore : ‘Le moment est tout proche.’ Ne marchez pas derrière eux ! Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin. »
Bien sûr, la fin viendra. Mais le présent doit être vécu maintenant, "Hic et Nunc" (ici et maintenant). Nous devons persévérer dans cet âge présent, construisant patiemment l'avenir, le paradis. L'éternité n'est possible que pour celui qui vit conséquemment ces réalités passagères. Vous rêvez du paradis, préparez-le en travaillant à la transformation de cette terre. Parce que le Royaume de Dieu commence ici et maintenant. L'espoir futur du ciel est conçu dans l'ici et maintenant et nous en sommes les ambassadeurs. Nous avons tous des responsabilités concernant la Terre et nos patries actuelles. Le destin du monde nous est confié à vous et à moi. Tout ce que nous ferons de ce monde nous traduira ce que sera le royaume de Dieu. Alors une question pour finir, où sera le royaume de Dieu ? Le Règne de Dieu n’est pas pour plus tard, pour un après la mort. Il est dans l’aujourd’hui de tout un chacun.
Enfin, mais non des moindres, un autre élément dont Jésus a parlé de la venue du Seigneur est la montée des faux prophètes et des Messies. Nous sommes aujourd'hui dans le pic du prophétisme et du messianisme. Nombreux sont les soi-disant hommes et femmes de Dieu qui n'ont d'autre évangile que la fin du monde. Certains se font appeler Jésus, d'autres de super puissants hommes de Dieu, d'autres encore, se sont nommés "Fils élus de Dieu" ou "Dieu Saint Esprit". Ils sont si puissants qu'ils peuvent même défier les forces naturelles et opérer tout type de miracles. À propos d'eux, le Seigneur met en garde ses disciples : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer... Ne marchez pas derrière eux ! » La fin viendra sûrement, mais pas comme ils le prêchent.



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10 NOVEMBRE 2019: dimanche, 32ème semaine du Temps Ordinaire — Année C
« Je crois en la résurrection de la chair. »

LECTURES: 2 M 7, 1-2.9-14; Ps 16 (17), 1ab.3ab, 5-6, 8.15; 2 Th 2, 16 – 3, 5; Lc 20, 27-38


Un proverbe Arabe dit : « Un cheval dompté à quarante ans n'est utile que pour le jour de la résurrection. »
« Je crois à la résurrection de la chair » proclament les Catholiques dans le Credo. Un acte de foi qui soulève de nombreuses incompréhensions. C'est en réalité ce qui distingue le christianisme et surtout le Catholicisme de nombreuses autres religions. Par notre croyance en la résurrection, nous professons que mourir avec Christ, c'est vivre.
Le Catéchisme de l'Église Catholique déclare : « Grâce au Christ, la mort chrétienne a un sens positif. "Pour moi, la vie c’est le Christ et mourir un gain" (Ph 1, 21). "C’est là une parole certaine : si nous mourons avec lui, nous vivrons avec lui" (2 Tm 2, 11). La nouveauté essentielle de la mort chrétienne est là : par le Baptême, le chrétien est déjà sacramentellement "mort avec le Christ", pour vivre d’une vie nouvelle ; et si nous mourons dans la grâce du Christ, la mort physique consomme ce "mourir avec le Christ" et achève ainsi notre incorporation à Lui dans son acte rédempteur » CEC. 1010.
Être chrétien, c'est avant tout croire en la résurrection. Nous ne parlons pas seulement de la résurrection du Christ, centre de notre foi, mais aussi de notre propre et future résurrection. La mort n'a plus le sens de la fatalité, elle ne constitue pas non plus une fin. C'est plutôt un pas vers la vie. Ainsi, ces belles paroles de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus : « Je ne meurs pas, je rentre dans la vie. »
La liturgie d’aujourd’hui, alors que nous nous rapprochons de la fin de l’année liturgique, est une proclamation de notre croyance en la résurrection. Dans l'Ancien Testament, le Livre des Maccabées, appelé aussi Livre des Martyrs d'Israël, est connu pour être la plus grande expression de cette conviction. On y lit que la mort de certaines personnes sert un objectif rédempteur plus vaste.
Dans notre extrait de la première lecture d’aujourd’hui du Deuxième Maccabées, nous trouvons relaté l’expérience de sept frères avec leur mère qui ont été arrêtés et torturés à mort pour avoir refusé de céder à l’idolâtrie et de transgresser la loi de Dieu. L’un d’eux dit, « au moment de rendre le dernier soupir : "Tu es un scélérat, toi qui nous arraches à cette vie présente, mais puisque nous mourons par fidélité à ses lois, le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle." » Du dernier, nous lisons ce qui suit : « Mieux vaut mourir par la main des hommes, quand on attend la résurrection promise par Dieu, tandis que toi, tu ne connaîtras pas la résurrection pour la vie. »
Voici une proclamation claire que Dieu, qui tient chacune de nos la vie entre ses mains, n'abandonnera pas ceux qui croient en lui. Il les relèvera à une vie nouvelle, même après leur mort. La résurrection est la part d’héritage des justes et des fidèles à la loi de Dieu.
Notre Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Ayant notre confiance en lui, nous savons que notre vie ne s’achève pas dans la cessation physique de la vie appelée mort. Cela demande une grande foi et du courage pour parvenir à cette affirmation. Ainsi, l'exhortation de Paul aux Thessaloniciens dans la deuxième lecture : « Que le Seigneur conduise vos cœurs dans l’amour de Dieu et l’endurance du Christ. » Jésus dans l'Évangile renforce en nous la foi en la résurrection, par sa réponse aux sadducéens. Le Seigneur dit : « Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Tous, en effet, vivent pour lui. » En fait, Dieu a créé l'homme pour la vie et non pour la mort. Le corps corruptible retournera certainement dans la corruption un jour. Mais ce ne sera pas la fin pour nous. La vie ne finit pas dans la mort.
Ces mots sont difficiles à prononcer, et plus difficiles à croire, lorsque nous perdons un être cher. Devant la mort, nous sentons que notre foi est mise à l'épreuve. La question toujours posée face à la mort est : ‘Pourquoi ?’ Nous semblons demander à Dieu, pourquoi devons-nous subir la mort ? Mais ensuite, après les larmes, nous arrivons à la raison et nous réalisons que cela demande le courage de la foi et la présence de l’Esprit de Dieu pour tenir ferme à ce que nous professons : « Je crois en la résurrection de la chair, et en la vie éternelle… » La vie éternelle, cependant, n'est pas ici sur cette terre. Par conséquent, si l'on veut le paradis, l’on doit d'abord laisser aller le corps mortel. Nous ne pouvons pas aller à Dieu sans mourir. Sans aucun doute, il y a une résurrection des morts et une vie qui n'aura pas de fin. Mais la seule condition pour accéder à cette nouvelle vie est la foi.
Il est cependant regrettable qu’aujourd’hui, beaucoup de gens vivent comme s’il n’y avait rien d’autre après cette vie présente. Nombreux ont érigé leur demeure dans la drogue, le sexe, l'alcool et toutes sortes de plaisir à tout prix. L'abondance et la joie profonde dans le présent, telle est la devise de certaines personnes. Ils disent : « Tout ce que nous avons, c’est le présent, HIC ET NUNC. » Avec cette philosophie, ils ne croient pas en un avenir, ni en l’éternité. Pour eux, il n'y a pas d’éternité. La foi en la résurrection est une correction à la philosophie du HIC ET NUNC. Jésus nous enseigne qu'il y a une éternité pour qui vit en lui. La foi en la résurrection est un motif d'espérance pour nous.


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9 NOVEMBRE 2019: Dédicace de la Basilique du Latran —
Fête


Maison de Dieu.

LECTURES: Ez 47, 1-2.8-9.12; Ps 45 (46), 2-3, 5-6, 8-9a.10a; 1 Co 3, 9c-11.16-17; Jn 2, 13-22


Un proverbe Britannique dit : « Ne brûlez pas votre maison en vue d’effrayer la souris. » Un autre proverbe ajoute : « Une maison qui n'est pas vue par le soleil est très souvent visitée par le médecin. »
« Voici la demeure de Dieu parmi les hommes. Il habitera avec eux et ils seront son peuple, et lui Dieu, sera leur Dieu. » Cette antienne d'ouverture de notre célébration eucharistique donne la vraie signification de ce que nous fêtons aujourd'hui. Nous commémorons avec une grande joie la dédicace de la Basilique du Latran, la Cathédrale du Pape, en tant qu'évêque de Rome. Cette église est aussi appelée "la mère de toutes les églises". Au-delà de l'édifice pierreux et architectural du Latran construit par l'Empereur Constantin dans les années 320, nous célébrons un Dieu qui choisit de s'installer au milieu de son peuple. Dieu se plait de trouver une maison parmi nous et en nous.
Les lectures d’aujourd’hui nous rappellent que, la demeure de Dieu n’est pas seulement faite de pierre. Au contraire, il s’agit plutôt de pierres vivantes. Nous sommes la Maison de Dieu. Nous sommes son Temple Sacré. Le prophète Ézéchiel présente, dans la première lecture, le Temple comme un lieu d'où jaillit la fontaine de la vie, le ‘Vidi Aquam’ (eau de la vie). Ezéchiel dit : « sous le seuil de la Maison, de l’eau jaillissait vers l’orient ... cette eau assainit tout ce qu’elle pénètre, et la vie apparaît en tout lieu où arrive le torrent. »
Pour nous chrétiens, cette prophétie du ‘Vidi Aquam’ trouve son accomplissement dans le Christ Jésus. Il est la véritable fontaine de laquelle coulait le ruisseau qui nous a donné la vie. Sur la croix, alors qu'il s'offrait à Dieu comme rançon pour les pécheurs, il laissa couler de son côté transpercé du sang et de l'eau. Cela a donné vie à chacun de nous. Nous sommes baptisés dans le torrent qui jailli du côté du Christ. Par conséquent, nous sommes incorporés à lui. Par notre baptême, nous faisons partie du corps du Christ. Cet être en Christ a pour conséquence que nous sommes devenus des enfants de Dieu. Dieu habite en nous.
Dans la deuxième lecture, Paul affirme sans relâche : « Vous êtes une maison que Dieu construit… vous êtes un sanctuaire de Dieu. » Nous faisons tous partie du temple de Dieu qui a Christ comme pierre angulaire et fondement. Le Seigneur habitant en nous, cela implique que notre vie exprime sa présence : sans tache, pureté, sainteté. Parce que Dieu, le Très Saint, ne peut pas résider dans un environnement malpropre. Nous avons besoin de purification. Jésus dans l'Évangile apportera cette purification en chassant du Temple les marchands et les commerçants. Le Seigneur déclara avec audace de voix : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. »
Ces paroles sur le fait que nous sommes le temple de Dieu ont de nombreuses implications, non seulement pour nos églises, en tant que bâtiments et structures, mais également pour nous, en tant que corps du Christ. C’est une réalité lamentable que beaucoup d’églises aujourd’hui deviennent plus des lieux de commerce que des lieux de prière. Non seulement que, dans de nombreuses églises, tout a des valeurs commerciales, tout peut être vendu et acheter ou se vente et s’achète, partant des choses spirituelles aux choses humaines ou sociales. Mais plus malheureusement, nous prêchons davantage sur le matérialisme et la mondanité que nous ne le faisons pour la parole de Dieu. Mis à part nos collectes et quêtes qui doivent être réformées, de nombreuses choses dans nos églises sont en vente. Les sacramentaux (eau, huiles, encens, livres…) coûtent la lune et le soleil combinés. Nos prédications portent presque à 75% sur l'argent et la possession matérielle et à 25% sur le spirituel. Certains dirigeants d’Église sont devenus des hommes d’affaires, occupés à leur métier et introuvables dans le commerce de Dieu. Nous prétendons chercher à assurer notre avenir, comme si Dieu ne constituait pas notre sécurité.
A côté de ces choses concernant l'église en tant que structure et communauté dont la liste pourrait être longue, l'autre réalité triste est l'utilisation que nous faisons de nos corps, temples vivants. Le corps humain a perdu sa dignité. Il est devenu un instrument vulgaire. Pédophilie, homosexualité, avortement, abus sexuel, drogue, manipulation médicale, prostitution, etc. Nous semblons ne pas comprendre le sens de ces paroles de Paul : « Ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » Si c’est que Dieu habite dans nos corps, tout ce que nous faisons à notre corps, nous le faisons à Dieu qui y habite. Par conséquent, tout ce que nous faisons au corps des autres, nous l’infligeons également à Dieu. Triste à dire, mais combien de mal nous faisons quotidiennement à Dieu qui habite en nous et en nos frères et sœurs.
La fête d’aujourd’hui sonne comme un défi pour chacun de nous de redécouvrir la dignité du corps humain ainsi que la sainteté de nos églises en tant que ‘Maison de Dieu’. Tout comme nous aimons vivre dans des environnements propres et sereins, gardons aussi saint et serein la demeure de Dieu.


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3 NOVEMBRE 2019 : dimanche, 31ème Semaine du Temps Ordinaire — Année C
Amour sans limites exprimé dans la miséricorde.

LECTURES: Sg 11, 22 – 12, 2; Ps 144 (145), 1-2, 8-9, 10-11, 13cd-14; 2 Th 1, 11 – 2, 2; Lc 19, 1-10.


Un proverbe Marocain dit : « L'âne a des capacités limitées, mais son amour pour la carotte est sans limites. »
La miséricorde du Seigneur ne connaît pas de limite. Elle est ouverte à tous, aux justes tout comme aux pécheurs. Qui fait l’expérience de cet amour miséricordieux ne peut en retour pas le contenir pour lui-même. Il est poussé à le communiquer aux autres. Il m'arrive parfois de réfléchir au sens même du nom de Jésus : « Dieu sauve ». Alors me vient une question sur le salut : Dieu ferait-il une sélection ou une ségrégation en sauvant ?
La liturgie d’aujourd’hui vient apporter une réponse. Dieu ne fait aucune distinction, aucune classification, ni discrimination dans sa mission rédemptrice. Dans le livre de la Genèse, nous lisons qu'il a créé toutes choses bonnes et par amour. Le péché, cependant, par le biais du malin a introduit la corruption dans la belle création de Dieu. Néanmoins, Dieu ne laissera pas ce qu’il a créé sous le pouvoir du mal. Il veut tout sauver, et ce, sans distinction. Sa miséricorde est une offre qu'il fait à tous.
La première lecture indique clairement que Dieu aime toutes ses créatures. Si cela n'était pas le cas, il n'aurait pas tout créé. Et parce qu'il aime tout ce qu'il a créé, l'auteur du Livre de la Sagesse peut affirmer : « tu as pitié de tous les hommes, parce que tu peux tout. Tu fermes les yeux sur leurs péchés, pour qu’ils se convertissent. Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n’as de répulsion envers aucune de tes œuvres… » Rien de la création n’est caché à l’amour de Dieu. Nous sommes tous sujets de cet amour et de cette miséricorde.
L’Évangile montre clairement que personne n’est exclu de l’amour de Dieu. Cette fois, pas par une parabole, mais par une rencontre factuelle, Jésus illustre l’amour de Dieu. Nous lisons dans la scène de Jésus se rendant à la table d'un homme marginalisé, Zachée, la plus grande expression d'un amour miséricordieux et sans bornes.
La façon dont Jésus a vu Zachée, le chef des percepteurs d'impôts, nous apprend beaucoup sur la façon dont Dieu voit chacun de nous. Cela nous indique également comment nous devrions apprendre à voir les autres. Souvent, non seulement que l’aspect physique est un obstacle majeur dans notre approche des personnes, mais nous les enfermons également sous des étiquettes et des décors.
Zachée, l’acteur principal de l’Évangile d’aujourd’hui, est présenté comme une personne d’une petite statue physique. Mais, non seulement physiquement, il était petit, il était marqué d'une blessure spirituelle : pécheur public. Tous les ingrédients étaient bien assortis pour l’empêcher de s’approcher de Jésus et prévenir Jesus de s’approcher de lui. Cependant, Dieu va au-delà du physique, de la petite taille et du spirituel, du pécheur, pour voir au plus profond de lui un chercheur de Dieu. Luc mentionne qu' « Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il ne le pouvait pas à cause de la foule, car il était de petite taille… »
Jésus est venu pour sauver tous et toutes ; surtout ceux qui le cherchent sincèrement, malgré leur faiblesse. Nos péchés ne disent pas qui nous sommes devant Dieu. Dieu ne regarde pas la perversité que les gens voient en vous. Vous pourriez bien être une prostituée, un Don Juan, un ivrogne, un toxicomane ou autre chose. Ce sont des accidents ou des choix que vous avez faits dans la vie. Au-delà de cela, Dieu regarde et voit la bonté qu'il a lui-même mis en vous depuis la création. Certes, le péché a défiguré l’être humain et l’a fait perdre de son humanité, mais il n’a pas effacé en nous l’image de Dieu. Et ainsi, bien que notre physique et notre spirituel puissent nous empêcher de l’approcher, tout comme Zachée, nous avons l’obligation de vaincre ces limites. Comme Zachée, chacun de nous est appelé à chercher un arbre lui donnant une avance sur tous les préjugés et spéculations externes, à monter dessus et à s'attendre à ce que le Seigneur passe. Le Seigneur qui voit le bien en chacun remarquera votre identité intérieure : « Cet homme aussi est un fils d’Abraham… », et vous aimera comme vous êtes. Car la rencontre avec Jésus est une rencontre transformante et restauratrice. Zachée de ce fait fut transformé et restauré.
Parlant de la venue du Seigneur, Paul, dans la deuxième lecture, met en garde contre les faux prédicateurs qui prêchent de fausses nouvelles ; autre que l'évangile de l'amour. Aujourd'hui, beaucoup de pasteurs ont inventé des évangiles effrayants, conduisant à la crainte de Dieu et ne permettant pas à l'homme de voir et de contempler son amour. Dieu ne nous a pas créés pour la damnation. Il veut tous nous sauver. Par conséquent, si quelqu'un vous annonce que, parce que vous êtes pécheur, Dieu ne vous pardonnera jamais et ne vous sauvera pas, souvenez-vous toujours de ces paroles de Jésus aux Pharisiens : « En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » Vous êtes pécheur ! Réjouissez-vous et soyez heureux, car c'est pour vous et moi, pécheurs, que Jésus est venu. Il est "Dieu sauve". Son amour dépasse vos péchés. Il veut seulement que vous le cherchiez avec sincérité de cœur et que vous vous repentiez du mal.

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2 NOVEMBRE 2019 : Commémoration de tous les fidèles défunts


Les vivants doivent prier pour les morts : Un acte de foi en la résurrection.

LECTURE: Sg 3, 1-6.9; Ps 26 (27), 1, 4, 7-9a, 13-14; 1 Co 15, 51-57; Mt 25, 31-46

Un proverbe Bantou dit : « Le mort ne sait pas où se trouve sa tombe. » Il appartient aux vivants d'enterrer et de prier pour les morts.
Le célèbre Négritudien Sénégalais Birago Diop, dans son œuvre "Le Souffle des Ancêtres" écrivait, « Ceux qui sont morts ne sont jamais partis. Ils sont dans l'ombre qui s'éclaire et dans l'ombre qui s'épaissit. Les morts ne sont pas sous la terre. Ils sont dans l'arbre qui frémit, ils sont dans le bois qui gémit, ils sont dans l'eau qui coule, ils sont dans la case, ils sont dans la foule. Les morts ne sont pas morts. »
Pourquoi prions-nous pour les morts ? Loin d’être un acte d’idolâtrie ou un rituel nécromantique, c’est un acte de foi que de prier pour les morts. C'est l'expression de notre foi en la résurrection. Nous prions pour les défunts afin de démystifier la mort. Le Psaume 115, 17-18 chante : « les morts ne louent point Yahvé, ni tous ceux qui descendent au Silence ; mais nous, les vivants, nous bénissons Yahvé dès maintenant et à jamais. » Le Prophète Isaïe en fera l’écho affirmant : « Ce n’est pas le shéol qui te loue, ni la mort qui te célèbre. Ils n’espèrent plus en ta fidélité, ceux qui descendent dans la fosse. Le vivant, le vivant lui seul te loue, comme moi aujourd’hui. »  (Is 38, 18-19)
Voici une grande vérité : ceux qui sont morts ne peuvent plus louer le Seigneur ni faire quoi que ce soit qui puisse contribuer à leur sanctification. Seuls les vivants louent Dieu. Néanmoins, les prières que les vivants élèvent à Dieu peuvent fonctionner et servir de rançon à la justification des morts. Si nos frères et sœurs disparus ne peuvent plus rien faire par eux-mêmes pour plaire et glorifier le Seigneur, nous pouvons, en revanche, faire des offrandes de prières et sacrifices à Dieu pour eux.
Nous célébrons aujourd'hui la commémoration des fidèles défunts. Ce n'est pas une célébration funèbre générale ou grandiose. Nous ne réactualisons pas leur mort, ni ne renouvelons les messes de requiem que nous avons célébrées pour eux, chacun individuellement. Au contraire, nous exprimons en actes ce que nous professons dans notre Credo, notre croyance en la communion des saints, au pardon des péchés, en la résurrection de la chair et en la vie éternelle.
À travers cette commémoration, l'Église Militante (nous) élève des prières et des supplications pour l'Église Souffrante (les morts, les âmes du purgatoire), par l'intercession de l'Église Triomphante (les saints). Hier, nous avons célébré la Toussaint, le triomphe de nos frères et sœurs, précurseurs de la foi, qui sont parvenus à la gloire de Dieu. C’était un appel à chacun de nous de considérer la sainteté comme notre destin, le but principal de notre vie. Aujourd’hui, les projecteurs sont tournés vers nos bien-aimés frères et sœurs qui, bien qu’ils se soient éloignés de ce monde, croyons-nous, sont toujours en chemin vers le royaume de Dieu, un chemin de purification.
Dieu est le Très Saint et la source de toute sainteté. Par conséquent, aucun être mortel ne peut l’approcher sans avoir au préalable été nettoyé du mal et de toutes tâches du péché. Nous savons que nos frères et sœurs défunts n'étaient pas à l'abri du péché. Du fait de leur mort, ils ne peuvent plus eux-mêmes implorer la miséricorde de Dieu.
Les lectures, aujourd'hui, mettent un accent très particulier sur ce que doit être notre compréhension chrétienne de la mort. Nous lisons que la mort n'est pas une fin en soi. Au contraire, cela fait partie de notre pèlerinage. La vie elle-même est un voyage. Nous sommes venus de Dieu. Nous retournerons un jour à Dieu. Par conséquent, à travers cette liturgie, nous sommes mis au défi de corriger notre vision et notre compréhension de la mort. La mort est présentée comme une lumière qui nous interpelle afin que nos décisions soient toujours sages et justes, nous incitant à incarner les remarquables enseignements de Jésus dans les Béatitudes.
En fait, quand nous pensons à la réalité de la mort, que nous aussi mourrons un jour, nous réalisons combien il est important et nécessaire de vivre humble, juste, doux, miséricordieux, généreux, ouvert aux autres et en artisan de paix.
Dans la première lecture, le Sage enseigne à quel point il est bon d'être juste. Il ravive également notre foi en la résurrection et nous exhorte à maintenir notre espérance en Dieu. Il affirme que Dieu prend bien soin des justes. Car « les âmes des justes sont dans la main de Dieu ; aucun tourment n’a de prise sur eux. » Au finish, « qui met en lui sa foi comprendra la vérité ; ceux qui sont fidèles resteront, dans l’amour, près de lui. Pour ses amis, grâce et miséricorde : il visitera ses élus. »
En deuxième lecture, Paul poussera plus loin cet enseignement sur l'espérance future. Nous lisons de lui que : « à la fin, la trompette retentira. Car elle retentira, et les morts ressusciteront, impérissables, et nous, nous serons transformés. » Parce que justifié en Christ, nous ne sommes pas mystifiés par les souffrances ou les événements du présent, encore moins par la mort.  Car « la mort a été engloutie dans la victoire. » Mieux, nous nous réjouissons de voir à travers tous les évènements la manifestation de la présence miséricordieuse et de l’amour de Dieu.
Puis, l'Evangile aura un message plus grand de réconfort et de joie. Jésus présente à ses disciples ce que sera le jugement dernier et sur quel principe serons-nous jugés : l’amour donné ou l’amour refusé aux autres. En Christ, nous sommes assurés de vivre en Dieu si nous nous ouvrons à l’amour du prochain.
Dieu nous a créés pour la vie, et la mort ne sera pas un obstacle à cette vie. En tant que membres de l'Eglise Militante, il est de notre devoir, par la foi, de prier pour nos frères et sœurs disparus au moment où ceux-ci passent par ce temps de purification. Bien que nous ne les voyions plus physiquement, nous les croyons près de nous et ayant besoin de nos prières. Un jour, quand ils atteindront enfin la destination finale, la gloire de Dieu, ils intercéderont en retour pour nous qui, en ce moment-là, seront où ils sont aujourd'hui, en route vers la même patrie. Et pour finir, sur une note d’humour à l’Ivoirienne, prions vivant ! Car demain nous ne pourrions plus le faire. Ce sera à d’autre de le faire pour nous.


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1 NOVEMBRE 2019: Tous les Saints —
Solennité

Le défi de la sainteté.

LECTURES: Ap 7, 2-4.9-14; Ps 23 (24), 1-2, 3-4ab, 5-6; 1 Jn 3, 1-3; Mt 5, 1-12a


Un proverbe Américain dit : « C'est un défi pour un homme que d'aller aussi loin que possible sur la bonne voie. »
La vie est faite de défis. La vie chrétienne, davantage, est un défi à la sainteté. Dieu nous a créés « très bons » (Gn 1,31) et nous sommes appelés à la perfection. Notre vocation, la finalité de notre existence est d'être dans la gloire de Dieu, c'est-à-dire de vivre et d'être avec Dieu. Saint Augustin pourrait donc affirmer dans ses Confessions : « Tu nous as fait pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu'il ne demeure en toi. » Nous sommes effectivement créés pour être en Dieu.
Le Catéchisme de l'Église Catholique, dans son article de 2013, stipule que « L’appel à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité s’adresse à tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur rang et leur état" (LG 40). Tous sont appelés à la sainteté : "Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait" (Mt 5, 48). » Ensuite, il continue en montrant le chemin pour atteindre cette perfection. Il dit : « Les fidèles doivent appliquer les forces qu’ils ont reçues selon la mesure du don du Christ, à obtenir cette perfection, afin qu’... accomplissant en tout la volonté du Père, ils soient avec toute leur âme voués à la gloire de Dieu et au service du prochain. Ainsi la sainteté du peuple de Dieu s’épanouit en fruits abondants, comme en témoigne avec éclat l’histoire de l’Église par la vie de tant de saints (LG 40). »
Nous célébrons aujourd'hui, avec une grande solennité, la Toussaint. Ce que nous célébrons n’est pas simplement le mérite de certaines personnes qui ont atteint la sainteté grâce à un mode de vie spécifique. C'est plutôt le défi qui nous est lancé d'être saint. Loin d’être un mémorial ou une réminiscence de la vie des saints, cette solennité nous place dans le présent et nous renouvelle l’obligation d’être saints : "Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait." C’est en fait la fête de l’appel universel à la sainteté dans le monde d'aujourd'hui, comme l'a affirmé le Pape François dans son Exhortation Apostolique ‘Gaudete et Exsultate’. Le Seigneur « veut que nous soyons saints et il n’attend pas de nous que nous nous contentions d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance. » GE. 1
Tandis qu'en première lecture, Jean nous présente, à travers une vision apocalyptique, l'image d'une grande multitude de personnes que nul ne peut compter, de chaque nation, race, peuple et langue ; en deuxième lecture, le même Apôtre Jean nous dit que nous aussi, « Nous verrons Dieu tel qu’il est ». Mais comment nous sera-t-il possible de voir Dieu ? La réponse peut être trouvée dans l'Evangile : en vivant sur le chemin des Béatitudes.
Les Béatitudes constituent en réalité la feuille de route vers la sainteté. Nous apprenons d'elles que la sainteté ne consiste pas en de grandes choses inaccessibles, mais en quelques petits actes. Elles enseignent surtout comment être sur le bon chemin dans un monde en perte de direction. Plus que de simples principes de vie, les Béatitudes nous enseignent le chemin de Dieu et le chemin vers Dieu ; comment Dieu voit et entend notre vie. Elles nous fournissent également une définition nouvelle et plus authentique du bonheur et de la bénédiction. Et finalement, on pourrait dire que les Béatitudes sont un contre-courant de la philosophie du monde.
Dans le sermon sur la montagne, le Seigneur nous dit que pour être saint aujourd'hui, il suffit d'être pauvres de cœur, de pleurer, d'être doux, avoir faim et soif de justice, d'être miséricordieux, d'être pur de cœur, d’être artisan de paix, d'accepter d’être persécuté pour la justice et accepter toutes sortes d'insultes en son nom. Cela, en fait, s'oppose à la voie du monde. Parce que le monde nous enseigne que le bonheur et la bénédiction résident dans la possession matérielle et l’accumulation. Au lieu de cela, Jésus enseigne à ses disciples que le véritable bonheur réside dans la possession de Dieu seul. Alors que la voie du monde nous ouvre à l'individualisme et à l'égocentrisme, la voie de Jésus, les Béatitudes, mène à la centralité des autres. Avec Jésus, nous apprenons à faire des autres le centre de notre vie, nous sentant plus préoccupés par leur cause que par la nôtre.
La sainteté est une opportunité offerte à vous et à moi aujourd'hui de contester et de changer notre façon de voir la vie et de voir les autres. L’exemple de certains précurseurs de la course à la sainteté peut toujours nous inspirer et nous encourager. À travers leur vie, nous apprenons clairement que la sainteté n'est pas une prédestination. Ce n’est pas que certaines personnes naissent avec un ADN dans lequel il est inscrit ‘va être saint’. Le saint est le voisin « de la porte d’à côté », c’est un autre moi avec un autre nom. La question est de savoir comment, comme lui ou eux, nous pourrions devenir ce qu’ils sont aujourd’hui. En prenant l'exemple de saints comme François d'Assise, Padre Pio, Josemaría Escrivá de Balaguer y Albás, Luigi Orione, Thérèse de l'Enfant Jésus, Mère Thérèse de Calcutta ou Jean Paul II…, nous pourrions nous demander ce qu'ils ont fait afin de devenir saints ? À quel point leur vie était-elle spéciale ? Et que devrons-nous faire pour être comme eux ?
En fait, la vie de ces saints montre qu'ils n'ont rien fait d'autre que d'être des êtres humains et pleinement humains. Parce que la sainteté est pour les humains. Ayant les pieds et les mains sur terre et le cœur tourné vers Dieu, ils ont senti le besoin des gens et avec le peu qu'ils avaient, ils ont essayé de répondre à ces besoins. Certains d'entre eux n'avaient rien que leur vie à donner et ils l’ont sacrifié pour servir et aimer le prochain.
Pour être saint, cela ne demande pas de grands miracles. Mais plutôt vivre d'une manière extraordinaire l'ordinaire de notre vie. En ce sens, les suggestions des Béatitudes resonneront toujours dans nos cœurs : humilité, simplicité, ouverture aux autres, patience, courage… Être saint aujourd’hui, c’est cultiver une disposition habituelle et ferme à faire le bien, coûte que coûte.



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27 OCTOBRE 2019: 30ème dimanche du Temps Ordinaire — Année C

L'humilité confiante : La prière qui plaît au Seigneur.

LECTURES: Si 35, 15b-17.20-22a; Ps 33 (34), 2-3, 16.18, 19.23; 2 Tm 4, 6-8.16-18; Lc 18, 9-14


Un proverbe Igbo dit : « La voix qui emprunte est plus humble que la voix qui demande un paiement. » Dans la prière, nous sommes comme des gens qui viennent emprunter les grâces et le pardon de Dieu. Nous devrions donc faire preuve de grande humilité.
L'humilité est en réalité une vertu très rare. En chacun de nous, il existe une sorte de fierté ou d’arrogance qui nous pousse à nous manifester de toutes les manières possibles. Nous faisons tout pour être vus. Nous aimerons que les autres remarquent notre présence. Nous craignons de ne pas être reconnu. Ce que nous oublions, c’est que nous sommes faits d’‘humus’, c’est-à-dire de rien et que nous retournerons à cet ‘humus’. Ainsi, dans notre relation avec Dieu, il y a un besoin urgent d'humilité. Car, dit le Seigneur, « quiconque s’élève sera abaissé ; et qui s’abaisse sera élevé. » (Luc 14,11).
L'humilité est la clé et le secret de la plus belle prière. À ceux qui savent être humbles, le Seigneur lui-même les guide « dans ce qui est juste et leur enseigne son chemin » (Psaume 25, 9). Parce que l'humilité est la voie de Dieu et la voie vers Dieu.
La semaine dernière, nous avons été invités à prier sans cesse, à faire preuve de saint entêtement dans notre relation avec Dieu. Cette résilience, cependant, ne va pas sans un grain d'humilité. Plusieurs fois, beaucoup de gens expriment une sorte d'arrogance et tellement de superbe dans leur prière. Certains pensent être si justes que, lorsqu'ils prient, ils ne font qu'une liste de leurs réalisations. Remplis du poison de l’auto-justice, nous oublions parfois que nous nous adressons à celui qui sait et voit tout, avant même que nous ne venions les lui présenter.
La liturgie d’aujourd’hui nous rappelle que nous devons être humbles, encore plus dans nos prières. En réalité, Dieu n'a pas besoin d'une litanie de ce que nous pouvons faire ou de ce que nous faisons, mais plutôt de la sincérité de cœur pour reconnaître notre néant et notre besoin intérieur de sa miséricorde.
Parlant de prière de pétition, le Catéchisme de l'Église Catholique affirme : « La demande du pardon est le premier mouvement de la prière de demande (cf. le publicain : "aie pitié du pécheur que je suis" : Lc 18, 13). Elle est le préalable d’une prière juste et pure. L’humilité confiante nous remet dans la lumière de la communion avec le Père et son Fils Jésus Christ, et les uns avec les autres (cf. 1 Jn 1, 7 – 2, 2) : alors "quoi que nous Lui demandions, nous le recevrons de Lui" (1 Jn 3, 22). La demande du pardon est le préalable de la liturgie eucharistique, comme de la prière personnelle. » (CEC. 2631)
La parole de Dieu, aujourd'hui, nous enseigne sur la prière qui plaît au Seigneur. Sira affirme en première lecture : « La prière du pauvre traverse les nuées... » La prière des humbles ne va pas sans être entendue. Comme Sira l'a dit en commençant, Dieu ne fait pas de favoritisme en écoutant et en répondant à nos pétitions. Néanmoins, lorsque nous venons à lui, remplis de nous-mêmes, il ne trouve pas d’espace en nous où ajouter ses grâces. En allant au Seigneur, nous sommes comme des gobelets ouverts vers lui. C'est seulement dans un récipient vide que l'on peut mettre quelque chose. Dieu n'est pas sourd à nos cris, ni aveugle à nos actes. La seule chose qu'il attend de nous est « un cœur brisé et broyé. » (Psaume 50,19).
L'Évangile nous donne deux exemples de personnes en prière : la prière de ceux qui se croient justes, la prière pharisaïque ou la marmaille spirituelle et la prière des humbles, celle du publicain. La parabole conclut que bien que les deux hommes aient prié le Seigneur, un seul a été entendu, l’humble, qui à peine leva les yeux et la voix vers le Seigneur. Voici une leçon pour nous sur notre façon de nous approcher du Seigneur. Chacun pourrait faire son examen personnel en se demandant : "Comment est-ce que je prie ?"
Malheureusement, plus que souvent, nous ressemblons à ce pharisien égocentrique. Nous présentons à Dieu des litanies et des litanies de nos réalisations et nous appelons cela prier. Nos prières sont composées de milliers et de milliers de paroles, ne laissant aucune place à Dieu de dire ne serait-ce un mot et à nous de l'écouter.
Sans vouloir faire de critique, je me sens souvent en difficulté à suivre la prière des groupes charismatiques. J'aime leur temps de louanges et d'enseignements. Mais quand il s’agit de la prière d’invocations ou d’intercessions, je me sens perdu. Je ne sais pas quoi dire et je me demande comment Dieu pourrait-il entendre et distinguer les besoins de chacun ? Il y a une sorte de prière que nous devrions valoriser et cultiver davantage, la prière silencieuse et méditative. Parce que, à travers les quelques mots que nous disons dans notre silence, nous en disons le plus à propos de nous et nous entrons dans la véritable intimité avec Dieu. À travers notre silence, Dieu nous lit comme des livres ouverts, où rien ne lui est caché. Dans le silence, nos cœurs crient comme le publicain, implorant la miséricorde de Dieu, rampant et pleurant nos inconsistances.
Paul dans la deuxième lecture, ne manquera pas de nous dire qu’une couronne de justice attend ceux qui sont justes et fidèles au Seigneur, c'est-à-dire les humbles. Par conséquent, en toute humilité, efforçons-nous de remporter cette couronne. Puissions-nous ne jamais oublier que nous ne sommes pas justifiés devant Dieu par notre autojustification, mais plutôt par l’humilité.


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20 OCTOBRE 2019: 29ème dimanche du Temps Ordinaire — Année C

La résilience dans la prière : le saint entêtement


Un proverbe Allemand dit : « La plupart des gens aiment les prières courtes et les saucisses longues. » Un autre proverbe ajoute : « La prière frappe jusqu'à ce que la porte s'ouvre. »
Qu’est-ce que la prière ? Voici une belle question à laquelle chacun devrait essayer de répondre en entrant dans ce 29e dimanche du temps ordinaire de l'année C. La définition de base de la prière est "parler à Dieu". Ce n'est pas une simple méditation ou une réflexion passive ; mais une adresse directe et une communication active avec Dieu.
J'ai lu une fois un article où l'auteur essayait de décrire la prière. Il dit : « La prière est la pratique de la présence de Dieu. C'est l'endroit où l'orgueil est abandonné, l'espérance élevée et la supplication faite. La prière est le lieu où nous admettons notre besoin, adoptons l'humilité et clamons notre dépendance de Dieu. »
De cette définition, quelque chose de très beau à garder est que, la prière nous ouvre à une relation, notre relation avec Dieu. C'est l'expression de notre dépendance et une école d'humilité. En outre, la meilleure prière est un acte d’entêtement doublé de résilience. Prier, c'est épuiser Dieu. Parce que nous dépendons de lui, nous le perturbons sans cesse jusqu'à ce que nous obtenions ce dont nous avons besoin. Il s'agit de cohérence, d'insistance et de persistance. Cela n’a jamais été, et il ne sera jamais facile pour quelqu'un de rester ferme dans la foi sans la prière. Il y a des moments dans la vie où l'on a envie d'abandonner. Lorsque nous sommes confrontés à des difficultés, nous nous sentons fatigués de tenir ferme notre foi et notre prière. Toutefois, c’est précisément dans ces moments que notre prière a besoin de plus de cohérence et de ferveur.
La liturgie d’aujourd’hui, la première lecture et l’Évangile ont trait à la fermeté ou à l’obstination dans notre relation avec Dieu. Nous avons deux exemples de personnes en prière. Le premier concerne Moïse priant pour le peuple d'Israël en guerre contre les Amalécites et le second, une pauvre veuve dans sa relation avec un certain juge véreux.
De ces deux histoires, nous apprenons qu'une prière authentique appelle à la persévérance et à la patience, sans jamais baisser les bras. En première lecture, par exemple, alors que Josué et les fils d'Israël étaient en guerre contre les Amalécites, Moïse était en prière d'intercession. L’auteur rapporte que « quand Moïse tenait la main levée, » dans une attitude de prière, « Israël était le plus fort. Quand il la laissait retomber, Amalec était le plus fort. » Moïse devenant épuisé, Aaron et Hour sont venus pour le soutenir. La leçon à tirer ici est que, quand on prie, l’on doit toujours montrer un signe de détermination et ne pas se lasser. Ce n’est que par cette attitude que nous pourrons atteindre notre objectif, c’est-à-dire obtenir ce que nous espérons. Ceci est clairement prouvé par la sainte obstination de la veuve dans la parabole de Jésus dans l’Évangile. Cela demande une grande foi afin de pouvoir continuer à prier pour quelque chose sans cesser ou se décourager que le résultat tarde. Mais à la fin, celui qui sait persister dans la prière gagne la faveur de Dieu. Toutes ces expériences montrent qu'un peu d'entêtement n'est pas nécessairement une mauvaise chose lorsqu'il s'agit d'établir une relation cohérente avec Dieu.
Nous avons l'habitude d'entendre que la prière fait des miracles. C'est vrai. Néanmoins, la prière qui rend possible le miracle n'est pas la prière d'un instant. Celui des personnes qui viennent à l'église et connaissent Dieu uniquement en cas de problème. Les miracles sont le fruit de prières insistantes, persistantes et continuelles. Ne venez pas à l’église seulement lorsque vous êtes dans le besoin et vous attendre à ce que Dieu s’incline devant vos besoins. Vous ne pouvez pas tromper Dieu. Ce dont il a plutôt besoin, c’est notre sérieux et notre cohérence dans la relation avec lui.
Afin que nous puissions rester forts et persévérants dans nos prières, nous devrions nous appliquer les conseils de Paul à Timothée, la proximité à la parole de Dieu. Nous devons nous enraciner dans les Écritures et y trouver une école de prière et un compagnon de vie. La parole de Dieu nous enseigne toujours quoi faire dans n'importe quelle circonstance ou situation de la vie. Comme le dit Paul, « Toute l’Écriture est inspirée par Dieu ; elle est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice ; grâce à elle, l’homme de Dieu sera accompli, équipé pour faire toute sorte de bien. »
Il est regrettable que beaucoup de ceux qui revendiquent leur appartenance au Christ aujourd’hui ne connaissent que très peu la parole de Dieu. Beaucoup de chrétiens lisent rarement les Ecritures. Certains n'ont même pas de Bible personnelle. Nous avons suffisamment de temps à consacrer à Facebook, à regarder des heures et des heures de Netflix, à jouer à des jeux vidéo même une journée entière. Mais quand il s'agit de prier, après quelques minutes, nous nous sentons fatigués et somnolents. La lecture de la Bible semble être un bon somnifère pour certaines personnes.
Aujourd’hui, il nous est demandé de bâtir une véritable intimité avec la parole de Dieu. Ceci faisant, peu importe la situation à laquelle nous serons confrontés, nous nous rendrons compte que nous avons une aide. Ainsi, comme dit le psalmiste, « le secours me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre. » Par conséquent, nous ne sommes jamais découragés par aucune situation. Peu importe le problème, nous restons fermes dans la prière.
La vie nous enseigne en réalité que les perdants, ceux qui se découragent facilement et qui abandonnent sont ceux qui ne sont pas bien enracinés dans leur vie spirituelle. Quand l’un sait qui est son Dieu, il ne boit plus à n’importe quelle source, encore moins aux eaux souillées, simplement parce qu'il cherche à se désaltérer. Il trouve toujours ce dont il a besoin dans la parole de Dieu, dans les Saintes Écritures. La prière et la méditation des Écritures sont la source de vie du chrétien. Par conséquent, un chrétien qui ne prie pas est un mort-vivant.


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13 OCTOBRE 2019 : 28ème dimanche du Temps Ordinaire — Année C

Le péché de l'ingratitude, la pire des lèpres.

LECTURES: 2 R 5, 14-17; Ps 97 (98), 1, 2-3ab,3cd-4; 2 Tm 2, 8-13; Lc 17, 11-19


Un proverbe Amérindien Minquas dit : « Si vous ne trouvez aucune raison de dire merci, la faute vous incombe à vous-même. » Un autre proverbe ajoute : « Merci est un mot que l’on ne peut garder dans sa poche. »
Dans la vie, il y a toujours une raison suffisante d'être reconnaissant. Ainsi, Paul peut exhorter : « Rendez grâce à Dieu en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus » ((1 Th 5, 18). L’action de grâce, de loin, est la plus grande forme de prière que nous puissions élever vers Dieu. C’est un acte de foi que de dire merci et cela ouvre à recevoir toujours plus de bénédictions de Dieu. Celui qui sait être reconnaissant, même dans les petits choses, reçoit toujours davantage. Et dans ce sens, la gratitude devient un acte ou une expression d’appartenance à Dieu.
Nous vivons dans un monde où les gens ont tendance à tout prendre pour acquis. Peu importe le sacrifice que vous faites pour certaines personnes, soit elles n’y attachent aucune importance, soit elles prennent simplement les fruits de vos efforts et passent à autre chose sans rien dire. Les gens trouvent normal de vous voir vous donner autant que vous le pouvez pour eux. C'est de votre devoir et pour eux un droit de le recevoir. Par conséquent, nous exprimons rarement des sentiments de gratitude et remercions rarement ceux qui se sacrifient pour nous.
La liturgie d’aujourd’hui, à travers l’attitude de deux lépreux guéris miraculeusement, nous enseigne sur la valeur de la gratitude. Dans la première lecture, nous avons entendu parler de Naaman, un Syrien guéri par Élisée. Outre les détails et les circonstances de la guérison miraculeuse de cet Officiel Syrien, ce qui attire davantage notre attention est ce que Naaman fera après. Nous lisons qu'après avoir suivi les instructions de l'homme de Dieu de plonger sept fois dans le Jourdain, « sa chair redevint semblable à celle d’un petit enfant : il était purifié !» Il aurait pu se frayer un chemin et retourner dans sa Syrie d’origine. Mais au lieu de cela, Naaman est retourné vers Élisée, riche en offrandes pour rendre grâce à Dieu et à son prophète. La gratitude prend ici le sens de retourner au Seigneur. Et Naaman est vraiment retourné vers le Seigneur, en promettant de devenir un adorateur du Dieu d'Israël : « je ne veux plus offrir ni holocauste ni sacrifice à d’autres dieux qu’au Seigneur Dieu d’Israël. »
L'Evangile ira dans le même sens de l'action de grâce. Nous avons ici, un autre scénario de guérison de lépreux, dix cette fois-ci. Comme le rapporte saint Luc, dix lépreux ont approché Jésus en plaidant et en priant : « Jésus, maître, prends pitié de nous. » Le Seigneur entendit leurs prières et leur dit quoi faire. Sur leur chemin, ils ont tous été guéris. Mais subséquemment, un seul est revenu pour louer et remercier le Seigneur. Jésus ne manquera pas de le faire remarquer : « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ? Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » Et à celui-ci, sa gratitude ajouta à sa guérison physique une guérison intérieure. « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »
Cette situation regrettable est ce qui est donné à voir, même aujourd'hui. Nombreux sont ceux qui viennent à l'église demander des grâces spéciales et des signes au Seigneur. Nous connaissons tous le chemin des sanctuaires et des lieux de prières lorsque nous sommes dans le besoin. Mais une fois nos problèmes résolus, nous ne passons plus la porte de l'église. Nous attendons un autre moment difficile avant d’y revenir. Nous sommes tous comme des lépreux souffrant de la lèpre du péché. Ainsi, nous crions au Seigneur : « Jésus, maître, prends pitié de nous. » Mais une fois que nos pétitions ont été entendues, remplies de la joie du pardon de Dieu, nous ne retournons pas vers lui pour le remercier.
C’est triste, mais beaucoup d’entre nous ne connaissons le Seigneur que dans les moments difficiles. Nous oublions que la plus grande forme de prière qui plaise davantage à Dieu est celle d'un cœur reconnaissant. Et parmi toutes les prières d'action de grâce, l’Église nous enseigne que la Sainte Eucharistie est la plus grande. Le mot « Eucharistie » lui-même signifie « action de grâce ». Faisons donc de notre célébration eucharistique notre façon de retourner au Seigneur et lui exprimer notre gratitude pour toutes les bénédictions qu’il déverse sans cesse dans nos vies ; sachant que c’est encore nous-mêmes qui bénéficieront de cet acte de gratitude. Car, dit la Préface Commune IV, Dieu « n’a pas besoin de notre louange, et pourtant c'est lui qui nous inspire à lui rendre grâce : nos chants n'ajoutent rien à ce qu’il est, mais ils nous rapprochent de lui » et profitent à notre salut.
Efforçons-nous donc de ne jamais être ingrats, surtout quand il s’agit de notre relation avec Dieu et avec nos semblables. Gardez à l’esprit ce proverbe Twi, « L’ingratitude est tôt ou tard fatale à son auteur. » En étant ingrat pour tout ce que Dieu fait pour nous, nous agissons comme rejetant le sacrifice du Seigneur sur la Croix. Et Paul avertit : « Si nous le rejetons, lui aussi nous rejettera », ce qui nous sera fatal. Car le manque de gratitude et de foi est une fatalité pire que la lèpre.


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Le chapelet, une arme indispensable pour la mission.

LUNDI, 7 Octobre 2019: Notre-Dame du Rosaire - Mémoire 

Un proverbe Bambara dit : « Une longue barbe et un chapelet ne feront pas de vous un prêtre. » Mais prier avec dévotion le chapelet vous rapproche de Dieu et aide à vaincre le mal.
La nôtre est une période de batailles. Non seulement notre monde est ouvert à de nombreuses batailles physiques, sociales, politiques, économiques et intellectuelles ou théologiques. Mais surtout, nous sommes tous confrontés à des combats spirituels. Pour ces combats spirituels, nous ne pouvons utiliser que des armes spirituelles. On ne peut pas utiliser de bombe atomique ou à gravité thermonucléaire dans la lutte contre le diable. Cela n’aura aucun effet sur lui. Le diable est le pire de tous les terroristes auquel l’humanité n’ait jamais été confrontée. Et seule une arme spirituelle peut aider à le vaincre. Pour nous, une des armes simples mais très efficaces est le Saint Rosaire. Ainsi, saint Padre Pio de Pietrelcina affirmait : « Le chapelet est l'arme de ces temps. »
Le Saint Rosaire, ou Corona de Rosa, occupe une place particulière dans la vie de prière de chaque catholique. C'est la prière non liturgique la plus populaire dans le Rite Latin. Même ceux qui n'ont jamais possédé de Bible personnelle, ou qui n’ont parcouru les 150 psaumes, ont au moins une fois, sinon continuellement et dévotionnellement, tenu leur couronne de roses (Rosaire) et savent comment la prier et comment elle fonctionne dans leur relation avec Dieu.
Nous célébrons aujourd’hui, 7 octobre, le mémorial de « Notre Dame du Rosaire ». Avant tout sens biblique et spirituel, cette fête a un fond historique profond qui en donne la dignité. L’on raconte que « le Pape Pie V a établi cette fête en action de grâce pour la cruciale victoire de l'Europe chrétienne sur les Turcs lors de la bataille navale de Lepanto en 1571. Il est dit que les soldats avaient demandé l'aide de Marie à travers le Rosaire. Aujourd’hui, alors que nous honorons Notre-Dame du Rosaire, nous prions qu’en contemplant les mystères de notre salut, tous les peuples puissent être réunis au sein d’une même famille et que nous devenions des instruments de paix, où que nous soyons. » Le contexte historique de l'institution de la fête d'aujourd'hui fait du Saint Rosaire une "arme spirituelle" dans notre combat contre le diable et les forces du mal.
Beaucoup de gens, principalement les éternels détracteurs des chrétiens catholiques, voient dans la dévotion mariale une simple idolâtrie et le Saint Rosaire un simulacre de prière ou un pur talisman. Ils accusent les catholiques d'avoir élevé Marie sur un piédestal divin. Loin d'être une divinisation ou une exaltation de Marie, notre dévotion Mariale est l'expression d’un amour filial et le Saint Rosaire est une méditation, à travers Marie, des mystères de la vie de Jésus, Fils de Dieu né de Marie. Ainsi, du premier mystère Joyeux au dernier mystère Glorieux, en passant par les mystères Lumineux et Douloureux, tout concerne Jésus, tous les événements marquants de sa vie. Marie, dans cette méditation, est notre compagnonne de prière, comme elle était la compagnonne des apôtres rassemblés au Cénacle (Actes 1, 12-14). Elle se présente comme quelqu’un qui a été témoin de ces événements de la vie de son Fils et peut nous raconter leurs joies, leurs lumières, leurs douleurs et leurs gloires. Marie n'est pas le point central de notre méditation. Elle ne fait que nous amener à voir et à aimer plus son divin Fils.
À ce sujet, le Pape Jean-Paul II, dans sa Lettre Apostolique, ROSARIUM VIRGINIS MARIAE, a clairement déclaré : « En effet, tout en ayant une caractéristique mariale, le Rosaire est une prière dont le centre est christologique. Dans la sobriété de ses éléments, il concentre en lui la profondeur de tout le message évangélique, dont il est presque un résumé.2 En lui résonne à nouveau la prière de Marie, son Magnificat permanent pour l'œuvre de l'Incarnation rédemptrice qui a commencé dans son sein virginal. Avec lui, le peuple chrétien se met à l'école de Marie, pour se laisser introduire dans la contemplation de la beauté du visage du Christ et dans l'expérience de la profondeur de son amour. Par le Rosaire, le croyant puise d'abondantes grâces, les recevant presque des mains mêmes de la Mère du Rédempteur. » RVM, 1
L'Archevêque Fulton Sheen, un autre grand maître spirituel et dévot de Marie, affirme : « Le chapelet est le livre des aveugles, où les âmes voient se jouer le plus grand drame d'amour que le monde n’ait jamais connu. C'est le livre des simples qui les initie à des mystères et à des connaissances plus satisfaisantes que l'éducation des autres hommes ; c'est le livre des vieillards, dont les yeux se ferment sur l'ombre de ce monde et s'ouvrent sur la substance de l’imminent. Le pouvoir du chapelet est au-delà de toute description. »
Et plus près de nous, saint Luigi Orione, fondateur de la Petite Œuvre de la Divine Providence, à l'occasion de la fête du Saint Rosaire, écrit : « Demain est la fête du Saint Rosaire : quel syndrome de la foi, immortelles espérances, charité, amour de Dieu et des hommes sont les dizaines de notre saint Rosaire ! Elles symbolisent les points forts de l'Évangile. Vivons le chapelet et nous vivrons l'évangile ! Nous vivrons Jésus et Marie ! Tu écris que tu as soif et que tu recherches l’eau sacrée de Notre-Seigneur. Voici mon cher fils, imbibe-toi du Saint Rosaire, et tu boiras à la fontaine mystique de Marie, notre Mère. »
Le chapelet est une arme très mystérieuse dans nos combats d’aujourd’hui. Bien de gens pourraient témoigner de leur expérience personnelle et partant, Dieu est toujours à l’œuvre de nos jours à travers ce simple instrument. Et les paroles de Jean-Paul II : « Dans sa simplicité et dans sa profondeur, il reste, même dans le troisième millénaire commençant, une prière d'une grande signification, destinée à porter des fruits de sainteté. Elle se situe bien dans la ligne spirituelle d'un christianisme qui, après deux mille ans, n'a rien perdu de la fraîcheur des origines et qui se sent poussé par l'Esprit de Dieu à « avancer au large » (Duc in altum!)… »
Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui accusent les catholiques à cause de notre dévotion mariale. Mais dans le secret, combien sont-ils qui courent nuitamment dans les sanctuaires mariaux pour implorer des grâces de Dieu à travers Marie. J’ai personnellement entendu l’expérience d’un pasteur de l’Église méthodiste et aussi celle d’une femme musulmane. C'est à propos de comment, par la prière du Rosaire, Marie leur a obtenu des grâces spéciales de Dieu, même lorsque la science et les rapports médicaux voyaient l’impossible. Car comme l'Ange Gabriel dit à Marie : « Rien n'est impossible à Dieu » (Luc 1,37). À travers les mystères du Saint Rosaire, cela est toujours prouvé. Dieu est le Seigneur de toutes les possibilités et Marie se présente comme son humble servante, instrument de son amour pour nous.
Dans notre contexte d’aujourd’hui, à l’occasion de la célébration de ce Mois Missionnaire Extraordinaire, ce mémorial prend un sens plus particulier. Avec Marie, nous sommes appelés à être des haillons de la Bonne Nouvelle là où nous vivons et à toutes les personnes que nous pouvons rencontrer. En tant qu’armée de Marie, nous sommes baptisés et envoyés afin de faire de nouveaux disciples pour le Christ. Car Dit le Pape François, elle est celle qui « s’est mise en mouvement, s’est laissé totalement impliquer dans la mission de Jésus, mission qui est également devenue au pied de la croix sa propre mission. »



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6 OCTOBRE 2019: dimanche, 27ème Semaine du Temps Ordinaire — Année C

La foi enseigne comment lire dans la montre de Dieu.

LECTURES: Ha 1, 2-3 ; 2, 2-4; Ps 94 (95), 1-2, 6-7ab, 7d-8a.9; 2 Tm 1, 6-8.13-14; Lc 17, 5-10


Un proverbe Indien dit : « L'être humain se reconnaît par sa foi. Ce qu’est sa foi, ainsi en est-il de lui. » Et un autre proverbe ajoute : « La foi n'a pas d'yeux ; celui qui demande à voir n'a pas de foi. »
La vie nous enseigne qu’à l'homme appartient la montre et à Dieu le temps. Nous voyons toutes choses en nombre et en chiffres, Dieu les voit plutôt en termes de perfection. Dieu a le timing parfait ; jamais tôt, jamais tard. Cela demande de notre part un peu de patience et beaucoup de foi pour voir comme Dieu voit. Mais en vérité, cela vaut toujours la peine d'attendre. Ainsi, dit le proverbe Français, « il n'y a pas de miracle pour qui ne sait pas attendre fidèlement. » La foi rend toute chose possible. Sans la foi, même le possible devient impossible. L'homme vit par la foi et non par la vue.
La liturgie d’aujourd’hui est une catéchèse sur la foi, la patience et l’obéissance. Dans la première lecture, à travers le prophète Habacuc, Dieu exhorte son peuple à ne pas abandonner face aux tribulations et aux épreuves. Chacun de nous se retrouvera aisément dans le raisonnement du peuple de Dieu face aux épreuves. Lorsque nous traversons des difficultés, nous pensons que Dieu nous ait abandonnés ou qu’il soit trop silencieux, jouant une sorte de sourde oreille à notre appel. Au moins une fois, dans la vie de chacun, il nous est arrivé de raisonner à haute voix de cette façon : « Combien de temps, Seigneur, vais-je appeler, sans que tu entendes ? crier vers toi : « Violence ! », sans que tu sauves ? Pourquoi me fais-tu voir le mal et regarder la misère ? Devant moi, pillage et violence ; dispute et discorde se déchaînent. » Je suis chrétien, pourquoi dois-je souffrir pendant que les païens et les non-croyants prospèrent ?
La réalité est que Dieu n'a jamais été sourd à nos cris. Nous sommes ceux qui sont toujours pressés, qui veulent tout, instantanément, et par conséquent, nous perdons espoir et abandonnons lorsque les choses ne se produisent pas à notre rythme. Dieu agit toujours en son temps. Nous avons seulement besoin de patience et de foi pour le voir à l’œuvre. Ainsi, sa réponse par l'intermédiaire du prophète Habacuc : « Tu vas mettre par écrit une vision, clairement, sur des tablettes, pour qu’on puisse la lire couramment. Car c’est encore une vision pour le temps fixé ; elle tendra vers son accomplissement, et ne décevra pas. Si elle paraît tarder, attends-la : elle viendra certainement, sans retard. » La foi est tout ce qu’il faut pour attendre le moment choisi par Dieu. Et le Prophète ajoute : « Celui qui est insolent n’a pas l’âme droite, mais le juste vivra par sa fidélité. »
Paul en seconde lecture recommande cette même foi à Timothée. En tant que disciples du Christ, nous devons rester fermes dans notre foi, quelles que soient les afflictions et les adversités. Nous devons être prêts à témoigner de notre foi et à en témoigner sans honte. En réalité, c’est au milieu des épreuves et des flammes que la foi prouve son authenticité et son activisme.
Nombreux sont ceux qui prétendent appartenir au Christ quand tout va bien pour eux. Mais quand viennent les adversités et les épreuves, ils sont bouleversés et cherchent partout une solution. Nos églises sont pleines de chrétiens du Dimanche des Rameaux et du Dimanche de Pâques qui nourrissent une haine féroce contre le Vendredi Saint. Ce sont des chrétiens qui aiment le Christ et détestent la croix. Ils veulent des miracles sans tribulations. Malheureusement, la réalité de nos sociétés le montre bien. Les églises de miracles, les nouvelles communautés chrétiennes et les sectes grandissent jour après jour. Parce que là-bas, la prédication porte essentiellement sur l’Évangile de la Prospérité. L'agenda du lundi au dimanche est fait de croisade de miracles : Lundi, croisade pour ceux en quête d’un mari ou d’une femme. Mardi, prière pour ceux qui cherchent du travail. Prière du Mercredi pour les malades qui craignent d'aller à l'hôpital. Jeudi au Vendredi exorcisme et délivrance. Vendredi nuit au Samedi, prière pour les élèves et étudiants paresseux qui ont passé la semaine sans étudier et espèrent une main miraculeuse de Dieu afin de réussir à leurs examens. Dimanche, journée entière, action de grâce : la journée du pasteur ou le jour du porte-monnaie vide. Et malheureusement, tous les chrétiens y courent.
Nous oublions que ce n'est que dans les épreuves et à travers les croix que nous pouvons véritablement prouver notre appartenance à Christ. Et Jésus dans l'Evangile insistera sur la réalité de la foi qui ne va pas sans les épreuves. Le Seigneur dit à ses disciples que la foi et la véritable appartenance à lui et à Dieu le Père sont des armes puissantes capables de générer de nombreuses choses, telles que les miracles. Notre croyance au Seigneur n'est pas quelque chose qui nous donne droit à quoique ce soit. Ce n’est pas parce que je viens à l’église tous les dimanches, que je connais et chante le Credo, ou que je suis membre de groupes et d’associations de l’Église que je penserai que Dieu ait une quelconque obligation vis-à-vis de moi. La vraie foi, au contraire, nous aidera à comprendre que Dieu fait tout selon son dessein et en son temps. Notre relation avec lui n’est pas une sorte de donnant-donnant. Dans la relation à Dieu, « Nous sommes de simples serviteurs nous n’avons fait que notre devoir. » Notre part est d'obéir patiemment en Dieu et de placer toute notre confiance en lui. Et Dieu, en retour, au bon moment nous couvrira de ses bénédictions.
Notre vocation, la vraie vocation chrétienne, est d’être de fidèles serviteurs. En cela, pas de quoi à se vanter. Nous devons simplement faire de notre mieux dans la mesure du possible pour être de bons disciples, fermement enracinés dans notre foi et témoigner de Jésus à tout moment, peu importe ce que cela nous coûterait.  


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29 SEPTEMBRE 2019: dimanche, 26ème Semaine du Temps Ordinaire — Année C

Entre Dieu et les riches, il y a les pauvres : Sur le principe de la solidarité.

LECTUREs: Am 6, 1a.4-7; Ps 145 (146), 6c.7, 8.9a, 9bc-10; 1 Tm 6, 11-16; Lc 16, 19-31


Un proverbe Américain dit : « La charité n'est pas un os que vous jetez à votre chien, mais un os que vous partagez avec votre chien. » Un autre proverbe ajoute : « La plus grande charité est de permettre aux pauvres de gagner leur vie. »
Richesse et pauvreté forment un couple qu’il n'a jamais été facile de réconcilier. Beaucoup de gens semblent soutenir que les riches sont la principale cause de la pauvreté. En ce sens, disent certains, si l’on est pauvre, c’est la faute aux riches. Si quelqu'un n'a pas de quoi vivre, c'est simplement parce qu'un autre a tout à lui tout seul. Cela pourrait être compris dans un certain point de vue, si seulement chacun se posait la question juste et authentique : qu'ai-je fait pour être riche ou pauvre ? Et que dois-je faire maintenant ?
Dans un autre aspect, nombreux sont ceux lisent les Saintes Écritures comme catégoriquement opposées à la richesse et aux riches. Selon eux, la Bible apostrophe toujours et condamne la possession matérielle et les riches. Cela resonne comme si Dieu était contre la richesse. Ce type de lecture des Écritures est absolument faux et truffé d'hérésies. Disons-le d'entrée de jeu que, Dieu n'est pas contre les riches et il ne déteste pas la richesse. Ce que le Seigneur condamne, et c'est ce que la Bible souligne, est ce que la possession matérielle fait de l'homme et l'utilisation que l'homme fait de la richesse. Les dernières paroles du Seigneur Jésus dans l’Évangile de dimanche dernier semblent plus actuelles : « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et Mammon. » L’argent et tout autre bien matériel ne doivent pas être servis, mais servir et être utilisés pour notre bien et le bien des autres ; et cela s'appelle la solidarité.
La liturgie d’aujourd’hui est une autre exhortation au sujet de la richesse et de la pauvreté. Nous lisons comme résumé de la première lecture et de l’Évangile que les vrais amis de Dieu sont les pauvres. Le prophète Amos, dans sa première lecture, profère des malédictions sur les riches et sur ceux qui vivent à leur aise avec la richesse matérielle. Car ils n’ont pas été en mesure de se servir de leur richesse et de tout ce qu’ils ont pour combler le vide des plus démunis. Leurs richesses, au lieu de devenir un moyen de communion et de communauté, les ont conduits à la classification et à la division sociale. La société était divisée en castes et les pauvres, malheureusement, restaient comme le lot du Seigneur, n’ayant rien ni personne que Dieu seul.
Ce que Amos a condamné dans sa société est facilement perceptible et peut être dit de notre monde actuel. Il suffit de regarder comment nos villes sont construites et de constater le fait. Les riches vivent entre eux dans ce que nous appelons des subdivisions ; environnements sélectionnés exclusivement pour les riches et éloignés des bruits ou inaccessibles aux pauvres et aux moins fortunés. Nous parlons de quartiers résidentiels pour les riches et de taudis ou bidonvilles pour les pauvres. Les accusations et malédictions d'Amos pourraient s'adresser à beaucoup d'entre nous aujourd'hui, qui vivons insensibles aux cris des autres et méprisons les droits des pauvres et des nécessiteux.
Paul, dans la deuxième lecture, exhortera chacun de nous, disciples du Christ. En raison de notre appartenance au Christ, nous avons l'obligation de respecter ses commandements. Paul s'adressant à Timothée l'invite à viser « la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur. A mener le bon combat, celui de la foi… » Et tout cela, Paul les résume dans une seule phrase : « garde le commandement du Seigneur, en demeurant sans tache, irréprochable jusqu’à la Manifestation de notre Seigneur Jésus Christ… » Le commandement en question ici est celui de l'amour, qui est aussi appelé charité ; il s’agit de s'ouvrir aux besoins des autres.
L'Évangile de Luc vient sceller le fait. Nous en lisons que le Seigneur prend fait et cause pour les pauvres. Il se tient toujours du côté des marginalisés et des oubliés de nos sociétés. Ce sont eux ses amis. Parce qu'il les connaît de par leur nom. Ils sont « Lazare », "Dieu a secouru" ; alors que les riches sont sans nom.
Entre vous et Dieu, il y a un Lazare. Ainsi, ce que vous faites à ce Lazare, vous le faites au Seigneur. Par conséquent, le bien que vous refusez de faire ou manquez de faire à votre Lazare, vous ne le faites pas non plus à Dieu qui est avec lui. Cela est bien exprimé en Matthieu 25, 31-46, parlant du Jugement des Nations. Le Seigneur dit : « Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »
La parabole du pauvre Lazare et du riche, loin d’être une consécration de la pauvreté, est un avertissement que le Seigneur adresse à chacun de nous aujourd’hui. Nous sommes informés que si ce que nous avons n'ouvre pas notre cœur, nos mains et nos yeux à nos frères et sœurs dans le besoin, mais plutôt nous aveugle ou nous conduit à un cœur fermé et à des oreilles sourdes à leurs cris et à vivre insensibles ou loin d'eux, comme le riche de la parabole, nous mourrons et nos biens ne seront d’aucune utilité à notre salut.
La soif de richesse et de possession matérielle est la cause de tous les maux. Mais si ce que nous avons est utilisé pour aider les moins fortunés, c'est-à-dire la solidarité, nous nous sauverons certainement. Parce que la charité pourvoit à notre visa pour le ciel ; et « Quiconque est généreux envers les pauvres prête au Seigneur. » (Proverbes 19, 17).
La richesse n'a jamais été et ne sera jamais un problème. Le problème précis est ce que l'homme fait de la richesse ou ce que le bien matériel amène l'homme à faire. Si votre argent et vos biens matériels vous aveuglent aux pauvres, vous vous construisez un mur vous empêchant d’atteindre Dieu. Mais si vous vous servez de ce que vous avez pour assister les nécessiteux, vous construisez un pont qui vous mènera au Royaume de Dieu. Ainsi, la possession matérielle peut être un mur ou un pont. C'est à vous de décider de ce que vous voulez en faire.
Au sujet de la solidarité, le Catéchisme de l'Église Catholique a un bel enseignement : « Le principe de solidarité, énoncé encore sous le nom d’”amitié" ou de "charité sociale", est une exigence directe de la fraternité humaine et chrétienne… » (CEC. 1939). Le pauvre est un frère dans le besoin. Nous devrions avoir hâte de nous ouvrir à lui et de l'aider. Notre argent et toute autre possession que nous avons sont des bénédictions de Dieu. Utilisés judicieusement, ils contribuent à nous rapprocher de Lui. Tandis que, utilisés avec avidité et égoïsme, ils nous aveuglent aux autres et nous éloignent de Dieu, nous transportant directement en Enfer, sans billet de retour. Ouvre les yeux sur ton frère Lazare étendu à ta porte. Il existe un grand abîme entre richesse et pauvreté que seule la charité ou solidarité peut combler.


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22 SEPTEMBRE 2019: 25ème dimanche du Temps Ordinaire — Année C

Sur le devoir d'être honnête.

LECTURES: Am 8, 4-7; Ps 112 (113), 1-2, 5-6, 7-8; 1 Tm 2, 1-8; Lc 16, 1-13

Un proverbe Latin dit : « L'honnêteté dans la pauvreté vaut mieux qu'une richesse mal acquise. » Un autre proverbe ajoute : « La beauté sans honnêteté est comme une rose sans parfum. »
J’ai un jour lu ceci en entrant dans un bureau : « Soyez honnête, même si les autres ne le sont pas. Soyez honnête, même si les autres ne le feront pas. Soyez honnête, même si les autres ne peuvent pas l’être… » Et Warren Buffett de dire : « L'honnêteté est un cadeau très coûteux. Ne l’espérez pas de la part de gens bon-marchés. »
Nous vivons dans un monde où, semble-t-il, l'honnêteté a été congédiée ou aurait fui par la fenêtre, et la fraude est entrée par la porte principale. Chacun recherche ses intérêts personnels au détriment des faibles et des pauvres. Nous parlons tous de corruption. Nous voyons la corruption chez les personnes en autorité. Nous parlons de corruption dans les bureaux ; de corruption dans les écoles ; la corruption dans la vie sociale, la société et les entreprises ;  et malheureusement, la corruption, même dans l’Église et chez les guides religieux. Tout le monde semble faire tout ce qu'il peut pour de l'argent et la satisfaction personnelle. L’intégrité, l’honnêteté et autres choses du genre resonnent au passé ou comme obsolètes.
Dans un tel contexte de nos sociétés et de nos communautés, la liturgie d’aujourd’hui sonne l’alarme. Il s’agit d’un appel à l’honnêteté. Le prophète Amos, en première lecture, interpelle au sujet de cette vertu, tout en parlant du commerce malhonnête par lequel les pauvres et les faibles deviennent plus pauvres et encore plus dépendants, à la limite, réduits en esclavage. Selon cet avertissement du Prophète, lisons-nous que, si le comportement de ceux qui sont en position d'autorité et en possession du pouvoir ne change pas, le monde s'effondra certainement dans un chaos, dans l'obscurité ; et ce sera le jour de la colère du Seigneur.
Pour que le changement se produise, non seulement que chacun doit œuvrer sur lui-même, apprendre à être honnête ; mais, comme le conseille Paul en seconde lecture, nous devrions également prier pour ceux qui ont plus de responsabilités dans la société, et une voix plus pertinente pour le changement. Paul exhorte en ce sens : « Bien-aimé, j’encourage, avant tout, à faire des demandes, des prières, des intercessions et des actions de grâce pour tous les hommes, pour les chefs d’État et tous ceux qui exercent l’autorité… » Et saint Paul explique pourquoi nous devrions prier pour eux : « afin que nous puissions mener notre vie dans la tranquillité et le calme, en toute piété et dignité. »
Nous pleurons tous à cause des cas croissants de corruption, d'immoralité et de perte d'intégrité dans nos administrations et dans la société. Mais malheureusement, nous ne pensons jamais à comment aider les personnes en position d'autorité à corriger ces actes en priant honnêtement pour elles. Nous accusons les politiciens d’être corrompus, mais nous ne prions jamais sincèrement pour leur conversion ni pour qu’ils œuvrent au rétablissement de la justice et de l’intégrité dans les administrations.
Le passage de l'Evangile insiste sur le fait de l'honnêteté à travers la parabole de l'intendant malhonnête. Avant d’être un enseignement sur cette qualité, ce passage de Luc est essentiellement ce que l’on pourrait appeler un catéchisme sur l’argent. Le Seigneur met en garde ses partisans contre la soif de l'argent et invite au bon usage que nous devrions en faire.
Dans la vie de certaines personnes, l’argent semble avoir pris la première place et en est devenue le maître. Ils font tout pour de l'argent. Il est vraiment devenu leur maître et eux ses esclaves. L'idolâtrie de la possession matérielle a atteint son paroxysme. Le Catéchisme de l'Église Catholique, CEC. 2424, dans une sorte de commentaire sur les dernières paroles de Jésus dans l’Évangile d’aujourd’hui, affirme : « Une théorie qui fait du profit la règle exclusive et la fin ultime de l’activité économique est moralement inacceptable. L’appétit désordonné de l’argent ne manque pas de produire ses effets pervers. Il est une des causes des nombreux conflits qui perturbent l’ordre social (cf. GS 63, § 3 ; LE 7 ; CA 35). Un système qui "sacrifie les droits fondamentaux des personnes et des groupes à l’organisation collective de la production" est contraire à la dignité de l’homme (GS 65). Toute pratique qui réduit les personnes à n’être que de purs moyens en vue du profit, asservit l’homme, conduit à l’idolâtrie de l’argent et contribue à répandre l’athéisme. "Vous ne pouvez servir à la fois Dieu et Mammon" (Mt 6, 24 ; Lc 16, 13). » L’argent ne doit pas devenir notre maître, mais un instrument utile.
Revenons donc à la parabole. Il existe un paradoxe évident qui attire l’attention. L’intendant de l’homme riche, le personnage principal, aurait été malhonnête. À cause de cette forfaiture, il devait être viré. Ensuite, cet homme déloyal a utilisé ce qui lui faisait perdre sa position et la confiance de son maître pour obtenir la confiance et l’estime de nombreuses autres personnes, « les débiteurs de son maître ». Le Seigneur termine donc en commentant et en recommandant cette attitude, le qualifiant d’avoir « agi avec habileté ». Et nous lisons : « en effet, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. »
La leçon pour nous est la suivante : l’argent, si l’on l’utilise judicieusement peut permettre de bâtir une véritable amitié. Mais, lorsque nous laissons notre amour pour l'argent, c'est-à-dire la cupidité, dicter notre conduite et nos actions, nous en devenons des esclaves et mourons dans l’avidité. Ainsi, dit le proverbe, « l’argent est un bon serviteur mais un mauvais maître. » La possession matérielle et les richesses doivent être à l’usage de l’homme, et non l’inverse, l’homme se laissant utiliser par l’argent. Servons-nous de l'argent pour notre confort, et non pas l'argent à faire usage de nous, nous réduisant à courir pour toujours plus d'argent. Nul doute que le matériel est un bien essentiel, et un mal nécessaire, presque indispensable dans le monde actuel. Mais ne faisons pas de cet indispensable, la raison principale de notre être.
Les plus malheureux aujourd’hui, ce ne sont pas ceux qui n’ont pas d’argent ; mais plutôt ceux qui n'ont rien d'autre que l'argent. Parce que, paradoxalement, la richesse est devenue leur maîtresse et qu'ils ne sont que ses esclaves, n'ayant aucune tranquillité d'esprit, aucune valeur morale et éthique, aucune satisfaction intérieure. À juste titre, les paroles de Jésus resonneront sans cesse en nous, « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. »


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15 SEPTEMBRE 2019: dimanche, 24ème Semaine du Temps Ordinaire — Année C

Le nom de Dieu est miséricorde.

LECTURE: Ex 32, 7-11.13-14; Ps 50 (51), 3-4, 12-13, 17.19; 1 Tm 1, 12-17; Lc 15, 1-32

Un proverbe Allemand dit : « Dieu pardonne aux pécheurs, sinon son ciel serait vide. »
Nous sommes tous pécheurs. C'est une vérité indéniable. Nous sommes nés dans le péché ; nous vivons dans le péché et nous luttons autant que nous pouvons pour ne pas mourir dans le péché. Cependant, dans notre lutte contre le péché et toutes sortes de mal, nous ne sommes pas laissés seuls, ou à nous-mêmes. Dieu est toujours à nos côtés. Parce que son nom est miséricorde. Ainsi, Saint Paul, plein de cette assurance peut affirmer, « là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé » (Romains 5,20).
La liturgie de ce 24e dimanche du temps ordinaire C est un cantique à la miséricorde de Dieu. Il nous est donné de contempler un Dieu qui aime sans prendre en compte les mérites. Parce que la miséricorde de Dieu va au-delà et en avant des actions humaines et de nos mérites. En fait, la miséricorde de Dieu n’est pas quelque chose que quelqu’un pourrait dire qu’il a mérité pour avoir fait quoi que ce soit en ce sens. C’est un cadeau que nous recevons sans contrepartie.
Israël, le peuple de Dieu, a fait l’expérience dans le désert, d’une extrême compassion et miséricorde qui surpasse l'énormité de leur péché. Dans le désert, le peuple s’est détourné du vrai Dieu qui les a fait sortir d'Égypte. Ils ont adoré des idoles, « Ils se sont fait un veau en métal fondu et se sont prosternés devant lui. Ils lui ont offert des sacrifices en proclamant : ‘Israël, voici tes dieux, qui t’ont fait monter du pays d’Égypte.’ »
L'idolâtrie est un péché mortel. Il s’agit de tourner le dos à Dieu et d’embrasser d’autres dieux. C’est une négation complète de l’autorité de Dieu dans notre vie. C'est un péché si grave que sa peine est la mort. Ainsi, Dieu manifestera sa colère envers ce peuple d’idolâtres qu’il promet de détruire. Mais, après la médiation de Moïse, « Le Seigneur renonça au mal qu’il avait voulu faire à son peuple. » Tel est en fait notre Dieu ; un Dieu dont la colère ne dure qu’un instant, mais sa miséricorde pour toujours (Psaume 30, 5).
En raison de la grande pitié que Dieu a pour les hommes, il a envoyé son Fils, Jésus-Christ, comme nous le lisons dans la deuxième lecture, pour notre salut. Saint Paul donne son exemple personnel en tant quelqu’un qui a fait l'expérience de la miséricorde de Dieu par le Christ. Il dit : « moi qui étais autrefois blasphémateur, persécuteur, violent. Mais il m’a été fait miséricorde, car j’avais agi par ignorance, n’ayant pas encore la foi… »
Nous aussi, pleins de tant d’ignorances et d’arrogances, nous péchons contre Dieu sans connaître la gravité de ce que nous faisons. Mais, indépendamment de tout ce que nous faisons, Dieu ne nous abandonne jamais dans nos péchés. Et l'exemple est ce que nous lisons dans l'Evangile. Trois paraboles incontestables et maîtresses de la miséricorde de Dieu. Dans uns trois en un, nous apprenons combien Dieu est miséricordieux : la parabole de la brebis perdue-retrouvée, celle de la pièce perdue-retrouvée et celle du fils perdu-retrouvé ou la célèbre et pénétrante parabole du fils prodigue.
Se référant au geste du père accueillant le fils prodigue, quelqu'un a dit que l'amour de Dieu a toujours les mains grandes ouvertes pour accueillir ceux qui, fuyant leur péché, reviennent à lui. Il accueille toujours le repentant.
Faisons une petite pause sur cette troisième parabole, celle du fils prodigue ou du père prodigieux. Dans cette parabole du fils perdu-retrouvé, deux attitudes du fils cadet montrent à quel point l’amour et la miséricorde du père sont inaccoutumées. Premièrement, la rébellion : le fils est entré dans une rébellion déclarant la mort de son père alors que celui-ci était encore en vie. Sa déclamation de rébellion : « Père, donne-moi la part de fortune qui me revient. » Habituellement, on parle de partage d’héritage seulement après le décès, non pas quand les parents sont encore en vie. Ainsi, l'attitude du fils est une démonstration de folie. Le péché, bien sûr, est une révélation de fadaise et d'irrationalité. À travers nos péchés, nous montrons une grande irrationnelle qui nous conduit à nous éloigner d'un Dieu qui nous aime. Néanmoins, comme un Père aimant, Dieu nous donne notre liberté. Il nous donne ce que nous pensons être notre propriété et nous laisse suivre notre chemin. Dieu ne s'oppose jamais à notre décision et rêve de liberté.
La deuxième attitude du fils cadet, un autre acte de sottise, il a dilapidé son héritage. Nous lisons qu'il s'est livré à une vie de dissipation, à une vie de désordre. Dans le péché, nous aussi nous gaspillons toutes les bonnes choses que Dieu nous a données ; son amour, sa patience et nos talents. Vient ensuite la famine, le temps des difficultés. Personne ne peut trouver de la joie dans la perversité pour toujours. Il n'y a pas de ‘pour toujours’ dans une vie immorale. Le temps vient, tôt ou tard, pour les regrets et les questions. Ainsi, le fils est amené à raisonner et à réaliser sa folie. C'est le moment de la prise de conscience et de la contrition sincère. Par conséquent, l'attitude extrêmement courageuse du fils, la décision de retourner chez son père. C'est ce qu'on appelle le voyage de la repentance.
En fait, il n'y a pas de pardon sans repentance. Dieu est miséricorde. Mais son amour ne peut nous atteindre sans un acte de contrition de notre part. La miséricorde de Dieu est comme se heurtant à un mur quand il n'y a aucun signe de repentance et de contrition pour les péchés. Le plus jeune fils résolut de retourner chez son père, c'est-à-dire de se repentir de ses actes et cela lui facilita le retour.
Du côté de son père, c’est ce que Dieu fait toujours pour les pécheurs qui lui reviennent, il surveillait, regardait sur la route et attendait le retour de son fils. Dieu attend toujours que nous revenions à lui. Et lorsque nous prenons cette décision et que nous revenons à lui de nos péchés, cela ouvre toujours à une fête. La conversion ou la repentance donne toujours lieu à la joie, à la fête de la réunion. Le sacrement de la réconciliation est toujours une célébration (fête) de l’amour de Dieu. Parce que Dieu ne prend aucun plaisir à nous savoir loin de son amour.
La dernière partie de cette parabole, la réaction du fils aîné soulève également de nombreuses questions. La tristesse du soi-disant juste au moment où Dieu ouvre ses mains aimantes au pécheur. Mais même là, le Père œuvrera également pour l'unité. Son amour est à la fois pour les pécheurs et les justes ou soi-disant justes.
La miséricorde de Dieu est toujours désireuse de pardonner et de réconcilier. Néanmoins, savoir que Dieu pardonnera toujours ne doit pas être une licence ou une procuration pour pécher. Ce n'est pas parce que Dieu est miséricordieux qu'il faut ériger notre demeure dans le péché. Si notre assurance de la miséricorde de Dieu nous amène à perdre la notion de péché ou à trouver de la complaisance dans le mal, nous serons surpris de sa justice.



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14 SEPTEMBRE 2019 : La Croix Glorieuse —
Fête

La croix, le vocabulaire de l'amour et de l'humilité.

Un proverbe Péruvien dit : « Seul celui qui le porte sait combien pèse la croix. »
« Nous t'adorons, ô Christ, et nous te bénissons, parce que par ta Sainte Croix, tu as racheté le monde. » La croix, pour les chrétiens, revêt une signification particulière. C'est avant tout le centre de notre foi. Elle exprime des vocables d'humiliation, d'humilité, de souffrances, d'amour et de salut. Parce que la croix représente l’instrument des souffrances et de la mort de Jésus. En ce sens, les chrétiens sont bien connus et décrits à travers ce symbole. Il ne peut y avoir de christianisme ou de chrétienté sans le symbolisme de la Croix. Nous sommes nés au pied de l'arbre de la Croix.
Partant de son sens premier d'instrument d'exécution, la Croix a acquis avec Jésus une définition très spécifique, celle de l'amour ; et c’est ce que la fête d’aujourd’hui exprime. Nous parlons de la Croix Glorieuse ou de l'Exaltation de la Sainte Croix. Dans cette fête, l'absurde devient le plus évocateur ; le honteux devient l'expression de la gloire.
Nous sommes ramenés en arrière, au Vendredi Saint, à réfléchir sur l'essence de notre foi et de notre identité chrétienne, la source du salut. Sans la croix, nous ne sommes que des pécheurs condamnés à mourir dans leur état de péché. Par le sacrifice de Jésus sur la croix, Dieu nous a réconciliés avec lui et nous a sauvés. À travers la crucifixion de Jésus, nous lisons tout ce qui concerne Dieu ; ou plus, Dieu nous dit tout sur lui-même. Parce que la croix dit la plus grande élocution de Dieu, son amour.
Dans l'extrait d'aujourd'hui de l'Évangile de Saint Jean, le dialogue entre Jésus et Nicodème, nous lisons que « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. » Et en fait, c'est cela le langage de la croix. Dieu a transformé ce qui était censé être un instrument d'humiliation, en une expression d'amour et en un amour qui, comme un calice, est ingurgité jusqu'à la dernière goutte.
Ce jargon de l'amour, le message « de la croix est folie pour ceux qui vont à leur perte, mais pour ceux qui vont vers leur salut, pour nous, il est puissance de Dieu » (1 Cor 1,18). Parce que, par la Croix, nous avons le beau contraste entre la sagesse égocentrique de l'homme et la sagesse de Dieu. Pour les êtres humains, la souffrance mène à la perte et personne n'ose aisément souffrir pour les autres. Alors que pour Dieu, la souffrance et l'humiliation deviennent la rançon pour le salut de tous.
Jésus élevé sur la Croix attire tous ceux qui ont été condamnés au châtiment à cause du péché. Cette image était pré-vue (vue en avance) dans l'Ancien Testament à travers le Serpent de Bronze que Moïse avait hissé sur le poteau. Comme nous le lisons dans l'extrait du livre des Nombres 21, le peuple avait péché contre Dieu et contre Moïse. Fatigués du voyage dans le désert et de ses épreuves, leur patience s'est épuisée et ils se sont plaints. En réponse à leurs murmures, comme punition, « le Seigneur envoya contre le peuple des serpents à la morsure brûlante, et beaucoup en moururent dans le peuple d’Israël. » Le salaire de leur péché était la mort. Mais quand ils l'appelèrent, le Seigneur fut mû de compassion et leur montra son amour. Il donna l'ordre à Moïse qui « fit un serpent de bronze et le dressa au sommet du mât. Quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il regardait vers le serpent de bronze, il restait en vie ! » Ainsi, tout comme le serpent de bronze fut le remède du péché et l'instrument de la vie, de même, la croix de Jésus nous a rachetés du péché et nous a apporté la vie.
La croix, en ce sens, est une thérapie de guérison à double effet, spirituel et physique. L'aspect spirituel est notre guérison du péché et de ses conséquences, et le physique, la guérison de tout autre obstacle corporel.
La croix, cependant, n'est pas seulement un remède. Mais c’est aussi une route, l’autoroute de l’humilité. Par la croix, Dieu nous donne la thèse suprême sur l’humilité. « Il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. » Pour sauver sa création de la damnation du péché, le Très-Haut s'humilie. L'humilité est une expression d'amour. Puis, en plus grand signe de cet amour, il mourut sur la croix ; dans la plus grande humiliation. Dieu a créé le monde par amour. Ce n'est que par le même amour qu'il pouvait le sauver du péché. Ainsi, l’amour est le symbole d’une nouvelle création et la croix devient un magnifique message lorsqu’elle est lue à l’éclisse de l’amour.
Néanmoins, pour être honnête, les croix n'ont jamais été faciles à porter. Regardons nos souffrances humaines et nos épreuves. Peut-on vraiment et honnêtement aimer ce qui fait souffrir ? Seuls ceux étiquetés de sadomasochistes trouvent plaisir, joie ou gloire dans l'instrument de leur supplice. Humainement parlant, nous méprisons tous la souffrance. A peine acceptons-nous de souffrir pour nous-mêmes. Combien plus, quand il s'agit de souffrir pour les autres ?
La croix de Jésus et la célébration d’aujourd’hui deviennent une exhortation pour chacun de nous. Elle dit que, l'amour tangible et authentique n'a d'autre expression que celle du sacrifice et de l'humilité. Celui qui ne peut pas se sacrifier humblement pour ceux qu'il prétend aimer n'a jamais vraiment aimé. Car c'est lorsque nous traversons des épreuves que nous évaluons combien cela coûte d’aimer.


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8 SEPTEMBRE 2019: Nativité de la Vierge Marie

Fête

Marie, l'une des nôtres ; Marie une avec nous.

LECTURES: Mi 5, 1-4a; Ps 12 (13), 6ab, 6c; Rm 8, 28,30; Mt 1, 1-16.18-23


Un proverbe Ghanéen dit : « Celui qui a plus de bois de chauffe que vous a plus de cendres que vous. »
{Note d’entrée : Pour des raisons de prééminence du dimanche, la fête d’aujourd’hui ne sera pas marquée. Cependant, nous aimerions partager ici avec vous une méditation sur la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie.}
Aucune célébration Mariale n'est bibliquement mentionnée. C’est l’un des meilleurs critiques que les gens formulent toujours à l’encontre les Catholiques. Et la fête d’aujourd’hui n’en fera pas une exception. Vous ne trouverez nulle part dans la Bible une mention de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie. Ne vous dérangez même pas à rechercher des références bibliques.
Pour certaines personnes, la Bible semble être une Encyclopédie, un livre de réponses à toutes les questions. Ils ont une certaine compréhension de la Bible, qui les conduit à ne jamais croire en quelque chose qui ne soit mentionné dans la Sainte Bible. N’est digne de foi, que ce qui est bibliquement fondé. Tel est leur axiome. Une sorte de logique avec un unique syllogisme : "La Bible dit ! Alors, c’est vrai !" Cette compréhension les empêche malheureusement de voir au-delà et au-deçà de la Bible.
Sans vouloir briser l'autorité divine et singulière des Ecritures, la Bible parle-t-elle de tout ? Le Concile Vatican II dans la Constitution Dogmatique sur la Révélation Divine (Dei Verbum) répondra à cette question en parlant de la relation entre la Tradition vivante (vivae totius Ecclesiae Traditionis) et les Ecritures (Scriptura). Le document du Vatican affirme à juste titre que la Tradition est antérieure à l'Écriture et que cela explique pourquoi il faut l'invoquer pour donner une meilleure explication, en particulier sur le contenu implicite de l'Écriture. Nous ne pouvons donc pas séparer ce que dit la Bible de ce que la Tradition, le contexte historique et culturel du peuple Juif dit ou vit. L’interprétation juste des Écritures se ferait en prenant ensemble et en réconciliant Écritures et Tradition. Et Dei Verbum affirmera : « Cette sainte Tradition et la Sainte Écriture de l’un et l’autre Testament sont donc comme un miroir où l’Église en son cheminement terrestre contemple Dieu, dont elle reçoit tout jusqu’à ce qu’elle soit amenée à le voir face à face tel qu’il est (cf. 1 Jn 3, 2) » DV7.
Ce détour que nous avons fait, avant d’aboutir à la célébration d’aujourd’hui n’a pour but d’expliquer que, même si elle n’est pas fondée bibliquement, la fête de ce jour a tout son sens et son importance dans notre relation avec Dieu. Ce n'est en rien une expression d'idolâtrie ni faire de Marie un égal à Dieu.
Cette fête d'aujourd'hui est traditionnellement enracinée. L’introduction du Missel Romain indique que « la fête d’aujourd’hui a pris naissance à Jérusalem à la fin du Ve siècle. Avec toute l'Église, nous honorons Marie, la Mère de Jésus. Elle a été choisie spécialement pour être la servante du Seigneur et pour jouer un rôle important dans l'histoire du salut et dans le mystère de notre rédemption. »
Ainsi, nous célébrons Marie, connue de par la Tradition comme la fille d’Anne et de Joachim ; celle que Dieu choisira afin d'être la Mère de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Marie n'est pas descendue du ciel comme un Ange. Dieu ne l'a pas parachuté sur la terre. Elle est née dans une famille humaine, une famille humble et pieuse. Bien que non mentionnée dans les Écritures, mais une famille qui existait et était connue des gens de cette époque.
Marie était donc l'une de nous, car née comme chacun d'un père et d'une mère pleinement humains. Marie est aussi une avec nous parce qu’elle est soumise et sujette au plan de salut de Dieu. Néanmoins, elle deviendra un instrument spécial et fera partie de ce plan divin.
Célébrant la fête d’aujourd’hui, la parole de Dieu portée à notre méditation parle de la réalisation du plan de salut de Dieu. Le prophète Michée a une vision prophétique de la venue du Fils de David. Il parle de sa naissance à Bethléem Ephrata, du « jour où enfantera... celle qui doit enfanter, et ceux de ses frères qui resteront rejoindront les fils d’Israël. » C'est le temps messianique, le temps de la restauration. L'Évangile de Matthieu (Mt 2, 6) identifiera ce Fils de David à l'enfant né de Marie, Jésus. Ainsi, celle qui avait des douleurs de travail ne sera, par conséquent, autre que Marie. C’est elle qui donnera naissance à l’auteur du salut du genre humain. À sa venue, notre monde fera l'expérience de la paix espérée par Michée. Avec lui, sera le temps de la paix sur la terre. Mais, avant que cela ne se produise, Dieu s'est préparé une mère. Ainsi, la naissance de Marie dans une famille humaine.
En seconde lecture, Paul parle de prédestination. Nous lisons : « Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu'ils sont appelés selon le dessein de son amour. Ceux que, d’avance, il connaissait, il les a aussi destinés d’avance… » Marie a en fait été appelée pour le dessein de Dieu. Par conséquent, il l'a prédestinée à être la mère de son premier-né. Nous flairons ici le mystère de l’immaculée conception. Dieu a préservé le sein qui porterait son Fils de la souillure du péché.
Le passage de l'Evangile est la narration de la Généalogie de Jésus. Et là, nous voyons le rôle de Marie clairement mentionné. Matthieu dit : « Marie, de laquelle fut engendré Jésus, que l’on appelle Christ. »
Comme nous pouvons lire et voir à travers cette fête, même si nous célébrons la naissance de la Bienheureuse Vierge Marie, tout est à propos de Jésus. Et c'est cela la vérité sur Marie. Parce qu’en réalité, Marie n'est rien sans Jésus. Marie est devenue grande à cause de ce que le Seigneur a fait d'elle, la choisissant pour devenir sa Mère. Elle ne représente donc pas une fin en soi, mais un moyen, un instrument entre les mains de Dieu. Marie est le canal de Dieu vers l’humanité. Elle devient également notre canal vers Jésus son Divin Fils. Marie n'est pas la finalité de notre foi, mais un instrument, une aide dans notre cheminement de foi. Par conséquent, cette belle évocation d'elle, en tant que Médiatrice ou Auxiliatrice.
Sa nativité préfigure la nativité du Seigneur. Elle est née afin d’être un instrument de Dieu pour le dévoilement du mystère de notre salut. Elle est une de nous ; choisie pour être une avec Dieu pour nous. Elle a donc plus de responsabilité que chacun de nous dans l’accomplissement du mystère de notre salut.


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8 SEPTEMBRE 2019: dimanche, 23ème Semaine du Temps Ordinaire — Année C

Sagesse et discernement

LECTURES: Sg 9, 13-18; Ps 89 (90), 3-4, 5-6, 12-13, 14.17abc; Phm 9b-10.12-17; Lc 14, 25-33


Un proverbe Italien dit : « Même le fou est sage s'il garde le silence, et discerne s'il tient sa langue. »
Chaque décision prise dans la vie a un coût. Tout choix a une contrepartie. Il en va de même avec le choix de suivre le Seigneur. Cela coûte la détermination à porter la croix, peu importe le poids que celle-là pourrait avoir.
L'être humain est connu d’être une créature sensée ; c'est-à-dire, un être qui fait usage de ses sens, plein de bon sens et judicieux. Malheureusement, il arrive souvent que certaines personnes fassent moins appel à leurs sens, principalement à leur capacité de raisonnement. Dans certaines situations, de nombreuses personnes semblent agir avant de réfléchir. D'autres parlent d'abord, puis demandent plus tard à comprendre de quoi il s'agit. Nombreux sont ceux qui agissent avant d’essayer de cogiter ou d’interroger sur les modalités… Le processus de questionnement ou de réflexion avant action est appelé discernement.
Dans le domaine de la prêtrise et de la formation à la vie religieuse, l’un des mots les plus utilisés, et on pourrait dire le mot-maître est celui du discernement. Le discernement est une vertu. Il s’agit de la capacité ou aptitude à bien juger et à prendre la bonne décision au bon moment. Le discernement, toutefois, ne s’applique pas uniquement dans l’univers de la vocation à la vie religieuse et au sacerdoce. Dans tout ce que l'on fait et chaque action, et pour chaque décision, il faut un discernement. Personne ne peut réellement faire le bon choix ou prendre la bonne décision s’il ne cultive pas cette qualité, c’est-à-dire s’asseoir et réfléchir avant d’agir.
Être chrétien fait appel à un discernement juste. Il n'est pas facile de suivre le Christ. Et nous pourrions ajouter, qu’il n'a jamais été facile de faire quoi que ce soit sans quelques sacrifices. Être disciple de Jésus est une décision qui implique la vie entière. Cela demande donc un raisonnement mûr et une réflexion.
La liturgie d’aujourd’hui souligne la réalité du discernement. La première lecture, l'extrait du Livre de la Sagesse commence par ces questions : « Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ? Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? » Autrement dit, ‘qui peut discerner la volonté de Dieu ?’ Nous sommes limités, obtus dans nos raisonnements et incapables de prendre les bonnes décisions de par nous-mêmes. Nous avons donc besoin du conseil divin et de l’assistance de l’Esprit de Dieu pour décider sagement de ce qu’il faut faire et de ce qu’il ne faut pas faire. Ainsi, ajoute le sage, « Nous avons peine à nous représenter ce qui est sur terre, et nous trouvons avec effort ce qui est à notre portée … » C'est un signe que notre compréhension est en réalité limitée. Et ainsi, parce que limité, il nous faut un grand sacrifice pour comprendre la voie du Seigneur et la suivre. L'Evangile insistera sur cette question de sacrifice. Il nous est dit à quel point il est difficile pour un homme de suivre le Seigneur. Cela demande de rompre, de couper, de se séparer… Ainsi, les paroles fortes et dures de Jésus dans cet extrait de saint Luc : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. »
Pour être vraiment chrétien, il faut faire de grands sacrifices. Pour suivre le Seigneur, il faut bien discerner et choisir de le placer au-dessus et au-delà de toute chose, même avant et au-dessus de nos êtres chers ; parents, femme, enfants. Cela demande également que l'on soit prêt à faire face aux épreuves et aux croix. La vie de disciple du Seigneur est en réalité très exigeante. Pour en avoir une certitude de ces paroles, vous pourriez demander à vos prêtres et aux consacré(e)s combien cela leur coûte de suivre Jésus. Cependant, lorsque nous faisons le bon discernement et prenons la bonne décision, cela est gratifiant et procure un grand bonheur. Tandis que celui qui ne discerne pas, c'est-à-dire ne réfléchit pas avant de décider, devient sujet de moqueries et d'insultes. Ainsi, la deuxième partie de l'Evangile, l'exemple de la maison inachevée et de la guerre infructueuse.
Le besoin de discernement s’applique à tout choix de vie. Beaucoup de gens, sans discernement mature, se sont mariés. Leur vie à la fin est devenue pire que l'enfer. Certains autres sont entrés dans des séminaires et des couvents, ils sont devenus malheureux et sombres, ou des prêtres et des religieux problématiques. Il faut toujours réfléchir avant tout. Comme le dit le Seigneur, commencer quelque chose et se trouver incapable de le mener à terme est honteux.
Ayant été formateur au séminaire pendant quelques années, j’ai toujours cette image de jeunes gens qui entrent dans des séminaires et qui, à la fin, sont incapables, pour de nombreuses raisons, de poursuivre leur formation. Sauf quelques cas avec de grandes excuses, cela semble tellement déshonorant. Il en va de même pour le fait de choisir d'appartenir au Seigneur et de vivre d'une manière qui ne corresponde pas à son message.
En tant que chrétiens, nous sommes tous mis au défi d’être des imitateurs justes et dignes du Christ et ce, jusqu’à la fin. Ce que vous ne pouvez pas terminer ne le commencer pas non plus. Et quelqu'un a dit à juste titre : « Discerner et agir selon la volonté de Dieu ne veut pas dire que vous ne rencontrerez jamais de difficultés et que vous ne vous sentirez jamais perdu. Mais choisir de vivre en s'alignant au Seigneur vous rend plus joyeux, compatissant et paisible, même dans les jours sombres. » Les croix conduisent à la gloire lorsqu'elles sont portées avec discernement, et le discernement juste ouvre à la sagesse et à la paix.


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1 SEPTEMBRE 2019: 22ème dimanche du Temps Ordinaire — Année C

L'humilité est la voie de Dieu et la voie vers Dieu.

LECTURES: Si 3, 17-18.20.28-29; Ps 67 (68), 4-5ac, 6-7ab, 10-11; He 12, 18-19.22-24a; Lc 14, 1.7-14


Un proverbe Indonésien dit : « Pour être un homme intelligent, vous devez être humble. »
Dieu, notre Seigneur trouve son plaisir dans l'humilité. Les Saintes Écritures débordent de passages montrant l'humilité comme l'une des plus grandes et des plus divines vertus. Le cantique de Marie, le Magnificat est en soi le meilleur hymne de l'humilité. Nous lisons sur les lèvres de la Sainte Vierge que le Seigneur, « déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles » (Luc 1,51-52).
Marie est connue pour être la plus humble, la servante du Seigneur. Dieu a choisi cette humble fille de Sion pour en faire la « bénie d’entre toutes les femmes ». L'humilité, en fait, est la voie du Seigneur.
La liturgie d’aujourd’hui, 22ème dimanche du temps ordinaire C, est un cantique à la vertu d’humilité. Dans la première lecture, le sage Ben Sira exhorte son fils en lui disant : « Mon fils, accomplis toute chose dans l’humilité, et tu seras aimé plus qu’un bienfaiteur. Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser : tu trouveras grâce devant le Seigneur. »
L'humilité, comme nous le lisons, n'est pas la vertu des faibles, mais des grands. Par l’humilité, nous grandissons dans l'estime de Dieu et sommes élevés. Le Royaume de Dieu appartient aux humbles. L’humilité est la carte d’invitation au banquet du Seigneur.
Dans l’Évangile, Jésus utilise l’image d’un banquet et la parabole des invités ambitieux pour enseigner à ses disciples le coût et les bénéfices de l’humilité. Nous lisons en substance que « quiconque s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »
Le contexte du passage évangélique présente à juste titre cette réalité d'humilité. Il s'agit d'une invitation à dîner chez un certain Pharisien. Nous aimons tous être invités à un banquet. De plus, nous aimons les sièges d’honneur et les tables VIP lorsqu’il y a un festin. Imaginez combien d’honneur et combien il est agréable d’être à une table d’honneur lors d’un banquet ! Lorsque nous allons à des cérémonies de la haute classe ou à des fêtes de mariage, nous rêvons naturellement ou instinctivement de belles tables, de premières positions et de sièges très respectables. C'est tout à fait humain. L’être humain veut toujours paraître, être remarquée, vu pour ce qu’il/elle est ; pire parfois, même si nous ne sommes rien. Nous sommes infectés par le virus du ‘M'as-tu vu ?’ Ainsi, nous oublions souvent que nous ne sommes rien et que nous ne pouvons devenir quelque chose que par l'humilité.
La parabole de l'Évangile donnée par le Seigneur répond à juste titre à nos réalités. « Quand quelqu’un t’invite à des noces, ne va pas t’installer à la première place, de peur qu’il ait invité un autre plus considéré que toi.… Au contraire, quand tu es invité, va te mettre à la dernière place. Alors, quand viendra celui qui t’a invité, il te dira : ‘Mon ami, avance plus haut’, et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui seront à la table avec toi. En effet, quiconque s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »
En tant que disciples du Seigneur, nous devons constamment garder à l’esprit la vertu d’humilité et être prêts à servir et à occuper les postes les moins importants. Par cette humilité et cette volonté de servir, au lieu d’être servi, nous gagnons la faveur de Dieu.
Au banquet du Seigneur, la première place est réservée aux humbles. Jésus dans l'évangile donne la liste de ces humbles que Dieu invite à son banquet : les pauvres, les estropiés, les boiteux, les aveugles ; bref, les exclus, les marginalisés de nos sociétés. Ce sont eux les invités d’honneur au banquet du Seigneur. Donc, si nous souhaitons être comptés parmi ceux qui sont invités à la table d’amour de Dieu, nous devons nous rendre proches et servir ces petits. C'est un appel à une option préférentielle pour les pauvres.
Saint Luigi Orione, le Fondateur du Petit Œuvre de la Divine Providence, a bien compris ce fait et appelle les pauvres « nos patrons ». Les pauvres, les handicapés, les aveugles, les oubliés de nos sociétés sont nos patrons. Les servir, c’est s’acheter une carte VIP pour le banquet du Seigneur. Bien évidemment, cela demande un grand sens d'humilité pour servir les pauvres et les plus démunis de nos frères et sœurs. Mais ce faisant, c'est le Christ lui-même que nous servons. Ainsi, Don Orione appellera ses fils : « Serviteurs du Christ et des pauvres ».
Saint Luigi Orione ajoutera : « Les pauvres sont les perles de l'Église de Jésus-Christ et notre Seigneur nous récompensera selon la charité que nous avons manifestée envers les pauvres… Les pauvres doivent être nos frères et nos sœurs ; en fait, ainsi doit être le plus pauvre et le plus abandonné. Notre petite Congrégation existe pour les pauvres ! ... Nous devons voir Jésus-Christ dans nos frères les plus malheureux et les couvrir comme s'ils étaient les membres de Jésus. » (Extrait d'un discours du 10 Sept. 1938)
Une recommandation donc : humilité et service des pauvres et des nécessiteux ; car « par la grâce divine et dans une grande humilité, nous aimons et servons Jésus-Christ parmi les plus démunis et nous servons les pauvres avec le plus grand esprit de charité et de douceur. »


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25 AOÛT 2019: dimanche, 21ème Semaine du Temps Ordinaire — Année C

Chrétiens nominaux et Chrétiens anonymes.

Un proverbe Kikuyu dit : « Il n'y a pas de nom qui ne puisse distinguer un enfant. »
Être chrétien est une quête continuelle. Il ne s'agit pas seulement de posséder et de professer une foi forte ou une forte appartenance à Christ ou d'être baptisé. Cela va au-delà de l’appartenance et appelle à une conversion ou un changement de vie. C’est la foi ensemble avec l’action qui font de l’homme un chrétien et peuvent lui assurer le salut.
Nous avons terminé notre méditation du dix-neuvième dimanche en citant l'apôtre Jacques : « En revanche, on va dire : ‘Toi, tu as la foi ; moi, j’ai les œuvres. Montre-moi donc ta foi sans les œuvres ; moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi.’ » (Jc 2,18) Et Jacques pouvait ajouter en parlant de la foi d'Abraham : « Tu vois bien que la foi agissait avec ses œuvres et, par les œuvres, la foi devint parfaite. » C'était une invitation à cultiver une foi à trois dimensions : la foi qui affecte la tête, le cœur et la main. C'est en fait ce que le Seigneur attend de tous ses disciples. Une foi en tant que disposition ou croyance intérieure et une foi en tant qu’ouverture aux besoins des autres.
Nous ne sommes pas appelés à être des chrétiens de nom, mais des chrétiens actifs. Nous parlons d'actifs, non seulement en tant que membres des groupes et associations d'églises, mais surtout en participant activement à la vie et à la mission de l'Église. Être actif par des actions visibles et tangibles auprès des nécessiteux.
Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus a confessé qu’il ne connaissait pas ceux qui ne le suivent que de nom. En revanche, il connaît et accueille dans son royaume et tient en grande estime ceux qui, bien que ne professant pas son nom comme leur Seigneur, vivent conformément à ses paroles et à la volonté du Père.
Nous lisons dans la première lecture d’aujourd’hui au sujet de l’universalité du salut. Le prophète Isaïe nous dit que le Seigneur Dieu connaît les œuvres et les pensées de tous les êtres humains. Par conséquent, il ouvre son salut à tous. La religion qu'il veut n'est pas celle de l'appartenance ni du nom, mais cette religiosité qui combine croyances intérieures et actions. Voici un appel à la foi et à la conversion de vie. Nous lisons également que la vraie religion et la droiture de vie peuvent être trouvées même chez les personnes qui ne font visiblement pas partie d'un groupe religieux nominal. Le salut n'est donc pas une question d'appartenance à une église, mais une discipline de vie.
Parlant de discipline, la deuxième lecture s’étale davantage sur cette expression. L'auteur de la lettre aux Hébreux nous dit que notre salut découlera de notre ouverture à accepter que Dieu nous discipline. Nous lisons ce qui suit : « Mon fils, ne néglige pas les leçons du Seigneur, ne te décourage pas quand il te fait des reproches. Quand le Seigneur aime quelqu’un, il lui donne de bonnes leçons ; il corrige tous ceux qu’il accueille comme ses fils. Ce que vous endurez est une leçon. »
Le Seigneur veut que nous ne soyons pas des gens qui le connaissent uniquement de nom. Plutôt des gens dont toute la vie le professe et le confesse. Cela signifie que nous soyons prêts à subir toutes les épreuves, les difficultés et les souffrances pour son nom. Si nous n'acceptons pas ce fait, nous ne sommes que des disciples nominaux du Christ, des chrétiens uniquement par leur nom. Jésus dans l'évangile affirme ne pas connaître cette catégorie de chrétiens.
Le salut de Dieu est universel, ouvert à tous. Néanmoins, ne le recevrons et n’en feront partie, que ceux dont la foi est accompagnée d'action et de conversion de vie. Il ne s’impose pas que quelqu'un soit disciple du Christ, président de conseil de pastoral paroissial avant de poser de bonnes actions.
« Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? » Telle était la question principale posée par un certain "quelqu'un" qui nous ouvrit à l'enseignement de l'Évangile d'aujourd'hui. Est-ce que c'est seulement ceux qui portent et professent le nom de Jésus qui seront sauvés ? A cette question, le grand théologien Karl Rahner eut une belle réponse. Il parle de « chrétiens anonymes ». Pour Karl Rahner : « Selon cette théorie et pour simplifier, quiconque mène une vie droite et sainte sera sauvé qu'il soit catholique ou non, parce qu'il est un ‘chrétien anonyme’ (orienté vers le Christ et sauvé par lui, sans en avoir un savoir thématisé). Par le ‘oui’ que l’homme pose au plus profond de lui-même comme réponse à cette attente qui est en lui, ce ‘oui’ qui est un ‘oui’ à l’existence la plus profonde, qui est un ‘oui’ tendu vers l’infini, quelle que soit sa croyance, il parvient au salut par le Christ. C'est cet acte de foi implicite qui en fait un ‘chrétien anonyme’. »
Puis Rahner ajoute : « Le ‘chrétien anonyme’, au sens où nous l'entendons, est le païen après le début de la mission chrétienne, qui vit dans l'état de grâce du Christ par la foi, l'espérance et l'amour, mais qui n'a pas la connaissance explicite du fait que sa vie soit orientée vers le salut donné par la grâce à Jésus-Christ. » Être chrétien n'est pas une condition préalable à la réception de la grâce de Dieu. Selon Rahner, la grâce de Dieu est ouverte à tous les hommes. Il y a des gens qui ne sont jamais entrés par la porte d'une église, qui n'ont pas été baptisés et qui ne savent peut-être rien de Jésus. Mais leur vie et leurs actions valent et parlent plus fort de l’amour de Dieu plus que celles de beaucoup de ceux qui dorment dans les églises, baptisés, confirmés, mariés ou ordonnés. Cette catégorie de personnes, bien que non baptisées et anonymes de nos registres paroissiaux, ont bien compris le message du Christ et seront donc sauvées.
Ces paroles de la liturgie d’aujourd’hui sont donc un sévère avertissement pour nous, membres de l’Eglise, qui pensons que, parce que nous venons à l’église, nous avons le visa pour le ciel. La simple appartenance à l'Église ne vous sauve pas et ne vous donne pas droit au paradis. Si nous n’ajoutons pas d’action concrète et de conversion quotidienne à notre foi, nous entendrons le Seigneur nous dire à la fin : « Je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice. » Bien que nous puissions montrer nos certificats de baptême et nos cartes de membres, « Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places. » La réponse sera toujours la même : « Je ne sais pas d’où vous êtes. »
Vous pourriez bien être prêtre, évêque, catéchiste, ministre extraordinaire de l’Eucharistie, président du conseil pastoral, membre de tous les groupes, grand bienfaiteur de votre curé ou simple paroissien, si vous n’ajoutez pas d’action à votre foi en ouvrant votre cœur, votre esprit et vos mains aux nécessiteux, vous n'êtes qu'un chrétien nominal, inconnu du Seigneur.


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18 AOÛT 2019: 20ème dimanche du Temps Ordinaire — Année C

Donne-nous aujourd’hui, Seigneur, notre croix de ce jour.

Un proverbe Français dit : « Celui qui a peur de souffrir souffre de la peur. »
De la croix à la gloire, le destin du prophète.
La vie humaine est une succession de souffrances et de joies, de croix et de gloires. Nous ne pouvons pas rêver d’une vie sans souffrances, épreuves, incompréhensions et autres. Mais tous ceci, lorsque affronté positivement et avec foi, mène à une plus grande gloire.
Ce qui est dit de la vie humaine s'applique également à la vie spirituelle. On ne peut pas rêver que, parce que l’on a choisi d’appartenir au Christ, on ne fera plus face à des épreuves ni à des tribulations. En fait, plus quelqu’un épouse le chemin du Seigneur, plus ses croix seront lourdes. Parce que le christianisme est la religion de la croix. Le Seigneur lui-même disait : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive » (Luc 9,23). Ce qu'il veut dire ici, c'est d’être toujours prêt à faire face à toutes sortes d'épreuves et de persécutions, si nous voulons être ses partisans. Celui qui cherche Jésus sans la croix trouvera sûrement la croix sans Jésus. La croix était le destin de Jésus. C’est le destin des prophètes et c’est le destin qui attend tous bons disciples du Christ. Personne ne peut vraiment être un prophète sans être confronté à des épreuves, aux rejets et aux persécutions.
La liturgie de ce 20e dimanche du temps ordinaire C décrit le prophète et les disciples du Seigneur comme des personnes importunes. Dans la première lecture, nous entendons parler du prophète Jérémie et de ses épreuves. Il était haï et souhaité mort à cause de ses prophéties. Les dirigeants du peuple ont vu en lui un homme qui, selon eux, ne voulait pas le bien-être du peuple, mais sa destruction. Il est évident que la vérité heurte toujours la sensibilité des malfaiteurs.
Un grand espoir, cependant, est que le Seigneur n'abandonne jamais son serviteur entre les mains de ses oppresseurs. Ce fut le cas de Jérémie. Au milieu de ses épreuves, Dieu suscita Ébed-Mélek, un fidèle de la cour, pour qu'il approche le roi et plaide pour la vie du Prophète. Jérémie avait été faussement accusé de désertion et de dissension et Dieu le sauvera de la fosse de la mort.
À bien des égards, le prophète Jérémie est la préfiguration du Christ. Partant de ses épreuves à sa gloire, il présage de ce que sera la vie de Jésus et celle de ses disciples : haine, incompréhension, intrigues, mais après tout la glorification.
L’Évangile de ce dimanche nous donne le même message de souffrance et de séparation ou de division. Le Seigneur Jésus prophétise sur son propre destin. Littéralement, il sera baptisé sur la croix avec la colère de Dieu, car il porte les péchés du monde. Jésus est venu apporter la séparation, la division entre l'ancien et le nouveau. Ce qu'il entend par ces mots, c'est que la bonne nouvelle qu'il a apportée divisera des familles entières, plaçant les membres incroyants contre les croyants.
En tant que disciples du Christ, nous ne devons pas avoir peur des divisions causées par la parole de Dieu. En fait, cela fait partie intégrante de notre nouvelle identité et, en choisissant d’appartenir au Christ, nous nous retrouverons opposer à la voie du monde. Par conséquent, les paroles dures de Jésus : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division… »
La vie chrétienne ou la marche à la suite de Jésus est un voyage vers la perfection. Personne, cependant, ne peut entreprendre ce voyage sans rompre avec l'ancien. Par analogie, un arbre ne renouvelle pas ses feuilles sans perdre les anciennes. De même, quiconque embrasse véritablement le chemin de Jésus et devient un porteur authentique de la parole de Dieu, doit être prêt à renoncer à la vieillerie et à faire face aux persécutions.
L'auteur de la Lettre aux Hébreux nous exhorte néanmoins à rester forts dans notre course à la perfection. En tant qu'athlètes, nous devons courir « avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi. » En endurant patiemment notre destin, nous allons, comme Jésus, remporter la couronne de gloire.
Comme Jésus dans l'Évangile l'a dit à ses disciples, ainsi la Lettre aux Hébreux nous assure que les épreuves et les tribulations sont imminentes. « Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte contre le péché. » Nous ferons face à des croix de plus en plus lourdes. Parce que cela fait partie de notre appartenance à Christ. L'or ne se transforme pas en pierre précieuse sans passer par le feu. Nous ne serons pas de vrais disciples du Christ sans la croix. En ce sens, Saint Luigi Orione aura des propos les plus inspirants. Il dit à ses fils spirituels : « Nous ne sommes certainement pas devenus des religieux pour nous détendre, mais afin obtenir des mérites pour l'éternité ; afin de suivre le Christ, renonçant à nous-mêmes chaque jour ; embrasser notre croix pour l'amour de Dieu, c'est-à-dire souffrir avec Jésus-Christ ici-bas, afin de triompher demain, avec le Christ, de l'autre côté. » (Lettres de DO, volume II, Buenos Aires, 7 août 1935). La croix est la porte vers la gloire. Sans les croix (épreuves), le royaume de gloire est une forteresse sans porte, et donc inaccessible. Donne-nous aujourd’hui, Seigneur, notre croix de ce jour.


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15 AOÛT 2019: Assomption de la Vierge Marie — Solennité

Assomption de Marie : l'amour d'un enfant pour sa mère.

LECTURES: Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab; Ps 44, (45), 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16; 1 Co 15, 20-27a; Lc 1, 39-56


Un proverbe Danois dit : « Celui qui prend l'enfant par la main prend la mère par le cœur. »
Comment aimez-vous votre mère ? Cela semblerait étrange comme question tandis que nous célébrons la solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie. Certains demanderaient même quelle est la relation ? Simple ! L'élévation ou l'Assomption de Marie au ciel est simplement l'expression de l'amour filial que le Fils de Dieu a pour sa mère. Nous avons tous une grande estime pour nos mères et nous leurs devons tout. Combien plus Jésus, pour sa mère !
La solennité de l'Assomption de Marie, avant toute explication théologique ou dogmatique, est l'expression d'un amour filial pour notre Mère Céleste. De nombreuses critiques et condamnations ont toujours été formulées à l’encontre des Catholiques au sujet de la célébration d’aujourd’hui et de son énoncé dogmatique. Plusieurs fois, se référant au culte Marial, les chrétiens catholiques ont été accusés d’idolâtrie et de bien d’autres maux. Sans aucune présomption de vouloir répondre à toutes ces critiques et à tous ces malentendus, nous voudrons centrer notre méditation d’aujourd’hui sur un seul aspect : notre dévotion Mariale.
Par définition, du dictionnaire Merriam-Webster, la dévotion est un sentiment d'amour fort ou de loyauté. C'est la qualité d'être dévoué. Par conséquent, l’on dit de qui se sent loyal et aimant envers quelqu'un ou quelque chose, qu’il a de la dévotion. En ce sens, certaines personnes se dévouent aux animaux de compagnie, d'autres au basketball, au football ou au golf, d'autres à la nourriture, sans oublier le dévouement ou addiction aux réseaux sociaux et aux jeux.
Pris dans cette optique, il n’y a rien de mal pour quelqu'un de ressentir de la loyauté et de l'amour filial envers celle que nous savons, a trouvé une faveur spéciale avec Dieu (Luc 1,30). Notre dévotion Mariale est avant tout et en tout un acte de loyauté et des pratiques pieuses externes dirigées vers la personne de la Mère de notre Seigneur et Sauveur. C'est un hommage des enfants à leur mère. À travers elle, nous glorifions Dieu pour avoir choisi notre humanité, en Marie, afin de collaborer à son dessein divin.
Toutes nos dévotions Mariales et nos actes d'amour envers Marie ont un fondement biblique. Tout commence par le rôle singulier que Dieu lui a confié dans le mystère de la vie, de la mort et de la résurrection du Christ. A regarder de près et avec honnêteté, il n'y a pas un seul moment ou événement, aussi important dans la vie de Jésus où Marie n'ait pas été présente. Si nous considérons le début des mystères de Jésus avec l'Incarnation à travers l'Annonciation, l'acteur principal de l'Annonciation n'était pas Jésus, mais Marie. C'est à elle que l'Ange est apparu. À la Nativité, c'était aussi Marie le personnage principal, avec l'Enfant Jésus, Joseph, les Anges et les autres. Au début du ministère public de Jésus, Marie était également présente. Nous le lisons dans le récit de saint Jean : « Le troisième jour, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples » (Jean 2,1-2). Puis, au plus grand moment de la manifestation de la gloire de Dieu, à l’heure du ‘Consummatum est’, durant la passion et la mort de Jésus, parmi le petit nombre de ceux qui lui sont restés, était nommée en premier lieu, sa mère.
Marie se présente donc comme la plus fidèle et la plus grande disciple et dévote de son Fils. Nous lui rendons hommage, par notre dévotion, pour ce qu'elle a été pour Jésus et ce qu'elle est pour nous, encore aujourd'hui. Notre culte Marial n'est pas un acte d'idolâtrie, mais une expression d'amour des enfants envers la Mère de leur Sauveur et leur propre Mère. Si nous avons beaucoup de respect pour nos mères biologiques, combien plus de respect devrions-nous accorder à celle que Dieu choisit pour être sa mère ? « Tu es béni entre toutes les femmes » (Luc 1,42). Si nous ne refusons pas de voir Jésus comme Dieu, Marie est la Mère de Dieu.
Après ces éclaircissements, passons maintenant à la solennité d’aujourd’hui. La déclaration dogmatique est la suivante : « La Vierge immaculée, préservée de toute tache de la faute originelle, au terme de sa vie terrestre, fut élevée à la gloire du ciel en son âme et en son corps… » [Pie XII, Munificentissimus Deus 44].
Cette proclamation ou acte de foi pour nous, catholiques, parle de l'élévation ou de l'exaltation de Marie. Les mots sont clairs : “au terme de sa vie terrestre …” Ce n’est pas une déclaration de l’immortalité de Marie. Comme tous les êtres humains, Marie a atteint la fin de sa vie terrestre, ce qui implique la mort. Même Jésus, le Fils de Marie dans toute sa divinité, a connu la mort. La différence avec nous, cependant, est que Dieu n'a pas permis à son corps, le corps qui a porté le Fils de Dieu, de connaître la dégradation et la corruption du tombeau. Elle a été assumée au paradis.
La solennité de l'Assomption, de ce point de vue, devient un appel et un défi pour vous et moi. Nous sommes appelés à voir et à comprendre que la Terre n'est pas notre destination finale. Dieu nous a créés de la terre, et nous devrons retourner en terre, poussière en poussière. Nos vies, néanmoins, ne sont pas limitées seulement ici sur terre. C’est donc un défi de contempler le ciel, où Marie, une des nôtres, est élevée aujourd’hui, comme notre véritable patrie.
Bien que nous soyons confrontés à des épreuves, des difficultés et de nombreuses autres tribulations ici-bas, le ciel est toujours grand ouvert pour nous. Et Marie, auprès de son divin Fils, intercédera et plaidera continuellement pour notre glorification future.
Bien sûr, et c'est le message de la première lecture, notre vie sur terre est une bataille continuelle. Une guerre entre le bien et le mal ; une bataille entre les forces de la mort et les forces de la vie. La haine, la jalousie, la violence sous toutes ses formes, les injustices, la corruption, les rejets, la criminalité et bien d’autres maux entourent notre vie quotidienne sont au cœur de nos sociétés et de nos communautés. Mais nous sommes assurés que le mal ne prévaudra pas sur le bien. Ce que Dieu a fait avec Marie, à travers Marie, il le fera également pour nous. Dans nos batailles de la vie, la « Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles » fait chemin avec nous et intercède pour nous. Elle nous a donné son divin Fils. Elle ne manquera pas de nous donner à son Fils.
Tout comme Jésus a été ressuscité d'entre les morts en tant que prémices de ceux qui se sont endormis, de même nous ressusciterons de la mort et ferons l'expérience de la gloire de Dieu. La glorification de Marie est donc synonyme de notre glorification future. Par conséquent, en chantant son Magnificat, nous chantons l’amour de Dieu pour notre humanité. Il a fait de grandes choses pour son humble servante, il fera toujours de grandes choses pour nous aussi, en nous permettant de faire l'expérience de sa miséricorde et de son amour lorsque nous nous confrontons aux batailles de vie.


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11 AOÛT 2019: dimanche, 19ème Semaine du Temps Ordinaire — Année C.

La foi et l'action codes d’accès aux promesses Divines.

LECTURES: Sg 18, 6-9; Ps 32 (33), 1.12, 18-19,20.22; He 11, 1-2.8-19; Lc 12, 32-48

Un proverbe Taiwanais dit : « La foi est confirmée par le cœur, avouée par la langue et exercée par le corps. »
Notre Dieu est un Père fidèle qui accompli tout ce qu'il promet. Dieu n'oublie pas sa promesse de sauver la vie des pauvres et de tous ceux qui ont mis leur cœur et toute leur confiance en lui. Il est toujours désireux de défendre la cause des pauvres et ne fait pas la sourde oreille aux cris de ceux qui le cherchent. Plein de cette assurance, le psalmiste s'exclama : « Le Seigneur entend les cris des pauvres, que le Seigneur soit béni. » (Psaume 34,7).
Dieu entend nos cris, lorsque nous nous tournons vers lui. Ce qu'il exige en retour, c'est notre foi ; une foi active qui nous gardera toujours près de lui et près de nos frères et sœurs dans le besoin. De la découle le thème fort de la célébration de ce dimanche : d’un côté la fidélité de Dieu à ses promesses, et de l’autre, la foi et l’action comme codes d’accès humain à la promesse divine.
La première et la deuxième lecture nous présentent l'exemple de nos précurseurs dans la foi. Le livre de la Sagesse nous dit que, de par leur foi en Dieu, nos pères ont eu un avant-goût de la réalisation des promesses de divines. Par conséquent, « ils étaient dans la joie. Et ton peuple accueillit à la fois le salut des justes et la ruine de leurs ennemis. » La foi a ouvert aux ancêtres les secrets du salut de Dieu et à la réalisation de ses promesses.
La deuxième lecture s’ouvre avec la plus belle définition de la foi. Nous lisons : « la foi est une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas. » La foi, en réalité, est le gage de la réalisation de toutes les promesses de Dieu. La foi est le moyen pour nous d’entrer dans ce que Dieu promet. L'auteur de la Lettre aux Hébreux nous donnera ensuite l'exemple de personnages ayant une foi significative, et l'on pourrait même dire, forte : Abraham et Sara. Abraham, par sa foi, a-t-on lu, a reçu l’approbation divine et la promesse d’une multitude d’héritiers. Par la foi aussi, sa femme Sarah « malgré son âge, fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses, » elle que l’on disait stérile.
Nous voyons donc que la foi peut rendre toutes choses possibles. La foi, cependant, doit nous armer du courage d'espérer dans l'avenir. Qui dit espérance dans l’avenir parle de la qualité de personne en état d’éveil, de vigilance. Alors viennent les exhortations de Jésus dans l'Évangile à rester toujours vigilants, parés pour la venue du Seigneur. Les promesses de Dieu se réaliseront sans aucun doute. De cela, nous avons l'assurance de par la foi. Néanmoins, nous ne devons pas nous endormir. Nous devons garder notre foi active et toujours à l’œuvre.
Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui se vantent de leur foi et de leur appartenance au Christ. Ils chantent à quiconque voudrait les entendre leur foi dans le Seigneur et leur appartenance à l'Église. Malheureusement, ces soi-disant chrétiens ne sont actifs que dans l'église, membres de tous les groupes et associations. Ils sont de bons adeptes de l'église et de la religiosité à l'intérieur des murs. Une fois hors de l’église, on ne voit nulle part leur foi à l’œuvre ; inactif dans la société, indifférent aux besoins des autres.
La vraie foi n’est pas une question d’appartenance à une communauté ou de loyauté profonde au Seigneur. Une telle foi fait de vous un bon membre de l'Église, mais pas un chrétien, c'est-à-dire un disciple du Christ. Malheureusement, nombreux sont ces fidèles qui sont tout, sauf de bons chrétiens. Ils ont une foi endormie, car ils ne se sentent pas concernés par les problèmes de quiconque. Le Seigneur exhortant ses disciples à la vigilance dit : « Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. » C’est une invitation à joindre l’action à notre foi, à développer une foi toujours à l’œuvre.
Il est scientifiquement prouvé qu'un organe ou une cellule au travail ne dort pas. Par conséquent, une foi active sera toujours vigilante, éveillée et prête. La foi d'Abraham était active ; ainsi en est-il de la foi de Sarah. C’est pourquoi ils virent l’accomplissement des promesses du Seigneur.
Une foi authentique ne conduit pas à devenir aveugle ou indifférent au besoin de nos frères et sœurs. Au lieu de cela, elle ouvre à l'action. Ainsi, l'interpellation de saint Jacques : « En revanche, on va dire : ‘Toi, tu as la foi ; moi, j’ai les œuvres. Montre-moi donc ta foi sans les œuvres ; moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi.’ » (Jacques 2,18)
C'est un appel à ce que nous cultivions une foi de la tête, du cœur et des mains ; c'est-à-dire croire en Dieu à l'intérieur de l'église (Tête), éprouver de la compassion pour les nécessiteux (Cœur) et œuvrer afin de répondre à leurs besoins (Main). La vraie foi n'atteint sa perfection que lorsqu'elle combine ces trois aspects et devient action. Ainsi, il est évident qu'une foi sans action est morte, juste du spiritualisme spéculatif.


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6 AOÛT 2019: Transfiguration du Seigneur — Année C
Fête

Transfiguration du Seigneur ou d'une autre théophanie.

LECTURES: Dn 7, 9-10.13-14; Ps 96, 1-2, 4-5, 6.9; 2 P 1, 16-19; Lc 9, 28b-36 

Un proverbe Igbo dit : « Savoir sans le dire est ce qui tue les anciens. Entendre sans écouter est ce qui tue les jeunes. »
Le Fils de l'Homme se révèle à l'être humain et la voix du Père atteste de son identité divine. C'est ce que nous nous célébrons aujourd'hui. Nous célébrons une fête qui est en réalité une théophanie. Parce que, par définition, l’on appelle théophanie, une manifestation visible de Dieu ou d’un dieu à l’humanité. C'est une tangible manifestation de Dieu aux sens de l’être humain.
La fête d’aujourd’hui ouvre nos sens, principalement nos yeux (le voir) et nos oreilles (l’entendre) à la connaissance intime de la véritable identité de Jésus. Pour nous aujourd'hui, il est évident que Jésus est le Fils de Dieu. Nous le savons de par la foi. Mais ce n'était pas aussi évident pour les disciples. Bien qu'ils aient suivi le Seigneur et soient témoins de bon nombre de ses merveilles et de ses miracles, il restait néanmoins des questions et de nombreux doutes. La théophanie ou la transfiguration est un sceau divin sur la profonde identité du Seigneur.
L'événement est présenté comme suit ; nous lisons dans le récit de Luc : « Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante… »
Le Seigneur a en fait choisi de paraître dans toute sa splendeur et sa gloire à ses disciples. Ainsi, a-t-il choisi ces trois. Par sa transfiguration, Jésus n'est pas devenu un autre homme. En ce sens, nous ne parlons pas de la transfiguration comme une transformation. Jésus n’est pas un 'transformateur' au sens du film de fiction Américain intitulé ‘The Transformers’. Au lieu de cela, dans sa transfiguration, Jésus a donné à ses disciples un aperçu de sa gloire. Il leur a montré son vrai moi. Ainsi, Luc parle de l'éclat de son visage. Dieu se révèle à notre humanité représentée par les trois apôtres. Moïse et Élie en communication avec Jésus sont une preuve que Jésus est l'achèvement de la Loi et des Prophètes. Tout ce qui avait été prédit dans les oracles des Prophètes et tout ce que la Loi mosaïque commande sont résumés et réalisés dans la personne de Jésus, le Messie attendu.
Un contraste est cependant à soulever. Le messianisme de Jésus n'est pas comme celui attendu par Israël, mais celui annoncé depuis longtemps dans l'oracle de Daniel : « je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ».
Regardons maintenant de près l'extrait de saint Luc dans son contexte. Nous pouvons le faire de manière plus pertinente en commençant par les événements antérieurs à la Transfiguration et les événements ultérieurs à la Transfiguration. Cela aidera à voir dans cette Transfiguration le vrai côté théophanique. Dans Luc 9,18-27, Jésus interrogea les disciples sur son identité. Ce que les gens disent de lui et ce qu’eux-mêmes disent de lui. À partir les rumeurs, ils parviennent à la déclaration ou à la confession de Pierre au sujet de Jésus : « Le Christ, le Messie de Dieu. » C’était une sorte de reconnaissance de l’identité du Seigneur. Mais tout à coup, le Seigneur prédit sa passion. Le Fils de l'homme ne sera dans toute sa gloire que lors de sa passion, mort et résurrection.
Les événements postérieurs à la Transfiguration nous apprendront également que les apôtres, sans le maître, ne sont capables de rien, l'épisode du père désespéré et des disciples sans espoir (Lc 9, 37-42). Jésus est celui qui a toute autorité toute sorte d’esprit.
Puis la Transfiguration elle-même telle que racontée par Luc. Nous lisons qu'à la montagne, avec ses trois disciples, il leur donna de voir la splendeur du Messie : son visage brillait, ses vêtements devenaient d'un blanc éclatant. Ils ont également la vue de deux hommes dans leur splendeur, Moïse et Élie, piliers du judaïsme. Alors perdus dans cette démonstration de gloire, les apôtres, par l'intermédiaire de Pierre, ne peuvent dire que peu de choses qu'ils ne savent même pas : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Et la plus belle partie de la Transfiguration : ce qu'ils entendent : de la nuée une voix confessant l'identité du Seigneur et donnant une recommandation de ce qu'il faut faire : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! »
Dans les versets précédents, nous lisons que Jésus a questionné à son sujet et Pierre a avoué ce qu’ils pensaient qu'il était. Mais alors, Dieu lui-même dit qui il est. Un sage disait que le plus important n’est pas ce que les gens disent de quelqu'un. Mais ce qu'il dit de lui-même. C'est ce à quoi l’on devrait accorder le plus de crédit.
Le message de la transfiguration est tout aussi simple et peut constituer un défi pour chacun de nous. Tout d'abord, il nous est donné de connaître Jésus comme le Fils de l'homme, l'élu en qui le Père se complait. Ensuite, le défi est la recommandation : « Écoutez-le. »
L’on nous dit qu'il ne suffit pas de savoir qui est Jésus. Mais après l'avoir connu, après avoir découvert son identité intérieure, prendre le temps de l'écouter. En écoutant le Seigneur, nous découvrons la volonté de Dieu en lui et la volonté de Dieu sur nos vies et évitons ainsi toute confusion telle que celle dans laquelle vivaient Pierre et ses compagnons.
Beaucoup de gens aujourd'hui ont perdu la capacité d'écoute. Nous écoutons beaucoup de choses : musique, commérages, mauvaises nouvelles, perversité. Mais quand il s'agit d'écouter le Seigneur, il semble que nous n'entendions plus rien. Nous vivons dans un monde assourdissant où les gens préfèrent s’écouter eux-mêmes que d’écouter les autres et Dieu. Dieu se révélant à nous, nous exhorte à lui ouvrir nos oreilles. C'est le message de cette théophanie. Il ne suffit pas de connaître le Seigneur, mais nous ferons bien de l'écouter et de mettre en pratique ses paroles.

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4 AOÛT 2019: dimanche, 18ème Semaine du Temps Ordinaire — Année C

Richesses et pauvreté : la folie de notre temps.


LECTURES: Qo 1, 2 ; 2, 21-23; Ps 89 (90), 3-4, 5-6, 12-13, 14.17abc; Col 3, 1-5.9-11; Lc 12, 13-21

Un proverbe Français dit : « À sa mort, l'homme le plus riche n'emporte avec lui qu'n linceul. »
Il y a une triste constante dans nos sociétés et dans le monde, la soif de possession et le consumérisme. Cela a été depuis la création et encore plus actuel aujourd'hui. Nous sommes une société de consommation. En ce sens, nous évoluons tous en accumulation. Nous voulons notre plein de tout. Nouveaux vêtements, nouvelles chaussures, nouveaux téléphones portables, nouvelles voitures, nouvelles maisons… Ce qui était nouveau hier perd sa brillance et finit par devenir antique, alors nous en recherchons un autre. Pour beaucoup de gens, la sécurité signifie la possession. Ne rien avoir, à commencer par l'argent, c'est vivre la vie la plus incertaine, ouverte à toutes les ambiguïtés. Cette soif d’accumulation amène beaucoup de gens à se centrer sur eux-mêmes et à la plus triste forme d’égoïsme : le nombrilisme et l’indifférence.
La liturgie d’aujourd’hui sonne l’alarme. Nous sommes instamment priés de ne pas rechercher uniquement des biens matériels, mais d’avoir soif du plus important, les biens spirituels ; c'est-à-dire, accumuler des trésors au ciel.
Aux yeux de certains, être riche signifie posséder le monde entier. Une vie heureuse semble être faite de possession en abondance, de serviteurs à nos soins, de milliers et de milliards de sous dans nos comptes, de nombreuses copines ou copains, et bien plus encore… À cela, l'Ecclésiaste répond : « Vanité des vanités, tout est vanité ! » Tout ce dont nous nous réjouissons aujourd'hui, tout ce qui semble nous mettre en paix et nous apporter la sécurité ne nous suivra pas dans la tombe. L'Ecclésiaste d’en rajouté qu’ « Un homme s’est donné de la peine ; il est avisé, il s’y connaissait, il a réussi. Et voilà qu’il doit laisser son bien à quelqu’un qui ne s’est donné aucune peine. » Il est donc nécessaire de ne pas fixer le cœur sur la possession et la vaine gloire, mais sur ce qu’il y a de plus important.
Jésus dans l'Évangile de Luc insistera sur le fait que ceux qui accumulent des richesses et des biens matériels sont « insensés ». C’est tout comprendre de travers, que de penser que les biens matériels et héréditaires peuvent contribuer au salut et au bonheur éternel. Les richesses pourraient certainement vous assurer le respect et la sécurité aux yeux des personnes, mais pas au plan spirituel.
La réalité montre que les personnes en plus grande précarité au point sécuritaire sont celles qui semblent tout posséder. Avez-vous déjà vu des agents de sécurité à la porte d’un pauvre homme ? Il n'a même pas de porte chez lui et pas de clôture à sa maison. Il ne sait pas à quoi sert la vidéosurveillance. Il n'a pas besoin de bunker, ni de coffre-fort dans sa chambre. Le peu qu'il a est toujours à portée de main, pas de comptes bancaires. Ceux qui possèdent sont les personnes les plus insécures. Leurs maisons sont comme des prisons artificielles ; clôtures électriques, hauts murs, vidéosurveillance, gardes de corps, alarme avec connexion directe au poste de police, chiens de garde… Un véritable enfer. Ils ont peur de tout et de rien. Nul ne peut accéder à leur résidence sans rendez-vous ni invitation… Vanité des vanités ! Dit l'Ecclésiaste.
L'Évangile de ce 18e dimanche et son contexte : Nous lisons qu'un jeune homme a demandé au Seigneur : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. » Dans les familles, même au temps de Jésus, le problème de la succession et du partage l'héritage a toujours été une source de conflits, conduisant souvent à des fratricides. Il semble évident que cet homme avait de grandes dissensions avec son frère qui refusait de lui donner sa part des biens de leur père. Les biens matériels sont le nerf de tous les problèmes !
Cela donne cependant à Jésus l'occasion d’une catéchèse sur la possession matérielle et la richesse. Il met d'abord en garde ses disciples : « Gardez-vous bien de toute avidité, car la vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède. » Ensuite, le Seigneur donne la parabole du propriétaire terrien, la parabole de l’homme riche. Beaucoup de gens tombent souvent dans l'illusion que la possession est une procuration et une garantie de paix, de bonheur, de sécurité et de futur. Cet extrait de Saint Luc, ajouté à la première lecture, nous enseignent clairement que les biens matériels ne peuvent assurer qu'une sécurité matérielle fugace, sans être une garantie pour l'avenir. C’est en fait une sottise de penser que notre argent, nos ors, nos diamants ou nos grandes maisons accroîtront notre bonheur et garantiront notre avenir. La réponse de Dieu à l'homme riche dans la parabole nous est également adressée : « Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ? »
Vanité des vanités ! Pour dire avec l'Ecclésiaste, tout est vanité. Ainsi, un célèbre dicton Chinois dit : « Avec de l'argent, vous pouvez acheter une maison, mais pas un foyer. Avec de l'argent, vous pouvez acheter une horloge, mais pas le temps. Avec de l'argent, vous pouvez acheter un lit, mais pas le sommeil. Avec de l'argent, vous pouvez acheter un livre, mais pas la connaissance. Avec de l'argent, vous pouvez acheter un médicament, mais pas la santé. Avec de l'argent, vous pouvez acheter une position, mais pas le respect. Avec de l'argent, vous pouvez acheter du sang, mais pas la vie. Avec de l'argent, vous pouvez acheter du sexe, mais pas l'amour... »
En tant que disciples du Seigneur, nous sommes vivement invités à développer un nouveau type de relation vis-à-vis de la richesse. Ce n'est pas que cela soit un mal d'être riche ou de posséder des biens matériels. Mais le mal vient de penser que notre possession peut nous assurer un avenir paisible et l’éternité. Ce qui peut nous assurer la vie éternelle ce ne sont pas les choses d’ici-bas, mais les réalités spirituelles, les choses d’en haut où vit le Christ. Ainsi, l'exhortation de Paul aux Colossiens : « Frères, si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut. » Nous devons donner plus d'importance et orienter notre esprit sur les réalités célestes et les valeurs spirituelles.
La terre et tout ce qu'elle contient disparaîtront un jour. Rien de ce monde n'est éternel. Ceux qui n'ont pas compris cette vérité, sont toujours désireux de posséder, d’accumuler, de tout obtenir encore et encore… A quel profit nous serons toutes ces soifs si nous finissons par y perdre nos vies et le paradis ?
De nombreuses personnes vivent aujourd'hui dans l'idolâtrie de la possession matérielle et de la richesse. Ce faisant, ils ouvrent la porte à de bien nombreuses immoralités. Paul dit aux Colossiens : « Faites donc mourir en vous ce qui n’appartient qu’à la terre : débauche, impureté, passion, désir mauvais, et cette soif de posséder, qui est une idolâtrie. Plus de mensonge entre vous… »
Les biens matériels ne peuvent pas satisfaire notre âme. En outre, ne présumons jamais que nous aurons de nombreuses années à vivre. Nos vies sont entre les mains de Dieu. À tout moment, il peut nous les enlever. Il serait donc sage que nous amassions des trésors au ciel en utilisant nos richesses terrestres pour servir et aider les nécessiteux. Car, comme le dit saint Luigi Orione, « Seule la charité sauvera le monde. » Celui qui aime est désireux de donner ce qu'il a ; tandis que qui n'aime pas veut tout garder pour soi.


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28 JUILLET 2019: 17ème dimanche du Temps Ordinaire — Année C

Comment est-ce que je prie ?

LECTURES: Gn 18, 20-32; Ps 137 (138), 1-2a, 2bc-3, 6-7ab, 7c-8; Col 2, 12-14; Lc 11, 1-13

Un proverbe Marocain dit : « Si les prières des chiens étaient exaucées, il pleuvrait des os du ciel. »
Chaque fois que nous l'appelons, le Seigneur répond. Il ne tarde pas ; et si jamais la réponse semble tardée, c'est que le Seigneur prépare mieux que ce que nous avons demandé. L'analogie n'est pas toujours logique, mais nous pourrions dire que la prière est comme un marché que nous faisons avec le Seigneur. En priant, nous entrons en accord, en affaires avec lui. Cependant, ce n’est pas tant une affaire de parité comme du donnant-donnant ou du donner et recevoir, comme pour dire au Seigneur : ‘Je vais te gratter le dos, tu me grattes, le mien », une sorte de réciprocité. Dans le contrat de prière, celui qui donne est toujours le Seigneur et nous, les interlocuteurs, sommes les receveurs.
La prière est aussi un exercice de médiation. On ne prie pas toujours pour demander rien que pour soi-même. Parfois, il s’agit de demander pour le bien des autres. La meilleure prière, en fait, est celle qui n'est ni égoïste ni égocentrique. Il s’agit de faire nôtres les besoins des autres. En ce sens, la prière du Seigneur apparaît comme la plus belle de toutes les prières.
Comme nous pouvons le flairer, la liturgie d’aujourd’hui porte sur la prière. Nous lisons dans la première lecture au sujet de la prière d'Abraham pour les villes de Sodome et Gomorrhe. Nous lisons à quel point et avec quelle obstination, voire opiniâtreté, Abraham s'est fait le devoir de plaider pour ces villes et leurs habitants. De cette prière, nous apprenons que prier n'est pas un fait d’un instant. Ce n’est pas que l’on demande juste une fois, et c’est suffisant. Il s'agit d'insister, de plaider, de négocier. La prière est en réalité un "saint entêtement".
Les Saintes Écritures nous enseignent que nous devons prier toujours, prier sans cesse, prier à tout moment, en mettant chaque situation et tout ce que nous rencontrons devant Dieu et entre ses mains. Il s’agit aussi de le remercier toujours pour tous les événements, situations et faits de notre vie.
Avec Abraham, nous découvrons que la meilleure prière n'est pas un acte sporadique. Cela demande de l'insistance, de la patience, de la persistance et de l'audace. Notre prière nous ouvre à l’horizon de Dieu et nous rapproche de lui. La quatrième préface commune du temps ordinaire le dit à juste titre, que Dieu n'a pas besoin de notre louange, et pourtant c'est lui qui nous inspire de lui rendre grâce : nos chants n'ajoutent rien à ce qu’il est, mais ils nous rapprochent de lui.
Dans l'Évangile, le Seigneur Jésus nous donne un beau catéchisme sur la prière. Nous lisons que « Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples » lui demanda de leur apprendre à prier. Alors, il leur a enseigné la Prière du Seigneur. Puis, juste après cela, il a ouvert le véritable enseignement sur la prière. Cela vaut n'importe quel traité théologique. Cela porte sur trois points : Qu’est-ce-que la prière ? Quand devrions-nous prier ? Comment et pourquoi devrions-nous prier ?
Dans le catéchisme de l'Église catholique, CEC. 2558, il est dit : « la prière c’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie (Ste. Thérèse de l’Enfant-Jésus, ms. autob.) » Ensuite, le CEC ajoute que la prière est un don de Dieu, un acte d'alliance, une communion. L'être humain est une créature à la recherche du divin. Ce n'est que par la prière que nous atteignons notre but, trouver Dieu.
Dieu, cependant, l’on ne le trouve jamais seul, ni seulement pour soi-même et une fois pour toutes. C'est une question d'exercice continu, d'ouverture aux autres et de communion avec eux. Tout comme Abraham le fit avec sa sainte obstination. Ainsi, Jésus, dans son enseignement sur la prière, mettra l'accent sur cet aspect d'insistance. Nous recevons une réponse à nos prières quand nous savons insister, persister et être cohérent. Dieu connaît sûrement nos besoins avant que nous ne venions les lui présenter. Il sait aussi mieux ce qui est bon pour nous. Par conséquent, il répondra toujours à nos prières. Néanmoins, nous devons nous rapprocher de lui et ne pas être égoïstes dans ce que nous demandons, ni être conditionnés par les circonstances, c'est-à-dire, ne pas prier uniquement que lorsque nous sommes dans le besoin.
Malheureusement, nombreux sont ceux qui ne connaissent le chemin de l'église que lorsque le besoin s'en fait sentir. Certains ne viennent à l'église que lorsqu'ils ne peuvent plus gérer la vie seuls. Disons-le, Dieu n'est pas un pare-feu ; quelqu'un que nous connaissons seulement quand il y a du feu. La prière étant une communion avec lui, nous devons la garder comme une communication continue.
Nous lisons dans les évangiles que le Christ notre Seigneur a toujours été en relation avec son Père par la prière. Il ne manquait jamais d’occasion pour s’entretenir avec lui. C'est même parce qu'ils l'ont vu ainsi, que l'un de ses disciples lui a demandé de leur apprendre à faire de même. En tant que chrétiens, nous dit Paul en seconde lecture, nous devrions également imiter cette relation que Jésus entretenait avec Dieu. Nous devons prier comme lui.
Il est triste de voir le sens que beaucoup de chrétiens donnent aujourd'hui à la prière. Au lieu d’être un moyen de connexion au divin, la prière pour certains fait de Dieu un instrument, une machine à réponse. J'ai un problème financier, ‘mon Dieu’. Tu n'as ni mari ou femme, ‘Dieu’. Mariés depuis des années, ils n’ont pas d’enfant, ‘Dieu’. Quelqu'un ne faisait pas bien son travail, il a été renvoyé pour corruption, ‘Dieu’. On est en train de mourir de maladie ou de faim, ‘Dieu’. Dieu est-il devenu un solutionneur de problèmes ? Est-ce cela la vraie prière, de ne connaître Dieu et de ne l'approcher que lorsque nous sommes dans le besoin ?
Une autre observation moins plaisante à propos de la prière est que pour beaucoup, la prière semble la consécration de l'égoïsme. Leur prière semble ne pas les connecter aux autres. Certaines personnes ne prient que pour elles-mêmes et peut-être pour leurs proches. Dans la première lecture, nous avons entendu parler de la médiation et de l'intercession d'Abraham pour Sodome et Gomorrhe. Ce n'était pas pour lui-même. Il n'avait rien à voir avec ces deux villes. Ce n'était pas non plus parce que son neveu Loth vivait à Sodome. La prière est une médiation et une intercession. Nous sommes appelés à devenir des instruments de la grâce de Dieu dans la vie des autres. Le Seigneur nous enseigne bien ce fait dans le "Notre Père". Il ne s'agit pas de prier uniquement pour soi, mais pour tous. En priant, nous devons ressentir et faire nôtre les besoins des autres. Ce lien avec les autres sera plus ressenti et renforcé si nous réalisons que Dieu, notre Père, qui est l’épicentre de notre être, est également l’épicentre de l’existence de l’autre. Dieu n'étant pas égoïste ne donne pas de réponse favorable au culte du soi dans la prière. Si votre prière est "moi, moi, moi", Dieu ne l'entendra pas.


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22 JUILLET 2019: Ste Marie-Madeleine — Fête

Sainte Marie-Madeleine, l'Apôtre auprès des Apôtres.

LECTURES: Ct 3, 1-4a; ou 2 Co 5, 14-17; Ps 62 (63), 2, 3-4, 5-6, 8-9; Jn 20, 1.11-18

Un proverbe Yiddish dit : « Les femmes ne peuvent garder qu’un secret - le leur. » C’est pourquoi le secret de la résurrection du Seigneur a été confié à une femme.
Nous célébrons aujourd'hui l'une des rares femmes qui a joué un rôle très particulier dans la vie et la mission du Seigneur Jésus-Christ. Marie-Madeleine, la femme de toutes les controverses sociales et théologiques.
Il y a quelques jours, je parcourais un livre écrit par un évêque Philippin, Mgr Teodoro Bacani, émérite du diocèse de Novaliches, intitulé « Jesus goes public » (Jésus va en public). Parmi les titres ou articles, l'un d'entre eux parle des ‘femmes dans la vie de Jésus’. Mgr Bacani a déclaré à juste titre que la première femme de la vie de notre Seigneur était la Bienheureuse Vierge Marie, sa Mère. Mais après Marie, il est indéniable que Marie-Madeleine était l’une des femmes qui occupaient une place très importante dans la vie du Seigneur.
En ce qui concerne le contexte biblique, mais aussi historique, la société dans laquelle Jésus vivait et enseignait était patriarcale et hiérarchique, comme beaucoup de nos cultures et traditions actuelles, c’est-à-dire que le mari était le chef du ménage, et les femmes, les enfants et les esclaves lui étaient subordonnés. Les rôles et les tâches étaient clairement divisés entre hommes et femmes. Dans le récit évangélique sur la multiplication du pain, nous lisons par exemple que « ceux qui ont mangé étaient environ cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants » (Matthieu 14, 13-21). Pour ainsi dire, les femmes ne comptaient pour rien.
Mais dans cette société si fortement patriarcale, nous lisons que beaucoup de femmes ont joué un rôle très important dans la mission du Seigneur. Certaines en tant que sujets qui deviendront par la suite des actrices, d'autres en tant qu'actrices de première classe. Les femmes qui suivaient Jésus ont une tâche particulièrement importante dans l’Évangile, principalement à sa mort et sa résurrection. Elles voient Jésus mourir. Elles voient où il a été enterré et elles trouvent sa tombe vide le Dimanche de Pâques.
Marie-Madeleine était une de ces femmes très spéciales. A dire vrai, comme l'écrivait un certain Damian Thompson, journaliste Anglais, dans son article sur la Madeleine, « Personne dans la Bible n'a été aussi complètement déformé que Marie Madeleine. » Mais les récits bibliques sont très clairs à son sujet. Ainsi écrit Damian : « Que nous disent les évangiles sur Marie de Magdala ? Elle était connue pour être la "Madeleine", d’elle Jésus avait chassé sept démons, elle était présente au pied de la croix, avait découvert le tombeau vide et fut la première personne à qui le Seigneur ressuscité était apparu. »
Marie-Madeleine n’est pas et n’a jamais été la ‘femme perverse’ ou de mauvaises mœurs telle qu’elle est représentée dans certains films et écrits. Elle est l’un des plus grands disciples du Seigneur et, comme l’a récemment admis le Pape François, elle est « le premier témoin de la résurrection de Jésus », l’apôtre auprès des apôtres. C'est elle que Jésus a envoyée pour annoncer aux autres apôtres la bonne nouvelle de sa résurrection. L'Évangile de Jean décrit donc Marie-Madeleine comme la première apôtre (Jean 20,17).
Après l'exemple de Marie-Madeleine, de nombreuses autres femmes ont joué un rôle unique dans la vie de notre Seigneur. Et même aujourd'hui, dans nos Églises, les femmes sont des protagonistes très spéciaux de l'évangélisation. Non seulement que, sans aucune exagération de notre part, plus de 75% de ceux qui assistent aux messes aujourd'hui sont les femmes et les enfants, mais les femmes sont également les personnes les plus engagées dans la vie de l'Église. Bien que l'Église en tant que hiérarchie soit encore extrêmement patriarcale dans son organisation, les femmes sont celles qui la soutiennent, financièrement, humainement et statistiquement. Les femmes sont les chrétiens les plus actifs, et cela est une vérité. Elles sont aussi les plus dévoués.

Dans une société comme celle de Jésus, où les femmes n’étaient pas appelées à témoigner et où à leur parole n’était accorder presque aucune crédibilité concernant les événements historiques, Marie Madeleine a été le premier témoin du plus grand mystère de notre foi. Comme elle, que les femmes dans nos sociétés actuelles donnent naissance à une église où Jésus sera considéré comme le premier et le seul que nous devrions réellement posséder.

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21 JUILLET 2019: dimanche, 16ème Semaine du Temps Ordinaire — Année C

L’hospitalité sociale et l’hospitalité spirituelle : accueil et écoute la parole de Dieu.

Un proverbe Juif dit : « L'hospitalité est une forme de culte. » Un autre proverbe ajoute : « C’est un péché contre l'hospitalité que d'ouvrir la porte à un étranger et de fermer le contenu de son plat. »
He 13, 2 dit : « N’oubliez pas l’hospitalité : elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges. » Par définition, selon le Cambridge Dictionary, l’hospitalité est un acte de gentillesse et un comportement amical. L'hospitalité est la qualité ou la disposition à recevoir et traiter les invités et les étrangers d'une manière chaleureuse et généreuse. Certains peuples, certaines cultures ou groupes ethniques et pays sont connus pour leur grand sens d'hospitalité, tandis que d'autres sont traités comme peu hospitaliers ou dépourvus de cette vertu.
L'hospitalité est donc une vertu qui nous ouvre aux autres. Cette vertu, non seulement profite aux hôtes et aux étrangers, mais produit des conséquences de bénédictions et de grandes récompenses pour ceux qui la pratiquent. Parce qu’un acte d’accueil généreux n’est jamais en perte. D'une manière ou d'une autre, nous sommes tous étrangers ou nous serons étrangers à certains endroits. La qualité que nous démontrons aux autres nous sera toujours rendue.
La liturgie d'aujourd'hui est un cantique à l'hospitalité sociale et l’hospitalité spirituelle, c’est-à-dire à l’accueil de l’étranger et à l'écoute généreuse de la parole de Dieu. Dans la première lecture, il nous est donné de voir l'hospitalité d'Abraham et de Sarah envers les trois hommes qui passaient près des chênes de Mambré. Abraham leur offre une hospitalité gratuite les invitant à faire halte et à se rafraîchir avant de poursuivre leur voyage. Ce geste quelque peu simple d'Abraham sera récompensé par une promesse : « Je reviendrai chez toi au temps fixé pour la naissance, et à ce moment-là, Sara, ta femme, aura un fils. »
Nous lisons que, chaque acte de générosité que nous posons, tout signe de gentillesse et d’hospitalité que nous accordons au prochain ne passe pas inaperçu de Dieu. Cela sera toujours récompensé. Parce que l'hospitalité est le passeport vers l'éternité.
L’Évangile mettra davantage l’accent sur cet enseignement de l’hospitalité et l’apportera à une autre dimension en l’associant à la nécessité d’écouter Dieu. Nous lisons au sujet de l'accueil et de l'écoute incarnés par deux personnages, Marthe et Marie. À travers cet extrait de Luc, nous lisons que les vertus de l'hospitalité et de l'écoute sont comme deux sœurs.
Le contexte du message évangélique : Jésus rend visite à certaines de ses grandes amies, Marie et Marthe. Tandis que l’une agit en servante consciencieuse, occupée dans la cuisine à donner le meilleur à son invité, l’autre joue l’étudiante diligente, assise aux pieds de Jésus, écoutant tout ce qu’il dit. Quand Marthe vint se plaindre auprès du Seigneur, lui demandant d’ordonner à sa sœur de venir lui donner un coup de main, le Seigneur répondu : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. »
De première vue, on pourrait penser que Jésus néglige la fatigue de Marthe. Mais en réalité, ce que Jésus veut dire, c'est que, avant tout, Marthe devrait se laisser servir par le Seigneur avant de pouvoir le servir efficacement. Le Seigneur ne rejette pas ni n'accuse Marthe de faire ce qui n'était pas nécessaire. Il l'invite plutôt à établir des priorités. Pour preuve, après tout, lui et ses disciples iront s'asseoir à la table préparée par Marthe et savoureront le fruit de son travail. L'hospitalité est mieux pratiquée lorsque nous la nourrissons de l'écoute fidèle de la parole de Dieu.
Cette remarque de Jésus à Marthe nous amène à poser d’autres questions pertinentes qui touchent notre vie aujourd’hui. Il s’agit d’établir des priorités et de faire toute chose au moment opportun. Nous avons dit à l'avance que l'hospitalité et l'écoute fidèle de la parole du Seigneur sont comme deux sœurs qui vont ensemble, main dans la main. Il est regrettable que beaucoup ne comprennent pas cela comme il se devrait. Un grand nombre de personnes ne vont pas à l'église aujourd'hui ni aux messes des dimanches parce qu'elles sont occupées au travail. Elles n'ont pas le temps d'écouter la parole de Dieu ni de la lire par elles-mêmes. Leur travail est devenu tellement important qu'il semble remplacer Dieu. Pour eux, nous pouvons reformuler ces remarques de Jésus à Marthe : "Vous êtes soucieux et occupés à beaucoup de choses. Il n'y a besoin que d'une chose. Choisissez la meilleure part, trouvez une place pour le Seigneur dans votre vie et elle ne vous sera pas enlevée.”
En revanche, comme le dit la science, tout excès nuit. D'autres personnes, par souci d'être si occupées dans l'église, n'ont pas le temps de travailler. Ils sont membres de tous les groupes de prière et associations de l'Église. Du lundi au dimanche, ils sont à l'église, 24 heures sur 24. Vous faites bien d’être dans l’église et d’être des serveurs très pieux et fidèles. Mais sachez que Dieu ne viendra pas travailler pour vous afin de payer vos factures. Le Seigneur est providence, certes, mais il ne nourrira pas toujours votre famille ni ne pourvoira pas à l'éducation de vos enfants à votre place ; il n'aimera pas votre femme ni votre mari en votre nom. Vous ferez bien de vous donner le temps de travailler. Il s’agit de trouver un équilibre et d’établir des priorités ; donnons le temps approprié à tout ce que nous faisons.
Marthe ne s'oppose pas à Marie, pas plus que Marie ne s'oppose à Marthe. Donnez du temps pour écouter le Seigneur et donnez également du temps pour travailler. "Ora et Labora", telle était la règle de la vie monastique. Cela n'a jamais été ‘Ora et ora et ora…’ ni ‘Labora et labora et labora’. L'équilibre est le mot de passe du succès et de la perfection.
Dans la deuxième lecture, Paul prêchant aux Colossiens parle de sagesse. Cette sagesse est que personne n'a jamais atteint la perfection uniquement en priant, ni seulement en travaillant. C'est en priant et en travaillant que nous édifierons la statue parfaite du Christ.


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14 JUILLET 2019: dimanche, 15ème Semaine du Temps Ordinaire — Année C

Mon bon Samaritain : « Va et fais de même. »



Un proverbe Yiddish dit : « Si jamais tu as besoin d'une main généreuse, tu en trouveras une au bout de ton bras. »
Tout le monde voudrait que les autres lui fassent du bien. Nous attendons toujours beaucoup de bonté, de gentillesse, d'amour et de bienveillance de la part des autres. Faisons-nous la même chose pour eux ? Ne demandez pas à vos frères et sœurs d’être de bons samaritains. Efforcez-vous d'être le bon Samaritain pour eux.
La seule façon de mesurer à quel point l’on aime Dieu, c’est de voir comment on aime et se lie à ses semblables. Dans 1 Jean 4,20, l’Apôtre déclare : « Si quelqu'un dit : J'aime Dieu, et qu'il haïsse son frère, c'est un menteur ; car celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, comment peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas ? »
Notre amour pour Dieu est traduit et ne sera évalué que par notre attitude et notre relation avec les autres. La religiosité et la religion authentique ne sont pas une simple appartenance à un groupe ou à venir dix fois à l'église au cours d'une journée. C'est un mode de vie qui affecte tout l'être, tant interne qu'externe. La vraie religion est une religion d'amour et non de fidélité à un canon, à des lois et à des règlements. Nombreux sont ceux qui chantent leur amour de Dieu entre quatre murs d'un édifice appelé église. Chaque dimanche, ils ornèrent de beaux vêtements et des parfums spéciaux et envahissent les églises, les sanctuaires et temples. Mais leur vie du lundi au samedi est en parfaite déconnexion avec ce qu’ils professent. Ils ne se soucient de personne et sont indifférents au sort des autres.
La liturgie d’aujourd’hui vient nous enseigner la religiosité et la manière de vivre conformément à la volonté de Dieu. L'histoire du Bon Samaritain est un appel spécial que le Seigneur adresse à chacun de nous.
En réalité, nous vivons dans un monde en quête d’orientation. Non seulement nous avons une connaissance superficielle de ce qui est bon et nous ne faisons guère la différence entre le bien et le mal, ou le bon et le mauvais. Mais aussi, nous sommes humainement plus incités à faire le mal qu’à faire le bien. Dans de nombreuses sociétés et pays, il est moins coûteux de tuer que de protéger la vie. On peut facilement, sans aucune perturbation intérieure, faire du mal aux autres et penser que c'est la meilleure chose à faire au moment présent. Dans de nombreuses maisons et communautés, nous préférons payer pour jeter la nourriture qui reste, plutôt que de la donner aux gens affamés qui vivent à proximité. Faire le bien semble être un exploit, un miracle. Cela fait de vous un héraut, un super héros. Et malheureusement, notre monde a soif de super héros, de gens de bien.
Ce pourquoi nous prions dans la liturgie d’aujourd’hui est clairement exprimé dans la collette : « Dieu qui montres aux égarés la lumière de ta vérité pour qu'ils puissent reprendre le bon chemin, donne à tous ceux qui se déclarent chrétiens de rejeter ce qui est indigne de ce nom, et de rechercher ce qui lui fait honneur. » Nous sommes instamment priés de différencier le bien du mal et de choisir d'être des personnes qui marchent dans le droit chemin, en raison de la foi que nous professons.
Pour nous aider dans notre cheminement vers le bien, les lectures de ce 15e dimanche de l’année C nous appellent toutes à agir. Dans la première lecture, Moïse exhorte les enfants d'Israël à obéir à la voix de Dieu et à vivre selon ses commandements et ses statuts. Nous lisons que l’obéissance est appelée à être une adhésion profonde à Dieu avec toute sa vie, son cœur et son âme. La Loi du Seigneur, ses commandements ne sont pas difficiles à suivre et ne nous sont pas étrangers si nous les intégrons à nos vies. Ainsi, la recommandation de Moïse aux Israélites, vois la loi comme « tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. »
Cette Loi du Seigneur, cependant, ne doit pas être de simples mots sur lesquels on doit méditer. Elle doit faire partie de la vie et guider nos actions. Par conséquent, Jésus nous donne la mythique parabole et bien connue du Bon Samaritain.
À l'arrière-plan de cette parabole, Jésus est mis en défi par un docteur de la Loi. Nous lisons qu'un érudit de la loi est venu vers Jésus et a voulu le tester avec une question : « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » En elle-même, la question est authentique et pertinente. Nous avons tous soif d'éternité, de vivre avec Dieu. Dieu nous a même créés pour cela, pour être avec lui. Mais celui qui pose cette question est censé savoir le mieux quoi faire. Il est docteur de la Loi, l’enseignant à d’autres. Ainsi, Jésus lui renvoie sa question : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu ? » Les philosophes anciens disent, celui qui pose une question a 50% de la réponse. Il veut juste confirmer ce qu'il sait déjà et l'amener à 100%. Le docteur de la Loi a prouvé cette affirmation : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. »
Après cela, viendra la question la plus grande et la plus concrète : « Et qui est mon prochain ? » C’est en fait le cœur de l’enseignement du Seigneur. Il ne s'agit pas simplement de savoir quoi faire, mais est-ce que je le fais et à qui le faire ? Qui est ton voisin ? Nous avons ici l'actualisation du commandement de l'amour.
Nous avions déjà dit que tous voudrions que les gens soient bons avec nous. Nous avons en grande estime ceux qui sont bons. Mais essayons-nous nous-mêmes d'être bons envers les autres ? La parabole du Samaritain et de la victime des voleurs nous enseigne que notre prochain est tout ceux que nous rencontrons dans le besoin, quiconque que nous pouvons aider. Le prochain est chaque personne qui traverse une difficulté quelconque. Notre monde déborde de personnes que nous rencontrons dans le besoin, de victimes du système, de victimes du vol des politiques, de victimes d'injustice et de corruption, de victimes de la société et, malheureusement, de nos propres victimes. Pour eux, nous sommes invités à être de bons Samaritains.
Malheureusement, plus souvent, nous nous comportons comme le prêtre et le lévite. Nous voyons des gens souffrir, nous voyons des mendiants dans nos rues, nous rencontrons des gens dans des hôpitaux, qui ont juste besoin de paroles réconfortantes ou d’un coup de main, d’un besoin fondamental, et nous passons loin devant, gardant nos yeux éloignés, en évitant d’être contaminés ou souillés. Nous, prêtres, responsables d'église et fidèles ne sommes pas exemptés. Nous accusons les politiciens de mettre en œuvre des politiques et des systèmes qui créent davantage de misère et de pauvreté. Mais nous ne faisons rien pour sortir les gens de leur pauvreté. Le bon samaritain n'est pas toujours un autre. Pourriez-vous essayer de l'être un pour eux ?
En tant que personnes imparfaites et troublées par le péché, assurons-nous que notre tâche et notre défi sont de faire le bien et de faire du bien à tous. Notre amour pour Dieu doit devenir une action concrète d'amour envers nos frères et sœurs souffrants, marginalisés et oubliés par la société. Ne perdons pas de vue ces dernières paroles de Jésus adressées au docteur de la Loi : « Va, et toi aussi, fais de même. » Il nous les adresse également. Parce que le seul moyen qui nous permettra de vivre la vie éternelle est de faire le bien. Comme le dit saint Luigi Orione : « Faites du bien à tous, faites du bien toujours. Du mal jamais à personne. » Jésus s'est fait notre prochain, notre bon Samaritain, lui qui était sous la forme de Dieu pour que nous aussi devenions les bons Samaritains les uns pour les autres. Alors, "Va et fais de même."


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7 JUILLET 2019: 14ème dimanche du Temps Ordinaire — Année C

Tous envoyés pour être des missionnaires de la paix.

Un proverbe Afghan dit : « Bien que Dieu soit tout-puissant, il n'envoie pas la pluie par ciel clair. » La mission sera toujours accompagnée de difficultés, mais à la fin, elle s'ouvre à la joie.
Parlant de vocation, nous affirmions dimanche dernier que pour beaucoup, cela fait référence à des appels spécifiques, à l’appel à la prêtrise et à la vie religieuse et, par conséquent, certaines personnes se sentent indifférentes. Bien que nous ayons essayé, de par les lectures du dimanche dernier, de préciser que tous sommes appelés, il restait des abstraits dans la définition et dans le contenu de l’appel.
L’Évangile d’aujourd’hui le rend plus clair. Si certains ont l'appel singulier et spécifique, le sacerdoce et la vie consacrée, tous sont néanmoins appelés. La mission de porter le royaume de Dieu à travers le monde n'est pas uniquement l'apanage des personnes religieuses et consacrées et des prêtres. Nous sommes tous appelés à devenir des instruments du royaume de Dieu.
Cela ne demande pas d'être prêtre, évêque ou religieux pour devenir un artisan de la paix. C’est une tâche qui incombe à tous, et surtout à nous, disciples du Christ. Ainsi, les paroles de Jésus dans l’Évangile d’aujourd’hui, « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. »
Notre monde aujourd'hui, nos sociétés ont cruellement besoin de paix. Nous n'avons pas besoin de Jésus pour nous le rappeler. Il suffit d’ouvrir ses yeux et son cœur et de sentir les cris des gens. L'injustice grandit à un degré exponentiel ; les politiciens mènent le monde vers le futur le plus incertain. Insécurité, meurtres extrajudiciaires, famines et quoi de plus… Et les prêtres et les personnes consacrées ne peuvent pas être les seuls à décrier ces tristes événements. Nous avons tous un rôle à jouer. Ainsi, la suggestion de Jésus, « Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. »
Disant cela, nous lisons que, parmi le grand nombre de ses disciples, Jésus en choisit soixante-douze et en fit des missionnaires de la paix. Saint Luc mentionne qu’en réalité, cette mission incombe à tous, et non pas au petit groupe des apôtres. Nous lisons que parmi les gens qui le suivaient, « le Seigneur en désigna encore 72, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre. »
Venant ensuite au contenu et aux modalités de la mission, l’Évangile mais aussi les deux autres lectures se rencontreront sur de nombreux points. Nous lisons que premièrement, la mission est celle de Dieu lui-même et la mission confiée à Jésus. Nous sommes faits collaborateurs ou partenaires de Jésus dans sa mission. Deux expressions le prouvent principalement : « Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » Les maîtres de la mission ne sont pas les missionnaires, mais Dieu. Et deuxièmement, nous lisons : le Seigneur « les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre. » Il a lui-même l'intention de visiter ces lieux et d'instaurer le royaume de Dieu. Mais avant d'y aller, il donne mandat à certains d'aller au-devant de lui.
Après ces premières précisions, Jésus définit les règles et donne la feuille de route. Ce sont ce que nous appellerions le vademecum ou les dix commandements du missionnaire. C'est comme une sorte de manuel ou de guide que le missionnaire doit garder constamment à portée de main pour pouvoir consulté. Le premier guide, un rappel sur le fait que la mission ne sera pas une tâche facile. Le missionnaire devra faire face à des croix, des oppositions, des rejets et de nombreuses autres difficultés. « Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. » Paul, nous lions en deuxième lecture a fait l'expérience de ce fait. Les croix, dit-t-il, ont toujours fait partie de son apostolat ; elles deviendront pour lui la ressource de tout orgueil. « Pour moi, que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste ma seule fierté. Par elle, le monde est crucifié pour moi, et moi pour le monde. »
Puis un autre guide : « Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. » C’est une invitation à tous les missionnaires et tous les artisans du royaume de Dieu à voyager vite et léger, à éviter tout encombrement ou tout ce qui pourrait en fin de compte entraver le succès de la mission.
Il y a quelques semaines, je transférais dans ma nouvelle communauté, ma nouvelle affectation. En arrivant, le confrère qui m'a accueilli m'a posé une question subtile : « Combien de péchés transportes-tu ? » Pour dire, combien de choses as-tu apporté ? Et c’est un fait, en tant que missionnaire du royaume de Dieu, nous nous devons vivement de voyager léger.
Un autre guide, « dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : ‘Paix à cette maison.’ » C'est en fait le premier contenu de la mission. Nous sommes envoyés pour être des instruments de paix. Et cela doit commencer par nos salutations et nos paroles. Ensuite, suivrons d’autres instructions et indications pour la réussite de la mission.
À la fin, nous lisons que l'accomplissement de la mission engendre toujours une grande joie. Le message de la première lecture : « Réjouissez-vous avec Jérusalem ! Exultez en elle, vous tous qui l’aimez ! Avec elle, soyez pleins d’allégresse, vous tous qui la pleuriez !» Même si, dans le cadre de notre mission de paix, nous ferons face à des épreuves et à des croix, tout cela se terminera par de grandes réjouissances et des chants d’action de grâce. Nous lisons qu’à leur retour, les soixante-douze étaient tous joyeux. « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom. »

Dieu qui appelle et envoie en mission la portera toujours à son accomplissement et à son succès et ce sera pour la grande joie des missionnaires. Ce qui nous est demandé, c’est notre disponibilité et notre disposition à laisser le Seigneur nous utiliser pour sa mission. Et Jésus oriente même la joie des missionnaires vers une joie plus parfaite. « Ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. »
Pour revenir à nous, nous sommes tous appelés et désignés pour être des instruments de paix. Cela coûtera toujours beaucoup et même les plus grands sacrifices et croix. Nous savons que le monde n'a jamais été complaisant avec les artisans de la paix et les activistes de la justice et des droits de l'homme. Les exemples ne manquent pas : Martin Luther King, Rosa Parks, Mohandas Gandhi, Mère Teresa, Jean-Paul II, Patrice Lumumba, Nelson Mandela et bien d'autres. Néanmoins, la paix prévaudra toujours ainsi que la justice et la vérité. « La moisson est abondante mais les ouvriers sont peu nombreux… » Faisons en sorte que le royaume de Dieu, royaume de paix, d'amour, de joie et de bonheur soit une réalité, à commencer par nos familles, nos écoles, nos bureaux, nos communautés et nos sociétés. N'oublions pas qu'il est difficile et exigeant d'être un artisan de la paix mais qu’à la fin, cela est gratifiant.

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30 JUIN 2019 : Dimanche, 13ème Semaine du Temps Ordinaire — Année C

Appelé à suivre sans conditions.

LECTURES: 1 R 19, 16b.19-21; Ps 15 (16), 1.2a.5, 7-8, 9-10, 2b.11; Ga 5, 1.13-18; Lc 9, 51-62

Un proverbe Italien dit : « Chacun à sa propre vocation, et le bœuf à la charrue. »
Le mot appel, en latin, est ‘Vocare’. De là, la belle expression "Vocation". Souvent, quand les gens entendent parler de vocation, ils l'associent automatiquement à la prêtrise ou à la vie religieuse. Ce que nous oublions, c’est que nous sommes tous appelés, chacun dans un but spécifique, avec une vocation particulière : les uns pour la vie de famille en tant que maris et épouses, les autres pour la vie religieuse et consacrée, d’autres pour le sacerdoce ministériel et d’autres encore pour le célibat consacré.
Le temps ordinaire est le moment idéal pour chacun de ressentir l'appel de Dieu, d'y réfléchir et d’y donner une réponse. Pendant ces sept dernières années de mon sacerdoce, j'ai été dans le domaine de la formation. J'ai fait l'expérience de la proximité avec des jeunes qui ont senti l'appel de Dieu et ont essayé d'y répondre de manière particulière en choisissant la vie religieuse. Je me suis cependant rendu compte que l'abondance de vocations ou le grand nombre de personnes qui frappent aux portes des séminaires et des couvents ne sont pas nécessairement des signes d'authenticité. L'expérience nous enseigne que les maisons de formation ont un sens pour beaucoup comme un tremplin de sécurité. Beaucoup de jeunes entrent dans les séminaires et les couvents, mais en réalité tous ne sont pas appelés à la prêtrise ou à la vie religieuse. Ce fait appelle au discernement et à une sorte de suspicion lorsque nous voyons un grand nombre de personnes demander à se joindre à des séminaires.
La liturgie d’aujourd’hui nous place au sommet de la réalité de la vocation et de la manière dont les gens répondent à ces appels. Dans la première lecture, nous avons le cas d'Élisée appelé par Élie à être prophète. L'accent est mis ici sur la rapidité avec laquelle il a répondu et sur sa disposition à laisser tout ce qu'il a pour suivre. La promptitude pourrait être vue comme le signe d'une vocation authentique et une aide au discernement. Élisée a accepté de perdre tout ce qu'il a et suivre le prophète, ne sachant pas ce que cela pourrait impliquer. Il est bon de mentionner que Dieu n'appelle pas les gens paresseux, sans travail ni sans rêves. Élisée n’a pas été appelée alors qu’il était assis sur la place du marché, buvant ou surfant oisive sur Internet. Il était « en train de labourer. Il avait à labourer douze arpents, et il en était au douzième. » Il était donc un excellent fermier. Et il gagne sa vie grâce à ce travail.
Aujourd'hui, beaucoup de jeunes visent le sacerdoce et la vie religieuse parce qu'ils n'ont rien à faire, ils sont sans emploi, sans argent et autres, parce que la vie est dure dehors. Ainsi, ne voulant pas souffrir, ils choisissent d'être prêtres ou religieuses. Les séminaires et la vie consacrée semblent devenir des refuges de paresseux où l'hébergement et la pension sont gratuits. Dieu, frères et sœurs, n'appelle pas les paresseux. Il n'appelle pas non plus pour rendre paresseux.
Dans l'Évangile, nous avons beaucoup d'autres récits de vocation et une variété de réponses. Certains sont appelés par le Seigneur, alors que d'autres voudront le suivre d’eux-mêmes, et d'autres placeront d'abord leur agenda personnel. C'est en fait le paradigme de la vocation. Dans l'extrait de saint Luc, au premier qui se proposa volontiers de suivre le Seigneur, Jésus répondit : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. » Comme pour dire, nous ne suivons pas le Seigneur en quête de réalisation de soi et d'intérêt personnel. Nous n'entrons pas dans les couvents et la prêtrise pour des garanties matérielles. Si le scoop en suivant le Seigneur est pour la possession, nous avons confondu notre vocation. Jésus ne recherche pas aussi le nombre, mais les personnes qui peuvent accepter le risque de ne rien avoir pour eux-mêmes et servir n'importe où et tout le monde.
À un second, le Seigneur lance l'appel : « Suis-moi. » Mais celui-ci a son agenda personnel. « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. » Nous lisons ici un contraste profond. Tandis que Jésus invite quelqu'un à réfléchir à sa volonté de le suivre, un autre est appelé mais se fixe des conditions. La suite du Seigneur doit être sans condition ni ordre du jour caché. La promptitude et le renoncement, comme nous le lisons dans l'appel d'Elisée en première lecture sont instruments d’évaluation de vocation.
Vient ensuite la troisième image d’appel et de réponse réticente. Là encore, celui qui est appelé tente de définir d'abord son agenda personnel et les besoins de sa famille. « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. » L'hésitation ou l'indécision est le premier obstacle à la vocation. Mes quatre années en tant que formateur aux Philippines m'ont appris que, dans de nombreux cas d'hésitation à répondre à l'appel du Seigneur, se pose le problème de la famille. J'ai fait l'expérience avec des jeunes qui pourraient être de grands et saints prêtres. Mais leur parcours vocationnel a été abrégé à cause des préoccupations de la famille. Tant d’inquiétudes pour la famille peuvent être un grand obstacle à répondre à l’appel de Dieu.
Nous avons parlé de toutes ces vocations et appels spécifiques et on pourrait être tenté de dire que tout est question de vie consacrée et de sacerdoce. Mais en réalité, ce que l'on dit de la prêtrise ou de la vie religieuse peut aussi s'appliquer à la vie familiale. Combien de couples sont dans des épreuves, des indécisions et même des conflits quand l’un fixe comme priorité son agenda secret. De nombreux couples sont également confrontés à des problèmes liés aux familles et aux parents. La liturgie d’aujourd’hui nous apprend qu’il suffit simplement d’être disposé à suivre le Seigneur. Le plus important est de savoir et d’être prêt pour les conséquences : volonté de renoncer, promptitude et pas d’agenda secret.
Nous ne le dirons jamais assez, la vie chrétienne n’est pas une vie de sécurité et de confort. Suivre le Seigneur est un choix de liberté. Nous nous libérons de tout matériel, de toute famille, de tout calcul d’intérêt, tel que « Laisse-moi faire ceci ou cela avant… » ; et nous allons pour servir.
Vous êtes mari ou épouse, vous êtes séminaristes, vous êtes religieux, vous êtes consacrés, vous êtes prêtres, êtes-vous libre dans la vocation que vous avez choisie ? L’appel de Dieu mène à la liberté. Si vous vous sentez lié à quelque chose ou à une personne qui vous tire en arrière, vous vivez dans l’esclavage. Viennent alors les paroles de Paul : « c’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés. »
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29 JUIN 2019 Saint Pierre et Saint Paul — Solennité

Pierre et Paul : des pécheurs mais des piliers choisis.


Un proverbe Turc dit : « Un bâtiment sans fondation est très tôt démoli. »
Chaque bâtiment, pour rester ferme, a besoin de piliers. Il lui faut une base solide. L'Eglise étant une maison ne fait pas exception à cette règle. Nous ne parlons pas de l'Eglise en tant que structure, mais de l'Eglise en tant que communauté des fidèles du Seigneur. Nous faisons tous partie de cet édifice, le Corps du Christ, érigé sur des fondements apostoliques, et Pierre et Paul en sont les piliers forts.
Dans notre Credo, nous professons : « Je crois en l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique… » Ce que nous professons, c’est ce que nous célébrons aujourd’hui, c’est-à-dire l’unicité, la catholicité et l’apostolicité de l’Église. Nous sommes une communauté unique, bien que dispersée à travers le monde, sous l'autorité d'un berger universel qui détient son autorité de la succession apostolique.
La solennité d’aujourd’hui de Saint Pierre et Saint Paul est également connue sous le nom de fête du Pape. Il est le successeur de Pierre, le gardien de notre foi et le berger suprême de l'Église.
Les lectures portées à notre méditation en cette célébration de Pierre et Paul parlent de profession de foi, d'apostolat et de mission. Dans la première lecture, nous lisons comment le Seigneur avait sauvé Pierre des mains du roi Hérode qui, après l'exécution de Jacques, a été enchanté de persécuter la communauté naissante. L’expérience de Pierre nous enseigne que l’apostolat est intimement lié au martyre. Cependant, le Seigneur n'abandonne pas ses élus, alors il a sauvé Pierre de la prison et l'a libéré.
En deuxième lecture, Paul se dit prêt à supporter toutes sortes de sacrifices et d'épreuves pouvant survenir en raison de son appartenance au Christ et de sa mission d'apôtre. Nous lisons également que, bien que confrontés à des épreuves et à des persécutions, les apôtres sont les gardiens de la foi. Par conséquent, ils maintiennent ferme leur foi dans le Seigneur et deviennent un exemple de fidélité pour tous ceux qui se retrouvent confrontés à des difficultés à cause de la foi qu'ils professent. Au milieu des persécutions et des épreuves, et face à toute forme de violence, le Seigneur se tient aux côtés de ses élus, leur donne la force et les défend.
L’Évangile nous présente la belle profession de foi de Pierre. Quand Jésus demanda à ses disciples ce que les gens disaient de lui et ce qu’eux-mêmes les disciples disent de lui, Pierre répondu : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Cela a été perçu par le Seigneur comme une grande profession de la foi, « ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. » Ainsi, cette profession de foi a conduit le Seigneur à le désigner comme chef et fondement de sa communauté : « Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » Par ces paroles, Jésus institua Pierre comme chef du groupe apostolique et le rendit infaillible. De là, vient le mandat divin de Pierre en tant que clé de voûte de l'Église. Après Pierre, les Papes, successeurs des apôtres, sont investis de la même mission et de la même responsabilité divines. L'autorité du Pape vient de cette disposition de Jésus à Pierre.
La célébration d’aujourd'hui prend tout son sens lorsque nous y voyons la fête du Pape, le Pape non pas comme un simple être humain, faible et pécheur comme chacun de nous, mais le Pape, désigné par le Seigneur pour guider son peuple. Cela appelle en réalité à une grande foi. L’Église, en tant que communauté de croyants, perdra toute son unicité et son apostolicité si nous contestons la position et l’autorité du Pape en tant que berger choisi par le Seigneur et infaillible dans son enseignement, si nous perdons la foi en ce Pape.
La plupart des problèmes auxquels les gens sont confrontés aujourd'hui en ce qui concerne le Pape et la difficulté d'accepter son autorité et son leadership se produisent tous en raison du manque de foi profonde de la part de ces personnes en la succession apostolique. Lorsque les gens voient le Pape uniquement comme une personne, et non comme le successeur de Pierre, ils peuvent difficilement accepter qu'il puisse parler de choses d'une importance divine.
Bien sûr, le Pape est un pécheur. Cependant, Dieu choisit non pas les Anges mais les pécheurs et leur confie la responsabilité de son Peuple Saint. Ainsi, la belle devise du Pape François, « Miserando atque eligendo » (pardonné et choisi). Dieu pardonne aux pécheurs et en fait ses instruments. Même Pierre n'était pas immaculé, référence à son reniement du Seigneur à l'heure de la passion. Paul, lui non plus, n’était pas sans péché, le grand persécuteur et celui qui détestait la voie du Seigneur. Mais bien que tous deux soient pécheurs, ils sont devenus les piliers forts de l'Église. Ainsi en est-il du Pape. Il est une personne pécheur, mais gardien et pilier de l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique. C'est cela notre foi. Cela fait de nous des catholiques. Celui qui refuse d’accepter cette réalité et de croire en cette vérité de la succession apostolique et de l’infaillibilité du Pape peut être chrétien, mais non un chrétien catholique et il est libre de quitter l’Église quand il le voudra.


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28 JUIN 2019: Sacré-Cœur de Jésus — Année C Solennité

Cœur sacré de Jésus, la fête du singulier amour de Dieu pour l’humanité.


Un proverbe Allemand dit : « Le feu dans le cœur envoie la fumée dans la tête. » Celui qui a de l'amour dans son cœur brûle de cet amour de servir.
Nous sommes comme ramenés, à pas de géants, en arrière, à la Semaine Sainte, exactement au pied de la Croix le Vendredi Saint, pour contempler le cœur transpercé de Jésus, fontaine de l’amour et de la miséricorde de Dieu. Cette solennité d'aujourd'hui nous met dans une grande confiance, car à travers le cœur de son Fils bien-aimé, Dieu le Père nous montre son amour incommensurable et lave les taches et les marques de nos péchés. Le cœur est à juste titre présenté comme le symbole de l'amour car seul l'amour peut tout restaurer et effacer le passé.
L’Évangile de Jean nous dit qu’après la mort de Jésus sur la croix, l’un des soldats lui a percé le flanc avec une lance et qu’il y est immédiatement sorti du sang et de l’eau (Jn 19, 34). Quand nous regardons le transpercement du Christ, nous pouvons facilement voir l'accomplissement d'une prophétie, comment Dieu « les a aimés jusqu'à la fin » (Jn 13, 1).
Du côté transpercé de Jésus, sortirent du sang et de l’eau ; le sang en tant que plus grande expression d'amour donnée jusqu'à la dernière goutte et l'eau en tant que source de purification, un bain baptismal. Aujourd'hui, à juste titre, nous sommes instamment priés de nous unir à l'Église universelle et de prier pour la sanctification de nos prêtres. Parce que l’eau et le sang qui coulent du cœur du Seigneur sont une source de purification et de sanctification.
Les lectures données pour notre méditation sont l'expression de l'amour singulier de Dieu pour l'humanité, qu'il considère comme son propre troupeau. Le cœur étant symbole d'amour, le prophète Ézéchiel nous présente, dans la première lecture, l'image d'un Dieu qui, brûlant d'amour pour son peuple, a décidé lui-même d'être leur berger. Il est un berger qui se fait du souci particulièrement pour ses brebis et il peut dire : « Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis, et je veillerai sur elles. Comme un berger veille sur les brebis de son troupeau quand elles sont dispersées, ainsi je veillerai sur mes brebis. » Le Seigneur se donne aussi l’obligation rechercher la brebis égarée, de soigner celle qui est blessée et de les mener vers les meilleurs pâturages.
Nous lisons que Dieu en tant que berger ne se nourrit pas des brebis, mais qu’il a au contraire un grand souci de le nourrir. Il est prêt à tous les sacrifices pour la sécurité de ses brebis. Ce premier point soulève des provocations que j’aimerais nous adresser, à nous, bergers et pasteurs du troupeau du Seigneur. Les bergers d’aujourd’hui, y compris les prêtres, cherchons plus à nous nourrir de brebis faibles qu’à les nourrir. Nous affaiblissons les brebis qui ont l'air fortes en leur enlevant tout. Au lieu de prendre soin de nos brebis, nous voulons que ce soit elles qui prennent soin de nous. Beaucoup de prêtres et de pasteurs vivent sans cesse assistés, pour ne pas dire d'assistance perpétuelle, incapables de faire quoi que ce soit par eux-mêmes. Tout pour eux est fait par leurs brebis. Et malheureusement, nous ne parvenons même pas à faire notre fondamental, le soin spirituel et la préoccupation pour le troupeau de Dieu. Alors que nous demandons aux fidèles de soutenir la vie physique des prêtres et des pasteurs, nous négligeons de nourrir spirituellement nos brebis. Nous ne recherchons pas celle qui s’est égarée et nous perdons celles qui sont en sécurité.
Jésus dans l'évangile de Luc nous donne une belle image de l'amour de Dieu pour nous ses brebis. Le Seigneur court à la recherche de la brebis perdue et se réjouit de l’avoir retrouvée. Il en est ainsi en raison du grand amour que le Seigneur a pour nous. Et Paul l'exprime en deuxième lecture. Dans son amour, même quand nous étions pécheurs, Dieu nous a réconciliés avec lui-même. Faisons-nous l’effort, en tant que berger du troupeau du Seigneur, de rechercher celles qui sont perdues et de les réconcilier avec la communauté et avec Dieu ? Sommes-nous des bergers ou des hommes d’affaires à la recherche de leurs intérêts personnels ?
Ne perdons jamais de vue que, en tant que prêtres et pasteurs du troupeau de Dieu, notre sanctification passera par le souci et le véritable soin et l’amour que nous accordons à notre peuple. La solennité du Sacré-Cœur de Jésus nous indique jusqu’où l’amour peut aller, en abandonnant tout, jusqu’à la dernière goutte. Désaltérons-nous dans cet amour et donnons en retour de l'amour à tous ceux qui en ont besoin. Le Cœur de Jésus est une fournaise ardente d'amour, laissons-nous brûler de ce même amour pour les autres et servons-les comme Christ l'a fait pour nous.


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24 JUIN 2019 Nativité de Saint Jean Baptiste — Solennité


Né pour briller 


Un proverbe Ivoirien dit, « le poussin qui sera un coq se reconnaît à l'éclosion. »
« Que sera donc cet enfant ? » (Lc 1, 66), « je fais de toi la lumière des nations » (Is 49, 6).
Au cours de l'année liturgique, seules trois personnes voient leur naissance être rappelée et célébrée comme une solennité ; la Nativité de la fille d'Anne et de Joachim, la Bienheureuse Vierge Marie le 8 septembre, la Nativité de Jésus, fils de Marie le 25 décembre et celle que nous célébrons aujourd'hui, la Nativité de Saint Jean Baptiste, le 24 juin. Ces trois solennités sont liées par le même but, le mystère du salut. Marie étant la Mère de notre Sauveur, Jésus étant le Sauveur et Jean-Baptiste le précurseur, celui qui aura pour mission de préparer le chemin du Sauveur.
La Nativité de Jean-Baptiste prend une signification toute particulière pour nous lorsque nous examinons tous les événements environnants et le contexte dans lequel ils se sont déroulés. Cela met également au défi chacun de nous de découvrir notre propre mission en tant que prophètes.
« Que sera donc cet enfant ? » (Lc 1, 66). C'est la question que les gens se posaient en regardant comment se déroule la naissance de Jean. Enfant d'un vieux couple, naissance miraculeuse d'une femme stérile et ménopausée. Et même le don de son nom était une question, une surprise pour tous.
Son nom lui-même est une mission. YAHWEH a été aimable ; ou Dieu a montré la faveur. En fait, Dieu a montré une grande faveur à Elisabeth et à Zacharie, en leur donnant un enfant dans leur vieillesse. Il a effacé la honte de la femme stérile et en a fait la mère d'un grand homme, celui dont Jésus parlera comme le plus grand de tous les enfants nés de la femme (Luc 7,28).
La réponse à la question que les gens se posaient à la naissance de Jean et son nom donné dans l'évangile de Luc se trouve dans la première lecture. Le Seigneur s'adressant à son peuple par l'intermédiaire du prophète Isaïe dit : « Tu es mon serviteur. » Jean sera le grand serviteur du Seigneur. Et le Seigneur ajoute : « je fais de toi la lumière des nations ». Il est en fait, le prophète, celui qui révèle la présence du Seigneur et sa volonté à son peuple. Cela nous porte à parler du prophète. Qui est le prophète ?
Un prophète est une personne dont la vie et les paroles sont une invitation, un appel à tous pour un changement. Dans l'Ancien Israël et dans l'Ancien Testament, les prophètes étaient connus par le contenu de leurs prédictions et leur style de vie. Dans ce sens, nous entendons parler de classifications des prophètes en tant que bons ou faux prophètes.
Le peuple de Dieu attendait la manifestation divine, une attente du temps messianique. Dans ce messianisme, le rôle des prophètes était de donner connaissance de cette révélation. Nous célébrons aujourd'hui celui dont la nativité elle-même annonce quelque chose de très importante dans la vie du peuple de Dieu. Jean-Baptiste, le précurseur, celui qui présentera Jésus au monde.
Non seulement sa naissance, mais aussi toute la vie de Jean se rapporte à ça. Cela nous dit que la vie d'un prophète est toujours une question. Il est une lumière envers ceux qui vivent dans les ténèbres. Tout comme la présence de la lumière constitue une violation et un obstacle pour l'obscurité, de même la vie du prophète pour sa société. À moins qu'un prophète ne soit un faux prophète, quelqu'un qui dit des choses pour plaire et un homme de conformisme, la vie d'un vrai prophète est toujours en danger à cause de son message. Il a pour mission de briller et de révéler la perversité du monde.
Le prophète est quelqu'un dont la mission est d'annoncer, de dénoncer, de renoncer et d'inviter au changement. Il annonce la justice et l’amour de Dieu. Dénonce la perversité de la société dans laquelle il vit. Renonce à se conformer et à s’apparier à cette perversité et, à la fin, invite les gens à changer et à marcher dans la droiture. Ce faisant, il devient une question pour tous et un obstacle pour ceux qui se plaisent dans les mauvaises pratiques. C'était en fait cela la vie de Jean-Baptiste.
En tant que chrétiens, nous sommes également investis d'une mission prophétique. De par notre baptême, nous sommes faits Prêtres, Prophètes et Rois. Notre mission prophétique consiste à être la lumière au milieu de notre monde et de nos sociétés d’aujourd’hui. Nous ne pouvons pas être chrétiens et nous conformer à la voie du monde. Le christianisme n'est pas un conformisme. Comme Jean, nous avons l'obligation divine d'annoncer, de dénoncer, de renoncer. À moins de découvrir notre mission et de la faire, nous ne sommes que de faux prophètes, des personnes qui ne vivent que pour faire plaisir aux autres et nous ne brillerons jamais. Une chose est sûre, le prophétisme se termine toujours dans le martyre. Un prophète, pour briller, doit être prêt à mourir en martyr.

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